Art de la guerre monétaire et économique

Ibn Khâldun et le génie de la France profonde

Vers 1400 Ibn Khâldun explique notre déclin comme Tocqueville, et décrypte aussi notre soumission actuelle.

Il oppose le rat des villes et le rat des champs, et de quelle manière ; car il a compris après Hérodote que les cités nous font dégénérer, comme le confort repu :

« Les habitants des villes, s’étant livrés au repas et à la tranquillité, se plongent dans les jouissances et laissent à leur gouverneur ou à leur commandant le soin de les protéger en leurs personnes et leurs biens Rassurés contre tout danger par la présence d’une troupe chargée de leur défense, entourés de murailles, couverts par des ouvrages avancés, ils ne s’alarment de rien. Les gens de la campagne, au contraire, évitent le voisinage des troupes et ils montrent, dans leurs expéditions, une vigilance extrême. »

C’est l’historien américain du franquisme Stanley Payne qui a fait scandale en Espagne en parlant d’un peuple anesthésié. Mais j’ai moi-même écrit que les Français se laissent tuer parce que les Français sont déjà morts.

Ibn Khâldun invite lui à préserver la pureté du sang :

« Leur isolement est donc un sûr garant contre la corruption du sang. Chez eux, la race se conserve dans sa pureté… La pureté de race existe chez les peuples nomades parce qu’ils subissent la pénurie et les privations, et qu’ils habitent des régions stériles et ingrates, genre de vie que le sort leur a imposé et que la nécessité leur a fait adopter. »

Il faut aimer la frugalité raisonnée :

« Les gens de la campagne recherchent aussi les biens de ce monde, mais ils n’en désirent que ce qui leur est absolument nécessaire ; ils ne visent pas aux jouissances que procurent les richesses ; ils ne recherchent pas les moyens d’assouvir leur concupiscence ou d’augmenter leurs plaisirs. »

Mais notre historien romain Tite-Live faisait l’éloge de la frugalité dans sa préface :

« Mais ce qui importe, c’est de suivre, par la pensée, l’affaiblissement insensible de la discipline et ce premier relâchement dans les mœurs qui, bientôt entraînées sur une pente tous les jours plus rapide, précipitèrent leur chute jusqu’à ces derniers temps, où le remède est devenu aussi insupportable que le mal. »

Ibn Khâldun rappelle que la dure vie du désert préserve la liberté, la noblesse et le courage :

« Puisque la vie du désert inspire le courage, les peuples à demi sauvages doivent être plus braves que les autres. En effet, ils possèdent tous les moyens lorsqu’il s’agit de faire des conquêtes et de dépouiller les autres peuples… »

Et il déteste les impôts, marque de servilité et d’hébétude :

« Tout peuple qui aime mieux payer un tribut que d’affronter la mort a beaucoup perdu de cet esprit de corps qui porte à combattre ses ennemis et à faire valoir ses droits… Lorsqu’un peuple s’est laissé dépouiller de son indépendance, il passe dans un état d’abattement qui le rend le serviteur du vainqueur, l’instrument de ses volontés, l’esclave qu’il doit nourrir. »

Jamais on n’en a autant payé, et on est en pleine faillite encore !

Dans un bel esprit libertarien il dénonce le contribuable :

« Une tribu ne consent jamais à payer des impôts tant qu’elle ne se résigne pas aux humiliations. Les impôts et les contributions sont un fardeau déshonorant, qui répugne aux esprits fiers. Tout peuple qui aime mieux payer un tribut que d’affronter la mort a beaucoup perdu de cet esprit de corps qui porte à combattre ses ennemis et à faire valoir ses droits. »

Ibn Khaldun rappelle le péril des conquêtes arabes :

« Sous leur domination, la ruine envahit tout. Ajoutons que les Arabes négligent tous les soins du gouvernement ; ils ne cherchent pas à empêcher les crimes ; ils ne veillent pas à la sûreté publique ; leur unique souci c’est de tirer de leurs sujets de l’argent, soit par la violence, soit par des avanies. »

Mais d’un autre côté cette saine barbarie est garante d’une force vitale supérieure :

« Nous avons déjà dit que les nations à demi sauvages ont tout ce qu’il faut pour conquérir et pour dominer. Ces peuples parviennent à soumettre les autres, parce qu’ils sont assez forts pour leur faire la guerre et que le reste des hommes les regarde comme des bêtes féroces. »

Enfin la clé du génie arabe :

« Cette bande ne serait jamais assez forte pour repousser des attaques, à moins d’appartenir à la même famille et d’avoir, pour l’animer, un même esprit de corps. Voilà justement ce qui rend les troupes composées d’Arabes du désert si fortes et si redoutables ; chaque combattant n’a qu’une seule pensée, celle de protéger sa tribu et sa famille. L’affection pour ses parents et le dévouement à ceux auxquels on est uni par le sang font partie des qualités que Dieu a implantées dans le cœur de l’homme. »

Pour survivre et triompher il faut retrouver un génie familial, tribal et médiéval. Avis aux bons lecteurs.

https://nicolasbonnal.wordpress.com/2018/12/08/ibn-khaldun-et-le-genie-de-la-france-profonde/

« L’humanité est une chose abstraite : le but de la discipline, même dans le cas le plus particulier, ne peut être que l’homme le plus fort »

« (…) cela constitue un danger extraordinaire de croire que l’humanité pourrait se développer dans son ensemble et devenir plus forte si les individus devenaient faibles, égaux, répondant à une moyenne… » – Nietzsche

« La discipline, telle que je l’entends, est un moyen pour accumuler les forces prodigieuses de l’humanité, pour que les générations puissent édifier leur œuvre sur le travail de leurs ancêtres » – Nietzsche

EN BANDE SON : 

2 réponses »

  1. D’accord avec le fond de l’article, mais pas tout à fait d’accord sur les impôts : biensûr les français en payent beaucoup trop par rapport à ce qui leur en ai rendu (en terme de services publics et prise en charge sociale), mais ce n’est pas signe de servitude partout ; cela est dans nos sociétés européennes – ou devraient être – la marque d’une responsabilité des uns envers les autres, et c’est vrai que c’est plus facile de penser cela quand il s’agit des siens : prenons le cas de la Norvège qui a fait le choix de société d’impôts élevés, mais d’une restitution au peuple par l’offre d’un système éducatif et d’un système social de qualité. C’est surtout le mauvais management en France qui est la clef des souffrances : si les Français étaient amenés par le fédéralisme à exercer des décisions au plus près de leurs besoin selon le principe de subsidiarité, et à avoir un droit de décision en assemblées territoriales sur la budgétisation des territoires et de l’Etat ainsi que sur la levée d’impôt – parallèlement à une transparence des dépenses et recettes de l’Etat – il n’y aurait pas de sentiment de servitude, et probablement aucun sentiment d’hébétude, car toujours obligés de se remettre en selle..

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