Art de la guerre monétaire et économique

Mister Market and Doctor Conjoncture : Russel 2000, le petit télégraphiste

Mister Market  and Doctor Conjoncture : Russel 2000, le petit télégraphiste

Depuis 4 semaines, les marchés bénéficient d’une reprise en mains. Elle était prévisible, prévue et quasi télégraphiée. Nous avons expliqué pourquoi à plusieurs reprises au risque de radoter. Tous les compartiments représentatifs du risk-on se sont redressés sensiblement, jusque et y compris le High Yield et le Junk ; les matières premières, tout ce qui est relié aux commodities de près ou de loin a connu des reprises spectaculaires.

A un point tel que certains observateurs n’hésitent pas à proclamer l’arrivée de l’inflation. D’autres voient les choses autrement et croient à un nouveau Reflation Trade grâce à un regain de liquidités. D’autres encore interprètent la hausse de tout ce complexe du risk comme une symétrie de l’affaiblissement à venir du dollar.

Pour notre part nous n’interprétons rien car nous sommes du principe que les marchés ne disent plus grand chose, ce sont des perroquets à qui on fait dire, on souffle ce qu’ils doivent dire. Les marchés qui disent encore peut être quelque chose sont les marchés secondaires, ceux qui sont moins en vue. Et dans cet ordre d’idée, nous pensons au Russel 2000, l’indice des Small Caps. Il est plutôt délaissé par les commentateurs et la presse , ce qui fait qu’il traduit mieux, à notre avis  le vrai appétit pour le risque. Nous avons souvent observé que le Russel était un bon indicateur avancé, un précurseur du Dow.

Nous vous rappelons notre thèse de base. La question de la surévaluation d’un marché n’est pas déterminante pour prévoir son comportement, au contraire. Si on était surévalué hier, il n’y a pas beaucoup de raison pour qu’on ne le reste pas demain. Ce qui important dans un marché ou on est clairement surévalué, ce ne sont pas les valorisations mais l’appétit pour le jeu. Quand l’appétit est grand on paie cher les billets de loterie et quand il est faible on brade ceux que l’on avait acheté.

Donc ce qui compte c’est l’envie de jouer, ou ce que l’on appelle en langue correcte, l’appétit pour le risque. Le Russel 2000 présente un degré de risque et d’illiquidité supérieur aux autres univers boursiers comme le DOW ou le S&P ou le Nasdaq. Le Nasdaq est déjà un bon indicateur de l’appétit pour le risk et nous vous conseillons un ratio très simple qui est un bon précurseur, le ratio  du Nasdaq au S&P.  Mais le Russel est encore meilleur.

Ci-dessous vous voyez clairement ce que vous n’avez pas vu avant :

-Le marché est baissier depuis Juillet 2015.

-La tendance est incontestable puisque la moyenne mobile exponentielle longue des 140 a toppé à la mi-aout.

-Le mouvement se déroule classiquement, en forme d’entonnoir qui va s’élargissant comme tous les bons mouvements baissiers: on baisse de plus en plus, mais les reprises, les rallies deviennent de plus en plus larges. Ils s’arrêtent souvent au niveau de la résistance que constituent les moyennes mobiles longues, ici la moyenne mobile longue est autour des 1100. Le Russel est lui un peu en dessous.

Vous, vous pariez sur le franchissement ou pas, c’est votre affaire, votre argent.

Mais ce que nous voulons marquer c’est que l’appétit pour le jeu est encore très en recul, et qu’à ce stade nous sommes visiblement dans une simple manipulation technique ; la pointe basse (de la mi-février) du W que trace l’indice ne laisse aucun doute à ce sujet.Une configuration qui serait intéressante serait un franchissement des moyennes mobiles longues suivies d’un beau rétro qui trouverait un point d’appui clairement au dessus du point bas de la mi-février. Ce serait une très belle configuration positive.


Le serpent boursier se mord la queue Par Charles Hugh Smith

Impossible de dompter les monstres que représentent le pillage et la financiarisation spéculative et légalisée.

Tout, du minerai de fer au Baltic Dry Index en passant par le guano est en forte hausse. Le problème est que pas un seul de ces rallies n’est fondé. Le rebond est-il le résultat d’un changement de fondamentaux ou n’est-ce que de la couverture de ventes à découvert et/ou des mouvements de capitaux spéculatifs pour sauter d’un rally au suivant ?

Chacun de ces rebonds est factice, une parodie de caricature d’imposture de formation des cours, soi-disant la fonction première des marchés. Quel changement de fondamentaux a entraîné ce rally ? Des profits plus élevés ? Non, les profits baissent, en particulier une fois que les faux ajustements sont démasqués. L’économie mondiale se renforce-t-elle ? Ne me faites pas rire !

« La formation des cours » est aujourd’hui une blague

Comme l’ont observé Chris Martenson et beaucoup d’autres, « la formation des cours » est aujourd’hui une blague, car les marchés sont soit poussés vers le haut par les garanties « notre caution vous est acquise » des banques centrales voire carrément par des achats d’actifs ; soit ils fluctuent à la hausse et à la baisse selon les flux de capitaux spéculatifs.

Quel que soit le marché, le jeu ne varie pas : les traders font grimper les marchés avec des achats de futures, continuent en achetant ce qui attire les retardataires à qui l’on vend à son plus haut et qui paient la note lorsque inévitablement le rebond se dégonfle, avec le retrait des capitaux spéculatifs.


Quelle serait la valeur des biens immobiliers avec un taux d’emprunt de 5% ? Quel serait le taux d’intérêt dans un marché des emprunts réellement privé, un marché qui ne serait pas dominé par les agences gouvernementales et les banques centrales ? Personne ne le sait.Ce n’est pas du capitalisme, ni un marché qui fonctionne bien. En fait, nous sommes en présence de l’étape ultime d’une financiarisation et d’un pillage légalisés. Quelle est la valeur des biens immobiliers ? Si les taux d’intérêt sont poussés vers le négatif, alors cela fait monter la demande immobilière, car le coût de l’intérêt d’un emprunt immobilier diminue à presque zéro en termes réels.

Lorsque vous abaissez l’intérêt à zéro, le marché ne peut plus évaluer la différence entre un mauvais investissement et un investissement sage. La formation des cours et des risques n’existe plus.

Si on soutient les bulles d’actifs par des achats directs d’actifs, les marchés abandonnent les valorisations en faveur de la manipulation qui s’ensuit. La formation des cours n’existe plus.

Si on crée des milliers de milliards d’argent avec un intérêt presque nul en cherchant un rendement rapide, les marchés ne peuvent plus rien évaluer d’autre que les flux de capitaux du moment. Les capitaux entrent — rally ! Ils sortent — tout dégringole !

Lorsque tout aura été financiarisé et standardisé, le prix sera établi non par les fondamentaux mais par la manipulation de l’Etat/de la banque centrale

Le serpent de la financiarisation se mord la queue. Lorsque tout aura été financiarisé et standardisé, le prix sera établi non par les fondamentaux mais par la manipulation de l’Etat/de la banque centrale (ce qu’on appelle poliment une « intervention ») et les flux de capitaux rechercheront les manipulations.

Ce jeu nécessite d’avoir une longueur d’avance. Passer des actions au minerai de fer, puis du minerai de fer au pétrole, puis du pétrole à l’or, puis de l’or aux transporteurs, puis des transporteurs au guano — le jeu s’accélère à mesure que les marchés deviennent de plus en plus détachés de toute formation des cours basée sur les fondamentaux.

Le prix n’est établi que par ce que le prochain coup va payer. Ceci est devenu maintenant le fondamental de l’économie mondiale : avec les banques centrales qui ont détruit la formation des cours pour soutenir les bulles d’actifs qui servent le pouvoir de quelques privilégiés, et un système financier mondial inondé de milliers de milliards de dollars d’argent spéculatif, de dettes non garanties, de produits dérivés, de prêts bancaires de l’ombre, de pétrodollars et de fonds souverains qui recherche le prochain secteur dans lequel investir.

Plus le monstre s’agite, plus vite les cycles de hausses et de baisses se suivent et plus les planificateurs centraux doivent imposer de grandes manipulations pour maintenir la bête en vie. Existe-t-il plus grand désespoir possible que des taux d’intérêt négatifs, qui hurlent qu’il n’y a pas d’issue possible, nous sommes impuissants, ceci est notre dernière bonne idée pour sauver le monstre de l’autodestruction.

Mais on ne peut dompter le monstre du pillage et de la financiarisation spéculatifs et légalisés. Ce monstre écrase tout ce qu’il touche. Celui qui pense que les taux d’intérêt négatifs le dompteront se fait des illusions.

http://cdn.publications-agora.com/elements/lca/newsletter/html/160314_LCA.html

EN BANDE SON 

3 réponses »

  1. Je suis également d’avis que tout ça vaut trop cher, qu’il y a bien plus à perdre qu’à gagner ; que mieux vaut donc attendre tranquillement et s’amuser à regarder le spectacle du monde –en plus, c’est gratuit– mais que les choses peuvent aussi dégénérer, vite même, il faut donc rester vigilant.

  2. à propos de
    http://la-chronique-agora.com/fed-cannonball-express/
    je mets ici la réponse car je sais que Rickards ne doit pas le lire et je ne suis pas sur twitter je ne peux lui soumettre 😉

    trump peut faire 60% si et seulement si à mon avis
    il ne décède pas
    il n’y a pas de crash action en 2016 (il n’y a que ca qui pourrait l’arrêter à mon avis)

    à propos des fonds souverains leveragés et de vos articles dont je vous remercie sur la Malaisie, vous disiez qu’il n’y en avait pas d’autres: il y en a au moins un : celui du quatar dont l’une des banques est facilement identifiable
    (A ce propos aujourd’hui Poutine dit se retirer de Syrie: …avant que cela pète?)

  3. marché baissier furtif:

    bcp de gens riches sont integralement ruinés

    le marché attend la ruine de certains pour rebondir (…)
    d’ailleurs la derniere fois que le marché avait autant fait à la hausse était octobre 15 avec le suicide de thierry lesnes (DSK)
    le dernier rebond : aubrey mc… Chesapeacke energy

    aujourd’hui bill ackman est en train de se faire éviscerer (je lis que la bns a 250m de valeant…)

Laisser un commentaire