Allemagne

Deutsche Bank : une fin dramatique vaut mieux qu’un drame sans fin

Deutsche Bank : une fin dramatique vaut mieux qu’un drame sans fin

La Deutsche Bank, en difficulté, a annoncé dimanche qu’elle procéderait au licenciement de 20 000 personnes sur ses 91 500 employés, et au transfert de 50 milliards de prêts douteux à une « structure de défaisance » (‘bad bank’). Divers médias spécialisés en font état.

Les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent jamais à la Deutsche Bank. Les investisseurs comptaient sur la banque – qui a enregistré des pertes sur 3 des 4 dernières années – pour publier à nouveau des chiffres positifs cette année. Mais le bénéfice escompté, estimé à 1 milliard d’euros, menace de faire place à une perte de 3 à 5 milliards d’euros. La Deutsche Bank envisage même de réduire sa réserve de fonds propres pour contribuer au financement de sa restructuration en profondeur. Un nouveau tour de table pour lever des capitaux semble hors de question, car il diluerait trop l’actionnariat.

La Deutsche Bank est en difficulté depuis des années. Le fait que l’entreprise ait épuisé cinq CEO différents depuis 2012 est très révélateur. Outre ses résultats financiers décevants de ces dernières années, la Deutsche Bank a surtout été touchée ces dernières années par les fréquentes amendes qui lui ont été infligées et les nombreux scandales dans lesquels elle a été impliquée… L’économiste en chef du FMI, Simon Johnson, a même qualifié la Deutsche Bank de « banque la plus dangereuse du monde » au lendemain de la crise financière. Une fusion avec la banque allemande Commerzbank devait apporter un soulagement, mais ne s’est finalement pas concrétisée.

Deutsche Bank ou « Bad Bank » ?

La banque souhaite également placer entre 30 et 50 milliards d’euros de créances irrécouvrables dans une structure de défaisance (aussi appelée « bad bank »). Il s’agit d’une structure d’entreprise qui isole les actifs risqués pour permettre à la banque de se concentrer sur les éléments qui donnent de bons résultats.

La part de Deutsche Bank a perdu 25 % de sa valeur l’année dernière, contre une perte moyenne de 15 % pour ses concurrents européens. La semaine dernière, la Deutsche a passé avec succès les « stress tests » pour les banques américaines, mais cela ne change rien à la rentabilité de la banque. Les Allemands ont donc peu d’options.

Les initiés font état d’un « massacre » au sein de la division de banque d’investissement. Le siège américain de la banque à Wall Street devrait être vendu ou cédé. Mais au total, 1 employé sur 5, voire 1 sur 4, se retrouverait à la rue. Christian Sewing (photo ci-dessus), CEO de la banque depuis un an, opte donc pour la douleur à court terme et souhaite se concentrer sur la banque de détail et la gestion d’actifs. Lieber ein Ende mit Schrecken comme ein Schrecken ohne Ende (‘une fin dramatique vaut mieux qu’un drame sans fin ») n’est peut-être pas un proverbe allemand par hasard.

Les clients institutionnels retirent 1 milliard de dollars par jour de la Deutsche Bank

Par Dominique Dewitte fr.express.live 2 min 17/07/2019

Renaissance Technologies (Ren Tec), l’un des hedge funds (‘fonds spéculatifs’)  les plus performants au monde, a commencé à retirer ses liquidités de la Deutsche Bank il y a deux semaines. Cela s’est passé des jours avant que la banque annonce son plan de restructuration le plus récent et le plus ambitieux. Deux semaines plus tard, de nombreux clients semblent suivre Ren Tec. Selon l’agence de presse Bloomberg , nous assistons à un « bank run » (‘ruée bancaire’) institutionnel, les clients retirant 1 milliard de dollars par jour de la banque. Il s’agit généralement de hedge funds, rapportent les initiés.

Pour stopper l’hémorragie, Deutsche étudie la possibilité de transférer 200 milliards d’euros d’argent liés aux hedge funds à la banque française BNP Paribas. Des centaines d’employés de la division prime brokerage de Deutsche et de la technologie associée sont censés effectuer le changement, ont rapporté les deux banques dans un communiqué de presse conjoint le 7 juillet.

Un département de prime brokerage travaille principalement avec des hedge funds. Il le fait en fournissant de l’argent et des titres (actions, obligations, options et contrats à terme). En outre, la banque gère également leurs ordres d’achat et de vente.

Le fait qu’un milliard de dollars de fonds soient prélevés quotidiennement à la Deutsche Bank ne facilite pas les négociations entre Francfort et Paris, dit Bloomberg. Les clients préfèrent généralement choisir eux-mêmes à qui ils confient leur argent. L’objectif ultime des négociations reste la reprise par la BNP de la majorité des clients restants et de leurs fonds. Le total s’élèverait à un peu moins de 200 milliards de dollars.

Depuis le début de l’année, les montants détenus par les hedge funds de Deutsche n’ont cessé de diminuer. En particulier, lorsque des rumeurs concernant une restructuration de la division banque d’investissement ont commencé à se manifester. Mais jusqu’ici, ces transferts étaient bien inférieurs à 1 milliard de dollars par jour. Ce qui se passera si cette ruée bancaire institutionnelle se poursuit ne deviendra clair que dans les prochains jours.

Deutsche Bank et la ressemblance effrayante avec Lehman Brothers

La Deutsche Bank, en difficulté, a annoncé au début de ce mois qu’elle licencierait 18 000 de ses 91 500 employés et transférerait 74 milliards d’emprunts douteux à une « bad bank ». La banque est en difficulté depuis des années. Le fait que l’entreprise ait épuisé cinq PDG différents depuis 2012 en dit long. Outre ses résultats financiers décevants, la Deutsche Bank s’est surtout fait remarquer ces dernières années par les amendes fréquentes qui lui ont été infligées et les nombreux scandales dans lesquels elle a été impliquée….

Au cours de la dernière décennie, le cours des actions de la Deutsche Bank est passé de 90 à 7 euros. Si d’autres banques ont pu se redresser raisonnablement bien après la crise financière de 2008, cela n’a jamais été le cas à la Deutsche Bank. Le graphique ci-dessous montre également l’effrayante similitude des évolutions de cours entre la Deutsche Bank et la Lehman Brothers Bank. Cette dernière banque s’est effondrée en septembre 2008. Elle a ainsi marqué le coup d’envoi de la « Grande Récession », que les banques et les banquiers ont rapidement personnifiée.

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