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Humeur de Loup : A quoi (qui) sert Mélenchon ? Par Bruno Bertez

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A quoi (qui) sert Mélenchon ? Humeur !

Il existe un catéchisme des «réformes» et ses commandements sont les suivants :

• le coût du travail, tu abaisseras
• le salaire minimum, tu réduiras
• le marché du travail, tu flexibiliseras
• les indemnités de chômage, tu abaisseras
• les retraites, tu diminueras
• les dépenses de santé, tu raboteras
( Husson)

Il faut ajouter :

« En France, ce catéchisme est appliqué avec beaucoup de foi par le gouvernement socialiste. Le CICE (crédit impôt compétitivité et emploi: prononcer «sic»), le pacte de responsabilité (avec le patronat) représentent 40 milliards d’euros: voilà pour le «coût du travail». Il y a eu une réforme des retraites, une nouvelle loi pour la santé. Il y a un projet pour rendre dégressive et moins «généreuse» l’indemnisation du chômage. Quant au salaire minimum, on n’a pas réussi à changer ses règles d’indexation, alors on les applique, mais sans «coup de pouce». Restait donc le marché du travail. » (Husson)

……

« Bien sûr, il faut détourner l’attention des véritables objectifs de ce catéchisme, et c’est pourquoi il prend très vite la forme d’une novlangue à la Orwell où ce qui est dit est le contraire de ce qui est fait. Toutes ces baisses (du salaire, des pensions, des prestations diverses) n’auraient en effet qu’un seul but, ô combien vertueux: créer des emplois. De ce point de vue, le projet de «loi travail» franchit un nouveau pas, un peu risqué quand même, car il devrait sauter aux yeux de chacun que «dire que c’est en facilitant les licenciements qu’on peut lutter contre le chômage est ahurissant» (Husson)

Tout cela été accompli par Hollande, dont Mélenchon disait encore en 2013 qu’il n’avait été élu que grâce aux vois des électeurs du Front de Gauche. Avouez que c’est singulier, un Front qui prétend se référer à la lutte des classes et aux idéologies qui s’y rapportent a fait élire le plus grand fossoyeur des classes productives réelles et de la classe moyenne que l’on ait connu.

Jamais la droite n’aurait osé imaginer d’envisager de tenter de suggérer qu’elle allait faire ce que fait et ce qu’a fait Hollande. On ne peut pas dire que c’est une défaite en rase campagne car il n’y a pas de combat, mais simulacre.

Qui couche avec les Solfériniens si ce ne sont les partenaires de Mélenchon? Qui continue de servir les intérêts du Très Grand Capital en accentuant la division des classes laborieuses et en prenant pour cible ennemie le Front qui maintenant est majoritaire chez les ouvriers, les jeunes etc?

Mélenchon est une autre variété de Tsipras, ses erreurs théoriques en font le marche-pied des solfériniens. Il s’est trompé sur tout et en particulier sur l’analyse de la crise et sur la nature réelle de la majorité socialiste. Il continue de jouer les fers de lance, mais c’est le fer de lance de la division de la classe de ceux qui sont contre, de ceux qui refusent le sort infâme qui leur est fait. L’analyse politique étroite a produit la catastrophe que l’on voit. Le refus en France est majoritaire, les Français en ont assez, ils sont à bout, mais Mélenchon empêche cette constitution du grand Front du « non ». il fait la fine bouche, comme si dans la situation présente, on avait encore le choix. Nous sommes à un moment historique du grand réaménagement qui va signer les grands bonds en arrière des classes moyennes et Mélenchon continue de se tromper de cible.

Le monde que veut Mélenchon est une absurdité, une absurdité qui a fait ses preuves historiques, mais il conserve une force, celle de dire non, et c’est celle là qui doit être mobilisée. Et c’est exactement la même chose pour l’autre Front, le National; avec lui, ce serait également un monde invivable, mais tous deux captent les forces vives, les forces de vie qui n’acceptent pas d’aller à la niche et qui veulent un avenir , la tête haute. Il y a des moments ou il faut revenir sur terre et avant de rêver du long terme, il faut survivre dans le court terme.

Que l’on se s’y trompe pas, les imbécilités de gauche ne m’intéressent pas, pas plus que le dirigisme idiot ou le constructivisme, non ce qui m’intéresse chez ces gens c’est qu’ils sont porteurs d’un refus et qu’à ce titre , il n’y a pas d’ennemi du coté de ceux qui refusent, Toute personne qui refuse est une allié potentiel , qui devrait être un allié réel.

Mélenchon a cru au rapport de forces dans la rue et dans les entreprises, il s’est totalement trompé, il n’a pas compris que le Système « produit » la résignation et que par conséquent il faut élaborer une stratégie qui tient compte de cette résignation. Maintenant il se lance dans cette nouvelle chimère d’une réforme fondamentale, constitutionnelle, un retour à la souveraineté, comme si la souveraineté intéressait l’électeur de base! Les Français s’en fichent, et si on veut les mobiliser il faut oser les prendre là ou ils se mobilisent, comme le fait le Front. Les abstractions d’intellos , les Français s’en moquent.

ADDENDUM

L’idée de base de l’Allemagne, du Medef et de Macron est une imbécilité : remplacer l’austérité de court terme par les réformes de long terme.  Une imbécilité de plus : ils croient que les réformes peuvent produire des résultats et relancer la croissance, améliorer la compétitivité et donc aller dans le sens de la reconvergence avec l’Allemagne. Or c’est faux, les réformes qui visent profondément à aligner le marché du travail français sur le marché mondial, sur les moins disant, sont déflationnistes. Elles produisent de l’inquiétude, de la rétention, de la frilosité et pèsent sur la demande. Elles nuisent au sentiment, au « mood », à l’humeur du pays. Elles suscitent le rejet, elles déchirent le tissu social. Comment faire passer pareilles réformes quand on arrive au terme de plusieurs années d’accroissement des inégalités, plusieurs années de laminage social et plusieurs années de trahison politique ? Impossible.  Elles provoquent le contraire, dans le court terme, de ce que l’on affirme.  Le contretemps est fatal.

Toujours, les réformes économiques, les changements de modèles, entrainent des phases d’ajustement coûteuses et c ‘est pour cela que Hollande et Valls développaient, avant, la rengaine :  « il faut des résultats ». C’est parce que les réformes n’en produisent jamais dans un délai politique raisonnable que l’on procède par incantations. Les réformes ne produisent jamais leur bienfait dans la période ou les politiciens en ont besoin. On le voit en Chine, le basculement vers un modèle de croissance plus tourné vers la satisfaction de la demande intérieure produit une crise d’adaptation terrible.

Et puis il y a le problème du mensonge. On présente les réformes comme devant permettre de lutter contre le chômage, comme devant bonifier la compétitivité mais on oublie de dire d’une part que cela n’est valable pour le long terme et d ‘autre part que les résultats ne sont tangibles que si en même temps on peut profiter de la compétitivité améliorée pour vendre plus à l’étranger. C’est à dire que les résultats pour être concrétisés passent soit par une forte croissance de la demande d’investissement interne et de la demande mondiale, soit par un élargissement des parts de marché, c’est à dire une dépréciation forte de la monnaie. Faute de cette demande mondiale pour compenser l’atonie intérieure, les réformes se discréditent, elles ne donnent aucun résultat appréciable. C’est donc l’ensemble de la politique menée qu’il faut expliciter. Il faut en montrer la cohérence, la logique et annoncer le calendrier. Bref il faut être souverain, maitre chez soi, de son timing, avoir l’appui de son peuple pour se lancer dans ce genre de réformes. Il ne faut pas être un « lame duck » en fin de mandat avec 17% de popularité.

EN BANDE SON

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