Art de la guerre monétaire et économique

Les banquiers centraux préparent le monde au ‘communisme capitaliste’

Le monde est sur le chemin du communisme capitaliste. C’est ce que l’on peut déduire des dernières interventions de Jerome Powell, président de la banque centrale américaine, la Federal Reserve.

Le communisme capitaliste, c’est sans aucun doute un  oxymoron, ou une  figure de style dans  laquelle on combine deux mots qui semblent être le contraire l’un de l’autre. Mais comment peut-on interpréter différemment les déclarations de Powell lorsqu’à la fin du mois dernier, et malgré le dynamisme de l’économie américaine, il a annoncé qu’il laisserait inchangé le taux d’intérêt des États-Unis ? Powell n’a pas non plus mentionné le désir d’une hausse graduelle des taux d’intérêt. Ce n’est pas du tout surprenant : le président Donald Trump a critiqué à plusieurs reprises la hausse constante des taux d’intérêt. Selon lui, ce serait mauvais pour l’économie.

Powell devient le nouveau chef de la fashion police des banquiers centraux, écrit Frédéric Potelle , directeur de la recherche à la banque suisse Bordier, dans une note adressée à ses clients. Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE) et son collègue suisse, ont également entendu des voix similaires.

En d’autres termes, et certainement à court terme, il n’y aura pas de normalisation des taux d’intérêt.

La réalité globale devient claire, maintenant que la fumée monte progressivement

La réalité globale devient claire, maintenant que la fumée se dissipe progressivement.

  1. Après 10 ans de relance monétaire, on peut en conclure que l’économie mondiale ne se porte pas trop mal, bien que l’Europe – qui n’a toujours pas d’inflation – soit à la traîne . 
  2. Les dettes mondiales ont explosé. Elles sont passées de 75 % du PIB du G7 en 2008 à 105 % en 2018. Les dettes des entreprises américaines sont à un niveau historique : 47 % du PIB.
  3. Enfin, il existe une inégalité de revenus qui, à l’Ouest, a frappé la classe moyenne. C’est la seule de toutes les classes sociales qui, du fait de la mondialisation, n’a pu enregistrer aucune augmentation réelle des revenus au cours des 30 dernières années.

Les dettes sont des préoccupations pour demain

Les conséquences de cette situation sont clairement visibles. Les populistes gouvernent Washington et Rome, l’incertitude entourant le Brexit a plongé le Royaume-Uni dans un chaos politique, tandis que les « gilets jaunes » français prêchent la révolution.

Ces populistes ont réduit les impôts partout, ce qui a augmenté la dette publique. Mais les remboursements futurs de la dette sont une préoccupation pour les politiciens qui prendront le pouvoir demain, et non pour les décideurs politiques actuels.

La dette est, en réalité, une maladie mondiale, nonobstant la bombe potentielle des produits dérivés bancaires. En Chine, la dette totale est passée de 2.000 milliards, en 2000, à 40.000 milliards de dollars. Le Japon, avec une dette publique de 250 % du PIB, ferait défaut si les taux d’intérêt augmentaient de seulement 0,5 % ! On comprend mieux pourquoi le Japon ne peut pas revenir en arrière dans sa politique monétaire. Et partout dans le monde, le système bancaire, avec un effet de levier des capitaux propres de 10 à 50, sera bien incapable de rembourser les déposants en cas de krach. Quant à l’État français, il faut savoir que sa dette de 2.000 milliards d’euros représente plus de deux fois la valeur de son patrimoine public et de ses actifs.
 
Les banques centrales, par leur politique monétaire laxiste, ne savent que prolonger la vie des États malades dont l’hyper-endettement devient de plus en plus incurable. En 1958, la dette américaine s’élevait à 280 milliards de dollars. Elle a été, depuis cette époque, multipliée par 75 (par 31 depuis 1981, tandis que les recettes fiscales n’étaient multipliées que par 6) pour atteindre, aujourd’hui, 22.000 milliards de dollars.

Au cours des deux dernières semaines, la dette américaine, suite à la réforme fiscale et à la hausse des dépenses militaires, a augmenté de 90 milliards de dollars, pour atteindre un record historique de 22.000 milliards de dollars, tandis que le déficit américain, pour 2018, en augmentation de 17 %, s’élève à 779 milliards de dollars et qu’il devrait dépasser les 1.000 milliards d’ici 2020. ucle est bouclée :  après les banques, les États sont « too big to fail »

Quant à la dette mondiale, elle dépasse l’imagination, avec des chiffres différents, selon la BRI, le FMI ou l’IIF. Le FMI vient de découvrir l’éléphant au milieu du couloir avec une dette mondiale estimée à 184.000 milliards de dollars en 2017, soit 225 % du PIB mondial au lieu de 100 % en 1950, avec une très forte augmentation des pays émergents. Selon l’Institut de la finance internationale (IIF), la dette mondiale serait, en fait, de 244.000 milliards de dollars en 2018, soit 318 % du PIB mondial, dont 175.800 milliards de dollars pour les pays développés et 68.400 milliards de dollars pour les pays émergents.

Donc la boucle est bouclée. Après les banques, les États-nations sont maintenant « too big to fail » (« trop gros pour faire faillite« ) . 

Selon Potelle, les banquiers centraux sont devenus des assureurs qui mettent à disposition de l’argent à volonté. De l’argent qui n’est pas gagné dans l’économie réelle, mais qui est nécessaire pour maintenir le système en vie. « Encore un effort et les banques centrales pourront créditer directement les comptes des administrations publiques et des citoyens. Nous sommes peut-être en train d’assister à la naissance d’un nouveau système politico-monétaire: le «capitalisme communiste» ».

Le comeback du socialisme ?

Un nouveau type de doctrine de gauche est en train d’émerger, écrit The Economist cette semaine dans un dossier spécial :

« 28 ans après la chute de l’Union soviétique en 1991, le socialisme est à nouveau à la mode.

« Aux Etats-Unis, la nouvelle députée Alexandria Ocasio-Cortez, qui se dit socialiste démocrate, fait sensation, tandis qu’un nombre toujours croissant de candidats démocrates à la présidence pour 2020 se déplace vers la gauche. Au Royaume-Uni, Jeremy Corbyn (Labour – travailliste), un socialiste de la ligne dure, a maintenant les clés du 10 Downing Street à portée de main ».

« Le socialisme fait un retour en force parce qu’il formule des critiques mordantes sur ce qui ne va pas dans la société occidentale.

« Là où la droite politique a trop souvent abandonné la lutte idéologique pour s’enraciner dans le chauvinisme et la nostalgie, la gauche s’est concentrée sur les inégalités et l’environnement et elle essaie de donner du pouvoir aux citoyens, plutôt qu’aux élites ».

Mais : « Pourtant, bien que la gauche renaissante ait raison sur certains points, son pessimisme à l’égard du monde moderne va trop loin. Ses politiques souffrent de la naïveté sur les questions des budgets, des bureaucraties et des entreprises. »

EN BANDE SON :

2 réponses »

  1. Le revenue universel si décrié il y a peu par nos chers néo-libéraux redeviendrait il à la mode maintenant prêché par le système lui-même ? ironie de l’Histoire …. Un Gaspard KOENIG, un néo-libéral pourtant, est un précurseur dans ses propositions (dont le revenu universel), il voit juste.

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