Etats-Unis

Trump : un discours sur l’état de l’Union effacé par « l’affaire du Mémo »

Trump : un discours sur l’état de l’Union effacé par « l’affaire du Mémo »

By Andre Archimbaud, www.bvoltaire.fr février 1er, 2018

Donc, Trump a fait son discours sur l’état de l’Union le 30 janvier, dans la foulée de celui de Davos, fort du soutien bruyant des élus républicains, et devant un aréopage démocrate silencieux, boudeur. Des démocrates qui avaient tout misé sur la « trahison russe » de Trump, et qui voient l’argument leur échapper.

Les néoconservateurs ont gagné : Trump est rentré dans le rang, ils voudront le garder encore quelque temps, en tout cas jusqu’aux prochaines législatives partielles de l’automne. Si les républicains conservent le pouvoir, alors la question de l’avenir politique de Trump se posera.
Comme celle de l’avenir de Poutine, en lice pour les présidentielles au mois de mars. Toute la campagne antirusse des 18 derniers mois avait un objectif simple : la « saddamisation » de Poutine, en préalable au changement de régime. Les démocrates ont cependant cru y voir un moyen de sortir Trump immédiatement. Les républicains y ont vu essentiellement un moyen de paralyser Poutine, de le couper de ses oligarques qui regrettent amèrement de ne plus mener la belle vie dans les palaces occidentaux. Et la « liste Poutine », sortie le même jour que le discours sur l’état de l’Union par le département d’État, lançait un habile avertissement aux faméliques oligarques : « Dissociez-vous de Poutine, sinon… »

Dans ce contexte de lutte pour le contrôle de l’hémisphère nord, où la Chine joue au poker, la Russie aux échecs et l’Amérique au blackjack, le parti démocrate est victime de son succès. À force de « déconstruire » la culture, de fractionner la population en clientèles, de jouer la fragmentation des genres et des ethnies, le parti n’a plus d’unité idéologique, semble perdre sa raison d’être, à moins peut-être de vouloir devenir le parti de Caracalla : obsédés par les questions migratoires, les démocrates iront-ils jusqu’à accorder la citoyenneté à toute la planète (comme Caracalla le fit pour l’ensemble de la population de l’Empire romain) ?

Ce 30 janvier, les élus démocrates étaient si tendus pendant le discours de Trump qu’ils n’écoutaient pas. Parce qu’ils savaient que la Maison-Blanche devait diffuser dans les jours qui suivraient un mémo de quatre pages rédigé par le fermier-viticulteur californien Devin Nunes, président du House Permanent Select Committee on Intelligence [ndlr : organe parlementaire qui supervise les services de renseignement]. Un mémo, assis sur des milliers de pages de témoignages, qui démontrerait une coalition entre l’État profond, le ministère de la Justice, la campagne Clinton et l’administration Obama elle-même, en vue d’éliminer un adversaire politique et, ainsi, renverser le résultat d’une élection jugée illégitime.

Ce mémo, qui attaque nommément des hauts responsables de l’administration, du FBI et, dit-on, de la CIA, aurait un double impact : la mise à mort de la cabale (qui serait en grande part illégale) montée contre Trump sur la collusion russe (rendant derechef le procureur Mueller « illégitime ») et, surtout, le lancement d’un Watergate au centuple centré sur ni plus ni moins une sédition. Avec, à la clé, des têtes qui tomberaient, ainsi qu’une reprise en main totale du ministère de la Justice par son ministre Jeff Sessions, encore aujourd’hui réduit à se comporter comme l’employé d’un « ministère Obama ».

Et les démocrates, Pelosi en tête, de réaliser dans cette affaire russe qu’ils avaient tiré les marrons du feu pour le compte d’un « adversaire » républicain qui a embrassé Trump comme l’ours embrasse sa proie. Sans compter que le ministère de la Justice qu’ils croyaient contrôler poursuit son enquête sur le rôle du FBI dans l’affaire Clinton, au point que le numéro deux du FBI (un démocrate) vient de se faire mettre à la porte. Démoralisant…

Trump est bien passé dans les sondages instantanés. Ceux de CNN et de CBS, en particulier, qui montrent que trois quarts des téléspectateurs ont bien perçu un texte qui aurait aussi bien pu être lu par George W. Bush. Ils ont aussi noté le comportement bipartisan de Trump, promouvant une politique de grands travaux à travers le pays, et une baisse du prix des produits pharmaceutiques (qui coûtent pratiquement le double de ce que payent les Européens).

Le discours de Trump a également confirmé que la Chine et la Russie sont des entraves au rayonnement démocratique mondial de l’Amérique, que la Corée du Nord est le nouvel Irak, que le « terrorisme » (il ne parle plus de djihadisme islamiste) mérite toujours son Guantánamo, et qu’il souhaite la nationalisation de deux millions d’immigrants nés de parents entrés illégalement sur le territoire. Bref, il est rentré dans le rang. Mais il s’accroche tout de même à une réforme de l’immigration et de la protection des frontières qui sera condamnées à passer en force (si les républicains y consentent).

Les discours ne vivent que ce que vivent les cycles médiatiques, centrés aujourd’hui sur le mémo et l’inouïe tentative du FBI et des services de renseignement de museler leurs patrons : le président, le gouvernement et le Congrès. Le mémo sortira-t-il avec ses annexes confidentielles ? Sera-t-il censuré au point d’être nul et non avenu ? Sera-t-il bloqué au nom de la « sécurité nationale » ? À Trump de décider. Il en a le pouvoir constitutionnel… sur le papier.

http://www.bvoltaire.fr/trump-discours-letat-de-lunion-efface-laffaire-memo/

8 réponses »

  1. un homme qui a tant d’ennemis ne peut être foncièrement mauvais quels que soient ses défauts.
    A ce stade et même avant, l’Amérique a pour habitude de faire le ménage par l’assassinat. Curieux que ça n’ait pas encore commencé.

    • Intéressez-vous à l’entourage d’Hillary Clinton surnommée la Killary et vous verrez si le ménage n’a pas commencé ….mais elle n’a pas la primauté de la chose, ni les Etats Unis dailleurs…et puis il y a plein de façon de tuer quelqu’un sans passer par la case Boulin, on peut par exemple utiliser la méthode Fillon….

      • Killary fait le ménage autour d’elle et depuis un certain temps. Tout ce qui touche à ses activités, à celles de son mari ou à leurs intérêts dans l’état où il fut gouverneur est soigneusement épuré, je le sais mais je m’étonnais en vérité sur le fait qu’un « fou furieux » ne s’en soit pas encore pris à Trump ou à l’un de ses soutiens.

    • Hitler et Staline avaient aussi beaucoup d’ennemis du moins leur paranoïa leur disait…mais peut être après tout n’étaient ils pas si mauvais après tout ?…Bien sur à toute comparaison raison savoir garder Trump reste ce qu’il est : un homme de spectacle sous influence qui se rêve en autocrate à la Poutine…

      • pas faux, mais l’un et l’autre avaient des partisans institutionnels ce qui semble cruellement manquer à Trump

  2. A reblogué ceci sur Chez Dcembreet a ajouté:
    Le mémo sortira-t-il avec ses annexes confidentielles ? Sera-t-il censuré au point d’être nul et non avenu ? Sera-t-il bloqué au nom de la « sécurité nationale » ? À Trump de décider. Il en a le pouvoir constitutionnel… sur le papier.

  3. le travail du vidageage des egouts a commence il y plus d’une annee aux etats unies,bcp de tetes vont tomber,fbi,cia,HW , EX-GOVT,org. pedophile et mon petit doigt me dit que couronne anglais,cfr,n.u. et eu.vont en prendre unbon coup egalement!!

  4. TRUMP… DISCIPLE DE SUN-TZU?
    La situation pour le deep-state US, aussi nommé judicieusement « marécage », devient de plus en plus compliquée… sa faune poursuit le cour de son hystérie, accuse, vitupère et agite ses membres comme une bande d’épileptiques en ^pleine transe extatique… mais rien n’y fait, la faune s’englue dans les sables mouvant vaseux du marécage, pire encore la vase agitée remonte et les enveloppe au point qu’ils en perdent la pertinence de leurs sens… Trump est comme une eau tumultueuse que l’on voudrait saisir les doigts grands ouverts… les idiots!
    Trump c’est l’art de la guerre de Sun tzu appliqué avec génie:
    « Tout le succès d’une opération réside dans sa préparation »… sa victoire électorale prouve sa préparation. Les moyens ont atteint leurs fins, suggérer qu’il fut chanceux c’est abonder en mauvaise foi, c’est ne pas reconnaître son propre échec et c’est se préparer pour de futurs échecs.
    « Sois subtil jusqu’à l’invisible; sois mystérieux jusqu’à l’inaudible; alors tu pourras maîtriser le destin de tes adversaires. » Subtil Trump? Jamais! Pourtant il leur échappe et on le pense idiot comme un acteur de télé réalité?.
    Mystérieux? Non on le connait ce magnat de l’immobilier à l’égo aussi sur dimensionné que ses tours… pourtant ils ne peuvent l’attraper ou le piéger. On le croyait incapable de durer, il dure et pire encore perdure! « Quand vous êtes capable, feignez l’incapacité »
    On le pense transparent, on croit voir son jeu parce qu’on connait sa vie puis on se rend compte qu’il n’a pas de boussole, son passé devient inexploitable aux anticipations et chacun alors de s’y perdre en explication et conjecture… il crie et harangue pourtant il reste inaudible sur ses intentions profondes, si bien qu’il est bien parti pour « maîtriser le destin de (s)es adversaires ».
    Avec le mémo-TNT, il nous vient cette sentence pour le deep-state: « La guerre est semblable au feu, lorsqu’elle se prolonge elle met en péril ceux qui l’ont provoquée. »
    « C’est lorsqu’on est environné de tous les dangers qu’il n’en faut redouter aucun »… et bien voyez Trump le bulldozer parfois reculer pour mieux progresser sur ses adversaires, y voyez-vous de la peur?… A t-il l’air d’être en guerre contre le deep-state? beaucoup pensent qu’il a retourné sa veste, pourtant: « L’art suprême de la guerre, c’est soumettre l’ennemi sans combattre ». et cela passe aussi par des stratégies de repli afin que l’ennemi s’essouffle, perde le contrôle de ses nerfs et cumule les erreurs, si bien qu’il s’enfonce dans les sables mouvant de sa corruptibilité et que son hybris le pousse plus encore à la déraison mortifère.
    L’ennemi a affûté les armes par lesquels il périra, mais avant il commencera de sacrifier ses membres.
    Je n’oublie pas pourquoi Trump est là (cf mes articles sur ce site) et sa mission pourrait aller bien au delà de son agenda américano-centré.


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