Europe

L’Eurovision ou l’Empire du vide occidental ! Par  Anne Sophie Chazeaud

L’Eurovision ou l’Empire du vide occidental !

Le spectacle de l’Eurovision a quelque chose de fascinant en ce qu’il synthétise tout ce que notre civilisation peut produire de plus conformiste et creux en matière de goût, mais aussi, plus globalement, en matière culturelle.

Une esthétique kitsch, outrée, de poupées gonflables pour tous les goûts, une incapacité désormais à proposer une production « musicale » (on est contraint d’employer des guillemets tant ces quelques heures de grosse artillerie virent au supplice) qui oserait être déconnectée de tout message idéologique forcément bienpensant (mettre fin à la méchante haine), une lourdeur esthétique et morale qui s’insinue partout tel un envahissant loukoum, obligeant chacun à se revendiquer d’un message de paix et d’amour ou de revendication si consternante de banalité… Une sorte de représentation esthétique de ce que sont la post-politique et l’extrême centrisme incarnés en chansons.

En ce sens, le faux scandale des créatures islandaises en plastique dont on a pensé à plusieurs reprises qu’elles allaient se vautrer sur la scène avec leurs plateforme boots et leurs corps lardés d’un cuir semblable à quelque ficelle à gigot, consistant à déployer un drapeau palestinien à tel Aviv, achtung grosse subversion, témoigne du degré zéro de la rebellitude qui a gagné la culture de masse européenne. On leur conseillerait bien d’aller se trimballer boudinés en gigots BDSM à Gaza, mais on a la flemme, à quoi bon…

On passera sur Madonna qui chante faux avec son oeil passé au LBD de Castaner mais affectionne toujours, avec ses millions de revenus, de faire la morale à la planète entière, et sur le pathétique Billal Hassani que l’on finit presque par prendre en sympathie tant il est, à son corps défendant, empêtré dans les messages qu’il se croit obligé de véhiculer pour exister, tout encombré dans sa foultitude de revendications identitaires microcosmiques escorté de danseurs/danseuses obèses ou sourdes ou simples d’esprit ou le tout ensemble (quand on tient un combo, c’est mieux question discrimination positive, ça gagne de la place…).

Bref. Ce que je trouve surtout navrant dans ce spectacle, ce ne sont pas les pathétiques polémiques qui l’animent (au fait, depuis quand l’Australie est-elle en Europe ?), mais bien plutôt le vide culturel absolu qu’il met en lumière. Curieusement, ça n’a pas l’air de déranger grand monde, et c’est ça qui est plutôt inquiétant…

 ANNE SOPHIE CHAZEAUD

EN BANDE SON :

4 réponses »

  1. Heureusement il y avait la Slovénie très jolie chanson d’un jeune couple auteurs compositeurs chantée en slovène ;un petit miracle dans la médiocrité ambiante

  2. Y a plus que les vieux de + 50 ans qui regardent l’eurovision ! et beaucoup sont un peu (beaucoup?) lobotomisés

    • Vieux avant l’age ou flagrant délit d’ignorance! il y a belle lurette que l’eurovision n’est plus le temple de la ringardise mais sert de laboratoire propagandiste à l’ingéniérie sociale visant à promouvoir minorités agissantes et politiquement correct !

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