Art de la guerre monétaire et économique

New York Times : « Être roi, c’est bien, mais être CEO, c’est encore mieux ! »

«Être roi, c’est bien, mais être CEO, c’est encore mieux, car il n’a jamais été aussi facile de diriger une entreprise. La vigueur de l’économie a stimulé les ventes. Les réductions d’impôts de Trump ont catapulté les bénéfices des entreprises. L’augmentation des rachats d’actions propres a propulsé le cours des actions à des niveaux record. « 

« L’écart entre ce que gagnent les CEO et ce que leurs employés rapportent à la maison ne cesse de se creuser. L’année dernière, les employés devaient attendre 100 ans avant de gagner la même chose que leur patron. Dans des cas plus extrêmes, il leur fallait même attendre 1 000 ans. 

Les CEO des sociétés américaines S & P 500 ont reçu une augmentation moyenne de 7 % l’an dernier. Cela correspond en moyenne à 800 000 dollars de plus. Qui retrouve-t-on en haut de la liste ? Le patron de Tesla, Elon Musk, avec 2,3 milliards de dollars. Il s’agit du plus gros package de salaire  de tous les temps.

De leur côté, les travailleurs américains ont dû se contenter l’année dernière d’une augmentation de salaire de 3,2 %, soit une moyenne de 84 cents par heure.  » NYT

https://apnews.com/1a68c31f2cb54b15af536cbe168442bf

Ray Dalio alias M. « Le capitalisme ne fonctionne plus »a été l’Américain le mieux rémunéré en 2018


Par Tyler Durden – Le 30 avril 2019 – Source ZeroHedge

Il y a moins d’un mois, le fondateur de Bridgewater Ray Dalio prévenait le monde qu’il fallait s’attendre à une « révolution » si les États-Unis ne parvenaient pas à résoudre leur problème d’inégalité des revenus. Il prétend également sans trêve que le capitalisme ne fonctionne plus. « Ne fonctionne plus », c’est-à-dire pour tout autre que Ray Dalio, qui a été l’année dernière le gestionnaire de hedge fund le mieux payé, selon DealBook, et comme les gestionnaires de hedge funds génèrent en général le plus fort revenu parmi les « travailleurs », il était logiquement l’Américain le mieux payé en 2018. Ceci exclut naturellement les plus-values et d’autres revenus extraordinaires. On estime donc que Dalio a gagné 2 milliards de dollars au cours des douze derniers mois, à comparer au 1,3 milliard de 2017.

À ce jeu, Dalio a battu d’autres célébrités comme Jim Simons de Renaissance Technologies, qui a gagné 1,5 milliard de dollars, Ken Griffin de Citadel, qui a gagné 870 millions, David Shaw de D.E. Shaw, qui a gagné 500 millions, Chase Coleman de Tiger Global Management, qui a gagné 465 millions, et Steve Cohen de Point72, qui a gagné un tout petit 70 millions (selon ses propres critères).

Bien sûr, cela soulève la question évidente de savoir si Dalio en fait assez pour réformer un système auquel il s’oppose.

« Comme la plupart d’entre vous le savent, je suis capitaliste, et pourtant je pense que le capitalisme ne fonctionne plus »a-t-il écrit sur Tweeter au début du mois d’avril. Puis il a défendu le modèle des hedge funds à NPR 1 la semaine dernière, déclarant : « Si vous deviez poser la question aux retraités et que vous demandiez à nos clients, qui sont des enseignants ou des pompiers, si nous avons contribué à leur bien-être, ils vous répondraient qu’ils contribuent plus – que nous y contribuons. »

Andrew Ross Sorkin 2 a demandé si Dalio fait de son argent ce qu’il prétend : « […] L’ampleur de la rémunération des gestionnaires de hedge funds soulève la question absolument fondamentale de savoir si le capitalisme ‘ne fonctionne plus’. Même si M. Dalio gardait pour lui 500 millions de dollars, le reste de son revenu pourrait offrir 150 000 dollars à 10 000 familles. »

Depuis un peu plus d’un an, Dalio avertit tous les journalistes qui veulent bien l’entendre que l’effondrement imminent du marché et le ralentissement économique, qui semblent toujours être à l’échéance d’un ou deux ans, accentueront l’effritement de notre système capitaliste qui se délitera au point où il se désagrégera, tout simplement. Les Banques centrales, déjà à court de munitions en raison de leurs programmes de stimulation d’avant-crise, seront impuissantes à nous sortir du précipice, et à cause de notre dette fédérale qui est déjà si lourde, le Congrès aura une marge de manœuvre minime pour nous sortir du pétrin (du moins, s’ils ne cèdent finalement pas aux sirènes de la MMT 3).

Mais dans son dernier essai de 18 pages intitulé « Pourquoi et comment nous devons réformer le capitalisme (Partie 1) », publié comme d’habitude sur LinkedIn, Dalio propulse son analyse catastrophiste jusqu’à la page 11, dépasse la rhétorique de justice redistributive de Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez et met le cap sur Lénine.

Selon Dalio, les failles du capitalisme nourrissent de telles inégalités entre riches et pauvres qu’à un certain point d’un avenir proche, le seul recours sensé pour les masses de pouilleux sera une révolution sanglante.

Pour étayer cette théorie, Dalio désigne des statistiques qui indiquent que les 60% d’Américains du bas de l’échelle sont progressivement distancés par les 40% du sommet en termes d’éducation, de mobilité sociale, de propriété, de revenu et, c’est fondamental, de santé. Les Américains qui gagnent le moins vivront probablement dix ans de moins que ceux qui gagnent le plus.

Dans ses précédents essais, Dalio avait mis en garde contre la menace du populisme économique, cette tendance contestataire qui a amené le Brexit et la stupéfiante victoire-surprise du Président Trump contre Hillary Clinton. Lui, il semble davantage s’identifier avec les populistes d’une autre origine : ceux de gauche, pour être précis. Toutes ces sources d’inégalité, affirme Dalio, constituent une « menace existentielle » pour l’économie américaine, qui ne pourra que s’envenimer à cause de la baisse de compétitivité vis-à-vis des autres nations et du « risque élevé de grave conflit ».

Il en profite pour s’absoudre, ainsi que ses potes milliardaires, de tout blâme pour cet état de choses et prétend que ce triste constat est simplement la conséquence d’un système mal conçu qu’on peut corriger, avec un peu d’effort. Ainsi, « ces résultats inacceptables ne sont pas dus à a. de méchants riches qui font de mauvaises choses aux pauvres ou bien à  des pauvres paresseux et des inefficacités bureaucratiques. Ils sont dus à la façon dont le système capitaliste fonctionne actuellement », écrit-il.

Peut-être sommes-nous de petits conservateurs démodés et pragmatiques, mais n’y a-t-il pas une légère hypocrisie, par ailleurs extrêmement commode, à appeler au socialisme l’année où le capitalisme a fait de vous la personne la mieux payée aux États-Unis ? Et, si nous nous trompons, pourquoi Dalio ne déverse-t-il pas ses milliards pour la cause qu’il plaide si bruyamment ?

Tyler Durden

https://lesakerfrancophone.fr/ray-dalio-alias-m-le-capitalisme-ne-fonctionne-plus-a-ete-lamericain-le-mieux-remunere-en-2018

9 réponses »

  1. J’ai postulé, il y a quelques années sur mon ancien blog que l’une des issues à la raréfaction des ressources (qui causerait inévitablement une crise des inégalités, simple logique) serait le syndrome « Elysium » tiré du film éponyme un peu raté mais qui dépeignait une société ou les riches avaient abandonné la terre dévastée aux « pauvres » et c’étaient construit une arche en orbite avec les ressources restantes.
    C’est peut être digoulas du point de vue humain, mais du point de vue évolutif, c’est une solution pour préserver l’espèce. Je ne sais pas si c’est ce qui est en train de se passer réellement (il y a d’autres explications possibles) mais ça y ressemble quand même fortement.
    Donc, peut-on dire que le « capitalisme ne fonctionne plus » ? pas sous l’angle que je proposes, au contraire, il est bigrement efficace.
    L’avenir dira si c’était la bonne hypothèse.
    Il y a un truc bizarre avec cette crise de 2008 qui n’en finit pas. TOUT LE MONDE annonce une nouvelle poussée de fièvre imminente. Et bizarrement, plus je l’entends partout, moins j’y crois (il y a un coté Cassandre quand les prédictions deviennent unanimes), et plus je me dis : on est passé dans un autre mode de fonctionnement, il n’y aura plus de crise, le système ne peut plus se le permettre car il n’y survivrait pas. Donc les crises seront toutes étouffées dans l’oeuf. On n’aura pas d’autre 2008 car c’était la dernière crise, la crise permanente.
    Encore une fois, simple hypothèse. Je n’ai pas de boule de cristal.
    B Bertez semble se rapprocher de cette analyse « crise sans retour » sauf que pour lui, à un moment, ça va être l’hyperinflation (salariale) ou la déflation (des actifs) pour réconcilier l’écart en salaire et valeur des actifs.
    J’en doute. J’aimerais avoir d’autres avis sur la question.

    • Ne pas regarder le présent à la lumière du passé mais comprendre que nous sommes déjà rentrés non pas dans pas dans un nouveau cycle mais dans une nouvelle ère et que nous vivons les soubresauts d’un monde finissant sans pour autant percevoir clairement les fondations de celui qui arrive. Se méfier des malthusiens et autres déclinistes qui pullulent en ces temps chaotiques.

      • Pourquoi se méfier des malthusiens ? j’en suis un moi même, disons, un « modéré » : je ne considère pas qu’il y a une limite fixée absolu, mais, il y a une limite à technologie constante (donc une limite relative). Toute la question, c’est de savoir si nous sommes capable de franchir les mur malthusiens successifs. Il y a eu des épisodes ou on a réussi, et d’autre ou l’on a échoué. Je ne crois pas qu’on puisse fixer comme règle qu’on va forcément réussir à chaque fois, ni même qu’on va échouer à la prochaine.
        Comme règle empirique, je pense qu’on doit à avoir un mur malthusien chaque fois que la population de la terre fait entre X2 et X10 …
        Je crois qu’en ce moment, on est proche du prochain seuil, et c’est pour ça que je surveille de très près les avancées technologiques, notamment dans le domaine de l’énergie (par exemple les startups sur la fusion aux USA, entre autres – le graphène aussi, l’IA).
        Rien ne dit qu’on va échouer, rien ne dit qu’on va réussir. Mais, m’est avis que c’est une course contre la montre.
        Ce n’est pas qu’une théorie personnelle, il y a des chercheurs qui publient sur le sujet et essayent de savoir ou en es.
        Je pense que la grille politico-économique est incomplète sans la grille énergétique.
        🙂
        Ceci dit, ça m’intéresse de savoir ce que vous entendez par « méfiance » envers les malthusiens / décliniste ? (si vous parlez de ceux pour qui l’effondrement est inévitable, alors oui – je suis d’accord)

        • Le gros apport des GRECS et de Nietzsche c’est d’avoir compris et conceptualisé la non linéarité du temps. Le temps n’est pas linéaire comme s’acharnent à nous le faire croire les 1ers pères de l’église depuis 2000 ans mais cyclique. Si vous raisonnez cyclique vous comprenez alors que le paradoxe dirige le monde, si vous raisonnez linéaire vous demeurez binaires et voyez le monde comme une opposition permanente entre le bien et le mal, le blanc et le noir, Dieu et Satan et in fine vous pensez aussi qu’a une croissance débridée doit répondre une décroissance Malthus maîtrisée ce qu’elle n’est jamais. La croissance c’est la promesse laïque d’une multiplication des pains sur terre, la décroissance c’est la punition divine de l’homme du trop par le pas assez ! La revanche des peines à jouir sur les jouisseurs tout azimut. C’est pourquoi il nous faut aller au delà du bien et du mal et sortir de la posture moralisatrice pour comprendre enfin comme fonctionne le monde et non pas comme nous voudrions qu’il fonctionne sachant qu’il se passe très bien de notre avis ! L’ordre et le désordre tout comme l’entropie et la néguentropie participent de la construction du monde et non à sa chute !
          C’est pourquoi décliniste comme collapsologue ont plus vertu à détester l’homme que vice à l’aimer !

          • Bravo.
            Vous avez mis en lumière un reste de pensé sémitique chez moi.
            Merci.
            M’est avis que vous devez vous sentir bien seul parfois …

            • Pas si seul qu’il n’y parait car je me considère comme un exégète qui voit dans la culture post-moderne un formidable vivier où les spectres de la Tradition, malmenés par des siècles de scientisme, sont revenus à la vie ! Effectivement ce n’est pas très tendance mais cela a le mérite d’aider à y voir clair …

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