Arabie Saoudite

Real Politic : Pour calmer les prix du pétrole et en plein scandale Khashoggi, l’Arabie saoudite ouvre les vannes de pétrole

Le pétrole a perdu dix dollars depuis ses sommets du début du mois d’octobre. En cause, le ralentissement de la demande de brut et l’offre de l’Arabie saoudite d’approvisionner le marché, alors qu’on craignait au contraire un embargo pétrolier de Riyad.

L’Arabie saoudite n’a pas l’intention de resserrer les vannes face aux menaces de sanctions que Donald Trump a brandies après le meurtre de l’opposant saoudien Khashoggi. Bien au contraire. « Nous allons continuer de répondre à toute demande qui se matérialisera pour satisfaire nos clients », s’est engagé le ministre saoudien du Pétrole. Khalid al-Falih a même indiqué que Riyad pourrait fournir un à deux millions de barils supplémentaires par jour.

De quoi calmer brutalement les prix du brut. Ils étaient au plus haut depuis quatre ans, à plus de 86 dollars le 3 octobre dernier, et les voilà redescendus à 76 dollars, 12 % de moins.

Plus de 11 millions de barils saoudiens

Oubliée, pour le moment tout du moins, la crainte de manquer de pétrole avec la réintroduction prochaine des sanctions contre l’Iran. C’est plutôt le ralentissement de la demande annoncée pour l’an prochain, par l’Agence internationale de l’Énergie comme par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui focalise l’attention des marchés pétroliers. Les prix du baril sont devenus dissuasifs, et l’économie mondiale ralentit du fait des mesures protectionnistes qui se succèdent.

On a tous les ingrédients d’une accalmie des prix : moins de demandes que prévu, une offre abondante aux États-Unis avec une hausse très marquée des stocks, une production très élevée de la Russie et de l’Arabie saoudite, le royaume pourrait, promet-il, monter sa production à plus de 11 millions de barils par jour.

Pomper dans la zone neutre avec le Koweït

D’où viendra cette production supplémentaire, étant donné que l’Arabie saoudite pompe déjà à des niveaux record, 10,7 millions de barils quotidiens ? Les 300 000 barils supplémentaires pour parvenir aux 11 millions proviendront probablement de la zone neutre qu’elle partage avec le Koweït depuis 1922. La production dans cette région frontalière avait été arrêtée début 2015, face à la chute des prix du brut et dans un contexte de tension diplomatique entre les deux monarchies du Golfe, en désaccords sur le Yémen, l’Iran et le Qatar.

Aujourd’hui l’Arabie saoudite prépare le redémarrage du champ offshore de Khafji, dont elle devra partager les revenus avec son voisin koweïtien. Il faut bien en ces temps de « crise » pour le royaume, comme le reconnaît elle-même l’Arabie saoudite, faire quelques concessions aux États-Unis sur les prix du pétrole.

http://www.rfi.fr/emission/20181025-plein-scandale-khashoggi-arabie-saoudite-ouvre-vannes-petrole

 Ouvrir grand les vannes pour calmer les prix du pétrole ? C’est théoriquement possible. Mais aujourd’hui que l’Opep est privé d’une grande partie de la production vénézuélienne, libyenne, nigériane, angolaise, et bientôt iranienne, pour des raisons différentes.
Il n’y a guère que l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, l’Irak et, hors de l’Opep, la Russie pour fournir des barils supplémentaires. En attendant que le Kazakhstan, le Brésil ou le Canada mettent de nouveaux gisements en production dans les mois qui viennent, et que les Etats-Unis règlent leurs problèmes de logistique pour exporter davantage leur propre pétrole.2 à 3% de capacités additionnellesChacun des grands producteurs a ce qu’on appelle des capacités additionnelles de production, des capacités non utilisées. Sur le papier on aurait selon l’expert Pierre Terzian environ 2,5 à 3 millions de barils jours, c’est à dire 2 à 3% de la demande mondiale de pétrole, c’est très très peu. Le spécialiste rappelle également que beaucoup de pays n’ont pas testé cette capacité maximale et qu’ils ont peur d’avoir des problèmes techniques. « En décembre 1976, raconte-t-il, l’Arabie saoudite avait poussé sa capacité de production au maximum et les infrastructures n’avaient pas résisté. Depuis les Saoudiens n’ont jamais testé les 12,5 millions de barils par jour qu’ils affichent en théorie. »Ils sont montés à 10,7 millions de barils par jour en novembre 2016, leur record. En ce moment ils en exportent 10,4 millions. Ils ont donc une petite marge. Mais pas forcément la volonté de la mettre sur le marché, l’Arabie saoudite l’a dit, le baril à 80 dollars lui convient.Recours aux réserves stratégiques ?Quant aux réserves stratégiques, dans lesquels Donald Trump dit vouloir pomper, c’est normalement le dernier recours, en cas d’urgence. La France a utilisé ses réserves stratégiques pendant les grandes grèves dans les raffineries. Avant cela, l’Europe et le Japon avaient envoyé une partie de leurs réserves stratégiques de carburants aux Etats-Unis après l’ouragan Katrina.C’est forcément limité dans le temps. On peut davantage voir cette proposition du président américain comme un signal aux électeurs : « Je ferai tout pour faire baisser le prix de l’essence ». Même si il a lui-même provoqué l’envolée des prix du baril en réinstaurant des sanctions contre le pétrole iranien.http://www.rfi.fr/emission/20180927-petrole-peut-on-produire-plus-calmer-prix

OK++++++++++++++++++++++++++++++++++++
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