Art de la guerre monétaire et économique

Jacob Rothschild est inquiet : l’ordre mondial est menacé

Sir Jacob Rothschild est sceptique face à une reprise économique

le-peuple.ca août 13, 2018

Profitant d’une lettre composée à l’attention des investisseurs du fonds RIT Capital Partners [créé par la Baronnie Rothschild], Sir Jacob Rothschild a brossé un tableau de l’économie mondiale et du sort de l’ordre mondial qui est loin d’être reluisant. Il affirme que l’« unité mondiale qui a servi à propulser les marchés financiers, depuis ces dernières décennies, est en train de se fracturer, ce qui menace la sécurité économique à terme ».

Le rapport financier de RIT Capital Partners, rédigé par son président Lord Jacob Rothschild, a présenté l’évolution actuelle du monde des banques centrales et de la haute finance dans le rapport semestriel de la société qu’il vient de publier. Selon lui, la plus importante expérimentation de l’histoire en matière de politique monétaire est en cours.

Taux d’intérêt bas, voire négatifs, des rendements négatifs sur la dette publique et le « quantitative easing », la politique d’assouplissement monétaire mise en place par les banques centrales constituent une gigantesque expérience aux conséquences encore inconnues, a-t-il affirmé.

Une expérimentation de politique monétaire aux effets inconnus et connus

« Les six mois qui font l’objet de ce rapport ont vu les banques centrales poursuivre ce qui constitue à coup sûr la plus importante expérimentation en matière de politique monétaire de l’histoire du monde. Nous sommes donc dans des mers inconnues et il est impossible de prédire les conséquences non intentionnelles de taux d’intérêt très bas, et des 30 % de dettes publiques à rendement négatif, le tout associé à un assouplissement quantitatif à très grande échelle », indique Lord Rothschild.

Le banquier a indiqué que cette politique a eu pour effet de provoquer une croissance rapide des bourses ; la valeur des actions américaines a été multipliée par trois depuis 2008, le début de la grande crise financière, avec une progression des investissements associée à une faible volatilité.

Mais cette croissance de la richesse virtuelle n’a pas été accompagnée par des bénéfices similaires pour l’économie réelle : « La croissance demeure anémique, la demande est faible et une part importante du monde développe est en pleine déflation », commente Lord Rothschild.

Lord Rothschild évoque les conséquences de la politique monétaire des banques centrales

Bref, c’est le monde de la finance qui tire profit de ces politiques délibérément mises en place, dont les conséquences à long terme sont peut-être inconnues comme le prétend le milliardaire, mais dont on voit tout de même les effets.

Lord Rothschild prévoit une détérioration de la situation géopolitique mondiale qui comporte de nombreux « risques » pour l’économie mondiale. Bien sûr, il note dans la colonne du passif le vote en faveur du Brexit, mais aussi l’élection présidentielle aux Etats-Unis, le ralentissement de la croissance chinoise et la progression du terrorisme global qu’il relie, sans surprise, au conflit au Proche-Orient, qui continue de s’étendre selon lui.

Question : un mondialiste comme lui est-il satisfait de la tournure des événements dont on peut suivre les effets en temps réel et qui, selon ses propres termes, sont les résultats d’une expérimentation menée délibérément par la haute finance ?

La fin d’un cycle de croissance économique

Le célèbre banquier ajoute que nous sommes rendus à la fin d’un cycle de croissance économique de dix ans – le plus long qui a été observé à ce jour – et que nous assistons à l’émergence de plusieurs secteurs affichant une croissance économique particulièrement faible. Il mentionne, par ailleurs, que la zone européenne l’inquiète particulièrement, tant politiquement qu’économiquement, vu l’important niveau d’endettement de nombreux pays de cette zone.

Sir Jacob Rothschild en profite pour souligner les tensions croissantes qui opposent la zone euro aux États-Unis au chapitre des négociations des traités de libre-échange. Il estime que « les marchés [financiers] émergents vont continuer à éprouver des problèmes, tout cela sera aggravé par l’augmentation des taux d’intérêt et les politiques monétaires de la Réserve fédérale américaine qui ont contribué à épuiser l’apport mondial de liquidité en dollars ».

La montée du nationalisme inquiète

Précisant sa pensée, le banquier estime que « l’absence d’une réponse internationale coordonnée face aux défis mondiaux qui nous attendent tombe mal à une époque où des leaders populistes et protectionnistes de la trempe du président américain Donald Trump s’imposent. La résolution de tous ces problèmes, à une époque aussi imprévisible, risque d’être difficile », finit-il par concéder.

Le banquier Rothschild nous rappelle qu’à l’époque des incidents du 11 septembre, et lors de la crise financière de 2008, les puissances de ce monde avaient l’habitude de travailler ensemble en partageant une approche collégiale de la résolution de problème. Prenant acte de la montée des mouvements nationalistes, il précise que « la coopération semble être beaucoup plus difficile à atteindre de nos jours. Tout cela menace l’économie de l’après-guerre [2e Guerre mondiale] et l’ordre sécuritaire ».

http://le-peuple.ca/politique/article-3051-1534159449

Le fonds RIT Capital Partners est le «sommet de l’iceberg» de l’empire privé de cette famille célèbre du monde de la finance, et fait partie des rares structures de Rothschild dont les résultats financiers sont connus du grand public. C’est également, en quelque sorte, la vitrine de l’efficacité économique de Jacob Rothschild: depuis 1998, ce fonds d’investissement a affiché un rendement total de 2400%. Toute autre structure financière envierait un tel résultat, et en raison de la réputation spécifique de la famille contrôlant le fonds, les messages de Rothschild sont écoutés avec intérêt dans le monde entier. Seuls les investisseurs du banquier reçoivent ses lettres, mais tôt ou tard elles se retrouvent tout de même dans la presse, puis RIT Capital Partners les publie simplement sur son propre site.

La lettre datant du 30 juin 2018 dévoile l’attitude assez sceptique de la direction du fonds vis-à-vis du «rétablissement sans précédent» de l’économie mondiale après la crise financière mondiale et ses craintes quant au sort de l’ordre mondial si favorable pour les affaires de la famille jusqu’à présent.

Jacob Rothschild, qui a notamment pour partenaires d’affaires des personnalités comme Warren Buffet et Henry Kissinger, pointe depuis longtemps la vulnérabilité de l’économie mondiale et critique activement les agissements des banques centrales occidentales qui ont remédié aux conséquences de la crise financière mondiale en faisant marcher la planche à billets. En 2016, il écrivait que les banques centrales organisaient «la plus sérieuse expérience de politique monétaire» de toute l’histoire de l’humanité, et soulignait que personne ne pouvait prédire les «conséquences non prémédités» de cette expérience.

Pour compléter le tableau, Rothschild a déclaré aux investisseurs qu’à cause des risques élevés il jugeait nécessaire de s’occuper avant tout de la préservation des capitaux et de ne pas se préoccuper du rendement à court terme des investissements dans le fonds. L’analyse des lettres de Jacob Rothschild et de la comptabilité de RIT Capital Partners ces quatre dernières années permet de tirer plusieurs conclusions intéressantes: de facto, le fonds a prédit le résultat du référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’UE en vendant au préalable ses actifs en livres. De plus, dans sa lettre de 2016, Rothschild annonçait à ses investisseurs que la présidentielle américaine serait «particulièrement stressante», tandis que les sondages et pratiquement tous les experts promettaient une victoire confortable à Hillary Clinton.

Curieusement, Donald Trump et Jacob Rothschild critiquent l’état de l’économie occidentale pratiquement dans les mêmes termes, sauf que l’aristocrate britannique n’est manifestement pas emballé par les actions du Président américain. Il convient de souligner également qu’en faisant abstraction de l’origine des critiques, le principal reproche formulé par le dirigeant de RIT Capital Partners vis-à-vis des marchés financiers occidentaux coïncide à la virgule près avec celle formulée par certains experts russes, accusés de «parti pris par rapport aux perspectives des USA».

Le reproche est simple: une bulle financière classique est gonflée sur les marchés américains, et le prix des actifs américains, des actions aux obligations en passant par la monnaie, est surélevé. Dans les périodes particulièrement dangereuses, par exemple en 2016, quand, selon Rothschild, le monde se trouvait dans la situation la plus risquée «depuis la Seconde Guerre mondiale», son fonds a même converti une partie de ses actifs en or.

En 2016, Rothschild écrivait aux investisseurs qu’il était préoccupé par «l’agression et l’expansion russe». Il déclare aujourd’hui être inquiet du risque auquel est confronté l’ordre mondial. Ce risque étant que, contrairement aux anciennes crises lors desquelles les grandes puissances coopéraient entre elles d’une manière ou d’une autre, cette fois leur coopération «paraît bien plus difficile». C’est une allusion directe au fait que le jeu à qui perd-gagne et les spectacles pour le public sont terminés, et qu’un véritable conflit a commencé entre les pôles de force mondiaux. Pas étonnant que Jacob Rothschild soit inquiet. Cependant, dans cette même lettre, on voit qu’il mise tout de même sur la victoire de la Chine, ou du moins sur un match nul bénéfique à Pékin: «Dans ce contexte, nous prenons conscience du potentiel économique en Asie, notamment en Chine, ainsi que du potentiel de développement des innovations et des technologies», écrit-il, en expliquant aux investisseurs sa tactique et sa stratégie pour cette période qu’il qualifie lui-même d’«imprévisible».

Si l’on se penche sur la liste concrète des actifs dans lesquels investit le fonds RIT Capital Partners plutôt que de se fier aux seules déclarations retentissantes, l’image de sa tactique et de sa stratégie devient encore plus intéressante. Il s’avère que le fonds Rothschild investit effectivement beaucoup d’argent en Asie: dans son portefeuille se trouvent des investissements dans d’autres fonds spécialisés dans les actifs chinois, japonais et indiens. Sans oublier les compagnies américaines: le fonds préfère essentiellement investir dans celles qui travaillent dans les technologies de l’information (par exemple, il a beaucoup investi dans le service populaire Dropbox et dans le groupe Alphabet-Google), les biotechnologies de pointe, ainsi que les routes ferroviaires des USA (en d’autres termes, il mise sur l’infrastructure). Il aurait pu sembler qu’après 2016, quand Rothschild était très déçu et inquiet du comportement de la Russie sur la scène internationale, les actifs russes avaient cessé d’être attractifs pour ses investissements, mais ce n’est pas tout à fait vrai. En regardant «sous le capot» du fonds BlackRock Emerging Markets Fund, où a été également investi l’argent de RIT Capital Partners, on trouve notamment des actions des compagnies russes Sberbank et Novatec.

Et s’il y a bien une chose qui manque à la géographie des investissements de Jacob Rothschild, c’est bien l’Ukraine — alors que ses parents proches coopèrent depuis longtemps avec le Président ukrainien. Manifestement, le patriarche des financiers britanniques soit ne croit pas aux perspectives d’investissement de la jeune démocratie ukrainienne, soit ne juge pas utile de s’y intéresser.

Difficile de ne pas être d’accord avec l’approche du fonds de Rothschild en matière d’investissements: miser sur l’économie numérique à travers les technologies de l’information, sur les biotechnologies et l’énergie traditionnelle (le portefeuille du RIT Capital Partners contient de nombreux investissements indirects dans les compagnies pétrolières) est un bon choix des priorités pour survivre et même prospérer dans les conditions de turbulence et d’incertitude globale. Dans ce sens, la Russie est un pays d’opportunités uniques. D’un côté, elle possède le potentiel pour les percées technologies, de l’autre c’est effectivement une superpuissance énergétique. Et c’est une bonne chose que Rothschild soit si préoccupé par la fracture de l’ordre mondial et par l’expansion russe. L’ordre mondial actuel peut et doit même être brisé, et il existe une chance historique réelle pour cela.

source:https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201808101037613392-rothschild-ordre-mondial-menace/

OK++++++++++++++++++++++++++++++++++

EN BANDE SON : 

7 réponses »

  1. ILS NE PEUVENT AVOIR PEUR CAR TOUT CELA EST LEURS OEUVRES , ANALYSÉE , PLANIFIER ! DONC PURE COMÉDIE , PUR FOUTAGE DE GUEULE !

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