Art de la guerre monétaire et économique

Mondialisme : La Russie propose à l’UE de remplacer le dollar par l’euro

La Russie propose à l’UE de remplacer le dollar par l’euro

By Audrey Duperronfr.express.live mai 25, 2018

Lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, le ministre des Finances russe, Anton Siluanov, a suggéré que la Russie pourrait abandonner le dollar comme devise pour ses paiements internationaux, et lui substituer l’euro.

Rusal en graves difficultés

Cette déclaration intervient alors qu’on a appris qu’Aleksandra Buriko, CEO du géant de l’aluminium russe Rusal, et la moitié de son équipe dirigeante viennent de donner leur démission, sans doute pour protéger l’entreprise contre les dernières salves de sanctions américaines. Celles-ci ciblent en effet Oleg Deripaska, l’oligarque fondateur de Rusal, qui est soupçonné d’avoir joué un rôle dans l’ingérence russe dans les élections américaines. Le renoncement de Deripaska au contrôle de Rusal était l’une des conditions imposées par Washington pour la levée des sanctions imposées à la Russie sur ses exportations d’aluminium.

Récemment, les actions de la firme avaient chuté en bourse, compromettant la capacité de cette dernière à emprunter de nouveaux capitaux. Bloomberg a rapporté que Deripaska aurait même demandé au gouvernement russe d’acheter de l’aluminium pour les réserves d’État, ce qui peut être assimilé à une demande de sauvetage de l’entreprise.

Rusal

En effet, les sanctions économiques américaines ont eu un impact important sur le géant russe de l’aluminium, Rusal. Or, celui-ci est le fournisseur de plusieurs industriels en Europe, et un certain nombre d’usines seraient déjà menacées de fermeture sur le Vieux Continent, en raison de leurs récentes difficultés d’approvisionnement.

La nouvelle salve de sanctions à l’encontre de la Russie, énoncée dans le “Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act”, prévoit en effet d’interdire aux Européens de conclure des affaires avec un certain nombre d’entreprises et d’oligarques russes. Ces dispositions ont conduit à la chute en bourse des actions Rusal, compromettant la capacité de cette dernière à emprunter de nouveaux capitaux pour rembourser ses emprunts parvenus à échéance ou financer sa croissance. La perspective d’une faillite du producteur russe, le plus gros producteur du monde si l’on excepte la Chine, a déclenché une flambée des cours de l’aluminium qui ont gagné près de 30 % au cours des 2 dernières semaines. Cette hausse des prix risque de se propager sur toute la chaîne industrielle, et de générer des tensions inflationnistes.

Le roi dollar

Cet enchaînement révèle à quel point la Russie est affectée par les sanctions américaines. Celles-ci fonctionnent parce que les Américains ont une arme imparable: le dollar est encore aujourd’hui la devise de réserve du monde, la monnaie incontournable pour les transactions internationales.

La seule solution pour la Russie, c’est donc de trouver des alternatives valables au dollar. Le yuan en est une, et la Russie travaille activement avec la Chine pour développer les paiements dans la devise chinoise. Mais l’euro en est aussi une autre.

Les sanctions du Trésor américain contre la Russie visent des valeurs financières existantes

La nouveauté, dans ces sanctions, c’est qu’elles visent des valeurs financières existantes. Les précédentes mesures occidentales prises à l’encontre de la Russie, en 2014, avaient eu des effets pervers en frappant des émissions nouvelles, ce qui avait fait monter les cours des obligations anciennes et rassuré les investisseurs étrangers. Le dernier tour de vis renvoie de grandes multinationales russes au rang de parias, telles Rusal qui a été exclue du London Metal exchange et dont les actions à la Bourse de Hong Kong ont perdu 58 % cette semaine.

Aucun Américain ne peut plus commercer avec une société frappée de sanctions et aucun Européen ne peut s’y risquer sans provoquer des « sanctions secondaires » à ses dépens de la part du Trésor américain. Les banques chinoises pourraient en profiter et prêter (fort cher) à la Russie mais elles y regarderont à deux fois.

Le système international de paiements, largement dollarisé, offre au Trésor américain une profondeur d’action considérable. Le titre de la Sberbank a perdu 17 % en début de semaine alors qu’elle n’est pas sanctionnée. Le vice-Premier ministre russe Arkady Dvorkovitch a assuré que l’Etat soutiendrait les entreprises sanctionnées. Pourtant, le Fonds de réserve est épuisé et les 67 milliards de dollars du Fonds de sécurité sont engagés. Le Kremlin devra puiser dans les 453 milliards de dollars de réserves en devises de la banque centrale. « Si les sanctions perdurent et qu’elles sont étendues, la garantie sera insuffisante », écrit un éditorial du quotidien Vedomosti.

L’Europe de plus en plus proche de la Russie… qu’elle le veuille, ou non

Mais Siluanov a posé une condition à l’adoption de l’euro : il veut que l’Union Européenne se prononce contre la dernière salve de sanctions contre la Russie.

À l’origine, l’Union Européenne avait approuvé les sanctions contre Moscou, mais ce soutien s’affaiblit de plus en plus. Le bloc a été lui aussi affecté par l’augmentation des taxes douanières américaines sur l’acier et l’aluminium. Rusal est le fournisseur de plusieurs industriels en Europe, et ses difficultés menacent de se répercuter sur ces entreprises. Un certain nombre d’usines serait déjà menacées de fermeture sur le Vieux Continent, en raison de leurs récentes difficultés d’approvisionnement. De même, le retrait américain de l’accord nucléaire iranien a consterné les dirigeants européens, qui tentent désormais de sauver l’accord.

Le climat d’affaires allemand se dégrade

En outre, les dictats de Trump visant à régir la politique commerciale mondiale, notamment vis-à-vis de la Russie, irritent de plus en plus les dirigeants d’entreprises allemands. Les mesures prises par Washington affectent en effet directement les chaînes de production de l’industrie automobile et aéronautique. L’indice de confiance économique allemand ZEW s’est récemment effondré, accusant sa plus forte baisse depuis 2012. Le lobby allemand de la métallurgie, WVMetalle, a réclamé des exemptions pour les importateurs européens.

Le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel a indiqué que le gouvernement allemand allait expliquer l’impact des sanctions sur les entreprises allemandes pour en montrer les effets pervers….

L’Europe est aussi de plus en plus dépendante du gaz russe (en particulier l’Allemagne et l’Autriche), et bien que le bloc ait cherché à s’en affranchir, les exportations de gaz naturel ont encore franchi un nouveau record l’année dernière, atteignant 194 milliards de mètres cubes (incluant la Turquie). La part du gaz russe au sein de la consommation totale de gaz de l’Union dépasse 35 %.

Une bascule du pouvoir monétaire international des États-Unis vers l’Eurasie?

Enfin, certains pays membres ne cachent pas leur sympathie pour la Russie. C’est notamment le cas du président tchèque Milos Zeman, qui vient récemment d’être réélu, et qui est un ami du président russe Vladimir Poutine. Il s’oppose aux sanctions qu’il qualifie de « destructrices et inefficaces ».

Enfin, dernier point, et pas le moindre, en Italie – à la fois l’un des fondateurs et des poids lourds de l’UE – le « contrat de gouvernement » présenté par la coalition des partis populistes au pouvoir prévoit l’abandon des sanctions économiques contre la Russie.

“Si l’Europe répondait affirmativement, du jour au lendemain l’équilibre du pouvoir monétaire du monde basculerait des États-Unis vers l’Eurasie. Nous attendons maintenant la réponse de l’Europe », conclut le site Zero Hedge.

Nord Stream 2 – L’administration Trump critique l’Allemagne, brandit la menace de sanctions et promet de soutenir l’Initiative des Trois mers

Malgré les pressions américaines, polonaises, baltes et ukrainiennes sur l’Allemagne, les travaux de préparation du chantier du gazoduc Nord Stream 2 côté allemand ont débuté ce mois-ci. Ce gazoduc doit à terme doubler la capacité du gazoduc existant qui relie la Russie directement à l’Allemagne par la mer Baltique. Selon les critiques du projet, il s’agit d’une entreprise à finalité politique qui donnera à la Russie la possibilité de couper ou réduire les fournitures de gaz à certains pays de l’ex-Europe de l’Est sans compromettre ses relations avec ses clients de l’ouest du continent. Plusieurs pays du front oriental de l’OTAN, et en particulier les pays baltes et la Pologne, voient aussi dans le gazoduc Nord Stream 2 un moyen de renforcer la domination russe sur le marché européen du gaz à un moment où ils cherchent eux-mêmes à diversifier ces fournitures. C’est notamment dans ce but qu’a été mise en place l’Initiative des Trois mers rassemblant douze pays situés entre la mer Baltique, la mer Noire et la mer Adriatique. Une initiative que Donald Trump a promis de soutenir, y compris en ce qui concerne la sécurité énergétique, lors de sa visite à Varsovieen juillet dernier. Lors d’une réunion avec le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg la semaine dernière, le président américain a de nouveau critiqué l’Allemagne qui « achète pour des milliards de dollars de gaz russe mais ne dépense pas assez pour ses forces armées ». En visite à Berlin, la secrétaire-adjointe à l’Énergie du Département d’État américain, Sandra Oudkirk, n’a pas voulu exclure, parmi les moyens de pression qui allaient être utilisés pour bloquer le projet Nord Stream 2, le recours aux sanctions contre les entreprises participantes.

Une nouvelle loi américaine permet au président Trump d’adopter des sanctions contre les entreprises participant au projet Nord Stream 2 !

Une nouvelle loi américaine, la loi CAATSA, permet en effet au président américaind’adopter des sanctions contre toute entreprise américaine ou étrangère impliquée dans des opérations visant à renforcer le quasi-monopole de Gazprom pour la fourniture de gaz à des pays alliés des États-Unis. Les assurances données par Angela Merkel et Vladimir Poutine réunis la semaine dernière à Sotchi, comme quoi l’Ukraine n’aurait rien à craindre pour ses fournitures de gaz une fois le gazoduc Nord Stream 2 construit, n’ont convaincu personne. En Allemagne-même, le projet avait essuyé une nouvelle salve de critiques après la suspension par Gazprom début mars, suite à un arbitrage défavorable, des livraisons de gaz à l’Ukraine. En septembre dernier, le livre d’un journaliste d’investigation danois, Les espions venus avec la chaleur, était par ailleurs venu jeter un pavé dans la mare en révélant comment les réseaux de Poutine hérités du KGB et de la Stasi ont été actionnés pour obtenir les soutiens nécessaires à la construction du premier gazoduc Nord Stream, notamment par le chantage et la corruption. Et cela n’a pas concerné que le chancelier allemand Gerhard Schröder. Celui-ci avait négocié le projet avec la Russie au nom de l’Allemagne et son gouvernement s’était porté garant d’un crédit d’un milliard d’euros : il a ensuite été engagé par Gazprom pour diriger le Conseil de surveillance du consortium germano-russe chargé de construire le gazoduc.

Nord Stream, une entreprise de corruption et chantage au plus haut niveau en Allemagne ?

Est-il envisageable qu’Angela Merkel fasse elle-même l’objet d’un chantage ? Dans l’ex-Europe de l’Est, il est de notoriété publique que les dossiers des collaborateurs des régimes communistes étaient partagés par les services des différents pays satellites avec le KGB soviétique (devenu FSB dans la Russie post-soviétique). Or deux livres publiés en 2005 et 2013 par des journalistes d’investigation allemands, respectivement Gerd Langguth (Angela Merkel) et le duo Ralf Georg Reuth et Guenther Lachmann (La première vie d’Angela Merkel), ont dévoilé l’engagement communiste à l’époque de la RDA de la jeune physicienne Angela Merkel qui était en 1981 secrétaire du mouvement de jeunesse communiste FDJ pour l’agitation et la propagande.

Bien entendu, dans les disputes autour du projet Nord Stream 2 les intérêts économiques et géopolitiques des uns et des autres jouent également, les États-Unis étant eux-aussi désormais exportateurs de gaz naturel. Vladimir Poutine a estimé après les dernières menaces de sanctions américaines contre les entreprises participant au projet Nord Stream 2 que les États-Unis cherchaient simplement à vendre leur gaz de schiste à l’Europe. La rivalité et les divergences d’intérêts entre l’Allemagne et les États-Unis ne concernent d’ailleurs pas que la Mitteleuropa mais aussi l’attitude à adopter face à l’Iran. Là aussi, la Russie et l’Allemagne sont dans le même camp face aux États-Unis.

Le soutien à l’Initiative des Trois mers, une priorité nationale pour les États-Unis

Selon le site d’information polonais Onet, qui a interrogé la secrétaire-adjointe américaine à l’Énergie Sandra Oudkirk, les Américains devraient annoncer, lors du prochain sommet de l’Initiative des Trois mers qui se tiendra en septembre à Bucarest, que le soutien à cette initiative de coopération régionale fait désormais partie des priorités nationales des États-Unis. Mettant en doute la loyauté de l’Allemagne au sein de l’OTAN, les États-Unis misent sur les pays du flanc oriental, plus atlantistes et méfiants de tout ce qui peut rappeler les anciennes alliances à leurs dépens entre l’Allemagne et la Russie. En Pologne, le projet Nord Stream est parfois comparé avec une certaine exagération au Pacte germano-soviétique de 1939.

Olivier Bault

https://reinformation.tv/trump-allemagne-nord-stream-trois-mers-sanctions-bault-84530-2/

OK++++++++++++++++++++++++++++++++++++

EN BANDE SON : 

4 réponses »

  1. Ils nous feront bouffer l’Europe jusqu’a la lie
    La seuche chose « visant à diviser nos sociétés », c’est le projet européen lui-même tel qu’il se revendique : néo-féminisme de pacotille, idéologie transgenre, communautarisme pour concurrence victimaire, immigration de masse organisée, destruction des acquis sociaux-culturels…).
    Diviser pour mieux régner, c’est Le motto de ce régime.
    Et sa seule croyance est la loi du marché, c’est à dire le marché qui fait la loi.


    https://polldaddy.com/js/rating/rating.js

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