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Remarques sur le demi-triomphe US en Syrie

Remarques sur le demi-triomphe US en Syrie

Par la Rédaction du Blog A LUPUS Le 14 Septembre 2019

C’est Andrei Korybko qui évoque la schizophrénie des antisystèmes : on pavoise pour la Syrie, alors que la réalité du terrain est toute autre et que le dollar est devenu la monnaie locale. Ce qui signifie que si l’empire est moins dominateur militairement, sa matrice est plus efficace et prégnante que jamais. Chapeau les yankees, qui ont compris que le duel ne paie plus au temps des missiles adverses trop rapides, et que quand on contrôle déjà la petite ville de l’ouest sauvage, sa monnaie, ses  saloons, ses bordels et surtout ses casinos, on s’évite les angoisses d’une troisième guerre mondiale…

On va lire le site strategika qui comme le chien Ran-tan-plan sent confusément quelque chose quant à la victoire à la Pyrrhus des russes (sic) et du clan Assad.

On rappelle que la guerre est terminée :

« La vie reprend son cours normal dans la majeure partie de la Syrie et il n’y a presque aucune opération militaire ailleurs qu’aux abords de la province rebelle d’Idleb. A Damas, la foire commerciale internationale comme la foire du livre sont une réussite compte tenu des menaces de sanctions imposées par Washington. Signe extrêmement important du retour à la normale: la baisse drastique d’attaques au mortier et d’attentats…. Après Damas, c’est le Chef de la diplomatie russe, l’infatigable Sergeï Lavrov qui déclare que la guerre en Syrie est effectivement terminée. Sur le terrain, ce constat ne fait plus l’objet d’un seul doute. Cependant d’immenses problèmes et autant de défis persistent. »

Car le pays victorieux n’est pas libéré :

« La présence militaire étrangère au nord et à l’est de l’Euphrate

C’est dans ce contexte que des forces militaires turques et donc des forces de l’OTAN ont pénétré l’extrême nord de la Syrie, suivis de près par des forces US et d’autres forces spéciales de l’Alliance Atlantique. Les Américains s’établiront surtout sur la base d’Al-Tanf, à l’extrémité orientale de la Syrie, aux confins avec l’Irak et la Jordanie, avant d’établir des camps le long de la rive orientale de l’Euphrate. Les autres forces de l’OTAN s’installeront dans les zones autonomistes kurdes de Syrie sous prétexte de mettre sur pied les milices arabo-kurdes dans le cadre d’une stratégie assez floue basée sur la lutte contre Daech et Al-Qaïda, deux organisations terroristes crées et financées par les services spéciaux des pays hostiles à la Syrie. Ce cercle vicieux ne fut pas suivi par Ankara en raison de l’hostilité historique opposant la Turquie aux nationalismes kurdes où qu’ils soient et ce fut la première pierre d’achoppement dans le dispositif de guerre hybride de l’Empire avant même le grand schisme au sein du Conseil de Coopération du Golfe entre Ryad et Doha, deux capitales ayant joué un rôle primordial durant l’opération connue sous le nom du “Printemps Arabe” et plus particulièrement dans le financement des groupes et organisations rebelles en Syrie. »

Les USA sont beaucoup plus présents que les russes :

« Les Etats-Unis disposent d’une trentaine de camps militaires à l’est de l’Euphrate et contrôlent toujours le verrou stratégique d’Al-Tanf. Les turcs sont présents militairement à Idleb à travers un réseau de postes d’observation mais sont également très enclins à se positionner plus à l’est au-delà d’Al-Hassaka où ils se heurtent aux kurdes de Syrie, soutenus par le Kurdistan irakien voisin, sur le territoire duquel opèrent les forces de l’OTAN mais également une base de drones d’attaque israélienne.

La Russie maintient ses deux bases à Hmeimim (forces aérospatiales) et à Tartous (port d’attache militaire) et entend y rester pour les décennies à venir. Moscou y supervise d’ailleurs la reconstruction des forces armées syriennes à partir d’un noyau dur ayant survécu à la déferlante la plus violente du conflit. »

On est décidément loin de la raclée US tant vantée par nos informateurs antisystèmes. Les américains perdent peu ou pas d’hommes, et continuent de contrôler le show.

Israël est tout content :

« Au Sud-Ouest de la Syrie, une grande partie du Golan est toujours occupé et annexé par les israéliens et Damas le revendique toujours comme une partie intégrante de son territoire. La question du Golan a d’ailleurs été relancée par la guerre en Syrie que les médias internationaux avaient de plus en plus mal à présenter comme une simple guerre civile issue de la répression militaire violente de manifestations pro-démocratie. Le conflit s’est promptement transformé en un véritable imbroglio géostratégique impliquant non seulement les puissances régionales mais également l’ensemble des puissances mondiales. »

Damas est dans l’impasse :

« Damas affirme vouloir mettre fin à la présence militaire étrangère non sollicitée et donc illégale sitôt que la province rebelle d’Idleb sera récupérée. Ce souhait se heurte à la puissance militaire turque mais surtout à celle des Etats-Unis d’Amérique. »

Cerise sur le gâteau sur le seul sujet qui compte pour des millions de pauvres gens : le fric, l’économique. Et là c’est le triomphe US dans toute sa splendeur :

« Un effondrement monétaire et la poursuite de la spéculation financière…

Les populations syriennes vivant dans les zones contrôlées par le gouvernement syrien sont extrêmement mécontentes de la politique monétaire du gouvernement. La Livre syrienne est en chute libre et s’échange à presque 600 pour un dollar US. Les spéculateurs et des commerçants très peu scrupuleux continuent à affaiblir les maigres réformes économiques entamées par le gouvernement. La guerre a engendré une nouvelle classe d’hommes d’affaires et de nouveaux riches surgis du néant et dont les méthodes calquent celles des groupes armés ayant pris les armes contre l’Etat. Il sera très difficile aux autorités de faire face à cette nouvelle race de spéculateurs qui convertissent systématiquement la livre syrienne en dollar américain et n’utilisent que ce dernier dans leurs transactions commerciales. »

La réalité du monde c’est le dollar, comme dit Ned Beatty dans Network. Et bien on n’a pas bougé depuis 1918, même avec cette soi-disant cuisante défaite de notre empire fourbu…

Strategika, qui a rappelé que cent mille soldats syriens sont morts tout de même, poursuit sans enthousiasme (et il y a de quoi vraiment ne pas en avoir) :

« Des infrastructures détruites et le difficile pari de la reconstruction

Pays agricole autosuffisant avant 2011, la Syrie aura du mal à revenir à cet état avant un demi-siècle. Outre le terrible bilan humain de la guerre, le pays a perdu des dizaines de milliards de dollars en termes d’infrastructures: des villes entières ont été anéanties, des autoroutes endommagées, les lignes de chemins de fer sabotées, des usines entières démantelées pièces par pièces notamment à Alep avant d’être acheminées vers la Turquie; des centrales électriques pilonnées ou démolies, etc. Le marché de reconstruction de la Syrie est l’un des principaux enjeux de la véritable lutte en cours entre certaines puissances ayant une influence notable au Levant. Car la Syrie, c’est non seulement un marché prometteur mais la garantie de plus de 200 milliards de dollars US de contrats à moyen et long termes. D’où les pressions exercées par Washington mais également les tentatives de négociations secrètes de certaines capitales occidentales avec Damas. Ce dernier dispose en ce domaine d’un réel levier. L’octroi des premiers contrats relatifs à la reconstruction de l’infrastructure routière et énergétique à des compagnies chinoises, russes et un fameux bureau d’études nord-coréen ont amené Washington à multiplier les sanctions imposées sur la Syrie et à augmenter le nombre de soldats US opérant sur le sol syrien. »

Après on sort le grand mot, géostratégie, qui quoiqu’on pense, ne nous avança jamais à grand-chose :

« La Syrie a donc survécu grâce à ses alliances stratégiques conclues du temps de Hafez Al-Assad mais aussi grâce au sacrifice d’une grande partie de ses forces armées. La résistance de ce pays marque à la fois l’échec et la fin des changements de régime par la force ou au moyen de l’ingénierie du chaos. »

Ici le régime a tenu bon, pas le pays. La dialectique des antisystèmes néostaliniens bat ici son plein, mais se heurte à la si communiste réalité de terrain : les populations iraniennes, nord-coréennes, vénézuéliennes ou syriennes crèvent de faim.

Nous allons le dire comme nous le pensons : rien n’annonce l’écroulement US. La pyramide Ponzi chinoise ou la maison euro-Goldman-Draghi sont plus fragiles. On sait que la Russie pèse économiquement moins que le… Texas. Les leaders américains ont appris à se battre pour faire triompher leur matrice et moins leur empire. Pour l’Iran c’est pareil : les exportations se sont effondrées, et ce pays meurt de faim et de misère, pendant que nos schizophrènes impénitents crient à la défaite impériale. L’Amérique du Donald continue d’incarner et de manipuler la richesse mondiale, à hauteur de 60% s’il vous plaît. Et tout le monde fait le dos rond quand elle parle de sanctions, rebelles russes et chinois y compris. Car l’Amérique contrôle la seule réalité qui vaille dans ce monde moderne, la réalité hallucinatoire, la réalité hypnotique : le pognon et les images.

EN BANDE SON : 

5 réponses »

  1. Focus coup de poing. L’empire qui choit, dans les ravages, et sur des siècles. Amorce significative.

  2. Doucement le loup. Le conflit du Proche, Moyen et Grand Orient ne se résume pas à la Syrie. À cette heure, la moitié de la production du pétrole Saoudien est neutralisée… pas le Golfe Persique !!!
    Pour la Syrie, l’enjeu du Golan est une Capitulation avec réparation…Chose qui sera plus difficile pour le Liban et pour les kurdes par ex…
    Pétrole et dollar sont toujours liés. Mais vu la nervosité et les tensions actuelles, il y a bien retournements et changements dans les stratégies des Occidentaux. Les enjeux sont très nombreux et pas simplement militaires.
    Les alliances sont complexes et mouvantes de l’Inde à la Mauritanie… Alors restons calmes, les conflits sont multiples et variés avec de petits groupes organisés bien plus efficaces que des Armées lourdes et inopérantes sur des terrains extérieurs.
    Quant au dollar… Ce n’est ni le pouvoir, ni le vouloir comme la question du sujet précédent… mais un nouvel ordre mondial qui ne sera pas forcément plus salutaire et paisible.

  3. A reblogué ceci sur Chez Dcembreet a ajouté:
    Nous allons le dire comme nous le pensons : rien n’annonce l’écroulement US. La pyramide Ponzi chinoise ou la maison euro-Goldman-Draghi sont plus fragiles. On sait que la Russie pèse économiquement moins que le… Texas. Les leaders américains ont appris à se battre pour faire triompher leur matrice et moins leur empire. Pour l’Iran c’est pareil : les exportations se sont effondrées, et ce pays meurt de faim et de misère, pendant que nos schizophrènes impénitents crient à la défaite impériale. L’Amérique du Donald continue d’incarner et de manipuler la richesse mondiale, à hauteur de 60% s’il vous plaît. Et tout le monde fait le dos rond quand elle parle de sanctions, rebelles russes et chinois y compris. Car l’Amérique contrôle la seule réalité qui vaille dans ce monde moderne, la réalité hallucinatoire, la réalité hypnotique : le pognon et les images.

  4. Malheureusement, je suis d’accord avec l’article. Rien ne bas le fric et la dette, et les images de sexe, de dope…

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