La DEM (D comme Dictature) est en marche et elle nous achemine par le Bien démissionnaire vers le rien commun . C’est le propre des utopies totalitaires que de finir en cauchemar. Michel Onfray , notre tribun philosophe, vient de tirer la sonnette d’alarme1.

Sa référence est Georges Orwell qui dès 1949 a prophétisé l’avènement du novlangue impérial pour 2050, autant dire que ce n’est plus que l’affaire d’une génération, un Empire babélien, centriste, donc du milieu, ou un centrisme en pire, en marche et en progrès : la société libérale-nihiliste avancée (l’accent du notable auvergnat en moins).

Cet Empire inchoatif, Onfray le déchiffre dans 1984 : Camus, contemporain d’Orwell nous avait prévenu à la fin de La Peste. Celle-ci ne dort que d’un œil . Cette religion nouvelle du progressisme qui aujourd’hui piétine la liberté au nom de la gouvernance technocratique et prétendument démocratique, attaque la langue et lui substitue le novlangue, abolit la vérité, instrumentalise l’histoire devenue un matériau optionnel à la carte (voir les manuels et leur révisionnisme par omission ), efface la nature, encourage la haine et… en marche l’Empire… Le progrès sans fin est-il compatible avec une fin  de l’Histoire? Vieille aporie dans laquelle le marxisme s’était à jamais enlisé. La doxa cyberverte (cyborg et radical ecology) prétend l’avoir résolue dans un au-delà de l’humain et de l’Histoire.

En attendant, il faut bien que la Révolution mange ses enfants. Fasse le Ciel qu’elle ne mange pas trop vite notre sage épicurien . Onfray naguère apôtre d’un matérialisme athée et bon vivant, quoique se voulant plutôt tragique à présent , histoire de se montrer peuple, après l’instrumentalisation des gilets jaunes, persiste : Matérialiste ? Athée ? Et la bonne chère en moins ? C’est fou ce que les temps se font difficiles. A l’heure transhumaniste du grand remplacement et du grand vieillissement où la chair devient triste au point de vouloir mourir dans la dignité supranationale -sociétaliste (et la chère aussi du reste, surtout quand elle est bio), à l’heure du péril jaune des ronds-points , subverti par le gauchisme violent qui a reçu une prime à la casse au service du pouvoir macro-orléaniste et à l’heure des migrations climatiques qui ne sont plus vikings comme au bon vieux IXè siècle, la Révolution devient glacée, réchauffement climatique oblige (dommage qu’il n’en parle pas ou presque pas). L’heure n’est plus à la plaisanterie et aux salons de (l’a)thé(e) au pays de la courageuse Charlotte Corday qui trancha la gorge de Marat, ce médecin raté qui avait à se venger de plus chanceux, diplômés et talentueux que lui : Rien à voir avec Onfray, donc.

Les productions de Michel #Onfray se suivent et se ressemblent avec leur cohorte d’imprécisions et de contresens, leur mauvaise foi flagrante, et toujours le même refus obstiné de problématiser, c’est-à-dire de philosopher vraiment. 

Et puis relisons les cours de bon sens philosophique qu’il nous assène et complétons. Onfray, mais après tant d’autres, dénonce avec raison les contradictions nominalistes de notre temps : « décréter la fin des sexes sans pour autant trouver contradictoire de lutter contre le sexisme qui est discrimination entre les sexes-dont il vient pourtant d’être dit qu’ils n’existent pas. Même remarque avec l’antiracisme qui défend la thèse de l’inexistence des races tout en luttant contre la discrimination entre les races. » (p.218) Et puis, cette société interconnectée où l’on peut parler de tout, tenez, par exemple de la Bible sans l’avoir jamais lue ! (p.191) Ce qui, notons-le en passant, n’est jamais arrivé à Onfray qui lui, parle du christianisme en connaissance de cause. Au point de ne pas même daigner répondre aux professeurs qui osent lui faire la leçon…2

Bien sur, le libéral-nihiliste n’est pas le libéral- libertaire au cas où vous ne feriez pas dans la nuance. Il existe un bon matérialisme libertin et l’analyse du totalitarisme orwellien emprunte aux catégories du puritanisme hygiéniste qui a vidé l’eros de sa signification. (Relire pour s’en convaincre le chapitre de Tocqueville sur la femme américaine qui fait froid dans le dos). Mais cette tendance s’inscrit dans le mouvement de mai et nous sommes dans la phase triste et glaciale du soixante-huit tardif.

En devenant un intellectuel de gauche  réactionnaire (oui, c’est possible par les temps qui courent de plus en plus vite ), un thermidorien revenu de tout et même du « progrès », mais peut-être pas encore de son MOI, Onfray a décidé de nous avertir. Et si le remède commençait pas soi-même , tenez par exemple, par la gratitude envers ceux qui ont alerté le public bien avant notre auteur, sur tous les sujets qu’il enfonce comme des portes ouvertes ?

Mais alors qui nous sauvera de la catastrophe qui vient ? Qui est comme Dieu ? Onfray a donné la réponse. Ou plutôt le prophète Orwell a adoubé Onfray dans son personnage de l’âne Benjamin qui sait lire. Le philosophe tribun et sauveur. Pour conjurer les sirènes intimidantes du progressisme qui nous envoûtent, que faire ? « On peut ne pas souscrire à cette religion nouvelle et lui préférer l’athéisme social tragique qui ne s’agenouille devant aucune transcendance. Ce refus de la foi qui sécurise constitue le libertaire .» (p.190) Voilà le salut. En fait de religion nouvelle, on se demande laquelle des deux est la plus vieille. Mais il me vient un doute horrible à ce sujet . Et si, cet athéisme-là était aussi une religion , une religion sociale puisqu’il s’agit d’un athéisme social.

Cela me rappelle un jésuite qui expliquait la même chose à propos de l’athéisme marxiste : « Si la religion est vide en soi et réalité absurde, dit-on quoique que ce soit de positif en disant que l’Humanité nouvelle sera la négation du vide en soi et de la réalité absurde ? 3 » Et un autre encore, un auteur russe, Nicolas Berdiaev qui parlait à propos du communisme de  «  religion athée » ou d’« athéisme religieux » . L’athéisme social tragique peut-il nous sauver du libéral-nihilisme ? Je relis l’Evangile : Satan  peut-il chasser Satan ? Mais si l’inexistence de Dieu ne peut être une vérité, tout comme la non-existence de Jésus que Michel Onfray soutenait (soutient encore ?) mordicus comme un article de foi scientiste, comment peut-on dénoncer la subversion du vrai chez les autres en s’appuyant soi-même sur une non-vérité ?

En devenant un intellectuel de gauche  réactionnaire (oui, c’est possible par les temps qui courent de plus en plus vite ), un thermidorien revenu de tout et même du « progrès », mais peut-être pas encore de son MOI, Onfray a décidé de nous avertir. Et si le remède commençait pas soi-même , tenez par exemple, par la gratitude envers ceux qui ont alerté le public bien avant notre auteur, sur tous les sujets qu’il enfonce comme des portes ouvertes ? Des auteurs comme Olivier Rey, François-Xavier Bellamy, Bérénice Levet, Marianne Durano, et tant d’autres encore… doivent surement errer sur les étagères de sa bibliothèque ! Sans parler de ceux qui ont déjà travaillé sur Orwell ! 4 Faut-il, sous prétexte de vulgarisation, en oubliant la modestie dont le peuple est riche, supprimer les notes en bas de page au lieu de reconnaître sa dette envers les inaudibles ? Mais ce serait se reconnaître insolvable et à défaut d’ « une génuflexion devant l’abîme » (On n’en demande pas tant), se mettre à genoux pour implorer la grâce. Mais non, « non serviam », « ni Dieu ni maître », nous voulons bien nous servir de la soupe populaire aux ronds-points. Et c’est tout.

Avé Commode ! Ceux qui vont mourir te saluent !

Par Rémi Lelian lincorrect.org 1 min 7 Février 2019

Les productions de Michel Onfray se suivent et se ressemblent avec leur cohorte d’imprécisions et de contresens, leur mauvaise foi flagrante, et toujours le même refus obstiné de problématiser, c’est-à-dire de philosopher vraiment. Sagesse ne déroge pas à la règle et cet opus, censé clore sa Brève encyclopédie du monde, enchaîne les poncifs selon une langue gonflée qui n’en finit pas de s’étirer, histoire sûrement de donner à cet essai des proportions dignes d’une vraie somme, lorsqu’on aurait pu le résumer en une phrase : « Les Romains sont meilleurs que les Grecs qui se perdent dans des raisonnements compliqués et inutiles tandis que les Romains nous apprennent à vivre, eux ! » C’est facile et c’est faux, comme souvent chez Onfray. Quiconque s’intéresse à la philosophie des Grecs anciens sait que, métaphoriquement, Platon contient tout Sénèque, mais que Sénèque ne contient pas Platon. Quant à l’honneur dont Michel Onfray fait grand cas, le considérer tel un pré carré romain face à Périclès, (…) 

Quant à l’honneur dont Michel Onfray fait grand cas, le considérer tel un pré carré romain face à Périclès, à la mort de Socrate, devant la Polisgrecque, face à Léonidas et ses trois cents spartiates, cela laisse songeur. C’est qu’Onfray préfère la gladiature aux phalanges hoplitiques, lui, le philosophe prétendu gladiateur qui n’a jamais débattu qu’avec des personnes qu’il savait incapables de lui répondre et qui, de facto, monte plus souvent sur le ring bouffon du catch médiatique qu’il ne pénètre l’arène du Colisée. Plutôt Commode que Spartacus, Michel…

À la fin, cependant, on comprend qu’Onfray se contemple au travers de ces Romains dont il invente une image qu’il espère être celle qu’il donne à voir de lui ; tant et si bien d’ailleurs que les pauvres Romains, rabaissés à des sortes d’experts en coaching, ne lui servent plus qu’à vendre sa soupe.

En filigrane, Sagesse nous renseigne malgré tout sur notre décadence actuelle, semblable à celle de Rome, durant laquelle on aurait tout à fait pu imaginer un pseudo-philosophe, du genre d’Onfray, écrire dans le seul but de satisfaire son ego et sa gloire ! On lui aurait même consacré un Cahier de l’Herne. La preuve d’une époque dévoyée…

EN BANDE SON :