Art de la guerre monétaire et économique

Douce France – La Macronie, ou la crise de la démocratie, Macron écrit aux Français : entre Thatcher et Hibernatus !

La Macronie, ou la crise de la démocratie

By Editoriauxwww.bvoltaire.fr janvier 8, 2019 Henri Feng

Dans une société d’images, la violence ne révèle pas toute sa réalité. Paris et plusieurs villes, comme Bordeaux et Rouen, ont été le théâtre d’affrontements entre des « gilets jaunes » et les forces de l’ordre, le 5 janvier dernier. Sachant que n’est « gilet jaune » que celui qui revêt un gilet jaune. Qui représente qui, dans une crise généralisée de la représentation ? Tant que les policiers et les militaires accepteront de servir de chair à canon en vue d’une stratégie de criminalisation, le peuple ne pourra obliger le Président à dissoudre l’Assemblée nationale.

Par ailleurs, les intimidations et les menaces dont font l’objet des députés macroniens sont stupides : à quoi cela sert-il de s’en prendre à des Playmobil® ? Des personnages hauts en couleur qui racontent des histoires… Le péché originel, en Macronie, c’est la confusion entre civilisation et gentrification. Il est vrai, pourtant, que le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a été inspiré en déclarant, la veille de la dernière manifestation : « Nous devons aller sans doute encore plus loin dans le changement, être encore plus radicaux dans nos méthodes, nos manières de faire, dans notre style… » C’est dit : la Macronie entend se radicaliser. Or, dans une cour d’école (sans véritable école), c’est celui qui dit qui est.

Retour en arrière : en 2017, les startupers et les baby-boomers s’étaient coalisés pour élire une élite mondialisée, et ce, avec près de 26 % d’abstention au second tour de l’élection présidentielle et près de 52 % d’abstention au premier tour des élections législatives qui s’en sont suivies. Un coup de Trafalgar électoral conforté par le putsch médiatico-judiciaire qui a frappé le candidat Fillon. Retour du refoulé : la riposte de la majorité silencieuse explose dans le même incubateur que le télé-évangélisme macronien – la bulle Internet. Des marcheurs contre les Marcheurs qui ont des revendications, non en faveur de l’ouverture, mais de la protection : « Taxer le fioul maritime et le kérosène »/« Protéger l’industrie française »/« Que les causes des migrations forcées soient traitées »/« Entrée du référendum d’initiative populaire dans la Constitution », etc.

En face, le Président Macron a trouvé une parade : lancer un grand débat national sur la base de cahiers de doléances. Un véritable simulacre. Le débat se veut être encadré, voire totalement cadré, notamment sur la question migratoire. De toute évidence, l’ordre libéral-libertaire est éminemment totalitaire. La marchandisation y rime définitivement avec la fétichisation. Et la marque appelle des sous-marques : « Les Gilets jaunes libres », « Gilets jaunes le Mouvement », « La France en colère », « Les émergents »… Ruse de l’ambition oblige, le gilet jaune n’est plus qu’un but spéculatif.

Chaque camp a conscience qu’une perte humaine chez l’adversaire fera les affaires de l’autre. La technocrature et l’État étant dissociables, l’inconscient collectif pense que « le moyen de la violence légitime » (Max Weber) n’a plus de sens. Voilà pourquoi l’élève de Ricœur n’est plus en mesure d’asseoir son autorité. Démocrite disait que « le caractère d’un homme fait son destin ». Ce Jupiter fait passer des vessies pour des lanternes et fait le sourire de l’ange pour libérer la bête. Avec un tel homme à sa tête, la France de Clovis et du Comité de salut public semble courir à sa perte.

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Macron écrit aux Français : entre Thatcher et Hibernatus !

La lettre d’Emmanuel Macron aux Français ? Autant de mots pour dire aussi peu de choses, c’est une forme d’exploit. Le fond ? On le touche, justement. La forme ? On voit bien que Sylvain Fort, son scribe, a fui l’Élysée.

Ainsi écrit-il : « Chacun partage le destin des autres et chacun est appelé à décider du destin de tous : c’est tout cela, la nation française. » Emmanuel Macron voulait-il évoquer cette communauté de destin, chère aux historiens de jadis ? Voilà qui eût été plus concis, plus limpide, plus français. Et le même, justement, d’ajouter : « Comment ne pas éprouver la fierté d’être Français ? » C’est bien, mais c’est peut-être un peu tard pour sortir le clairon, quand on assure que « la culture française n’existe pas », comparant, au passage, notre pays à une « start-up nation » tout en prétendant que certains de nos compatriotes « ne sont rien »

Pareillement, tout cela paraît un brin saugrenu. Surtout quand, à propos de ces gilets jaunes, Emmanuel Macron évoque les « porte-voix d’une foule haineuse [qui] s’en prennent aux élus, aux forces de l’ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels ». Soit « tout simplement la négation de la France ». Pourtant, il admet aujourd’hui : « En France, mais aussi en Europe et dans le monde, non seulement une grande inquiétude, mais aussi un grand trouble ont gagné les esprits. Il nous faut y répondre par des idées claires. » Ce qui est clair, c’est que ce qu’il dépeint a un nom : la mondialisation, cette économie de marché, devenue société de marché à vocation planétaire. Et ce qui est encore plus clair, c’est qu’on voit mal comment Emmanuel Macron pourrait remettre en cause un système dont il est en même temps l’un des plus éminents produits et le garde-chiourme.

D’où ces vœux pieux : « La lutte contre le chômage doit être notre priorité » ; ce qui n’engage pas à grand-chose. C’est, d’ailleurs, plaisant de constater que, pour les récents gouvernements s’étant succédé, toutes les luttes sont ou ont été toutes plus ou moins « prioritaires ». Celles contre les accidents de la route, le racisme, l’homophobie, le trou de la couche d’ozone et les tartines tombant trop souvent du côté confiture. Idem pour la fiscalité. Il disserte à propos de cet ISF qu’il n’entend pas rétablir. Ça tombe bien : il n’a pas été réellement supprimé, les Français ayant la chance de posséder quelque bien immobilier payent assez cher pour le savoir. En revanche, pas un mot sur les GAFA, ces géants mondialisés connus pour délocaliser leur fiscalité sous d’autres cieux.

Suivent d’autres considérations plus ou moins lunaires sur les questions constitutionnelles : « Comment voudriez-vous que l’État soit organisé et comment peut-il améliorer son action ? Faut-il revoir le fonctionnement de l’administration et comment ? » Si l’on comprend bien, les institutions de la Cinquième République auraient vocation à être amendées, voire réécrites, sur les ronds-points. On a déjà lu plus sérieux ; même dans France Dimanche.

Et puis, le plat de résistance, que tout le monde attend au tournant : l’immigration, sujet tout d’abord exclu du débat avant d’y être réintégré, mais de telle sorte que la question n’appelle pas de réponse, la seconde étant dans la première : « Notre pays a toujours su accueillir ceux qui ont fui les guerres, les persécutions et ont cherché refuge sur notre sol : c’est le devoir de l’asile, qui ne saurait être remis en cause. » Compris ? Pourtant, Emmanuel Macron concède : « Cette tradition est aujourd’hui bousculée par des tensions et des doutes liés à l’immigration et aux défaillances de notre système d’intégration. » Pas un mot, donc, sur le nombre excessif des immigrés, légaux ou clandestins, des flux migratoires à éventuellement réguler ou sur les problèmes posés par un islam de plus en plus intrusif, ici noyé dans une laïcité de bazar. Pas un, non plus, sur un possible retour à un début de souveraineté nationale et de ces frontières allant généralement avec.

À l’heure où de plus en plus de petits Terriens excédés plébiscitent des gouvernants populistes, Emmanuel Macron persiste à s’adresser aux Français comme s’il vivait encore au mitan du siècle dernier, quelque part entre Thatcher et Hibernatus. Ce serait presque touchant si ce n’était en tous points consternant.

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EN BANDE SON : 

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