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Indépendance à géométrie variable ou les mystères de la crème brulée catalane !

La question catalane et ses paradoxes

By Gregory Vanden Bruelwww.bvoltaire.comv 2 Octobre 2017

En ces temps de décomposition des clivages politiques traditionnels, il est toujours plaisant, pour l’observateur, de mettre en lumière les contradictions de ceux qui nous gouvernent et nous informent.

Les forces qui, aujourd’hui, dénoncent l’attitude de Madrid et la mainmise de Mariano Rajoy dans les troubles qui ont entouré le vrai-faux référendum pour l’indépendance catalane sont, en Belgique, les premières à vouloir bâillonner les partis politiques flamands œuvrant pour l’indépendance de leur région.

Combien de fois l’arc progressiste n’a-t-il, en effet, pas appelé à museler la Nieuw-Vlaamse Alliantie dont l’objectif à moitié avoué est l’indépendance de la Flandre, ou à ranger le Vlaams Belang, bien plus clair sur ses ambitions, derrière un cordon sanitaire si peu démocratique ?

Le nationalisme flamand jouit d’une mauvaise réputation pour son ancrage à droite et ses liens ancestraux avec la collaboration. Le nationalisme catalan est, quant à lui, protéiforme, mais bénéficie d’une sympathie presque naturelle pour son amarrage initial à la gauche – en réalité depuis la création d’Esquerra Republicana de Catalunya – mais aussi son aversion pour le franquisme.

En filigrane opère également la division classique entre régions riches et pauvres. De façon analogue, le nationalisme nord-italien est diabolisé (et porté essentiellement par des partis de droite), tandis que son cousin écossais bénéficie d’une perception favorable (et principalement de gauche).

La Belgique complexe n’a pas échappé à la question catalane. La droite nationaliste flamande fut une des premières à apporter son soutien aux indépendantistes, voyant dans la vague autonomiste le tsunami qui emporterait les vieux États européens, dont la Belgique.

Ainsi, les ténors de la N-VA se sont pressés en Catalogne pour soutenir les partis indépendantistes au nom de l’autodétermination des peuples. Pour Bart De Wever, l’homme fort de la phalange flamande, « l’attitude de Madrid est stupide et inacceptable », soutien jugé trop timoré par d’autres cadres de la formation.

Pourtant, la N-VA fait partie du gouvernement fédéral qui a pris soin de ne pas s’ingérer trop visiblement dans la crise espagnole. Les violences de dimanche auront tout de même obligé le Premier ministre à céder à la pression de son partenaire et à condamner les violences.

Une autre partie se joue pourtant. L’accélération de la mondialisation révèle l’incapacité de l’État-nation à endiguer la nouvelle loi de la jungle. Les États affaiblis n’étant plus à même de jouer le rôle de rempart, le cadre régional, avec ses traditions, ses us et coutumes et sa langue, apparaît comme le cocon permettant aux peuples de se protéger de l’irruption, en son sein, des fruits de la mondialisation.

Quand on ajoute à cela la sympathie de l’Union européenne pour les régions, et inversément de celles-ci pour celle-là, on aboutit forcément à des crises comme celle secouant en ce moment l’Espagne, transformée l’espace d’un week-end en république bananière.

http://www.bvoltaire.com/question-catalane-paradoxes/?mc_cid=3a5d5fa9ae&mc_eid=b338f8bb5e

Plusieurs de nos lecteurs nous ont contacté pour nous demander notre position sur les événements dans la province espagnole séparatiste. Nous sommes opposés à l’indépendance de la Catalogne. Cela étant dit nous pensons que le gouvernement central de Madrid n’a pas choisi la bonne démarche. L’Espagne est une démocratie. Et en démocratie on ne doit pas avoir peur du verdict des urnes. Il fallait permettre l’organisation d’un véritable référendum sur la question de l’indépendance de la Catalogne. Et nous sommes persuadés que le non aurait triomphé. A condition bien entendu qu’il s’agisse d’un véritable exercice démocratique. A savoir une campagne électorale ou chacun aurait pu s’exprimer librement et surtout un contrôle efficace le jour du vote afin d’éviter les fraudes. Pour cela, il aurait fallu que Madrid accepte que des organisations internationales viennent contrôler le déroulement du scrutin. En effet, impossible de faire confiance aux indépendantistes catalans. Surtout lorsqu’ils sont issus de l’extrême gauche.Désormais cette solution semble impossible au regard des derniers événements. Reste pour Madrid la possibilité de renouer le dialogue en accordant à la Catalogne le même statut fiscal qu’au Pays Basque. Cette concession du gouvernement espagnol sur une revendication essentielle pour les indépendantistes, mais également pour les Catalans qui sont opposés à l’indépendance, permettrait de séparer les modérés des extrémistes et de permettre une sortie honorable pour toutes les parties. Personne ne perdrait la face. De nouvelles élections régionales seraient nécessaires afin de valider un accord qui reste encore à écrire.

Mais si le gouvernement central de Madrid choisi une voie différente en restant sur une position ferme il lui faudra assumer ce choix. Si les indépendantistes catalans devaient proclamer unilatéralement l’indépendance, Madrid devra arrêter et emprisonner l’ensemble des leaders du mouvement. Le gouvernement central devra également mettre provisoirement fin à l’autonomie de la Catalogne et ne pas hésiter à utiliser la force publique si le besoin s’en faisait sentir. Ce n’est sans doute pas la meilleure stratégie mais lorsque le vin est tiré il faut le boire dit un proverbe. Madrid devra assumer ses choix. Jusqu’au bout. Sous peine de tout perdre.

EN BANDE SON : 

1 réponse »

  1. Il peut y avoir autant d’arguments pour que contre, les deux sont pour le temps immédiate,
    le présent est déjà fait, nous devons chercher à construire l’avenir.
    La Catalogne souveraine est une laboratoire nécessaire pour expérimenter les performances
    du formule.
    Perso, je ne supporte pas les séparations ethniques, tout « nation » est constitué de même
    proportion de « boue humaine » et d’homme excellent.
    Les normes de l’un ou de l’autre groupe détermine qu’un « nation » monte ou descende.
    A partir de ce XXI siècle il ne peut y avoir que….
    L’Espagne et la Catalogne seront des concourants directs, les deux occupent le même
    segment, l’un va s’étioler l’autre s’agrandira exponentiellement sur tout son pourtour.
    Comme l’Allemagne/France.
    Les Etats sont des fractales ou pas.


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