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La dignité, ce sont ceux qui en parlent le plus qui la pratiquent le moins ! Par  Anne Sophie CHAZAUD

La dignité, ce sont ceux qui en parlent le plus qui la pratiquent le moins !

Je suis surprise de découvrir sur internet combien il y a des gens qui visiblement savent.

Ils savent. Ils savent absolument.

Ils savent que c’est un État qui doit avoir droit de vie et de mort sur un citoyen fût-il en état végétatif ou lourdement handicapé, comme au temps des nazis.

Ils savent mieux qu’elle ce qu’une mère doit ressentir et doit faire.

Ils savent mieux que le patient lui-même l’état précis de son esprit à lui et de son ressenti.

Tout dans cette affaire Lambert m’inspire colère et tristesse.

À commencer par la surexposition médiatique de ce qui gagne à être vécu dans l’intimité des consciences et des proches.

Le déchirement des proches en question, entre eux, et tous ces pitoyables spectateurs qui se croient autorisés à choisir un camp comme s’il s’agissait d’un vote à l’Eurovision (où, toutefois, les minorités handicapées sont semble-t-il traitées avec davantage de dignité et de respect).

Choisir la femme contre la mère, choisir le bon sens pragmatique, le même qui préside à la rentabilisation des chambres d’hôpital de la start-up nation, plutôt que s’en remettre au destin avec humilité.

Peut-être que les uns ou les autres ont raison, à supposer que tout ceci soit affaire de raison, mais qui sont tous ces gens qui se croient habilités à juger ?

J’ai, pour la mère de Vincent Lambert, le même respect et la même admiration que j’ai pour cette autre mère qui a aidé son enfant en état végétatif à mourir.

Cela les regarde. Je conseillerais par conséquent volontiers aux donneurs de leçons de s’occuper de leurs fesses et de leurs propres enfants.

J’ai vécu, moi, de longues semaines nuit et jour en soins palliatifs où mon jeune mari mourait d’un cancer, et je sais qu’il existe autant de solutions et de vérités que d’individus et de situations affectives. Personne n’a le droit de prétendre savoir ce qui est le mieux pour Vincent Lambert, pas même en se fondant sur ses propres déclarations au départ, tant le ressenti d’un patient dans cette situation est lui-même soumis, au fil de son hospitalisation, à de profondes évolutions.

La seule solution digne, c’est l’intimité, l’humilité devant la vie et la mort, et chacun devant le secret de sa conscience.

La politisation à laquelle se livrent ici les tenants hystériques de l’euthanasie, au motif que les parents, malheur à eux, sont cathos tradi, est absolument répugnante de bêtise, de laideur et d’inhumanité. La plupart du temps, d’ailleurs, elle émane de nullipares sans âme.

Pour les autres, qui sont sincères et invoquent le droit de mourir dans la dignité, je demande alors au moins la décence de ne pas se donner ainsi en spectacle sur les réseaux sociaux.

Pendant ce temps, quelque part en France, on a ordonné de manière officielle et judiciarisée (ce qui est sûrement le plus abominable dans cette affaire) qu’un homme, depuis ce matin, ne soit plus alimenté ni hydraté.

Paix à son âme.

 Anne Sophie CHAZAUD

EN BANDE SON :

1 réponse »

  1. C’est très joliment dit, sur fond d’émotions. Je partage pleinement cette vision tolérante sur la fin de vie, mon âme et ma conscience n’étant pas reliés, moi non plus, aux réseaux sociaux.

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