Allemagne

Islamo-gauchisme : Padamalgame….Hamed Abdel-Samad, Le fascisme islamique !

CANNIBALE LECTEUR de Pascal Vandenberghe Antipresse n 67

Padamalgame (1)

Qu’un président transforme son pays en dictature après avoir utilisé les méthodes démocratiques des élections pour accéder au pouvoir, ce n’est pas nouveau. Que dans sa volonté de verrouillage du pays il veuille, par référendum, renforcer encore son pouvoir, c’est courant et efficace. Quand il taxe l’Allemagne de «pratiques dignes du nazisme» parce que ce pays interdit ses meetings de propagande, Recep Tayyip Erdoğan franchit plusieurs lignes rouges. Celle de la décence: comme tous les champions du muselage de la liberté d’expression dans leur propre pays (et c’est la Turquie qui détient actuellement le record mondial du nombre de journalistes emprisonnés), il pousse des cris d’orfraie quand on remet en cause sa liberté d’expression à lui. Celle du respect du droit dans l’un des principaux pays d’accueil de ses ressortissants et de la liberté de ce pays de fixer ses propres règles et limites à cette forme d’ingérence. Celle du langage: l’usage des mots les plus déplacés, insultants et inadaptés est aujourd’hui pratique courante dans la volonté visible et délibérée de créer le chaos chez les autres.

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C’est la question que je me suis posée à première vue en découvrant le titre du livre de Hamed Abdel-Samad, Le fascisme islamique (Grasset, 2017) : le terme «fascisme» pour qualifier l’islamisme est-il adapté? ne s’agit-il pas, là aussi, d’un abus de langage qui délégitimerait une thèse par ailleurs peut-être solide et étayée? N’est-ce pas utiliser les mêmes méthodes que ses adversaires et par conséquent s’abaisser à leur niveau?

La lecture du livre convainc rapidement du bien-fondé de l’usage du mot. Dès le premier chapitre, Hamed Abdel-Samad explique ce qui motive l’assimilation qu’il fait de l’islamisme au fascisme, en passant l’islamisme au crible des quatorze caractéristiques identifiées par Umberto Eco dans ses Cinq questions de morale (Le Livre de Poche, 2002) pour caractériser ce qu’il appela «Ur-fascisme», le fascisme «primitif et éternel».

Remontant aux sources historiques de la fondation de l’islam par Mahomet, il démontre qu’islam et islamisme sont indissociables: l’islam, dans son principe même et dès sa fondation, contient le «virus» de l’islamisme. Ce qui ne veut pas dire que ce virus va forcément devenir actif chez tous les musulmans, mais qu’il est présent et ne demande souvent que peu de choses pour se révéler. La vocation universelle de cette religion fait partie de ses gênes, et le djihad partie intégrante de l’islam originel: « C’est la raison pour laquelle on ne peut séparer le phénomène islamiste de l’islam, car le virus du djihad puise sa force explosive dans l’enseignement et l’histoire de l’islam. Ce ne sont pas les islamistes modernes qui ont inventé le concept du Djihad, c’est le prophète Mahomet» (p. 127). Par ailleurs, «contrairement à Jésus, Mahomet ne fut pas seulement prédicateur mais tout à la fois chef d’État, commandant d’armée, ministre des Finances, législateur, juge et policier». De ce fait, contrairement aux autres religions, dès le départ l’islam a été politique. Ce qui constitue, d’après Hamed Abdel-Samad, un «défaut de naissance» (p. 229).

Ainsi, s’exclamer systématiquement, après chaque attentat ou autre acte criminel commis par des islamistes que «ce n’est pas l’islam» (avec ce désormais célèbre et sempiternel cri de ralliement des naïfs: « Padamalgam!») constitue bel et bien une erreur de jugement. Pour autant, il ne s’agit pas de condamner sans discrimination les musulmans eux-mêmes en tant que personnes. On peut cependant attendre d’eux qu’ils remettent en question cette religion dans son universalisme, ses méthodes et ses pratiques: « Le problème n’est pas ce qu’a dit ou fait Mahomet voilà 1’400 ans, mais le fait que beaucoup de musulmans le voient comme un modèle pour les actes qu’ils accomplissent au XXIe siècle» (p. 229).

Hamed Abdel-Samad, intellectuel allemand d’origine égyptienne (qui fut élevé dans la foi musulmane par un père imam), fait l’objet d’une fatwa depuis 2013, suite à une conférence ayant pour sujet «le fascisme religieux en Égypte», qu’il tint au Caire en 2013. Il vit depuis sous haute protection policière. Le fascisme islamique est son premier livre traduit en français. C’est en revanche son sixième livre publié en Allemagne. Paru initialement en 2014 en Allemagne, où il entra rapidement dans la liste des best-sellers, il fallut trois ans pour qu’un éditeur accepte de le publier en français. La maison d’édition qui en acquit d’abord les droits dès sa parution en allemand (les Éditions Piranha) en retarda plusieurs fois la parution, jusqu’à finalement renoncer après les attentats de Nice. On saluera le courage des Éditions Grasset, qui ont repris le flambeau.

On pourra regretter quelques erreurs factuelles dans le texte (non, Mein Kampf n’est pas «interdit partout dans le monde», et notamment plus en langue allemande depuis 2016 et la parution d’une édition enrichie de milliers de notes), ainsi que l’absence de mise à jour de certains chapitres dont les propos écrits en 2014 ne sont plus tout-à-fait à jour (par exemple sur la situation politique en Tunisie, où le parti islamiste Ennahdha n’est plus aussi dominant politiquement depuis les élections de 2014). Et Hamed Abdel-Samad dénonce à juste titre la puissance de l’antisémitisme des pays musulmans. 

Cela dit, face à une tendance éditoriale nettement orientée vers la dénonciation de l’islamophobie(que ce soit dans les livres ou les médias), il paraît plus que nécessaire de donner les paroles à ceux qui osent critiquer l’islam. C’est pourquoi d’ailleurs cette chronique porte le numéro 1: nous reviendrons sur ce sujet à l’avenir. L’islamophobie, en tant que critique d’une idéologie, n’est pas un racisme. Et si le XXe siècle a vu s’affronter deux totalitarismes (nazisme et communisme) qui ne lui ont pas survécu, leur ont succédé en ce début de XXIe siècle deux autres formes de totalitarisme: la mondialisation et le fascisme islamique.

Or, si la critique de la mondialisation est aujourd’hui largement répandue, considérée comme «acceptable», disposant de nombreux analystes à son service, ce n’est pas (encore) le cas de celle du fascisme islamique, qui bénéficie de la même mansuétude que le stalinisme dans ses plus belles années. Si le communisme put s’appuyer longtemps, dans les pays occidentaux, sur un large réseau d’«idiots utiles» (comme les appelait Lénine), après la chute du communisme ces derniers ont trouvé un nouvel emploi, cette fois au service du fascisme islamique. L’un des premiers symptômes forts de ce basculement de la ferveur des «idiots utiles» en faveur de l’islam fut certainement la célébration du régime de l’ayatollah Khomeiny en Iran par Michel Foucault dès 1979. En ce sens, la publication de nos jours de livres comme celui de Hamed Abdel-Samad est aussi utile et nécessaire que le fut celle du livre de Viktor Kravtchenko J’ai choisi la liberté! en 1947. Comme un contre-feu à la suprématie, dans le débat public, des «idiots utiles».

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