Art de la guerre monétaire et économique

Nouvelle traite humaine : le Capital et ceux qui le servent Par Regis de Castelnau

Nouvelle traite humaine : le Capital et ceux qui le servent

À la suite des incidents consécutifs aux victoires de l’Algérie dans la coupe africaine des nations et de l’envahissement par des travailleurs clandestins du Panthéon, j’avais publié un petit statut agacé sur Facebook. Qui m’avait valu des soutiens et quelques insultes, l’accusation de « rouge brun » revenant le plus fréquemment. Je vais donc publier ici ce « statut/mouvement d’humeur » en rappelant tout d’abord que j’ai toujours soutenu l’équipe d’Algérie de foot. Et en particulier à la coupe du monde 1982 de triste mémoire, quand elle fut victime d’une tricherie éhontée des équipes d’Allemagne et d’Autriche (tiens tiens…) qui naturellement ne fut suivie d’aucune sanction de la FIFA. Et en rappelant également que je considère que les « migrants » sont d’abord et avant tout les victimes d’un trafic odieux, voulu et organisé par l’alliance de l’oligarchie néolibérale et de la « gauche du capital » comme l’appelle Jean-Claude Michea.

« L’Algérie gagne un match de foot (aux pénos en plus, pas glorieux) c’est le prétexte pour des émeutes, des pillages, et des rodéos mortels dans les rues des villes françaises. Le tout en brandissant les drapeaux d’un pays étranger.

Normal quoi.

Imaginons une seconde faire la même chose dans les rues d’Alger. Les autorités algériennes seraient fort normalement contrariées. La population aussi. Les petits malins qui s’amuseraient à ça auraient intérêts à numéroter leurs abattis, et courir vite, très très vite.

Des clandestins illégalement en France donc délinquants, « exigent » de rencontrer le Premier Ministre pour « exiger » d’être régularisés. Ben ouais. Alors ils envahissent le Panthéon.

Ils profanent un cimetière, qui contient les restes des héros de la Nation Française et que celle-ci a entendu spécialement honorer. Un des lieux les plus sacrés de la République.

Normal quoi.

Imaginons des étrangers en situation irrégulière envahir le cimetière d’Arlington en Virginie en « exigeant » de rencontrer le Président US pour « exiger » qu’on leur délivre une carte verte. Ou bien le Mausolée de Lénine sur la place Rouge. On pourrait avoir quelques inquiétudes sur ce qui risquerait de leur arriver. Dans le meilleur des cas ce serait un séjour carcéral conséquent dans un établissement dont tout le monde a entendu parler du confort.

Au lieu de cela chez nous un vague froncement de sourcil et le soutien des belles âmes dont c’est le métier. Bons les émeutiers et les clandestins ne sont pas fous, ils n’ont pas mis de gilets jaunes, sinon ils se seraient fait défoncer. Ils le savent. Badiou leur a expliqué les GJ c’est tout des nazis.

« Mais dis donc, tu es racissse toi ! Tu n’es plus solidaire des justes luttes des larges masses.

– oh non pas racissse et toujours solidaire. Mais là j’ai pas trop vu de larges masses. Et j’en ai beaucoup marre qu’on s’essuie les pieds en permanence sur mon pays. Je me sens humilié qu’on le traite de cette façon et par la veulerie de ses dirigeants. Et être humilié j’aime pas trop. C’est con hein ? »

Je ne le rédigerais pas nécessairement comme cela aujourd’hui. Tout d’abord l’accident mortel de Montpellier semble sans lien avec le bazar post-football, et la dimension provocatrice et profanatrice s’est encore aggravée après la victoire (largement méritée) de l’Algérie contre le Nigéria. Ensuite l’initiative du Panthéon a été organisée par des irresponsables qui dans leur souci compulsif de prendre la pose, ont exposé les sans-papiers. Enfin j’insisterais plus sur ce qui était l’objet de mon statut : la complaisance du pouvoir et des belles âmes face à ces provocations.

Mais comme sur ces questions les malentendus peuvent rapidement survenir, je vais continuer mon petit patchwork en relayant un texte qui me semble coller à ma propre analyse. Cela me dispensera de me défouler sur l’imposture Rackete, vulgaire trafiquante de main-d’œuvre financée par le Capital pour faire un sale boulot. La télévision allemande vient de cracher le morceauen montrant à quel point toute cette opération était purement et simplement un montage. Cette dame ne sauve personne, elle est le dernier maillon de la nouvelle traite humaine, et se sert d’un chantage à l’émotion mensonger, qui masque le sort futur des malheureux qu’elle va chercher près des côtes libyennes pour les débarquer ensuite en Italie pour qu’ils soient pris en charge par les mafias locales et deviennent les victimes des pires trafics : exploitation esclavagiste pour les hommes et prostitution pour les femmes.

Négriers d’une nouvelle traite ?

Présentation de ce texte par l’un de mes amis Facebook

Ce très bon commentaire d’un ami professeur de philosophie. Je ne suis pas marxiste, dans la mesure où je n’adhère pas aux « solutions » préconisées par Marx (sa philosophie est tout sauf abstraite, mais au contraire très concrète, programmatique), mais force est de reconnaître qu’une lecture marxienne serait la bienvenue ! Celle-ci permettrait à nombre de nos gauchistes d’opérette de réaliser que ce qu’ils défendent est l’hyper-libéralisme, voire le libertarianisme, ce qui ne peut pas être plus opposé à la vision de Marx ; vision tout de même d’une puissance intellectuelle impressionnante pour comprendre comment notre société fonctionne.

J’ajouterais plus précisément une dimension qui n’est soulevée qu’en filigrane dans le texte qui suit : cette mise en concurrence victimaire des communautés permet aussi de casser les solidarités nationales, y compris du point de vue culturel, en fragmentant les sociétés, chaque « communauté » pensant à ses intérêts de groupe au mépris du Bien commun, brisant à l’avenir toute velléité de résistance publique face à des multinationales dont la puissance, par le truchement de cette supercherie qu’est le droit du commerce international, se trouve décuplée et bien plus grande que nombre d’États.

« Je ne sais si les négriers étaient applaudis par la noblesse et la bourgeoisie naissante au XVIIe siècle, mais il est sûr que ceux du XXIe sont ovationnés par la bourgeoisie dominante de notre époque. Mais pas pour les raisons morales affichées, mais plutôt pour des raisons matérialistes. Ces auxiliaires des mafias de passeurs ne font que participer à un commerce d’êtres humains, en effectuant la dernière étape du business pour eux.

Nous savons que les passeurs amènent en bateau les migrants au large des îles italiennes, pour ensuite les transborder dans des canots et ainsi justifier l’intervention des ONG financées par le Grand Capital.À grands coups de pathos et de moraline lacrymale, on recouvre cette odieuse exploitation mafieuse de la misère humaine de généreuses couches d’humanisme hypocrite.

Et on nous présente comme héroïques, les dealers de force de travail pas chère et docile. Pour justifier et encourager leurs activités.Cela ne signifie pas qu’il faut arrêter les « sauvetages » en mer. Mais pourquoi faire débarquer ces gens en Europe ?Cela ne fait qu’encourager les mafieux à continuer ce business lucratif. Si les migrants étaient débarqués sur leurs lieux de départ, les flux ralentiraient, faute d’opportunités. Nous avons là un retournement dialectique complet, où l’abject est travesti en vertueux, par la magie du discours performatif.

Mais qui soutient cela ?

Il y a, bien sûr, les petits esprits trop faibles pour sortir de l’empire des émotions, et qui sont aisément manipulables par le truchement d’une agit-prop destinée à les persuader par le pathos. Mais ce ne sont que des idiots inutiles.Non, les véritables auteurs sont les membres de la classe dominante : la bourgeoisie libérale mondialisée.

Comme je l’ai dit dans un précédent texte, j’ai montré que dans les métiers pas ou peu qualifiés et éreintants, le salaire proposé était dérisoire, compte tenu des profits réalisés, ce qui provoquait une pénurie de main-d’œuvre locale, celle-ci, vivant dans une société d’abondance, sait que cela relève de l’exploitation quasi-féodale, et refuse donc de vivre pour travailler pour le profit d’un seul : l’exploitant/exploiteur. Or, plutôt que d’augmenter les salaires à un niveau décent, donc sacrifier du profit, la classe bourgeoise va plutôt jeter son dévolu sur une armée de réserve : les migrants. La même bourgeoisie, qui a fait fortune en exploitant les ressources du tiers-monde, avec la complicité de la bourgeoisie compradore locale, au nom du libéralisme, et de son laisser-faire, laisser-aller, laisse venir à elle les miséreux qu’elle a elle-même fabriqués, pour les exploiter, non plus à l’autre bout du monde, mais sur son sol national. Elle bénéficie ainsi d’une main-d’œuvre pas chère, docile et surtout déracinée.

De pauvres âmes qui vont avoir leur énergie vitale siphonnée contre une poignée de miettes, pour le plus grand bénéfice de nos généreux humanistes.Ces gens, vivant dans la menace permanente de l’expulsion et sans accroches telluriques dans le pays pour s’organiser, sont totalement inféodés à leurs patrons. De plus, étant mis en concurrence avec la main-d’œuvre locale, dans une situation de chômage de masse, cela contribue à augmenter ledit chômage et à la baisse des salaires. Plus le décalage culturel qui mène automatiquement à des tensions communautaires, source de violence dans la société.

Mais le bourgeois n’en a cure, il ne voit que son intérêt boutiquier immédiat et personnel. Il voit des saisonniers, des serveurs, des livreurs, des femmes de ménage, des plongeurs, des balayeurs, des manutentionnaires, disponibles en grand nombre, pour un faible coût, dociles, peu ou pas syndiqués, et surtout : corvéables à merci. Voilà pourquoi nos trop chères élites nous sortent les violons du pathos, pour faire pleurer dans les chaumières, sur la question des migrants. Derrière l’illusion pathétique et émotionnelle, il y a la réalité économique : exploiter la misère du tiers-monde, contribuer à la misère des travailleurs français, le sacro-saint marché qui met en compétition les pauvres entre eux, pour le plus grand profit des sangsues improductives, qui règnent sur notre société marchande.

Mais l’hypocrisie et le discours officiel sirupeux de bons sentiments de notre société empêchent d’assumer publiquement ce fait. Donc il faut recouvrir cela d’un prétexte humaniste, pour faire passer l’ignominie pour de la bienfaisance. Ce ne sont pas des héros, mais des collabos.

Des collabos de l’esclavage moderne. »

16 millions d’esclaves dans le monde fabriquent nos marchandises

Par Arnaud Lefebvrefr.express.live 2 min

L’esclavage est illégal dans le monde depuis près de quatre décennies. Toutefois, cela ne correspond pas vraiment à la réalité. Selon le dernier rapport de Walk Free Initiative, une organisation qui lutte contre l’esclavage, 40,3 millions de personnes vivaient dans des conditions d’esclavage en 2018, la plupart étant des femmes.

Selon l’organisation, environ 16 millions de travailleurs forcés sont actuellement employés par des fournisseurs mondiaux. Par ailleurs, ces chiffres ne tiennent pas compte du travail des enfants.

Décisions formelles

« La Mauritanie a été le dernier pays à rendre l’esclavage illégal en 1981 », écrit Annalisa Merelli, spécialiste en géopolitique du magazine Quartz. Mais ces décisions formelles n’ont pas réellement mis fin à l’esclavage.

Il est facile de croire que l’esclavage se limite aux pays pauvres ou sous-développés, ou aux pays aux antécédents douteux en matière de droits de l’homme. Toutefois, l’esclavage a lieu partout. Récemment, on apprenait qu’un certain nombre de diplomates étrangers aux États-Unis utilisaient des esclaves domestiques dans leurs résidences américaines.

L’ONU et ses États membres se sont engagés à éradiquer l’esclavage, le trafic d’êtres humains, le travail forcé et le travail des enfants d’ici 2030. Mais les progrès ont été faibles et lents. Seuls 31 pays ont ratifié le protocole des Nations Unies sur le travail forcé, un cadre juridique permettant aux pays d’identifier et de cibler l’exploitation.

Les États-Unis et de nombreux pays européens figurent parmi ceux qui n’ont pas encore ratifié ce protocole. Dans le monde entier, les procédures permettant d’identifier les victimes de l’esclavage ou de les soutenir font défaut.

Moins de 40 pays ont mis en place des systèmes et des lois pour empêcher les entreprises d’acheter des produits liés à l’esclavage et au travail forcé dans la chaîne de production.

Éducation

Selon Katharine Bryant, responsable de la recherche chez Walk Free, même les pays qui ont explicitement inclus des mesures contre l’esclavage dans leur législation n’appliquent ces lois de manière efficace. « La circulation mondiale des marchandises rend extrêmement difficile le fait de s’assurer que les produits sont sans main-d’œuvre esclave. Il est difficile de savoir si, par exemple, les composants d’un article assemblé aux États-Unis sont tous fabriqués sans recourir à la main-d’œuvre esclave ailleurs. »

L’industrie textile, entre autres, a mauvaise réputation dans le domaine du travail forcé. Il en va de même pour le secteur de la technologie, où les entreprises omettent souvent de surveiller les chaînes d’approvisionnement des composants de leurs produits. En outre, il convient de garder à l’esprit qu’il existe souvent des pratiques douteuses qui ne sont pas officiellement considérées comme de l’esclavage.

Selon Bryant , les efforts sont encore trop isolés et la loi est limitée dans son application des règles sans la coopération et l’engagement du secteur privé.

« Même lorsque les entreprises ont mis en place un cadre juridique, il manque encore un autre élément important: l’éducation. Promouvoir l’éducation aux droits de l’homme chez les personnes menacées d’exploitation – par exemple dans les communautés de travailleurs migrants ou lorsque les mariages forcés sont une pratique courante – est une étape importante à franchir.Une grande partie de la population mondiale n’est pas consciente de ses droits. Il existe des cas où des personnes ont été exploitées sans réaliser qu’elles étaient en esclavage », a encore déclaré  Katharine Bryant.

EN BANDE SON :

4 réponses »

  1. Le capitalisme néolibéral veut dominer le monde et tout est bon pour faire toujours plus de profit, c’est une guerre économique avec la complicité des gouvernements, que 99% du monde subit sans réellement l’affronter et qui est à l’origine de beaucoup de maux jetant les gens les uns contre les autres.
    On peut prendre l’écologie comme prétexte, mais il est urgent de défaire ce capitalisme en semant aussi la zizanie parmi les actionnaires, tant qu’il y a encore un peu de concurrence:
    https://lejustenecessaire.wordpress.com/2019/04/22/resistance/
    Il suffit juste d’avoir une coordination pour entrainer dans le mouvement le maximum de gens, mais nous sommes dans un conflit mondial qui n’a pas dit son nom, peut-être une forme de 3me guerre mondiale.

  2. Qui fabrique les lois ? le gouvernement et la représentation nationale
    Qui applique les lois : les fonctionnaires
    Qui contrôle la fabrication ? certainement pas les citoyens qui laissent le gvt et les députés faire n’importe quoi.
    Qui contrôle l’application ? quand on voit le résultat on est en droit de se demander si les fonctionnaires sont payés pour leur efficacité ou pour simplement leur présence infatuée statique ?
    Quid de la prise en compte de la discipline des sus-nommés ? personne ! sinon un certain nombre de têtes tomberaient, mais là rien . . . à désespérer.

  3. Ce qui est quand même effrayant dans tout ça, c’est que le succès à faire passer des esclavagistes pour des humanistes montre à quel point le système de conditionnement des masses est devenu surpuissant en Occident.
    On peut bien aller critiquer le pouvoir chinois mais franchement, en matière d’ingénierie sociale, on pourrait leur donner des leçons.

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