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Etats-Unis : Deep State vs prise de conscience

Deep State vs prise de conscience

12 Juillet 2017 , Rédigé par Observatus  geopoliticus www.chroniquesdugrandjeu.com

Il fallait s’y attendre, le système impérial est vent debout après la rencontre entre Donaldinho et Vladimirovitch et l’inquisition médiatique néo-conservatrice, y compris française (imMondeNouvel Oups), s’en donne à coeur joie tandis qu’elle fait tout pour minimiser la vraisemblable mort du calife daéchique Al Baghdadi, sans doute tué dans un bombardement russe.

Comment ?! Se rapprocher de la Russie, l’adversaire n°1 dans le Grand jeu, vous n’y pensez pas, voyons ! C’est maintenant au tour de Trump Jr et Jared Kushner d’être sous les feux de l’actualité, avec toujours les mêmes invraisemblances (les Russes auraient innocemment utilisé de simples emails non sécurisés pour faire passer des informations « très sensibles ») et les mêmes et désormais fameuses « sources anonymes » qui affirment que…

Le sénateur McCainistan, figure incontournable du Deep State bien qu’impopulaire parmi ses administrés, est mouillé jusqu’au cou dans une affaire annexe, le grotesque « dossier » des douches d’urine du Donald à Moscou, repris en coeur par la journaloperie occidentale dite sérieuse il y a quelques mois. Et pourtant, c’est un néo-con proche du Follamour sénatorial que l’administration Trump a nommé comme envoyé spécial sur l’Ukraine suite aux discussions de Hambourg.

Game over pour le draineur de marais, qui se plie aux injonctions décidément trop fortes de l’Etat profond ? Pas si simple… Le Donald mène certes une partie extrêmement difficile, devant louvoyer entre les écueils hystériques et le principe de réalité internationale, c’est-à-dire le reflux impérial et le logique rapprochement avec Moscou qui en découle. Mais le temps joue pour lui.

Comme nous l’expliquions il y a quelques mois :

Beaucoup d’analystes voient Trump finir par se ranger tout à fait derrière le Deep State et reprendre à son compte sa politique belliciste dans quelques mois. Et si c’était l’inverse ?

Car les choses évoluent également en profondeur, loin des projecteurs et pas dans le sens souhaité par les faucons. Ainsi, une enquête montre que la popularité de Poutine aux Etats-Unis a doublé en un peu plus d’un an, passant de 13% à 22% (32% chez les électeurs Républicains). Certes, tout cela reste encore relativement bas, mais c’est la tendance qui importe et celle-ci est claire.

Le grand avantage de la campagne présidentielle de l’automne est que, pour la première fois, l’Américain de base a entendu parler du monde et de ce qui s’y passe. C’est un frémissement qui avait d’ailleurs déjà commencé quelques années auparavant avec la crise syrienne (rappelons-nous la mini-fronde de certains militaires en 2013) :

Depuis, le récit hollywoodisé du système impérial a volé en éclats, constamment remis en cause par des voix chaque fois plus nombreuses. On ne sera pas surpris de retrouver la délicieuse Tulsi qui, lors de sa dernière interview sur CNN (datant de fin janvier), a plaqué le journaliste sur le thème des « rebelles modérés » (…)

Ceci, de plus en plus d’Américains le voient, l’entendent, le lisent, le ressentent. Et l’idée, qui vient des deux bords du spectre politique, fait son chemin dans les têtes. Dans les plaines de l’Ohio ou les downtown de Chicago, on commence confusément à sentir que ça ne colle pas, que le discours impérial a du plomb dans l’aile, que la presse raconte des cracks.

Nous avions déjà vu il y a quelques mois que la confiance envers les médias US était à son plus bas historique. Et ce n’est pas l’infantile et grossière campagne de diabolisation et même de psychiatrisation de Trump, Poutine ou Trump+Poutine – ce qu’un malicieux observateurappelle le Syndrome de dérangement Poutine – qui arrangera la crédibilité de la MSN. Il est d’ailleurs amusant de constater le peu d’imagination de ses promoteurs :

Quand on sait que, en Occident plus qu’ailleurs, l’hystérie communicative du système va de pair avec son déclin…

Résumons : population excédée par le terrorisme islamique et même l’islamisme en général, chaque jour plus consciente des évolutions du monde (dans des proportions qu’il ne faut toutefois pas exagérer), chez laquelle la popularité du djihadist’s killer Poutine ne peut qu’aller grandissant, surtout chez les électeurs Républicains ; méfiance généralisée envers les médias et l’Etat fédéral (donc, en creux, envers l’Etat profond) ; raz de marée électoral Républicain…

Les prédictions de ce blog se sont si souvent réalisées (Brexit, élection de Trump, libération d’Alep, coup d’Etat en Turquie, désastre saoudien, conflit gelé en Ukraine etc.) que votre serviteur se permet d’en faire une autre.

Pendant quelques mois encore, peut-être un an, le Donald devra louvoyer, donnant du grain à moudre au parti de la guerre, alternant les signaux contradictoires. Concomitamment, le pragmatisme gagnera du terrain. Pragmatisme des élus Républicains au pouvoir, ne souhaitant pas se couper totalement de l’opinion publique ni de leur président ; pragmatisme des militaires sachant bien, eux, qui est leur véritable ennemi. Le système impérial, de bien mauvaise grâce, ira de recul en recul, non sans donner quelques coups de griffe. Il aura suffisamment reflué en 2018 pour que le rapprochement russo-américain s’engage concrètement.

S’il est encore trop tôt pour confirmer ou infirmer notre prédiction, plus rien ne sera comme avant aux Etats-Unis. Peut-être plus que l’élection du Donald elle-même, c’est la campagne électorale qui a constitué un véritable tremblement de terre. Pour la première fois de leur vie, des dizaines de millions d’Américains ont entendu des choses qu’on ne leur avait jamais dites :

Le colossal paradoxe US – une population ignorante et désintéressée laissant la politique étrangère de la première puissance militaire mondiale aux mains d’une poignée d’idéologues, de stratèges et de lobbyistes – commence tout doucement à se résorber. Ne péchons pas par optimisme, cela prendra encore beaucoup de temps mais là comme ailleurs, c’est la tendance qui compte.

Participant de cette lente prise de conscience, la presse conservatrice bien sûr (rappelons qu’aux Etats-Unis, les conservateurs isolationnistes sont la bête noire des néo-cons impérialistes) : Breitbart, Buchanan, The American Conservative (le titre de cet article – Comment l’Amérique a armé les terroristes en Syrie – se passe de tout commentaire) et bien d’autres…

Mais aussi l’émission la plus populaire du câble américain, dont l’animateur, le sémillant Tucker Carlson, démolit jour après jour les fables de la MSN impériale. Après la rencontre Poutine-Trump de Hambourg, l’invité était l’excellent Stephen Cohen, éternel pourfendeur des manigances impériales contre la Russie :

Tucker n’en est pas à son coup d’essai. Ici, il ridiculise un collaborateur de l’hilarante Clinton sur la Syrie, affirmant au passage devant des millions de téléspectateurs sans doute médusés que Washington soutient les djihadistes syriens y compris Al Qaeda :

Et pas plus tard qu’hier, confronté à une caricature de vrai faucon qui ressort à toutes les fariboles sur les méchants Russes bombardant « les hôpitaux et les crèches syriennes » (ne manquent plus que les maisons de retraite…), il se demande ouvertement pourquoi l’establishment politico-médiatique américain ne se réjouit pas de la mort d’Al Baghdadi. Bonne question…

EN BANDE SON :

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