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Bienvenue dans le Meilleur des Mondes Multipolaires : Les Chinois dotés d’une mauvaise note de « crédit social » ne peuvent plus voyager en train ou en avion

Les Chinois dotés d’une mauvaise note de « crédit social » ne peuvent plus voyager en train ou en avion


19 MARS 2018 Audrey Duperron Express be

En Chine, les citoyens qui utilisent l’application de paiement mobile Alipay se voient attribuer une note de “crédit personnel”, qui leur est décernée par une autre application, Zhima Credit. La note qui leur est donnée est non seulement déterminante pour leur accès au crédit, mais aussi pour un vaste éventail de services.

Les utilisateurs d’Alipay peuvent se voir attribuer une note comprise entre 350 et 950, en fonction de leur comportement et de divers facteurs : leur propension à rembourser leurs dettes, mais aussi les diplômes qu’ils ont obtenus, les produits qu’ils choisissent d’acheter, leurs bonnes actions (dons de sang, bénévolat…), et, de façon plus dérangeante, leurs fréquentations. Lorsque les proches des utilisateurs sont bien notés, eux-mêmes sont bien notés. Mais le contraire est vrai aussi… ce qui pourrait inviter la population à ostraciser ceux qui ont les plus mauvaises notes.

“On peut imaginer un avenir où les gens surveillent les notes de crédit de leurs amis pour s’assurer qu’elles ne baissent pas, et où ils pourraient abandonner leurs amis si cela devait les affecter. C’est terrifiant”, commente l’expert du big Data Frank Pasquale dans Wired.

Un score de 722 permet d’obtenir de meilleurs crédits, de meilleurs appartements en location, et donne accès à plusieurs applications de rencontres.

Les plus mal-notés ostracisés

Au contraire, les plus mal notés s’exposent à payer des dépôts de garantie supérieurs, un internet plus lent, une attente plus longue pour obtenir des soins à l’hôpital, ou des interdictions de voyager avec certains moyens de transports. Le journaliste Liu Hu en a fait l’expérience : il était condamné à voyager en seconde classe dans les trains les plus lents. Il ne pouvait plus acheter certains produits, ou séjourner dans des hôtels de luxe. De même, il n’avait plus la possibilité d’emprunter. Sa mauvaise note avait fait de lui “un citoyen de seconde classe”, dit-il.

Le gouvernement chinois ambitionne de déployer un programme de plus grande ampleur
De plus, il avait constaté que le système de notation de Zhima avait été couplé avec le système de notation du gouvernement chinois, qui place les dissidents et certaines autres personnes sur une liste noire, “la liste des personnes malhonnêtes”.

Depuis 2014, le gouvernement chinois a lancé un programme de “crédit social” prévoyant l’attribution d’une note, qui devrait être pleinement opérationnel en 2020. L’objectif annoncé est de “construire une culture de la « sincérité’ et une « société socialiste harmonieuse » dans laquelle il sera « glorieux de maintenir la confiance”. Le principe qui se trouve derrière ce projet est simple : Dès que la confiance est ébranlée, des restrictions doivent être imposées partout ». Les fauteurs – individus ou entreprises – seraient privés de tout un éventail de bénéfices, et se verraient soumis à une surveillance quotidienne étendue et à des inspections inopinées.

Selon le plan, les données fournies par les smartphones, les médias sociaux, les plates-formes d’e-commerce, collectées sur les 700 millions de Chinois qui ont accès à l’internet pourraient être exploitées. De même, les enregistrements des tribunaux, de la police, les banques, des impôts et des employeurs, seront utilisés.

Toutes les informations concernant les citoyens sont stockées dans une base de données gigantesque.

Le score ainsi déterminé conditionnera l’accès aux transports publics, à certains services publics, aux logements sociaux, aux emplois, à l’internet et bien sûr, au crédit.

Black Mirror, ou quand la fiction devient réalité

Nosedive, un épisode de la troisième saison de la série populaire Black Mirror de Netflix, met en scène un scénario tout à fait comparable. Les gens attribuent des points aux personnes qu’ils rencontrent au quotidien avec leur smartphone. Ces points permettent de calculer un score social, qui détermine leur capacité à emprunter, ou à utiliser certains moyens de transport. Une dystopie… censée nous inquiéter pour nous distraire et nous faire réfléchir. Mais pour plus d’un milliard de personnes aujourd’hui, c’est leur réalité quotidienne.

Chine – le régime prétend protéger la vie privée alors qu’il étend un totalitarisme numérique, entre systèmes de surveillance et intelligence artificielle.

reinformation.tv mars 12, 2018

Alors qu’un rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW) expose l’utilisation croissante en Chine du numérique couplé aux méthodes de surveillance traditionnelles pour développer le premier État totalitaire numérisé, la télévision publique chinoise publie une étude sur la protection de la vie privée face au développement de l’intelligence artificielle. Une étude reprise lundi dans un article du South China Morning Post, un journal de Hong-Kong appartenant à la compagnie de vente en ligne chinoise Alibaba pourtant en pointe en matière de systèmes de surveillance au service des autorités, comme dans la ville de Hangzhou. Jack Ma, le fondateur, propriétaire et PDG d’Alibaba, croit d’ailleurs aux technologies numériques et à l’intelligence artificielle pour gérer à l’avenir une économie planifiée qui fonctionne, ce dont ont toujours rêvé les communistes sans jamais y parvenir.
Les consommateurs chinois inquiets de l’impact de l’intelligence artificielle et de la surveillance numérique sur le respect de leur vie privée : le gouvernement demande aux entreprises de mieux se comporter…

L’étude sur laquelle se penchait le South China Morning Post lundi montre que plus des trois quarts des Chinois craignent que l’intelligence artificielle ne constitue une menace pour leur vie privée et un tiers s’inquiètent pour leur emploi. Conclusion du journal : les consommateurs chinois sont de plus en plus conscients de l’usage qui peut être fait de leurs données personnelles. Les exemples donnés concernent tous des entreprises privées accusées d’avoir enfreint aux règles de déontologie dans ce domaine : Tencent et son application de messagerie WeChat, Ant Financial (propriété d’Alibaba) et son service de crédit Sesame Credit et le moteur de recherche Baidu qui aurait collecté des données à caractères personnels de ses utilisateurs sans les en informer. Le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’Information est heureusement intervenu pour demander à ces compagnies privées de mieux se comporter.

… et en même temps, la Chine communiste développe le nouveau totalitarisme de l’ère numérique !

Pendant ce temps dans la province musulmane du Xinjiang suspectée d’islamisme, nous apprend une nouvelle fois le rapport de HRW, les autorités combinent un nombre record (et toujours croissant) de caméras de vidéosurveillance, des systèmes de reconnaissance faciale et des plaques d’immatriculation, des systèmes de géolocalisation des appareils mobiles (et des GPS obligatoires) ainsi que le Big Data et l’intelligence artificielle pour faire de la prévention et peupler les camps de rééducation politique avant même que les mauvais citoyens n’aient pu commettre autre chose qu’un supposé délit d’intention. C’est ainsi que le Xinjiang est devenu, dans l’Empire du Milieu, un véritable laboratoire des technologies de surveillance avancée et personnalisée de tous les citoyens. Une fois qu’elles ont fait leurs preuves, ces technologies, souligne le rapport de HRW, sont ensuite progressivement déployées ailleurs en Chine, donnant le jour à une nouvelle forme de totalitarisme : le « Totalitarisme numérique ». Liu Qiangdong, le fondateur et PDG du géant chinois du commerce en ligne JD.com, concurrent d’Alibaba, se réjouissait il y a peu : « Avec les technologies que nous avons déployées ces deux ou trois dernières années, j’ai pris conscience du fait que le communisme peut être atteint par notre génération. » Parler des problèmes de protection des données à caractère personnel collectées par les compagnies chinoises est bien une manière de détourner l’attention du vrai problème : en Chine, le développement du numérique et de l’intelligence artificielle est en train de donner un nouveau souffle au communisme.

Olivier Bault

http://reinformation.tv/chine-totalitarisme-numerique-intelligence-artificielle-surveillance-vie-privee-bault-81761-2/

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