Art de la guerre monétaire et économique

FRANCE | Une monarchie du verbe creux mais à l’impôt lourd !

FRANCE | Une monarchie du verbe creux

By Slobodan Despot, Antipresse.net, log.antipresse.net février 2, 2018

Philippe-Joseph Salazar, philosophe et professeur de rhétorique à la faculté de droit à l’université du Cap, n’y va pas avec le dos de la cuillère. A l’occasion d’un passage en France, il livre un entretien à Mediapart qui est peut-être la charge la plus radicale formulée par un intellectuel à l’égard du pouvoir actuel, faussement amateur et faussement bénin :

«L’appauvrissement général de la langue française est tel – il suffit de prêter l’oreille à nos compatriotes dans la rue, les transports, ou au bureau –, l’américanisation du vocabulaire est poussée si loin – il suffit de jeter un œil sur la télévision et la Toile –, la capacité d’analyser a tant chuté, qu’Emmanuel Macron passe pour un phénix. (…)

Avec sa voix légèrement féminine de sensitive male, son strabisme imperceptible, son léger zézaiement et sa façon de ne plus prononcer les o (école devient ékeule dans sa bouche), nous avons un président qui saura faire preuve de la brutalité propre au mandataire de passage. Il nous a prévenus, durant la campagne électorale, qu’après, il ferait autre chose. C’est une sorte de CEO (Chief Executive Officer) de la boîte France, pendant cinq ou dix ans, avant de passer aux affaires suivantes. Voilà, me semble-t-il, une parole de gestionnaire et non d’homme d’État. (…)

Macron a visiblement des fiches, inspirées des dix années gaulliennes inaugurales de ce régime, et il coche ce qui fait président – l’annonce du prêt à l’Angleterre de la tapisserie de Bayeux est l’un des plus récents exemples de cet art de la simple réplique, de la reproduction de l’ancien (l’envoi de la Joconde flanquée de Malraux à l’Amérique en 1963) passant pour art de gouverner en toute modernité. Ce n’est donc qu’une technique de gestion adaptée au cas de la République française : jouer sur des symboles devenus vides de sens mais qui flattent l’orgueil national…»

http://log.antipresse.net/post/france-une-monarchie-du-verbe-creux?mc_cid=73cdaaadeb&mc_eid=62e97e4356

Enrichissez-vous !

Les Français ont peut-être cru élire un Macron philosophe, inspiré des principes d’une justice sociale de type social-libéral, théorisée par John Rawls (même si la plupart des électeurs européens ou américains n’ont jamais entendu parler de Rawls !). Ils sont en train de s’apercevoir que la véritable source d’inspiration du Macron banquier d’affaire puis Président n’est autre qu’Adolphe Thiers : « enrichissez-vous » dit-il aux français, tout en sachant que seuls les français déjà riches ou en devenir, les premiers de cordée selon son expression favorite, peuvent devenir encore plus riches dans la donne fiscale qu’il inaugure.

John Rawls (1921-2002), auteur de « Théorie de la justice » 1971, qui a inspiré notamment le social libéralisme anglais de Tony Blair tout comme la gauche américaine. Pour une introduction à la pensée de Rawls, vous pouvez lire l’article de Jean-Fabien Spitz dans la Revue Etudes, janvier 2011, John Rawls et la question de la justice sociale, ou encore ce papier de Michel Seymour (Université de Montréal) : John Rawls, La philosophie politique libérale et le capitalisme.

Loin d’être un budget de justice sociale, le budget français 2018 se place sous le signe de la politique dite du chien crevé au fil de l’eau : suivre le courant dominant… en l’occurrence celui de la détaxation des revenus du capital financier et de la surtaxation des autres revenus, politique habilement masquée derrière une légère diminution des charges sur le salaire immédiat des actifs… compensée par une augmentation sur le salaire différé des retraités.
Ceci n’est pas « refonder la politique », c’est, au contraire, la pousser au maximum d’un pragmatisme cynique. On se cache derrière un discours moralisateur contre des supposés rentiers pour asseoir une realpolitik.

– qui ménage ceux qui ont les moyens d’échapper à l’impôt,

– et qui matraque ceux qui ne peuvent s’y opposer du fait du caractère non dé localisable de leurs revenus ou de leur patrimoine (foncier, immobilier, passage de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune à l’Impôt sur la Fortune Immobilière), par opposition aux revenus et actifs financiers beaucoup plus mobiles.

Une realpolitik fiscale ne peut s’appuyer que sur trois principes :

1/ On ne peut pas taxer ceux qui n’ont pas les moyens de payer

2/ On ne peut pas taxer une assiette fiscale qui peut fuir la taxation

3/ On ne peut donc taxer que l’assiette fiscale captive, non susceptible de se délocaliser et de bénéficier d’une concurrence fiscale entre Etats.

Mais il y a plusieurs façons de mener une realpolitik fiscale : la méthode statique, bête et méchante, qui consiste à ne considérer que le troisième principe. C’est, semble-t-il, la méthode retenue par l’Inspecteur des Finances Macron.

Henri REGNAULT, le 2 février 2018

http://www.ieim.uqam.ca/IMG/pdf/la_crise_no40.pdf

ok+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++

5 réponses »

  1. Ah, être illusionniste c’est tout un Art, et notre Monarque y excelle,
    La preuve, il y en a qui après avoir été hypnotisés avant les élections, ne sont toujours pas redescendus de leur nuage, disent quotidiennement du bien de « Micron 1er » et croient qu’il est un jeune réformateur audacieux qui va faire « des miracles » dans les années à venir….
    et d’autres qui ne discernent pas la réalité derrière l’enfumage des nouvelles à la sauce « people » dont on nous inonde chaque jour….
    Micron est un Banquier au service de la Haute Finance, du Medef, et du « Nouvel Ordre Mondial »,
    et il y a un signe qui ne trompe pas :
    Sarko lui-même a dit qu’il se reconnait dans Micron…. ce n’est peut être pas par hasard….


    https://polldaddy.com/js/rating/rating.js

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