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Mondialisme : Vous avez aimé le Socialisme vous allez adorer le Capitalo-socialisme-monétaire d’état – Nous n’avons encore rien vu ! Par Bruno Bertez

 Le Capitalo-socialisme-monétaire d’état : nous n’avons encore rien vu !

cabaret

Par Bruno Bertez Le 12 Aout 2016

J’ai écrit récemment que je pensais que le pire était passé pour le secteur bancaire. C’est une opinion bien sûr. Elle est fondée sur le fait que l’alerte depuis le début de 2016 est sévère, la dégringolade des cours ne trompe pas, la situation est grave. J’ai interprété les évènements sur la Deutsche Bank et le Crédit Suisse comme de très sérieux avertissements : ces établissements sont non seulement systémiques, mais géopolitiques. J’entends par géopolitique le fait qu’ils sont liés à la place de leur pays d’origine dans le monde.

Merkel-Deutsche-Bank

Des géants mondiaux ne se « décapitalisent » pas à ce point sans qu’il y ait, sous-jacente, une situation dramatique. Cet effondrement des cours, à ce jour n’a pas produit de panique bancaire classique, de « run », car les dispositifs de secours, les liquidités des banques centrales sont là, surabondantes et tout le monde le sait.

Certains émettent l’idée qu’il faut procéder à des nationalisations ; c’est une naïveté car les banques sont de fait nationalisées, totalement adossées à leur souverain d’un côté et à leur Banque Centrale d’autre part. Avec le Parrain, la Fed qui surveille tout cela de très loin, mais de près.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de risque car les banques mondiales dépendent d’un souverain/suzerain, d’un Centre fournisseur de dollars, pour leur « dollar funding » et sa bonne volonté n’est pas assurée, en tous cas pas assurée automatiquement.

Le spread LIBOR-OIS ne cesse de se dilater ce qui exprime la tension sur le dollar funding. Les banques étrangères sont en difficulté face à la contractionde l’offre .

La faille de la « quasi nationalisation » vient du fait que tout en se concertant, le système n’est pas intégré, unifié, mondialisé. Les banques centrales et les pays se concertent tout en se faisant concurrence. C’est la contradiction majeure : d’un côté des intérêts communs, mais de l’autre une rivalité féroce. Et la Crise, la disparition de la prospérité aiguisent les contradictions, avivent les antagonismes.  On est toujours content, quand, on le peut de faire mettre les épaules à terre d’un partenaire !

Notre opinion selon laquelle le plus dur serait passé pour les banques est un pari, il n’est pas fondé sur des faits mais sur le constat que la situation est grave et les banques sont au cœur du système : on a accepté de jouer le « coûte que coûte » pour sauver le système une première fois, on ne va pas prendre le risque de le remettre en difficulté une seconde. Mais dans le coût du « coûte que coûte » il faut inclure la destruction des modèles d’exploitation des banques.

Cela semble évident.

Mais si le pire n’est pas le plus probable, cela ne signifie pas que l’on va retourner à la situation ancienne et que la situation des banques va vraiment s’améliorer ou redevenir privilégiée comme elle l’était avant… Se redresser un peu, certes, mais retour à la situation ancienne, c’est peu probable. Le rapport des forces a changé. Quand le système a pu se passer de l’épargne (et des classes moyennes) grâce au crédit, puis grâce à la dissémination sur les marchés, le système a ruiné les épargnants (et les classes moyennes), Le système a dit : « je fais sauter votre rémunération, maintenant, débrouillez-vous, payez-vous les uns sur les autres par le Ponzi.

Je pense que le système estime qu’il peut presque se passer des banques, il est donc enclin à mener des politiques qui leur sont moins favorables.

Le système a muté et c’est ce que les observateurs, le nez collé sur les nouvelles et les marchés oublient. Ou plus exactement, ils ne le voient pas du tout.

Nous avons connu une période post 2008 ou les autorités ont cajolé les banques, et les banquiers. Elles ont favorisé leur nettoyage de bilans, elles ont aidé à la reconstitution des fonds propres et elles ont inflaté les actifs financiers pour les re-solvabiliser. On n’a pas mis les banquiers en prison, on ne leur a pas tordu le bras; Geithner l’a dit clairement, parce que l’on avait peur qu’en leur nuisant, il n’y ait des réactions négatives, des « runs ». On a toléré leurs nuisances parce que l’on avait peur d’elles.

Mais la politique suivie a été un échec et si on l’avait reconnu, les choses en auraient d’ailleurs été facilitées, on aurait pris conscience de la réalité au lieu de tenter de la dissimuler. Et les réflexions se seraient orientées autrement, ailleurs.

La fameuse transmission n’a pas fonctionné, le système est resté colmaté, « impaired ». Les réserves oisives du système bancaire, les tendances au deleveraging,  en témoignent si besoin en était. Les banques ne peuvent jouer leur rôle normalement parce que … la situation n’est pas normale, tout simplement.

roger-rabbit

 Ce sont les marchés qui se sont substitués au secteur bancaire traditionnel et la finance est passée à un stade nouveau, tout comme le système capitaliste d’ailleurs, nous sommes passés à une sorte de capitalisme basé sur la finance gouvernementale, ou quasi-gouvernementale, celle du couple maudit Gouvernement/ Banque Centrale.

C’est au Japon que cette évolution est la plus nette, les banques sont quasi hors, jeu ceux qui font le jeu c’est le duo, Gouvernement/Bank of Japan , le duo Kuroda/ Abe. Nous sommes dans un « encore nouveau capitalisme »:  après le capitalisme commercial, le capitalisme productif, le capitalisme financier, le capitalisme d’arbitrage, nous sommes dans le « capitalo-socialisme-monétaire  d’état », ou de la finance d’état pour simplifier.

En pratique et il existe peu d’études malheureusement sur ce point, tout est en train de se réaménager, les relations entre les états, les banques centrales, les marchés, les banques, les ménages et les firmes. Les relations se réaménagent et avec elles les pouvoirs et les jeux de pouvoirs. Le fameux « Vous ne l’avez pas fait par vous-même » de l’Obama socialiste qui a scandalisé devient de plus en plus vrai, tant la dépendance de tous à l’égard du couple maudit s’est renforcée. Les banques sont prisonnières, elles accumulent de la monnaie banque centrale et des dettes des gouvernements, elles sont gavées. Elles empilent des portefeuilles de crédit ou des portefeuilles de titres, sur des fonds qui en dernière origine reposent sur le crédit du couple maudit Gouvernement/Banque cenrtrale.

Les money managers sont purement et simplement des joueurs, jamais le diagnostic de Keynes n’a été plus juste : un capitalisme de casino. Le couple maudit a pris le risk à son compte, le VIX est à 11 ! Il garantit tout, tout le monde se moque des risques, du Brexit, de la guerre, de la stagnation, de tout absolument tout, car le couple dit : soyez sans crainte, jouez en paix entre vous, nous on contrôle le réel. Ceci explique la démission criante ; le succès grandissant des fonds de la gestion passive, des ETF , il n’y a plus d’ »actionnaires » au sens actif, il n’ y a que des « passionnaires », ceux qui ont la passion du jeu. Les capitalistes ne le sont plus que de nom, ils ne misent plus de capitaux de leur épargne, non ils font des écarts, du carry, ils jouent des martingales quantitatives etc etc. Les managers eux ne sont plus intéressés à la production des choses, ce qui les motivent c’est la production des cours de bourse, c’est à dire la production des numéros gagnants pour alimenter la loterie.

La caractéristique majeure du nouveau système, c’est son instabilité, elle devient chronique, vertigineuse. Ceci nous conduit à penser comme nous le faisons depuis 2008 qu’il n’y aura plus jamais de retour en arrière : l’instabilité évolue à sens unique dans pareil système, elle ne peut que croitre… Et avec l’instabilité croît le pouvoir de celui qui, seul, à les moyens de la contrer, de la bloquer ; je veux dire le pouvoir du couple maudit Gouvernement/Banque Centrale.

On a est de plus en plus dépendants de cet assureur : il crée de plus en plus d’instabilité et  ce faisant il se rend de plus  en plus indispensable … comme garant de la stabilité. Et donc il nous rend de plus en plus dépendant/serfs. Les banques ne tiennent plus le haut du pavé, plus le pouvoir, donc elles ne pourront plus comme avant, attirer à elles les richesses réelles. En tous cas plus dans les mêmes proportions.

Le fait que les marchés soient dans les plus hauts, que les spreads se soient considérablement contractés, que les émissions de dettes Corporate pulvérisent tous les records, que les emprunts des souverains en ruine comme l’Italien soient recherchés à des taux de 1% , que plus du tiers des emprunts souverains se négocient à des taux négatifs, tout cela n’est pas circonstanciel, c’est la nouvelle norme, le nouveau capitalisme.

Nous n’avons rien vu.

La tentative de la Fed de faire semblant de tenter de hausser ses taux est une mystification dérisoire, il s’agit de faire semblant, de prolonger les illusions et de neutraliser les prises de conscience, il faut empêcher les réactions et les adaptations.

En 2011, « ils nous ont eu », ils ont fait semblant de préparer une normalisation, ils ont même eu le culot de nous détailler une « Exit Strategy », un plan de sortie ! Ah les braves gens. Nous sommes en 2016, la normalisation des taux est impossible, voilà ce que nous disent les marchés, le retour à des bilans normaux des banques centrales, n’en parlons pas…

Alors allez-y, jouez en paix!

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4 réponses »

  1. Alors allez-y, jouez en paix!

    « le VIX est à 11 ! Il garantit tout »

    Le jeux paisible, c’est à la micro seconde… Faire sauter la banque, ce n’est pas donné à tout le monde… Luky-Luke et encore !!

    Merci.

  2. grosse crise financière => crise politique de régime

    une crise politique débute ou prend fin surtout avec des élections.
    avec les tx 0: les assurances vie et les fonds de pension des électeurs sont morts: l’argent ayant été volée (ou trop promis dans le cas ou il n’existait pas) par les etats&lesbanques

    non seulement la DB va etre officiellement nationalisée, mais l’euro, notre créance va être aussi officiellement nationalisée/volée/pledgée. (elle est deja volée avec des tx neg…et des emissions paralleles indues)
    En temps de paix John law avait déjà tout fusionné nationalisé (le tresor était dans un immeuble adjacent à la banque centrale au même étage: il passait de l’un à l’autre comme on passe de la SG au bureau de sapin)

    La question financière ne se résume plus qu’à une chose: l’anticipation du renouvellement de la classe politique.
    est-ce que les clinton , les merkel , vont pouvoir acheter les élections?
    non
    est-ce que trump, s’il arrive au pouvoir, va rétablir UN glass steagall act? ou autre chose?

    Mon sentiment est que de toute façon l’élection de trump ou celle de lepen ou celle d’horfer ou celle du brexit sont parfaitement équivalentes.
    Les nouveaux entrants partent donc avec un biais ultrafavorable.
    Mon autre sentiment, est que dès qu’une classe politique s’effondrera sur un continent, l’autre suivra (la bonne monnaie chassant la mauvaise…les politiques ont engagé leur credit…).
    On ne vote pas dans l’allegresse: on vote pour tuer/éliminer ou continuer un système.
    Le brexit était un test Trump grandeur nature dans une économie soit disant prospère…

    des gens comme Buffet blankfein sont potentiellement ruinés.
    des gens comme hollande merkel sont potentiellement **********
    le SP peut avoir un comportement erratique (comme le cac40 de l’époque en 1939/40 dans le cadre de monnaie ultra fondante) ou plonger
    la smart money va devenir la dumb
    (d’ailleurs ce matin sous la douche ai pensé que l’or avait peut etre bottomisé en fonction de l’elimination successive par trump de 12(!) concurrents ; clinton est normalement encore plus facile)

    Cela pourrait encore végéter si les élections avaient lieu dans 8 ans.
    Mais cela c’était en 2008.

    ps:
    j’habite chez quelqu’un qui a failli prémunir la France de la Regence et John law.
    j’y lis Het Groote Tafereel der Dwaasheid (acheté sous 2000e l’année derniere, faut acheter ca va revenir à 10000e)

    héhé:
    https://www.credit-suisse.com/lu/en/about-us/governance/people/jassim-bin-hamad-jj-al-thani.html

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