Art de la guerre monétaire et économique

Mondialisme / Strategie « Cloward Piven »/ Banques Centrales : Tout ce que vous devez savoir sur la prochaine étape : « Helicopter money » Par Bruno Bertez

Tout ce que vous devez savoir sur la prochaine étape : « helicopter money ».

Par Bruno Bertez  Le 1er Aout 2016

  • « On n’a plus besoin de l’épargne dans un régime de crédit sans limite, sans bornes. Le pouvoir des épargnants, du capital épargné, gagné, la bonne gestion, la décence de la rémunération de l’épargne, le respect de ce qu’elle représente, on peut s’en passer, puisque l’on a à sa disposition la « printing press » qui permet la création de crédit sans limite. »
        — Bruno Bertez, L’AGEFI, 22/12/2015

La crédibilité des autorités globales fond comme neige au soleil et n’était la complicité des médias et des banques TBTF, il y a longtemps que les marchés auraient piqué du nez. Nous pensons que nous sommes dans une phase de réflexion, de concertation et une phase préparatoire ; la situation ne peut rester sur les lancées actuelles.  Le Brexit, ou plutôt ses conséquences économiques et financières sont à venir, elles sont devant nous, le Japon est un lamentable échec en cours de rechute, et surtout la petite reprise que l’on voyait se dessiner en Europe est en train de faiblir, les indicateurs piquent plein sud. Les PMI se dégradent, ils sont au plus bas de 18 mois en Juillet.

Notre avis est qu’il n’y a pas de fumée sans feu et que l’on prépare une nouvelle Aventure, en fait, une aventure qui prolonge l’ancienne, en en changeant le nom pour faire « neuf ».

On envisage, à notre avis, de fusionner directement les politiques fiscales et monétaires conformément aux thèses de Bernanke l’ancien et de Bernanke le nouveau, le renouvelé qui écrit dans la Brookings.

Ben Bernanke, vient de faire un voyage remarqué au Japon. En avril, il a publié sur un blog hébergé par la Brookings un plaidoyer en faveur d’un “monetary financed fiscal program”, un programme fiscal financé monétairement. 

“Under certain extreme circumstances — sharply deficient aggregate demand, exhausted monetary policy, and unwillingness of the legislature to use debt-financed fiscal policies — such programs may be the best available alternative. It would be premature to rule them out”;

« Dans des circonstances extrêmes, quand la demande globale est déficiente, quand la politique monétaire a épuisé ses effets, et que les législatures refusent de financer des politiques fiscales par de nouvelles dettes, alors de tels programmes constituent la meilleure alternative, il serait prématuré de les écarter. »

Les gouvernements acculés vont vendre de la dette directement à leur Banque Centrale en échange de monnaie nouvellement créée, donc financée par la planche à billets et ils vont injecter cet argent (vraiment tombé du ciel) dans l’économie réelle.  Cette injection pourra se faire, au choix, soit par des rabais fiscaux, soit par des programmes de dépenses publiques, les fameux équipements collectifs ou dépenses d’infrastructure.

La nouveauté, et elle est de taille, sera que l’argent sera mis dans le circuit directement, il créera des revenus directement sans passer par les banques et donc en court-circuitant la transmission par l’effet de richesse si critiquable car inégalitaire.

Le plus efficace, car ce sera efficace, sera l’injection par les travaux d’équipement et d’infrastructure car les rabais fiscaux seront peut-être thésaurisés et épargnés dans un monde d’incertitude dominé par la peur de l’avenir. N’oublions pas que la masse de dettes est considérable et que le bilan des agents économiques est très déséquilibré. Mais il est probable que certains pays essaieront de panacher les deux modes d’injection et de création de revenus :  rabais fiscaux/dépenses sociales et travaux d’équipement.

Ce sera un colossal gaspillage avec accentuation des déséquilibres fondamentaux des économies, mauvaise allocation des ressources à la puissance dix. Mais peu importe car, sur le fond, l’objectif réel n’est pas là; l’objectif réel, c’est de réussir le vrai projet de Bernanke, celui de sa jeunesse, la dilution de la monnaie, l’avilissement de la monnaie  qui permet sa dévalorisation en regard des biens  de consommation, en regard des biens et services réels. Il faut inflater le GDP nominal. Bernanke revient au dogme Friedmanien: « l’inflation est toujours un phénomène monétaire » et donc par la monnaie, à condition de la déverser au bon endroit, on peut toujours finir par fabriquer de l’inflation.

Cette fois, il parait évident que l’efficacité des injections pour faire monter les prix sera considérable, les prix qui monteront le plus seront les prix des biens de consommation et non plus les prix des actifs financiers. Ceux-ci au contraire se dévaloriseront en regard des prix des biens et services, ce qui aura une fonction rééquilibrante. La bulle, les bulles d’actifs se dégonfleront par une sorte de jeu de bascule entre le prix des biens et celui des actifs.

Si nos analyses sont correctes, il sera bientôt temps de mettre en place de nouvelles politiques d ‘investissement et … de vendre les fonds d’état, ce que nous conseillons de faire depuis quelque temps.

POUR RAPPEL :  

Les conséquences de l’emploi immodéré de la planche à billets sont les suivantes :

  • irresponsabilité des États, encouragés à augmenter leur emprise sur la société civile par une dépense sans frein ;
  • bénéfices captés par une oligarchie financière et un capitalisme de connivence, car la planche à billets profite d’abord à ceux qui sont bien placés pour recevoir le « nouvel argent » et l’investir sur les marchés ;
  • apparition de bulles spéculatives et de mal-investissements ;
  • baisse de valeur de la monnaie, baisse artificielle des taux d’intérêt due à l’argent facile ;
  • privilège exorbitant accordé à la banque centrale, qui peut ainsi racheter à partir de rien des actifs nationaux ou étrangers ;
  • inflation qui impacte in fine les pauvres et les épargnants, tout en rendant plus facile l’endettement public ou privé.

http://www.wikiberal.org/wiki/Planche_%C3%A0_billets

5 réponses »

  1. « Cette fois, il parait évident que l’efficacité des injections pour faire monter les prix sera considérable, les prix qui monteront le plus seront les prix des biens de consommation et non plus les prix des actifs financiers. Ceux-ci au contraire se dévaloriseront en regard des prix des biens et services, ce qui aura une fonction rééquilibrante. La bulle, les bulles d’actifs se dégonfleront par une sorte de jeu de bascule entre le prix des biens et celui des actifs. »

    Alors ? Adieu l’effet de richesse !!

  2. Le revenu de base ou dividende universel (ou encore salaire à vie – sans jouer sur les différences parfois importantes qui séparent ces idées) de plus en plus médiatisé (et expérimenté) ne trouve-t-il sa place dans cette politique monétaire par le « très haut » ?

  3. Qu’attendre donc des actifs immobiliers ? Une montee inexorable du prix sur fond.de resolvabilisation des individus et de taux a zéro ?

    -ĺor devrait donc atteindre.des sommets , quid des actifs productifs (forets, terres agricoles )

    Si on suit le raisonnement à l’extreme , la strategie gagnantd pour le petit epargnant serait la diminitionbdrastique de son epargne investis en livret d epargne, obligation d´etat et tous elements ne.donnant pas de droit de propriete ? Les actions ne.seraient donc pas le pire des placements
    De meme l’achat de biens de production de denree.trocables contre.des. actifs patrimoniaux (immo, entreprise,or,oeuvre d´art) lui permettrait de rafler.la mise , notamment s il estproducteur.des biens.finances par l helicoptere ?

  4. Si ils ont peur que les ménages recevant cet argent thésaurisent, ils pourraient conditionner le versement à des preuves de dépenses « utiles ». Par exemple, quantité de propriétaires n’ont pas les moyens de rénover leur habitations ou de faire isoler le toit. Avec de l’helicopter money, les gens ne devraient plus emprunter toute la somme et se lanceraient plus facilement. Ca donnerait du travail au secteur du bâtiment et serait bénéfique pour le taux de CO dans l’atmosphère.

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