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MEDIAS | Ecrans de fumée sur le Venezuela : La Banque d’Angleterre refuse de rendre son or au Venezuela

Depuis le mercredi 23 janvier, le Venezuela a un nouveau président autoproclamé. Il se nomme Juan Guaido, 35 ans. Elu à la tête du Parlement au début de l’année, il a prêté serment devant la foule qui avait inondé les rues de Caracas pour célébrer, toutes tendances politiques confondues, le 61ème anniversaire de la chute du dictateur Jimenez et l’avènement de la révolution bolivarienne. Guaido justifie sa prise de pouvoir en invoquant le fait que selon la Constitution, le président de l’Assemblée nationale assume l’intérim lorsque le président en fonction et le vice-président ont tous deux perdu leur légitimité.

Donald Trump n’a pas attendu de savoir si les prétentions de Guaido étaient fondées pour le reconnaître comme président légitime du Venezuela. Dans la même journée, le vice-président Mike Pence a adressé un discours au peuple vénézuélien pour l’assurer de l’appui indéfectible des Etats Unis dans sa « quête de la liberté ». Le Canada et la plupart des pays latino-américains se sont alignés en applaudissant des deux mains cette forme à peine déguisée d’ingérence. En réaction, le président Maduro a annoncé qu’il rompait les relations diplomatiques avec les USA et renvoyait les diplomates étatsuniens chez eux.

Juan Guaido a tout pour plaire. Il a la dégaine décontractée de Barak Obama et lui ressemble. Il lui a même emprunté la formule « Yes, we can » – en espagnol « Si, se puede » – qu’Obama ne s’était pas gêné d’emprunter lui-même au révolutionnaire Chávez. Les meilleures armes ne sont-elles pas celles que l’on prend à ses ennemis ? Ingénieur, Guaido a parachevé sa formation à la George Washington University. Ce « Chicago Boy », comme aiment à l’appeler ses détracteurs, affiche une foi solide dans les vertus du libéralisme et de la démocratie à la sauce yankee. Il ne lui reste plus qu’à choisir la couleur de sa révolution, ou une fleur si toutes les couleurs ont déjà servi.

Le peuple vénézuélien pourrait être sérieusement tenté de suivre les encouragements de Mike Pence et écarter Maduro du pouvoir, au risque de déclencher une guerre civile. L’accession du jeune protégé de Washington à la présidence marquerait la fin des sanctions américaines qui ont amené le pays à la ruine, alors qu’il détient d’énormes gisements de pétrole et d’or. Le peuple respirerait enfin et mangerait à sa faim (les Vénézuéliens ont maigri en moyenne de 8 kilos depuis le début de la crise), quitte à perdre certains des acquis de la révolution socialiste à la Chavez.

On ne trouvera qu’un reflet déformé de ces événements dans nos quotidiens. Le Temps, à l’image du Monde, reprend en refrain la version qu’en donnent les grands médias US : Maduro est un dictateur tenu à bout de bras par la Russie. Titre du Temps : « Poutine joue à la roulette russe à Caracas ». Il ne veut pas perdre les 17 milliards de dollars qu’il a prêtés à Caracas depuis 2006 et compte bien y écouler ses armes, y compris nucléaires. « Près de trois décennies après l’effondrement de l’URSS, Moscou revient ainsi narguer Washington dans sa sphère d’influence ».

Il faut fouiller sur la T oile pour obtenir un autre son de cloche. Une source bien informée reste la chaîne TV sur internet « hérétique » TheRealNews, basée à Toronto et à Baltimore (chaîne qui refuse la publicité, le parrainage et les subventions publiques pour rester indépendante). Ses derniers titres parlent d’eux-mêmes : Is the US Orchestrating a Coup in Venezuela ? (Les Etats-Unis sont-ils en train d’orchestrer un coup d’Etat au Venezuela ?), ou The US Strategy for Regime Change in Venezuela (La stratégie US de regime change au Venezuela), ou encore Trump Sanctions Against Venezuela Have Decimated Oil Production (Les sanctions de Trump contre le Venezuela ont anéanti sa production en pétrole).

J.-M. Bovy | 25.01.2019

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La Banque d’Angleterre refuse de rendre son or au Venezuela

Entre-temps, on a également appris que les tentatives du régime Maduro pour récupérer 1,05 milliard d’euros d’or à la Banque d’Angleterre avaient échoué. Ce refus est intervenu après que les États-Unis ont réussi à faire pression sur Londres pour que le régime de Caracas soit privé de ses avoirs à l’étranger. Les États-Unis veulent que cet argent revienne à Guaido pour augmenter ses chances de prendre effectivement le contrôle du gouvernement. Ces 1,5 milliard représentent une part importante des 7 milliards d’euros de réserves de change que la banque centrale du Venezuela détient toujours à l’étranger. On ignore où se trouve le reste de l’argent, mais une quantité importante d’or vénézuélien se serait récemment retrouvée en Turquie.

Une leçon importante : ne stockez jamais votre or à l’étranger

Récupérer l’or en Angleterre est depuis longtemps une priorité pour Maduro. Ce dernier avait envoyé Calixto Ortega, le président de la banque centrale du Venezuela, à Londres à la mi-décembre pour récupérer l’or. Mais le Vénézuélien est revenu les mains vides. Entre-temps, les contacts entre les deux pays ont cessé. La Banque d’Angleterre a indiqué qu’elle ne répondrait plus aux questions de Caracas.

Pendant de nombreuses années, l’or a été un élément crucial des réserves de change vénézuéliennes. Le prédécesseur de Maduro, Hugo Chavez, a investi une grande partie des revenus pétroliers du pays dans l’or en raison de son aversion pour le dollar américain. Mais ces dernières années, il a fallu vendre de plus en plus d’or en raison de la crise économique qui sévit depuis longtemps dans le paysUne fois de plus, un politicien tire ici une leçon importante : ne stockez jamais votre or à l’étranger.

EN BANDE SON : 

7 réponses »

  1. Chavez et Maduro n ont pas eu besoin des USA pour mettre le Venezuela par terre.
    Le bon vieux socialisme suffit.
    Avec les socialistes, c est toujours la faute des autres. Et les USA en premiers.
    Bref rien de neuf sous le soleil Venezuelien

    • le socialisme n’a rien à voir la dedans c’est une affaire d’ingérence étrangère pure et simple, ne pas le voir c’est faire œuvre de mauvaise foi et de propagande. Et je vous précise que n’ayant aucune sympathie ni pour le socialisme ni pour Maduro je puis en parler très à l’aise. Avec le retrait des USA du moyen orient l’Amérique latine est redevenue une chasse gardée des Etats Unis, cela a commencé avec le Brésil et cela va continuer avec le Vénézuela.

      https://leblogalupus.com/2018/12/20/le-billet-du-lupus-trump-et-poutine-imposent-de-nouvelles-regles-du-jeu-en-matiere-de-geopolitique/

      • Croyez vous que la Russie et la Chine ne font pas d’ingérence aux Venezuela?
        Maduro est ausi peu légitime que Gaida
        Chacun y défend ses intérêts.
        Les USA autant que les autres.
        Ne regardons pas qu’avec le petit bout de la lorgnette.
        La Guerre entre la Chine et les USA a commencé depuis longtemps et les USA ne veulent pas être pris aux pièges devant chez eux et ils ont raison.
        Quitter la Syrie a sa logique , et avoir le bazar au Venezuela ne peut pas être permis par les USA.
        C’est de la géopolitique et c’est chacun pour soi.
        Vous savez mieux que moi que les pays n ont pas d ami et que des intérêts.
        Je sais que vous considérez le monde actuel comme étant gérer par des pillards sur l ensemble de la planète.
        Capitalisme de connivence ou socialisme?
        Que faire?

        • Ne voyez pas chez moi un reste de moraline mais une résurgence d’un vieux fond libertarien qui fait que je reste définitivement contre l’ingérence diplomatique ou pas, d’où qu’elle vienne et quel qu’en soit les motivations.

          « La Guerre entre la Chine et les USA a commencé depuis longtemps et les USA ne veulent pas être pris aux pièges devant chez eux et ils ont raison.
          Quitter la Syrie a sa logique , et avoir le bazar au Venezuela ne peut pas être permis par les USA.
          C’est de la géopolitique et c’est chacun pour soi. »
          On est d’accord !

          Et on peut ajouter que : Selon les dernières estimations de l’OPEP (fin 2010), les réserves prouvées en pétrole du pays atteindraient 296,50 milliards de barils ce qui le place à la première place mondiale devant l’Arabie saoudite. Sachant que le brut vénézuèlien est d’une qualité par les meilleurs au Monde. Voilà donc de quoi aiguiser les appétits !

          Capitalisme de connivence ou socialisme? Que faire ?

          C’est un peu la mème chose non ? dans un cas c’est la voie réformiste, dans l’autre la voie révolutionnaire. Que Faire ? Lénine avait la réponse moi pas !

          https://fr.wikipedia.org/wiki/Que_faire_%3F_(L%C3%A9nine)

          • D’où les USA et plus globalement l’Occident s’arrogent-ils le droit de juger les pays qui n’ont pas les moyens de leur résister. Uniquement du droit du plus fort qui est la négation même du Droit international

            • Et qui produit le Droit international ? celui qui en a les moyens, et c’est qui d’après vous ? Quoique vous fassiez vous serez toujours dans le droit du plus fort, suffit de le savoir et de s’y préparez en conséquence ! le reste c’est de la gnose que vous soyez juriste ou pas ! Chavez était un combattant, Maduro un bureaucrate ! même trajectoire que pour Cuba sans Castro

              • il y a eu deux époques dans le « droit international ». Même si en dernier recours c’est le droit du plus fort qui parle, on s’est évertué pendant quelques siècles à y mettre des formes et à limiter les abus des plus forts. Les guerres n’étaient que rarement des guerres d’annexion et de destruction totale lorsqu’on se situaut dans le monde « civilisé » .
                Certains diront que c’était de l’hypocrisie, peut-être, mais convenons que la France exsangue n’a pas été écrasée par le Congrès de Vienne à la hauteur de ses responsabilités dans les guerres de la Révolution et de l’Empire, pour ne citer que ce cas.
                La violence brutale revient dès le traité de Versailles et l’irruption des USA dans le concert des Nations ; traité qui conduit directement à la guerre suivante. Depuis c’est le déchainement. Curieusement, la menace nucléaire bilatérale qu’on a appelé la Guerre Froide a tempéré les ardeurs des deux camps hors de leur zone directe d’influence, mais depuis 91, c’est open bar en particulier du côté américain qui se permet tout et n’importe quoi jusqu’aux frontières proches de la Russie et de la Chine.
                Invasion et destruction de l’Afghanistan et surtout de l’Irak, soutien aux égorgeurs en Syrie, pour la partie connue, le sommet de l’iceberg …
                Et le pire, tout ça au nom des bons sentiments en culpabilisant tout le monde, en usant de la menace envers « les alliés » qui comme le soulignait Zbigniew Brzezinski ne sont plus que des vassaux, parce que les USA ont des méthodes de mafieux, mais un grand besoin d’amour et de reconnaissance, comme un mafieux dans un film de Coppola

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