Etats-Unis

L’autre secret de Hollywood : les abus sexuels de jeunes garçons

« C’est un endroit où les adultes ont plus de contacts directs et inappropriés avec des enfants que probablement n’importe où ailleurs au monde », a déclaré l’ex-enfant acteur Corey Feldman.

La semaine dernière, l’ex-enfant acteur Corey Feldman, (Stand by MeThe Goonies) a tweeté qu’on lui avait demandé un commentaire sur les allégations de harcèlement sexuel et de viol censément perpétrés par Harvey Weinstein. C’est logique, étant donné qu’il dénonce depuis des années les abus sexuels à Hollywood — pas de femmes, mais de très jeunes garçons. Il explique depuis longtemps que la pédophilie est le pire problème de Hollywood, et qu’elle est en grande partie responsable de la mort par overdose de son meilleur ami, Corey Haim.

Dans des propos adressés au Hollywood Reporter en 2016, Feldman a dit :

« Haim a été plus directement abusé que moi. Avec moi, il y a eu des attouchements de la part de plusieurs individus, mais avec Corey, c’était du viol direct, alors que pour moi, il n’y a pas eu de viols à proprement parler. Et cela lui était arrivé quand il n’avait que onze ans. Mon fils a onze ans, et je ne peux même pas imaginer que quelque chose comme ça lui arrive. Cela détruirait son être. Quand je regarde mon fils, un gentil gamin innocent de onze ans et que je tente de le mettre dans la peau de Corey Haim, je me dis, ‘Mon Dieu – bien sûr que Corey était erratique, et qu’il se comportait mal sur les plateaux et des choses comme ça.’ Dans ces conditions, à quoi d’autre aurions-nous pu nous attendre de sa part ? »

Il continuait:

« Chacun a sa façon de réagir. Je ne peux pas donner de noms. Les gens sont frustrés, les gens sont en colère, ils veulent savoir comment ces choses peuvent se produire, et ils veulent des réponses – et ils se tournent vers moi et ils disent, ‘Pourquoi est-ce que tu n’es pas un homme, que tu n’as pas le courage de te lever, de donner des noms et de cesser d’être un lâche ?’ Je suis confronté à ça, ce qui n’a rien d’agréable, d’autant plus que je ne demande qu’à donner des noms. J’adorerais être le premier à le faire enfin. Mais malheureusement, la Californie a un délai de prescription bien commode, puisqu’il interdit cela. Parce que, s’il me prenait l’idée de mentionner le nom de qui que ce soit, ce serait moi qui aurait des problèmes légaux et je serais celui qui atterrirait devant un tribunal. Nous devons nous adresser aux procureurs et aux législateurs de Californie, parce que c’est là qu’est située l’industrie du divertissement, et que c’est un endroit où les adultes ont plus de contacts directs et inappropriés avec des enfants que probablement n’importe où ailleurs au monde. »

Les problèmes légaux liés aux cas de harcèlement sexuel ou aux allégations d’abus sont une question majeure à Hollywood, et contribuent à une culture de l’omerta. Weinstein a censément payé au moins huit de ses accusatrices – à la condition qu’elles acceptent de signer une clause de confidentialité stricte destinée à empêcher que les affaires ne s’ébruitent. De plus, le contrat d’embauche du magnat établi par la Weinstein Company l’aurait protégé de toute possibilité de licenciement pour cause de harcèlement sexuel.

Au delà des obstacles légaux, l’accusatrice de Weinstein, Rose McGowan, affirme que l’acteur Ben Affleck connaissait les habitudes prédatrices de son employeur et s’était tu, alors que d’autres acteurs célèbres, Matt Damon et Russell Crowe, ont été dénoncés par la journaliste Sharon Waxman parce qu’ils avaient aidé à empêcher la publication d’un article sur Weinstein qu’elle avait écrit pour le New York Times en 2004.

Des barrières similaires existent dans les cas d’allégations d’abus sexuels de jeunes garçons à Hollywood. Feldman avait une fois parlé d’abus sexuels d’enfants dans l’émission The View. La présentatrice Barbara Walters l’avait accusé de « faire du mal à toute une industrie ».

Et quand les gens lancent des accusations qui sont plus tard retirées par les plaignants ou rejetées par les tribunaux, les victimes en sont d’autant plus dissuadées de parler. Le célèbre réalisateur Bryan Singer (X-Men) a été mis en accusation pendant des années, avec pour commencer une plainte alléguant qu’il obligeait des mineurs à se doucher nus sur le tournage de son film Un élève doué, et ensuite des accusations d’abus sexuels en 2014. La plainte d’Un élève doué a été rejetée pour manque de preuves, et les autres accusations ont été retirées par les accusateurs. Cela n’a toutefois pas empêché des acteurs de cataloguer Singer. Dimanche, alors que le scandale Weinstein continuait à faire des vagues, l’actrice Evan Rachel Wood a tweeté « Oui, et n’oublions pas non plus Bryan Singer ».

Et puis, il y a eu l’ancienne star de la sitcom The Real O’Neals Noah Galvin, qui dans une citation supprimée depuis d’une interview accordée à Vulture, a dit, « Oui, Bryan Singer aime inviter des petits garçons dans sa piscine et les masturber au milieu de la nuit. (Rires). Je ne veux rien avoir à faire avec ça. Je pense qu’il y a suffisamment de garçons homosexuels à L.A. qui sont prêts à faire des choses avec les personnes qu’il faut pour avoir des introductions. »

La citation a été retirée de l’interview depuis, et Galvin s’est excusé sur Twitter : » Je présente des excuses sincères à Bryan Singer pour l’horrible affirmation que j’ai faite. Mes commentaires étaient faux et déplacés. C’était irresponsable et stupide de ma part de lancer ces allégations contre Bryan, et je regrette profondément de l’avoir fait ».

Les allégations contre Singer allaient aussi être incluses dans le documentaire révélateur de la réalisatrice Amy Berg An Open Secret sur l’épidémie d’abus sexuels pédophiles à Hollywood, mais elles ont été coupées au montage final. (Pour sa part, Singer a déclaré « les allégations contre moi sont scandaleuses, odieuses et complètement fausses. »)

Dans le cas de Weinstein, les abus ont duré des décennies, et il a fallu qu’une actrice de la stature d’Ashley Judd parle enfin pour que les vannes s’ouvrent. Malheureusement, il est improbable qu’une lame de fond du même type provienne d’un acteur comme Feldman, une star des années 80 qui ne perçoit pas les cachets d’une Ashley Judd. [NdT : Peut-être pas, mais alors même que nous traduisons ceci, plusieurs articles viennent de remettre sur la table l’interview de Corey Feldman au cours de laquelle Barbara Walters lui avait reproché de « faire du mal à toute une industrie » – et personne ne prend la défense de Walters. Il semble que dans le sillage de l’affaire Weinstein, le scandale de la pédophilie à Hollywood révélé par Feldman et le documentaire d’Amy Berg soit en train de prendre de l’ampleur.]

Mais peut-être que le vent tourne, et que la honte associée au fait d’être une victime masculine soit en train de se dissiper. L’acteur de Brooklyn Nine-Nine Terry Crews a parlé du viol qu’il a subi de la part d’un cadre de haut niveau de Hollywood, cette semaine, à la suite du raz-de-marée sur l’affaire Weinstein. James Van Der Beek, qui s’en est pris à Weinstein avant de révéler sa propre histoire, a fait de même :

«  Ce dont Weinstein est accusé est criminel. Ce qu’il a admis avoir fait est inacceptable – où que ce soit. J’applaudis tous ceux qui parlent. Des hommes vieux, puissants m’ont tripoté les fesses, certains m’ont acculé à des conversations sexuelles inappropriées quand j’étais beaucoup plus jeune… je comprends la honte injustifiée, le sentiment d’impuissance et l’incapacité à lancer l’alerte. C’est une dynamique de pouvoir qui peut sembler insurmontable. »

Si cela n’était pas encore assez, les médias commencent à demander des comptes à l’industrie du cinéma à propos de son soutien au réalisateur Victor Salva.

En 1988, au cours du tournage de son premier long métrage Clownhouse, Salva a violé sa star de douze ans. Il a fini par plaider coupable sur cinq chefs d’accusation : outrage à la pudeur, copulation orale avec un mineur de moins de 14 ans, et trois charges de possession de pédopornographie. Malgré tout, Salva a été autorisé à réaliser film sur film après sa condamnation. [NdT: Dont un film pour Disney.)

Des documentaires comme An Open Secret et le témoignage d’ex-enfants acteurs comme Feldman affirment depuis longtemps que la pédophilie et l’abus de jeunes hommes sont l’autre secret inavouable de Hollywood. Que faudra-t-il de plus pour que toute la vérité se fasse jour ?

Par Ira Madison

http://arretsurinfo.ch/lautre-secret-de-hollywood-les-abus-sexuels-de-jeunes-garcons/

Enfant star dans les années 80, Corey Feldman a lui-même été abusé sexuellement.

Dans les pas de la star du Seigneur des Anneaux, Corey Feldman, lui-même victime d’abus sexuels enfant, a accusé cette semaine l’industrie du cinéma américain de protéger les pédophiles.

«Ils se refilaient leurs victimes entre eux.» Près de trente ans après ses premiers pas au grand écran, Corey Feldman, n’a rien oublié. Les scènes d’abus sexuels, les procédés d’intimidation… Hollywood était presque une cour de récréation pour les prédateurs selon l’acteur. «C’est un endroit où les adultes peuvent plus que n’importe quel autre endroit du monde avoir des liens directs et inappropriés avec les enfants», a expliqué le comédien au Hollywood Reporter cette semaine.

Deux jours après les accablantes déclarations de Elijah Wood, qui révélaient notamment les «réseaux organisés» agissant dans l’ombre de l’industrie du cinéma, ces nouvelles paroles résonnent comme un véritable tir de mortier.

L’acteur de 44 ans, connu du grand public pour ses rôles dans Vendredi 13 et Les Goonies, n’y est pas allé par quatre chemins. Selon lui, Hollywood est un nid à pédophiles. Et cela ne date pas d’hier…

«Ils se connaissent tous entre eux»

Enfant star dans les années 80, Corey Feldman a lui-même été abusé sexuellement. S’il lui a fallu des années de thérapie pour panser la plaie, d’autres ont eu moins de chance. C’est le cas de son grand ami Corey Haim, mort à l’âge de 38 ans après être tombé dans la drogue. «Il a été plus sévèrement touché que moi, raconte l’acteur. Moi, je n’ai subi que quelques attouchements (…) Corey, lui, a vraiment été violé.»

Pire encore, les prédateurs dont ils ont fait les frais seraient depuis toujours protégés dans le sérail d’Hollywood. «Je pense que le violeur de Corey Haim n’était pas un cas isolé et c’est peut-être pour cette raison qu’il n’a jamais été mis en cause depuis toutes ces années». Et d’ajouter: «Ces types-là sont capables de menaces et d’intimidation pour faire taire les gens. Une chose est sûre, ils se connaissent tous. Demandez à n’importe quel enfant du groupe dont je faisais partie à l’époque: Ils nous échangeaient entre eux.»

Pourtant loin de pouvoir révéler le nom de ses agresseurs, Corey Feldman se dit encore aujourd’hui contraint de garder le silence. Et ce, même s’il sait en toute âme et conscience que des prédateurs courent toujours à Hollywood. «Je ne peux pas citer de noms (…) J’adorerais être le premier à le faire, mais je ne peux pas.» En cause, la peur d’être accusé de diffamation et de poursuites judiciaires.

http://www.lefigaro.fr/cinema/2016/05/26/03002-20160526ARTFIG00283-apres-elijah-wood-corey-feldman-denonce-la-pedophilie-a-hollywood.php

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