Art de la guerre monétaire et économique

Vers une partition de la Syrie ? Voulue par les Américains, approuvée par les Russes, les Turcs et les Iraniens, et sponsorisée par l’ONU…

Vers une partition de la Syrie ? 

Voulue par les Américains, approuvée par les Russes, les Turcs et les Iraniens, et sponsorisée par l’ONU… Sur le mode de l’ex Yougoslavie avec à la clef la création d’un califat Sunnite ?

RAPPEL : Le projet du “Grand Moyen-Orient”

C’est dans son livre Au cœur des services spéciaux qu’Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE nous apporte ses lumières quant aux projets de l’administration Bush. Il nous explique que la guerre menée par les Etats-Unis en Irak n’était pas une guerre pour le pétrole, même si la maitrise des ressources énergétiques est une composante indispensable dans un tel conflit.

Il apparait en revanche que cette intervention était un premier pas vers une modification de la donne stratégique dans la région. Le plan du « Grand Moyen-Orient » promeut le concept d’un « Moyen-Orient démocratique, bourgeois et commerçant, apaisé parce qu’éclaté sur le plan communautaire de façon à constituer un ensemble de petits pays homogènes et plus ou moins rivaux entre eux, dont aucun n’aurait la puissance suffisante pour s’opposer aux intérêts américains ou aux intérêts israéliens. »[i]

Plus précisément, ce projet consiste à favoriser ou provoquer l’éclatement des pays voisins d’Israël : la Libye, la Syrie, la Jordanie et l’Irak en États de taille réduite et donc de dangerosité moindre. Ces nouveaux États construits autour d’appartenances confessionnelles ou communautaires auraient un rôle de digue face à l’océan Sunnite, tout en « justifiant l’existence d’Israël en tant qu’Etat à fondement religieux. A partir du moment où vous avez un État druze, un État alaouite, un État maronite, un état chiite, etc., pourquoi pas un État juif ? ».[ii]

Ce projet de « Grand Moyen Orient », que certains appellent la Doctrine Bush, s’inspire de plusieurs travaux. Une première carte apparait en 1979 sous la plume de Bernard Lewis. Cet homme connu pour sa défense d’Israël (né britannique, il a aujourd’hui la double nationalité américaine et israélienne) a été consultant au Conseil de sécurité nationale des États-Unis (NSC) et est toujours aujourd’hui proche des néoconservateurs. A l’époque B. Lewis imagine cette carte dans le but de créer une zone de désordre aux portes de la frontière Sud de L’URSS, cet « islamic mess » étant conçu pour déstabiliser la puissance soviétique.

Aujourd’hui l’ennemi est différent mais les méthodes perdurent. Les récents travaux des think-tank néoconservateurs américains semblent montrer que la balkanisation du Moyen Orient sous l’égide américaine a de beaux jours devant elle.

http://www.geolinks.fr/geopolitique/le-projet-du-grand-moyen-orient/

«Un drapeau syrien a été hissé sur un bâtiment de la ville de Douma, annonçant la prise de contrôle de la ville et donc de toute la Ghouta orientale», a déclaré à la presse, le 12 avril 2018, le major général Iouri Ievtouchenko qui dirige le centre russe pour la réconciliation en Syrie.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, le groupe jeïch al-Islam auraient remis la veille leurs armes lourdes aux militaires russes, et leur chef Issam Bouwaydani serait sorti de la ville pour se rendre dans une zone rebelle dans le nord du pays. Le ministère russe de la Défense a par ailleurs annoncé le déploiement de la police militaire russe dans Douma.

Début avril 2018, les forces gouvernementales avaient assuré avoir occupé la plupart des villes et des villages de l’enclave rebelle sunnite, précisant que leurs opérations militaires se concentraient dans le dernier bastion aux mains des éléments de jeïch Al-Islam, dans le noyau urbain de Douma. Comme dans le reste de l’enclave, un accord avait été trouvé pour évacuer des milliers de sunnites de la ville et pas seulement des combattants du groupe armé comme le prétendent les médias syriens. Avec cette séquence, l’opération militaire entamée le 18 février dernier par l’armée syrienne pour conquérir la Ghouta orientale touchait à sa fin.

Le dernier bastion sunnite qui était encore aux mains des forces de jeïch al-Islam est tombé entre les mains des miliciens en première ligne dans la bataille pour Bachar al-Assad.

Des milliers de sunnites ont été expulsés via le point de passage près du camp de Muhayam al-Wafidine. Ces syriens de la Ghouta orientale doivent se rendre à Jerablus dans le nord de la Syrie, près de la Turquie. D’autres familles syriennes sunnites se sont dirigées, via le passage de Muhayam al-Wafidine, vers le nord-est d’Alep.

Ces syriens expulsés par le gouvernement syrien voyageaient à bord des autobus verts qui sont devenus en Syrie le symbole de ces transferts forcés. Ces citoyens syriens n’auront aucune chance de rentrer chez eux après l’installation des groupes chiites dans leurs villages et habitations.

Le jeudi 12 avril, le processus d’évacuation des populations sunnites de Douma s’était achevé et l’armée syrienne avait pris le contrôle de la ville avec les milices chiites engagées aux côtés du régime de Bachar Al-Assad, dont des mercenaires chiites irakiens, afghans, pakistanais, libanais…

L’opération de transfert des sunnites vers Jerablus et vers le nord d’Alep intervient alors que le ministère russe de la Défense a annoncé pour sa part que la police militaire russe avait commencé, ses activités à la ville de Douma.

Désormais Damas et ses banlieues deviennent exclusivement des zones sous contrôles des milices pro-iraniennes. Les dernières populations sunnites de la capitale ont été transférées sous la contrainte hors du périmètre de la capitale syrienne. Les opposants sunnites à Assad ne sont plus tolérés de vivre à Damas et dans les zones avoisinantes et ont été contraints par la force à quitter leurs maisons, leur terres, leurs quartiers…

Les Iraniens ont créé une ceinture ethniquement homogène et chiite autour de Damas.

La Ghouta orientale abritait quelques 400 000 sunnites. Or les opérations militaires menées par l’armée syrienne et leurs alliés se sont soldées par la reddition des forces sunnites au bout de quatre semaines. La reprise de la Douma le 7 avril 2018 a été considérée comme victoire pour les Iraniens et les forces supplétives chiites. L’attaque chimique (NDLR non vérifiée à ce jour) à Douma au gaz chlore a accéléré le départ des populations sunnites à Idlib.

Même si certains doutent encore de cette attaque chimique, le fait d’obliger les gens de partir de chez eux parce qu’ils sont confessionnellement différents est une véritable opération de nettoyage ethnique aussi grave en droit international que les armes chimiques.

L’armée syrienne installe des groupes chiites dans la Ghouta orientale

Les forces du régime syrien, soutenues par la Russie et l’Iran, mènent depuis la mi-février dernier une de leurs offensives les plus meurtrières sur l’enclave sunnite. A ces bombardements se sont ajoutées des attaques au sol lancées depuis ses limites orientales et impliquant notamment les soldats d’élite de la Force Tigre.

Au bout de combats intenses, l’armée syrienne et ses alliés ont repris le contrôle total de Douma, dernier bastion de Jaïsh al-Islam dans la région stratégique de la Ghouta orientale.

L’armée syrienne vient de hisser le drapeau syrien en haut des bâtiments de Douma. Les hommes de Jaïsh al-Islam ou d’Ahrar al-Chaam, soutenus par Riyad, se sont battus jusqu’à la dernière cartouche mais ont fini par capituler et quitter la ville à bord des Autobus verts.

À noter qu’une dizaine de groupes chiites, ainsi que la garde républicaine syrienne, les Forces du tigre et la 4e division blindée de l’armée syrienne, étaient engagés dans l’opération de la Ghouta orientale visant vider cette région de sa population sunnite.

Il s’agit d’une cuisante défaite pour les sunnites en Syrie qui viennent de perde une région ultra stratégique proche de la capitale Damas. Dans la foulée, la Russie a annoncé le déploiement de la police militaire russe à partir du 12 avril à Douma. Cela intervient alors que le gouvernement syrien a expédié à Deraa, fin mars, une partie des équipements militaires qu’il avait acheminés dans la Ghouta orientale, ce qui avait poussé plusieurs familles sunnites vers l’exode.

En effet, l’armée de Bachar al -Assad a envoyé dans la province de Deraa des équipements militaires qu’il avait auparavant déployés dans la Ghouta orientale en vue de faire occuper cette zone sunnite, située dans la banlieue de Damas, par des groupes chiites coupables du meurtre des centaines de Syriens.

De plus, l’armée syrienne réorganise ses forces et ses équipements dans le Sud, dans la province de Deraa. Cette ville commerçante sunnite regroupe plusieurs tribus hostiles au pouvoir central. Avant même le début de la guerre civile syrienne, Deraa était une tête de pont pour l’opposition sunnite contre les Iraniens. Elle est le point de départ des protestations syriennes de 2011.

Le gouvernement syrien justifie ses opérations dans les zones sunnites en affirmant vouloir chasser l’Armée syrienne libre (ASL). Mais en réalité, il facilite le déploiement des miliciens chiites proches de l’Iran, qui prennent position pour contrôler les zones sunnites de la province de Deraa et même une autoroute reliant Deraa à Damas. Des miliciens chiites ont pris position dans la région d’el-Leja (située entre Damas et Soueïda) et aussi dans la localité d’al-Wardat, près du district de Mahja qui donne sur l’autoroute vers Damas.

Le gouvernement syrien a facilité aussi aux groupes chiites étrangers la reprise la ville d’Inkhil, dans le nord de la province de Deraa. Il a justifié cette action par la présence des éléments du groupe Hayat Tahrir al-Cham (ex-Front al-Nosra), branche d’al-Qaïda en Syrie. Cette dernière opère dans la banlieue ouest de Deraa, notamment près de la ville de Nawa, et son champ d’action se limite en direction de Jubata al-Khashab, dans la province de Quneitra.

Damas accuse les groupes sunnites de la Ghouta orientale de vouloir asseoir leur contrôle sur une vaste partie de la province de Damas, ceci dans le but de préparer un renversement du gouvernement d’Assad. Ce dernier voit dans les populations sunnites un danger qui menace la capitale. Les opérations militaires dans la Ghouta et sur le front de Harasta visaient à faire obliger des milliers de sunnites à quitter la Ghouta, pour être transféré ailleurs.

L’art de diaboliser les sunnites dans la Ghouta orientale

Damas accuse aussi les groupes sunnites de comploter avec l’Occident. Pourtant ces groupes n’étaient pas capables de résister face aux attaques de l’armée syrienne et de l’armée russe après la chute des districts d’al-Nachabia et d’al-Mohammadia lors des premiers jours de l’opération de l’armée dans la Ghouta orientale.

La diabolisation des populations sunnites de la Ghouta orientale a prit une tournure grave depuis que les médias  de Damas accusent les leaders sunnites, de cette zone proche de la capitale, d’avoir des liens directe avec les Américains et les Britanniques.

En effet, le régime syrien accuse qu’une cellule d’opérations des forces américaines de la base d’al-Tanf, située au triangle frontalier syro-irako-jordanien, a ordonné à sa brigade de mercenaires dans la Ghouta orientale d’agir contre Damas.

L’imagination des médias syriens gouvernementaux va jusqu’à supposer que cette brigade comprend 1500 effectifs militaires américains, britanniques, français, jordaniens et israéliens déployés dans la Ghouta. Selon Damas les ordres étaient décrétés depuis le siège du CENTCOM (commandement central des États-Unis) à Doha.

Toujours dans le cadre  visant à démontrer que les leaders sunnites dans la Ghouta orientale seraient des instruments aux mains des occidentaux, le CENTCOM américain aurait ensuite décrété le retrait de ces forces vers Arbeen, Zamlaka et Douma et puis leur évacuation de la Ghouta, ce qui s’est réalisé avant la réussite de l’armée syrienne et de ses alliés, consistant à partager la Ghouta en trois zones séparées.

Damas prétend également que le commandement américain a lancé des négociations confidentielles avec les parties sunnites impliquées dans les batailles pour évacuer ces forces dont le plan avait échoué. Une autre entente aurait alors été trouvée entre les forces américaines et les services de renseignement militaires turcs. Mais la Turquie souhaitait aider à l’évacuation de la brigade des forces étrangères et son transfert vers Idlib, mais pas les éléments du Front al-Nosra.

Dans l’étape suivante, suite à l’effondrement rapide du camp sunnite dans la Ghouta où l’armée syrienne et russe faisaient preuve de progrès fulgurants, le CENTCOM craignait que les éléments sunnites ne soient capturés par les forces syriennes et leurs alliés ; ce qui aurait pu rendre la donne encore plus compliquée pour les Américains. Dans un décret direct, les Américains auraient donc ordonné aux groupes sunnites armés dont Faylaq al-Rahmane et Jaich al-Islam de quitter la zone. Damas prétend que les services de renseignement turcs ont procédé à leur transfert vers al-Tanf- base américaine – et vers des zones particulières sous contrôle américain dans le nord syrien.

L’art de l’incitation à la division inter sunnite

Une autre stratégie utilisée par le gouvernement syrien pour faciliter l’installation de groupes chiites dans des zones sunnites est l’art de l’incitation à la division entre les groupes sunnites hostiles au régime et à l’Iran.

Les services de renseignements syriens ont poussé le 10 avril dernier, les éléments de l’Armée syrienne libre (ASL) ceux de Daech à s’engager dans d’intenses affrontements aux alentours de Jillen et de Hayt, au nord-ouest de la ville de Deraa, chef-lieu de la province du même nom.

L’ASL est composée d’officiers et de soldats ayant quitté l’armée régulière syrienne. Ce groupe a été officiellement créé le 29 juillet 2011.

Bachar al-Assad profite des circonstances et des différents entre les groupes sunnites armés pour consolider sa position au niveau des zones sunnites et de renforcer celle des groupes chiites. Il exacerbe lesdits différents en favorisant certaines parties à l’encontre d’autres.

Par ailleurs, le chef du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie, Iouri Evtouchenko, fait la même chose pour diviser le groupe sunnite d’Ahrar al-Cham.

Cette technique avait facilité l’entrée des groupes chiites dans la ville de Harasta, une ville sunnite du gouvernorat de Rif Dimachq. Le régime a envoyé des miliciens étrangers proche de l’Iran, en mars 2018, pour chasser ce qui restait des populations sunnites au sud-ouest du pays parce qu’Harasta est stratégique par sa position dans la banlieue au nord-est de Damas.

Pour l’armée syrienne, tous les moyens sont légitimes pour asseoir le pouvoir des groupes chiites et diminuer la présence sunnite dans le périmètre de la capitale syrienne. Les milices chiites étaient aussi en première ligne dans la bataille d’Alep de décembre 2016. Téhéran assure la survie militaire du régime de Damas en finançant et en armant des mercenaires chiites irakiens, afghans, pakistanais, libanais…

Les pasdarans (gardiens) sont la principale force armée iranienne, en charge des opérations extérieures, dont la guerre en Syrie, où leurs officiers sont chargés d’organiser les milices chiites engagées aux côtés du régime de Bachar Al-Assad, dont les plus importants le Hezbollah libanais et un groupe irakien, Harakat Al-Noudjaba.

Des sunnites ont été chassés aussi de Homs (centre) en 2014 après deux ans de bombardements intenses et d’un siège asphyxiant imposé par les forces gouvernementales. Les rebelles sunnites et leurs familles ont été évacués de cette ville « capitale de la révolution » en mai 2017. En décembre 2016, les habitants sunnites ont abandonné également Alep (nord).

Rebelles et civils sont entassé notamment dans la province d’Idleb (nord-ouest) devenue la destination de milliers de personnes évacuées des ex-fiefs insurgés.

Après avoir perdu de vastes régions face au régime, des milliers de sunnites se sont vus contraints de se soumettre aux accords d’évacuation pour échapper au siège et aux bombardements.

L’évacuation de la Douma, supervisée par la Russie, marque la dernière déroute en date pour la rébellion sunnite, écrasée par les troupes du régime et les miliciens chiites engagées aux côtés du régime de Bachar Al-Assad, dont les plus importants le Hezbollah libanais et un groupe irakien, Harakat Al-Noudjaba.

© Ftouh Souhail pour Dreuz.info.

https://www.dreuz.info/2018/04/17/syrie-le-transfert-force-des-populations-est-aussi-criminel-quune-attaque-chimique-1ere-partie/

ok++++++++++++++++++++++++++++++++++++++

EN BANDE SON : 

5 réponses »

  1. un article de Dreuz-Info autant nous donner un numéro de canal de la TV israélienne, non ?

    • Prenez-le comme vous le voulez nous n’avons pas de compte à vous rendre ! Il semblerait que pour vous le contenant est plus important que le fond… Nous continuerons à diversifier nos sources ne vous en déplaise sans pour autant adhérer à 100% à ce que nous lisons ! mais cela permet de croiser les infos QUI NOUS SEMBLENT INTERESSANTES pour ceux qui sauront y voir et nous suivre….Pour les autres garder vos œillères et bon vent !

  2. « Plus précisément, ce projet consiste à favoriser ou provoquer l’éclatement des pays voisins d’Israël : la Libye, la Syrie, la Jordanie et l’Irak en États de taille réduite et donc de dangerosité moindre. Ces nouveaux États construits autour d’appartenances confessionnelles ou communautaires auraient un rôle de digue face à l’océan Sunnite, tout en « justifiant l’existence d’Israël en tant qu’Etat à fondement religieux. A partir du moment où vous avez un État druze, un État alaouite, un État maronite, un état chiite, etc., pourquoi pas un État juif ? ».[ii] »
    Eclaire bien le projet
    Il fallait y penser
    Belle stratégie
    Il est nécessaire de pouvoir mettre en lumiére les éléments du puzzle pour voir apparaître
    le dessein ‘le dessin » en entier !!!!!
    Merci de faire le job!


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