Art de la guerre monétaire et économique

Mondialisme-Banques Centrales : Clairement exposées, voici les conséquences présentes et futures de la politique monétaire actuelle pour vous, sur votre situation Par Bruno Bertez

Clairement exposées, voici les conséquences présentes et futures de la politique monétaire actuelle pour vous, sur votre situation

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Par Bruno Bertez le 14 septembre 2016 BRUNOBERTEZ.COM

Les taux sont au plus bas… du jamais vu depuis plus de 70 ans ! En septembre 2016, les taux fixes pour une durée de crédit de 15 ans affichaient en moyenne 1,45% (selon Empruntis). Cette baisse résultait de la politique monétaire de la BCE (Banque Centrale Européenne).

Sur le marché des obligations d’Etat, l’emprunt de référence : le rendement de l’OAT 10 ans (obligation assimilable au Trésor) se situe à 0,13% en septembre 2016. Or, c’est sur cette base que les banques commerciales définissent leurs taux de crédit à long terme.

Fait marquant : sur des durées plus courtes, inférieures à 4 ans, les taux sont négatifs. Paradoxalement, les investisseurs qui recherchent à court terme de la « sécurité » ne peuvent, non seulement, espérer une rémunération de leurs avoirs, mais savent en outre pertinemment qu’ils récupèreront in fine un montant inférieur au capital placé initialement. Une aubaine pour le Trésor public ! Une catastrophe pour les naïfs qui attirés par des petites plus-values à court terme si la baisse des taux continue, espèrent vendre avant les autres quand les taux remonteront.

Ceux qui achètent sur le marché une obligation dont le taux facial est de 3% par exemple la paie au-dessus du pair, au-dessus de sa valeur d’émission et de remboursement donc ils engrangent une perte assurée. La recherche de rendement est une illusion car cette recherche garantit une perte en capital future. Le rendement doit s’apprécier en regard des pertes en capital futures, lesquelles sont non pas probables, mais certaines. Ceux qui ont acheté du Bund récemment, par exemple perdent plus de 8% sur leur avoir en quelques semaines en raison de la montée brutale des taux. Et pourtant ceux-ci n’ont monté que de quelques points de base.

Les choses seront bien pires si, comme cela est très peu probable, la BCE réussit et arrête sa politique non conventionnelle en Mars 2017, ce qui est l’échéance prévue.

Eh oui, ce sera alors la triple peine, vous serez ruiné :

-si la BCE arrête, ce sera parce que l’inflation aura monté, elle sera au-dessus de 2%

-l’argent disponible, la liquidité va se restreindre, peu à peu l’aisance monétaire excessive va disparaitre, les conditions financières vont, comme on dit, se resserrer.

-les taux d’intérêt constatés sur les marchés vont monter sensiblement pour tenir compte et s’ajuster:

  • 1) à l’inflation
  • 2) à la réduction des liquidités
  • 3) à la disparition des achats de titres à long terme de la BCE.

Sur les marché ce sera la ruée vers la sortie car tous les professionnels savent que tout est surévalué de 40 à 50%.

Ce sera la triple peine ! Cela est triste et cynique, mais ne souhaitez pas que la politique de la BCE marche. Rassurez-vous les chances sont faibles.

S’agissant de la politique monétaire, la BCE continue à faire marcher ce que l’on appelle improprement la planche à billets (le gonflement de son bilan) et prête aux banques à un taux égal à zéro. En conséquence, celles-ci se financent à des taux très bas, voire nuls, expliquant ainsi le niveau tout aussi bas des taux de crédit dont bénéficient leurs clients. Du moins ceux qui en bénéficient !

En attendant la triple peine

Actuellement, l’inflation officielle est quasi nulle, en partie du fait de la baisse du pétrole mais surtout en raison de la composition des indices, lesquels ne reflètent pas l’évolution réelle, concrète de votre pouvoir d’achat disponible, net d’impôts et de prélèvements obligatoires et charges imposées.  La BCE tente par tous les moyens, « coûte que coûte », de relancer la croissance et l’inflation des prix en offrant de l’argent. Elle espère ainsi voir les banques commerciales prêter aux entreprises et aux particuliers afin qu’ils investissent et consomment.

Les entreprises n’investissent pas car il n’y a pas de demande et d’occasion rentable d’investir ; les particuliers n’ont pas accès au crédit car les banques « deleveragent » réduisent la taille de leurs bilans, et sont super exigeantes sur la solvabilité et les garanties. Les banques, si elles prêtent à taux bas, ne prêtent pas à tout le monde ! Elles demandent de préférence un apport financier et s’entourent de plus en plus de garanties. Le crédit est ainsi devenu, un produit peu cher mais pour lequel il est nécessaire de montrer patte blanche ! En somme : un produit de luxe d’un nouveau genre ! Souvenez-vous de l’adage, « on ne prête qu’aux riches », il est de plus en plus vrai! En somme comme le dit un observateur (Znaty, UFF) fort judicieusement le crédit est devenu « un produit de luxe » !

Mais il y a plus fondamental encore, c’est l’humeur, le moral du pays : il est mauvais, sombre, dépressif et pour s’endetter il faut être optimiste et envisager l’avenir avec confiance. Comment avoir confiance en ce moment ? Résultat la BCE pousse comme on dit sur une corde et va de plus en plus loin. Elle sur-stimule.

Les taux bas ne sont pas une bonne nouvelle pour tout le monde. En effet, si le crédit est peu cher, l’épargne est moins bien rémunérée. Pour préparer l’avenir les futurs retraités ne capitalisent plus, leur épargne ne rapporte rien donc ils sont obligés de faire plus d’économies ! C’est un paradoxe car les autorités prétendent vouloir faire consommer plus. Les assurances et les systèmes sociaux perdent énormément car leurs réserves pour faire face aux charges futures ne rapportant rien  elles sont obligée soit de hausser les cotisations, soit de réduire les prestations.

Pour l’instant, les temps sont difficiles, mais rassurez-vous ce n’est rien à côté de ceux qui nous attendent: les temps seront encore plus durs dans les mois et années à venir:

-les remèdes monétaires décrits ci-dessus ont épuisé leurs petits effets positifs et les inconvénients à les poursuivre ou les accélérer sont devenus colossaux. Dangereux pour les banques, les retraites, les assurances et la stabilité financière.

-la conjoncture est soutenue artificiellement, elle est dopée, droguée, tout est faux et faussé, les déséquilibres en profondeur sont très importants, et ils n’attendent qu’une   occasion de se manifester. Rien n’a été résolu, la crise de 2008 a été simplement   mise au frigo, elle n’a pas été traitée.  Elle n’attend qu’un signal pour se montrer. Le monde croule sous les dettes, la richesse n’est que fictive.

-les troubles sociaux ne font que commencer, la stabilité sociale est en phase de détérioration. Les consensus s’effondrent et les réponses des gouvernements sont inadéquates : ils veulent aller plus loin dans tout ce que les citoyens refusent ! Pour l’instant les systèmes électoraux se disloquent, le bi-partisme croule, les politiciens traditionnels sont rejetés, mais cela tient encore parce que les peuples espèrent que cela peut changer grâce aux élections. Que se passera-t-il si les élections sont truquées, contestées, ou simplement décevantes ?

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4 réponses »

  1. Souvent, je trouve les articles de B. Bertez particulièrement percutant au niveau intellectuel. Stimulant même. Sans dénigrer d’autres auteurs du blogalupus, évidemment !..

    Mais là, avec cette plongée en pleine phynance, j’ai l’impression d’être un gamin à qui on explique la vie. C’est l’évidence pour celui qui explique mais beaucoup plus nimbuleux pour celui qui reçoit la leçon… Je vais devoir lire plusieurs fois le texte pour assimiler correctement l’argumentaire et me l’approprier.
    Pourtant je m’estime pas particulièrement débile 😀

    Bref, quel talent, j’en profite pour dire merci, vous produisez tous un travail de qualité 😉

  2. M.Bertez merci pour vos explications, . « Que se passera-t-il si les élections sont truquées, contestées, ou simplement décevantes ? », peut etre la meme chose qu’aux USA entre Gore et Bush… on recomptera et s’arrangera en coulisse.

  3. Bonjour Mr Bertez,

    Déjà un grand merci pour vos articles. Je commente cet « ancien article » pour avoir votre avis sur la situation maintenant que Trump est élu et en supposant que F. Fillion soit élu en France en 2017.
    La politique de Trump me semble être inflationniste (infrastructures, relance de l’emploi, rapatriement des capitaux des paradis fiscaux vers les USA, barrières douanières…) alors que la politique envisagé par F. Fillion me semble elle être déflationniste (baisse de 500 000 fonctionnaires, économies sur le plan des dépenses de l’état possiblement sociales, le fameux « assistanat », avec dans le même temps hausse de la TVA, pas ou peu de diminutions d’impôts pour les ménages -hausse possible des taux d’intérêts obligataires provoquant un renchérissement des dettes publiques et donc au minima maintient des prélèvements au nom d’un sérieux budgétaire (Fillion de voulant probablement pas recourir à une augmentation de dette comme ce fut le cas des précédents présidents / gouvernements)…

    Comment voyez-vous les effets, pour la France, de la politique de Fillion ?
    Croyez-vous qu’elle sera puissamment déflationniste (un peu à l’image de ce que vit la Grèce, mais librement acceptée) ? Pourriez-vous nous dire les effets de la politique de M. Tatcher en GB à l’époque et transposer cela à la France d’aujourd’hui ?

    Enfin, pour le citoyen lambda que je suis, qui n’a de compréhension / compétences que dans l’investissement immobilier (locatif), les effets déflationnistes ne sont ils pas à redouter ?
    Une baisse possible des APL (lutte contre l’assistanat, réduction des dépenses sociales) cumulée avec une hausse du chômage (dans un premier temps) entrainerait une baisse du niveau général des loyers non? Voyez-vous une classe d’actif qui serait meilleure que d’autres en ce cas (on dit en période de déflation « cash is king » … mais ce n’est pas de l’investissement cela!).

    Merci si jamais vous avez le temps de lire / répondre à mes questions et merci à l’ensemble de l’équipe Lupus !

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