Innovation Technologique

L’Ere de la digisexualité : « Voulez-vous prendre ce robot pour époux ? »

L’Ere de la digisexualité : « Voulez-vous prendre ce robot pour époux ? »

Nous vivons une époque où les progrès rapides de la robotique et de l’intelligence artificielle côtoient une conception en expansion de l’identité sexuelle.

Dans ce contexte, l’idée que les humains en chair et en os puissent avoir des relations émotionnelles, voire sexuelles, avec des appareils numériques ne se limite plus aux films de science-fiction. Dorénavant, les pionniers de la romance homme-androïde ont un nom : les digisexuels. Selon certains universitaires et futuristes, la digisexualité est une identité sexuelle émergente.

Cette notion soulève de nombreuses questions. Les digisexuels sont-ils un groupe marginal ? Ou bien, dans notre culture imprégnée de pornographie en ligne, sommes-nous tous finalement des digisexuels au placard ?

En 2016, une Française, fiancée à un robot imprimé en 3D, avait expliqué aux médias seuls les robots l’attiraient car elle n’aimait pas le contact avec la chair humaine. En 2017, un ingénieur en intelligence artificielle chinois a épousé une femme robot car il ne trouvait pas de partenaire humaine.

Digisexualité

En 2018, Neil McArthur, professeur agrégé de philosophie à l’Université du Manitoba, et Markie Twist, professeure de développement humain et d’études familiales à l’Université de Wisconsin-Stout, ont défini la digisexualité dans un article intitulé « The Rise of Digisexuality ». Dans la première vague de cette tendance, la technologie est simplement utilisée pour l’épanouissement sexuel. Dans la deuxième vague, les praticiens nouent des relations plus profondes grâce à des technologies immersives telles que la réalité virtuelle, la réalité augmentée et les robots sexuelséquipés d’AI, évitant parfois la nécessité d’un partenaire humain.

Twist a expliqué que plusieurs de ses patients, âgés en 20 et 30 ans, pouvaient être qualifiés comme des digisexuels de deuxième vague. Ils n’ont jamais eu de contact avec des humains et ne souhaitent pas avoir de relations sexuelles avec des personnes.

Résistance culturelle

La sexualité des digisexuels peut être considérée par certains comme une déviance. Toutefois, chaque avancée en matière de cybersexe s’est heurté à une résistance culturelle avant la normalisation, explique McArthur. « Chaque fois que nous avons de nouvelles technologies, une vague d’alarmisme s’ensuit. C’est arrivé avec le porno puis avec les rencontres sur Internet. » Mais, au fur et à mesure que les personnes commencent à utiliser ces technologies, elles commencent à faire partie de nos vies.

L’entrepreneuse Lora DiCarlo a proposé cette année au Consumer Electronics Show 2019 un vibromasseur doté de la technologie « micro-robotique » qui simule les mouvements amoureux de l’homme. Toutefois, les organisateurs lui ont finalement demandé de quitter le salon car son produit, récemment récompensé par le prix de l’innovation, a été jugé sexiste. Pour les hommes, une société vend une machine équipée de l’intelligence artificielle, programmée avec 8.000 heures de vidéos pornographiques.

La société californienne Abyss Creations conçoit un robot sexuel aux visages interchangeables, avec un cerveau équipé de l’intelligence artificielle.

Par ailleurs, pour ceux qui ne veulent pas acheter un robot sexuel, il est également possible de se rendre un bordel robotique. Les Robo-cathouses font leur apparition au Canada et en Europe. Les Etats-Unis ont interdit ce type d’établissements.

Normalité future ?

« A l’avenir, le terme « digisexuel » ne sera plus pertinent », explique Bryony Cole, fondatrice de Future of Sex, une société de médias basée à New York qui étudie la sexualité contemporaine. « Les prochaines générations n’auront jamais connu de distinction entre leur vie en ligne et hors ligne. Elles peuvent grandir avec des chatbots d’éducation sexuelle, faire l’amour dans leur propre monde créé par réalité virtuelle ou rencontrer leur autre significatif via un hologramme. Ce sera aussi normal que l’éducation sexuelle que nous avons eue dans les écoles avec des cassettes VHS. »

« La recherche montre déjà que les personnes peuvent atteindre l’orgasme avec des objets inanimés, et nous voyons déjà à quel point ils aspirent à utiliser leurs appareils technologiques et ressentent une angoisse de séparation quand ils ne sont pas là », a expliqué le professeur Twist.

Selon Emily Witt, écrivain pour The New Yorker et auteur de « Future Sex », une enquête sur le paysage sexuel contemporain, il n’y a pas que les hommes frustrés sexuellement qui en profiteront. Dans son reportage, Witt a interrogé plusieurs femmes actives sexuellement sur Internet. Dans certains cas, ces femmes vivaient dans des petites villes où il y a peu de fréquentations ou étaient victimes de traumatismes sexuels.

« La sexualité numérique offre des possibilités d’anonymat, de discrimination sexuelle, de jeux fétichistes et d’autres modes d’expérimentation offrant un degré de sécurité et d’autonomie qui n’est pas présent dans le monde physique », précise Witt.

Toutefois, pour certains, les robots sexuels, avec leurs corps de Barbie et leurs cerveaux conçus pour la conformité, encouragent l’objectivation des femmes et renforcent la dynamique de prostitution.

EN BANDE SON : 

3 réponses »

  1. « En 2016, une Française, fiancée à un robot imprimé en 3D, avait expliqué aux médias seuls les robots l’attiraient car elle n’aimait pas le contact avec la chair humaine »
    Arriver a la haine de son humanité pour devenir des « figuren »
    des silhouettes comme dans les camps.
    Une silhouette cela s’efface..sans re-mord!
    Ni re-gret
    Chez les Aztéques pour qui les sacrifices humains étaient un rituel journalier quasiment
    Beaucoup demandaient a être sacrifiés …comme un honneur!
    Sacrifiés mais encore humain
    La ils franchissent un mur inqualifiable.
    pas de mot.
    Si transhumanisme.

    • @ Anders
      – voir Face aux feux du soleil Isaac ASIMOV, les humains ne se touchent plus . . .
      – il y a aussi l’Amour Platonique . . .

  2. Les Robots Nous Piquent Nos Boulots ? sauf pour ceux qui les fabriquent et qui les utilisent , ils vendent même les marchandises ainsi produites à meilleur prix que les chinois et du coup embauchent dautres opérateurs humains . . .

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