Art de la guerre monétaire et économique

Nos aînés deviendront-ils une charge insupportable pour la société ?

Notre société s’enorgueillit de repousser toujours plus loin les limites de la mort, mais elle n’a guère anticipé les conséquences de ce progrès médical : déséquilibre démographique, dépendance, retraites… Tout cela coûte un « pognon de dingue », selon le mot célèbre de notre Président, qui pense avec une calculatrice. Nos aînés risquent-ils d’être bientôt considérés comme des bouches inutiles, voire des parasites, une charge pour la population active ?

Un dossier, publié dans Le Point, suscite des interrogations pour l’avenir. De 2005 à 2018, les plus de 85 ans sont passés de 1,5 à 2,1 millions (+ 40 %). Dans cinquante ans, le nombre des plus de 75 ans aura doublé, celui des plus de 85 ans quadruplé. D’où un système de retraites bientôt en faillite, car le nombre d’actifs diminue pour des raisons économiques et démographiques ; une dépendance de plus en plus coûteuse, surtout pour les classes moyennes, qui n’ont pas toujours assez de ressources pour subvenir aux besoins de leurs aînés, et trop pour toucher des aides de l’État.

Les personnes âgées coûtent de plus en plus. C’était prévisible, mais, comme pour les retraites, les différents gouvernements n’ont pas pris les mesures nécessaires. Ils se sont résignés à une démographie déficitaire, qui menait à une impasse, quand ils n’ont pas découragé la natalité par une politique hostile aux familles : baisse du quotient familial, modulation des allocations. Sans compter la dislocation des repères familiaux.

Vous vous souvenez du mot d’Emmanuel Macron : « Montrez-moi une femme, parfaitement éduquée, qui décide d’avoir 7, 8, 9 enfants ? » On a rarement vu un tel degré de racisme et de condescendance à l’égard des femmes : non seulement il réduit les femmes africaines à des reproductrices irresponsables, mais il jette le même discrédit sur les mères de famille nombreuse. Il est vrai que son horizon est singulièrement limité par sa propre expérience.

Il ne s’intéresse au sort des personnes âgées que lorsqu’un fait divers met l’accent sur les mauvais traitements que certains d’entre eux subissent dans des EPHAD. Il ne parle de dépendance que pour en évaluer le coût. Ses conceptions libérales le pousseront sans doute à financer une allocation minimale pour les plus nécessiteux et encourager les plus riches à épargner : les classes moyennes seront, une fois de plus, perdantes sur tous les plans.

Mais il y a plus grave. Si le critère de la rentabilité et de l’utilité sociale est prioritaire, il s’étendra peu à peu à toute la vie humaine. Il est facile de conditionner progressivement les esprits à l’idée que les personnes âgées sont une charge pour la société, qui doit être allégée dans l’intérêt des actifs et des bien portants. C’est ce qu’a fait Macron en faisant porter sur les retraités le coût d’une politique censée favoriser les actifs, à commencer par les plus riches.

Considérera-t-on les personnes âgées comme des citoyens de seconde zone ? Les tentatives récurrentes pour autoriser par la loi l’acte d’euthanasie le font craindre. On présente une telle mesure comme une nouvelle étape dans la conquête de la liberté. Mais des considérations financières pourraient bien interférer dans la mise en œuvre de cette mesure. Rien ne serait plus barbare que de convaincre une personne âgée de mettre fin à sa vie, dans l’intérêt de sa famille et de l’État, en lui faisant croire qu’il le fait pour son bien.

Une société où l’on s’en prend aux plus faibles, où l’on convainc les plus fragiles qu’ils sont une charge pour la société, où l’on élimine ceux qui sont considérés comme socialement inutiles mérite-t-elle d’être appelée humaine ?

http://www.bvoltaire.fr/nos-aines-deviendront-ils-une-charge-insupportable-pour-la-societe/?mc_cid=a4b133fc8c&mc_eid=b338f8bb5e

OK++++++++++++++++++++++++++++

4 réponses »

  1. Nos aînés deviendront-ils une charge insupportable pour la société ?
    les migrants avec les 2 ou 3 personnes* (françaises) qui les soutiennent ne coûtent-elles pas bien plus relativement ?
    *bénévoles, salariés (d’ONG) et fonctionnaires …

  2. Je pense que Jacques Attali a dépassé les 65 ans. Pourrait-on lui appliquer ce qu’il préconise pour ceux qui dépassent cet âge « canonique »! Ce serait montrer l’exemple après tout et cela appuierait sa théorie.

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