Art de la guerre monétaire et économique

Opération Overlord : Le jour où nous sommes devenus Américains ! Le 6 Juin de la Vassalisation !

Le jour où nous sommes devenus Américains !

« Une fraîcheur de vivre. Un goût très frais. Voici 75 ans, aujourd’hui, que nous ruminons cette nouvelle friandise venue d’Amérique, cette pâte molle qui a su nous transformer, peu à peu, en mâcheurs de « chewing-gum ». Voici 75 ans que nous sommes devenus Américains !

D’une occupation subie, la France est passée sous une tutelle culturelle consentie. 
Celle que La Boétie, en son temps, appelait la servitude volontaire. Cette fatigue de soi-même qui pousse à laisser son destin à d’autres, à trouver le nouveau monde plus beau que le sien, plus beau que l’ancien. À troquer maris et foyers pour un beau GI. À laisser l’estafette familiale pour une Jeep ouverte à tous les vents. À confier aux anciens combattants les hymnes patriotiques pour danser le charleston et, bientôt, le rock’n’roll. À oublier les vieux vins pour boire son Coca, à changer ses vieux habits pour le jean boyfriend, à grimer saint Nicolas en père Noël et à donner aux petits du baby-boom des prénoms américains.

Nous ne sommes pas sortis, 75 ans après, de cette nouvelle vague venue du Nouveau Monde. Nous n’avons cessé, depuis, d’être toujours plus Américains, dans nos goûts, nos comportements, nos langages et nos têtes. La France est devenue la 51e étoile du drapeau américain, et le Vieux Continent les États-Unis d’Europe.

75 ans après, le constat est là : nous avons, volontairement, perdu de notre liberté, de notre identité, de notre souveraineté. Non par la volonté des soldats de la liberté, mais par la nôtre. L’Europe, la France, les peuples craquent sous le poids qu’ils se sont imposés de ne plus être eux-mêmes. » François Marie

Le 6 Juin de la Vassalisation ! Par Michel Onfray

Ce 6 juin 2019, la ville de Caen est morte – c’est finalement une bonne façon de commémorer le 75ème anniversaire du Débarquement vu l’état dans lequel l’armée américaine a laissé la ville avec ses tapis de bombes, une stratégie militaire dont quelques historiens commencent à dire à bas bruit qu’elle n’était peut-être pas vraiment la meilleure. De fait! Car un patrimoine historique incommensurable, des musées considérables, des œuvres d’art inappréciables, des archives inestimables, des bâtiments historiques et des constructions médiévales et renaissantes irremplaçables, mais aussi et surtout vingt-mille morts civils – sept fois les Twin Towers: voilà ce qui a disparu dans cette tragédie dont des journalistes crétins expliquent aujourd’hui qu’elles visaient à rendre les gares inutilisables pour les allemands! Après avoir collaboré bien tranquillement deux ans avec les nazis en vertu du Pacte germano-soviétique qui liait Hitler et Staline, leur dieu vivant, les communistes s’étaient découverts une âme de résistant dès le lendemain de l’opération Barbarossa qui nomme la rupture unilatérale de ce pacte par Hitler qui envahit l’URSS le 22 juin 1941. En 1944, le rail français aurait pu être saboté par des communistes enfin devenus résistants, sans qu’il en coûte 20.000 morts à la population civile normande.     

Encore un effort et dans soixante-quinze ans, le Christophe Barbier du moment  expliquera sur le BFM du moment, avec la Ruth Elkrief du moment qui opinera du chef, comment le meilleur moyen d’obtenir les marchés pour la reconstruction d’une ville c’est d’abord de la détruire. Idem avec une région. Peut-être aussi disposerons-nous des détails qui nous permettraient de comprendre pourquoi la première vague de ce débarquement s’est effectuée sans blindés mais avec des barges qui, en s’ouvrant, ont offert la poitrine de vingt-mille gamins au feu allemand.

Les télévisions ont passé en boucle des images du Jour le plus long, une fiction qui a imposé le récit légendaire d’un Débarquement dans lequel cette guerre pourtant dire « mondiale » oppose les bons Américains aux mauvais nazis avec en prime une France ridiculisée représentée par un maire résistant accueillant les soldats une bouteille de champagne à la main: un acteur choisi pour produire l’effet qu’on imagine puisqu’il s’agissait de… Bourvil, bien connu pour ses rôles de nigaud et de benêt!

Ici, en Normandie, depuis cette date, les officiels de la région, les responsables du tourisme et la classe politique dans son entier parlent anglais. On ne dit pas « Jour J », on dit « D-Day ». De même, on dit « Overlord », mais pas « Suzerain ». Dommage, car, le dire en français, c’est expliquer ce que fut véritablement ce 6 juin 1944: une opération militaire revendiquée par les États-Unis comme une vassalisation. Il suffit juste d’avoir un petit dictionnaire français-anglais comme en ont les touristes pour écrire correctement l’Histoire. Mais, pour ça, il faudra probablement aussi attendre soixante-quinze ans.

Pourquoi toujours dire « Overlord » et jamais « Suzerain »?

Qu’est-ce qu’un suzerain? L’étymologie renvoie à une relation féodale de soumission entre le suzerain qui commande et son vassal qui est commandé. L’AMGOT témoigne que, bien évidemment, le pays suzerain, ce sont les Etats-Unis, et le pays vassal, c’est la France. Que signifie AMGOT? C’est l’acronyme de Gouvernement militaire allié des territoires occupés, en anglais Allied Military Government of Occupied Territories.

Quel était son programme? Administrer le pays en recyclant les préfets vichystes, parce qu’ils étaient anticommunistes, donc de confiance pour eux, afin de transformer la France en province gouvernée par les Américains. Des officiers américains et anglais ont été formés dans des universités à cet effet. Une monnaie a été frappée. De Gaulle a fait savoir qu’il n’est pas question que les Etats-Unis administrent la France. Il gagne son bras de fer le 23 octobre 1944 quand le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) est reconnu de jure par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Union soviétique. La France a ici aussi gagné une bataille, mais elle n’a pas gagné la guerre. Voilà pour quelle raison, tant qu’il a été au pouvoir, le général de Gaulle n’a pas commémoré le Débarquement car il savait, lui, « qu’Overlord » signifiait « Suzerain » et qu’il n’était pas question pour la France de célébrer une opération militaire qui se proposait clairement la vassalisation de la France par les Américains.
Pour les vingt ans de la commémoration de ce jour-là, Pompidou veut faire changer d’avis le général de Gaulle qui ne souhaite toujours pas s’y rendre. Pour quelles raisons? Alain Peyrefitte les rapporte:

« Vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays? Non, non, ne comptez pas sur moi! Le Débarquement du 6 juin a été l’affaire des Anglo-Saxons, d’où la France a été exclue. Ils étaient bien décidés à s’installer en France comme en territoire ennemi! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s’apprêtaient à le faire en Allemagne! Ils avaient préparé leur AMGOT qui devait gouverner souverainement la France à mesure de l’avance de leurs armées. Ils avaient imprimé leur fausse monnaie, qui aurait eu cours forcé. Ils se seraient conduits en pays conquis.  C’est exactement ce qui se serait passé si je n’avais pas imposé, oui imposé, mes commissaires de la République, mes préfets, mes sous-préfets, mes comités de libération! Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays? Non, non, ne comptez pas sur moi! Je veux bien que les choses se passent gracieusement, mais ma place n’est pas là! » (Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, Tome 2, pp.84-87)

C’est en effet de Gaulle qui interdit aux Américains de s’installer sur le territoire français. Car, contrairement à l’idée reçue que les Américains aimaient tellement la liberté qu’ils sont venus nous aider gracieusement, généreusement, bénévolement, idéalement, les Américains sont entrés en guerre non par amour de la liberté, encore moins pour sauver les Juifs des camps de la mort, ce dont ils avaient pourtant connaissance mais dont ils se moquaient comme d’une guigne, mais parce qu’Hitler leur a déclaré la guerre le 11 décembre 1941. Dès lors, il valait mieux pour eux venir régler le problème en Europe et ne pas attendre que le III° Reich dispose de la bombe atomique et des avions à réaction auxquels son complexe militaro-industriel travaillait, car ce matériel aurait permis au Reich de frapper les Etats-Unis sur leur sol. Le Débarquement n’eut pas lieu par amour de la liberté, ainsi qu’il fut dit par Macron & Trump comme larrons en foire, et relayés par Ruth Elkrief avec gravité, mais parce que les Etats-Unis voulaient d’abord en finir avec Hitler qui leur avait déclaré la guerre avant d’aller ensuite jusqu’à Moscou afin d’en finir avec le régime soviétique. On sait que les partisans d’un arrêt de la guerre avec la chute de Berlin et le partage du monde qui s’en est suivi ensuite avec Yalta – dont la France était exclue…- ont gagné. Le combat contre l’Empire bolchevique s’est ensuite poursuivi sous forme de guerre froide, on connaît l’histoire.

Mais qui, alors, initie la commémoration du 6 juin 1944, ce grand moment de l’histoire de France dans lequel les Etats-Unis se proposent de vassaliser le pays? Réponse: François Mitterrand…

Il n’est pas étonnant que cet homme qui, avant guerre, fut proche de la Cagoule – un mouvement d’extrême-droite – , qu’on vit le 1er février 1935 manifester sur une photo en compagnie de gens qui portent une banderole « Contre l’invasion des métèques » – reproduite dans le cahier photos de Pierre Péan, Une jeunesse française: François Mitterrand. 1934-1947 (Fayard); qui reçut la francisque des mains même du Maréchal Pétain mi-1943 – photo dans le même cahier…- , qui fut maréchaliste, vichyste, avant de devenir giraudiste, autrement dit affilié à ce général qui était l’homme de paille des américains; puis qui fut résistant de la vingt-cinquième heures après que la victoire soviétique de Stalingrad eut montré que la guerre était finie – il n’est donc pas étonnant, dis-je, que cet homme ait jubilé d’incarner la seule ligne à laquelle il fut fidèle dans sa vie politique, à part l’amour de lui même: la haine du général de Gaulle.

C’est pour le quarantième anniversaire du Débarquement que François Mitterrand invite donc Ronald Reagan à commémorer l’événement. Lors de son allocution d’Utah Beach, il va jusqu’à dire: « Saluons les morts allemands tombés dans ce combat »… Qu’avait donc dans la tête François Mitterrand pour fêter ce projet américain de vassaliser la France, pour omettre sciemment le nom du général de Gaulle qui fit échec à ce projet, et pour en profiter pour saluer les soldats nazis? On est en droit de se le demander…

Cette célébration avalise donc la version cinématographique du Jour le plus long qui est un film de propagande. C’est la fiction américaine, le récit américain, la légende américaine, le mythe américain avalisés par la France qui, plus que jamais, s’accepte, s’aime et se veut en Bourvil débile et aviné, niais et crétin, ne comprenant rien à rien, le béret vissé sur le crâne et rigolant bêtement au spectacle de la virilité martiale américaine. Cette version désormais fait la loi.

 

Pour que cette fiction s’impose, il faut effacer ce qui fut: la légende écarte les faits. Or, les faits sont têtus: cette guerre fut mondiale, elle n’opposa pas seulement les Américains et les Allemands au dessus de la tête bourvilesque des Français. L’historien caennais Claude Quétel, qui fait parler de lui ces temps ci avec un livre sur la Révolution française en disant qu’elle a été complètement inutile, délivrait ses oracles sur BFM. A une journaliste qui lui demandait combien de pays avaient été engagés dans ce conflit, il a répondu… trois! On comprend que cet homme ait pu, pendant treize années présider à la direction scientifique du Mémorial dit « pour la paix » qui est une grande machine à produire et entretenir le mythe américain en partie avec l’argent du contribuable.  Que Claude Quétel ait publié Le Débarquement pour les nuls en 2014 laisse croire qu’il n’a pas lu – disons pour être charitable: relu – son livre!

Car cette guerre est le fait d’Alliés que sont donc, au-delà des seuls Américains,  des Britanniques, des Canadiens, des Australiens, des Néo-zélandais, des Polonais, des Belges, des Tchécoslovaques, des Néerlandais, des Norvégiens, des Français aussi avec le Commando Kieffer.

Il n’y eut pourtant de vedettes, ce 6 juin 2019, que les Américains. Les décorations de la Légion d’honneur ne sont allées qu’à des Américains. N’y avait-il aucun Polonais, aucun Canadien, aucun Britannique, aucun Néo-zélandais pour la mériter? Aucun Belge? Aucun Australien? A moins que le stock n’ait pas été suffisant pour cause d’une pénurie due aux récentes et généreuses distributions à l’équipe de football française – y compris aux remplaçants qui n’ont pas joué… 

Dans son discours lu comme un élève de la classe de théâtre de madame Trogneux, Macron n’a pu s’empêcher, arrogant et suffisant, de donner des leçons à Trump en lui faisant savoir que « l’Amérique n’est jamais aussi grande que quand elle se bat pour la liberté des peuples », autrement dit: quand elle ne construit pas des murs pour se protéger de l’immigration mexicaine.

Le discours était rédigé pour le trémolo. La plume obscure du Président s’est essayée à un pastiche de Malraux, mais la pléthore d’adjectifs et l’enfilage d’images qui convoquent les cimes et les abîmes, les brumes et le sang ne suffisent pas à faire un style qui porte et transporte. Lire un texte qui singe Malraux ne transforme pas de facto son lecteur en général de Gaulle. D’autant que le comédien a trébuché sur le texte, à moins que le nègre ait été fautif: Macron a en effet parlé de la « poche de la falaise ». Soit il y avait la bonne expression, « poche de Falaise », et il a cru que l’article manquait avant de l’ajouter, soit l’article manquait et sa méconnaissance et son inculture n’ont pas suppléé la faute du scribe. Dans les deux cas, c’était fautif. 

Le midi, de mon bureau, j’ai vu passer les hélicoptères de Trump. Aucun hélico polonais, canadien, etc, bien sûr. Je les ai également vus rentrant de Colleville en direction de la cantine de la préfecture. Cette fois, l’armada de Trump précédait le carrosse à pales de Macron.

La ville était vide, comme après une explosion nucléaire. Le dispositif policier était hollywoodien. Au pied de chez moi existe un collège dont la sonnerie a été remplacée par des musiques choisies par les élèves – démagogie participative oblige. Ce jour, la musique n’était pas La Panthère rose, comme c’est parfois le cas, mais les trois coups de l’annonce d’Ici-Londres (la radio… gaulliste!) suivis des vers de Verlaine, Les sanglots longs (jamais utilisés dans la Résistance en Normandie, mais dans le centre de la France).

Sur la côte, des crétins faisaient semblant de jouer à la guerre, habillés en soldats et conduisant des jeeps de collection, des enfants étaient eux-aussi déguisés en guerriers. On m’a dit que des petits malins facturaient bonbon un tour en blindé. Obscène. Des bières, des mugs, des t-shirts, des porte-clés, des bibelots qui marchandisent la mort des jeunes soldats venus mourir sur le sol normand montrent qu’après de Gaulle et grâce au socialisme mitterrandien qui a décrété licite le règne de l’argent, les Etats-Unis ont gagné: sur notre territoire national, tout se vend, tout s’achète, on peut faire de l’argent avec tout, rien n’est plus sacré puisqu’on peut même désormais acheter et vendre des enfants tout en passant pour un progressiste.

Ce 6 juin 2019, à Colombey-les-deux-Eglises, j’en connais un qui doit se retourner dans sa tombe… 

Michel Onfray

https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/le-6-juin-de-la-vassalisation?mode=text

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