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Mondialisme : « Hollywood se soumet peu à peu aux diktats de la censure chinoise »

« Hollywood se soumet peu à peu aux diktats de la censure chinoise »

Audrey Duperron  18 septembre 2019  3 minutes read

Cet été, les spectateurs en avant-première attentifs du film « Top Gun : Maverick » (qui ne sortira en salles que l’année prochaine) ont eu une surprise. Le blouson d’aviateur que porte Tom Cruise dans le nouvel opus ne comporte plus les drapeaux taïwanais et japonais, comme c’était le cas dans le premier épisode tourné en 1986. Les observateurs ont spéculé que cette modification visait à satisfaire la Chine. Le géant de la technologie chinois Tencent et sa filiale Tencent Pictures ont en effet signé un partenariat avec Paramount Pictures et ont contribué à financer le film. Mais cette anecdote est sans doute symptomatique d’une tendance qui devrait s’intensifier : la censure chinoise gagne peu à peu Hollywood.  

C’est en tout cas ce qu’affirme The Atlantic, qui rappelle que jusqu’à présent, les cinéastes américains avaient toujours joui d’une grande liberté pour la réalisation de leurs films. Le gouvernement américain a d’ailleurs constamment défendu le cinéma américain, considéré comme un élément clé du “soft power” américain, c’est-à-dire un vecteur de transmission diplomate des idéaux américains.

Des directives chinoises durcies

Mais ce rôle est en train d’évoluer, et cela est imputable au caractère de plus en plus mercantile du cinéma américain. Car les producteurs du cinéma américain convoitent le marché chinois et ses 1,4 milliard de consommateurs. Or, la Chine considère le cinéma comme un élément clé de la propagande visant à imposer au public la vision idéologique que le parti communiste chinois a du monde.

Les producteurs américains se conforment donc de plus en plus aux diktats de Pékin. Ceux-ci se sont durcis depuis l’adoption d’un décret du Président chinois Xi Jinping, qui édicte que chaque film sorti en Chine doit être soumis à l’aval d’une série d’instances officielles : le Département central de la propagande, parfois le Ministère de la sécurité de l’État, la Commission nationale des affaires ethniques, le Ministère de la sécurité publique, le Bureau national des affaires religieuses, le Ministère de l’éducation, le Ministère de la justice, le Ministère des affaires étrangères, entre autres.

Une forme de censure bien différente que celle que Hollywood connaissait déjà

La censure n’est pas une nouveauté pour les cinéastes hollywoodiens. Dans les années 1930, ils étaient soumis au “Code Hays”, un « code » qui visait à encadrer ce qui était montré dans les films. Et lorsqu’ils sont distribués à l’étranger, les films américains n’échappent pas à une certaine forme de censure. Car très souvent, dans chaque pays, un organisme étatique est chargé d’approuver chaque film, étranger et national, avant sa sortie en salle. Mais jusqu’à présent, les marchés les plus rentables étaient ceux de pays démocratiques. Dans ces pays, les régulateurs du cinéma respectent la liberté d’expression, et les modifications qu’ils pouvaient réclamer étaient généralement modestes.

Mais en Chine, désormais le marché le plus rentable du monde, les choses sont bien différentes. L’appareil de censure étatique est obscur et imprévisible, et le profit n’est pas la seule considération. Le pays veut aussi se doter d’une industrie du cinéma chinoise de stature internationale, capable de concurrencer Hollywood au box-office mondial, mais aussi d’étendre l’influence culturelle chinoise dans le monde entier.

The Great Wall

Cet objectif a été manifeste en 2017, avec le lancement du film The Great Wall, le metteur en scène chinois Zhang Yimou avec Matt Damon dans le rôle principal. Doté d’un budget de 150 millions de dollars et truffé d’effets spéciaux, cette réalisation s’est imposée d’emblée comme la plus grande coproduction sino-américaine de tous les temps. Ce film, produite par NBCUniversal et trois partenaires chinois, a également inauguré une nouvelle étape dans la collaboration d’Hollywood avec la Chine : c’était la première fois qu’une telle coproduction était tournée en Chine. Les producteurs américains ont reçu une part plus importante des recettes, mais ils ont aussi été soumis à un plus grand contrôle de la part des autorités chinoises.

Wolf Warrior 2

Le film a été un échec retentissant dans le monde, y compris en Chine, ce qui a mis un frein temporaire à ce type de collaboration. Le secteur du cinéma chinois s’est donc concentré sur des réalisations 100 % chinoises exaltant l’idéologie de Xi. Toutefois, Wolf Warrior 2 (2017), le film le plus lucratif de tous les temps, avec 5,6 milliards de dollars de recettes, a été réalisé par le réalisateur américain Sam Hargrave. Il insinue pourtant que la Chine apporte la sécurité, la prospérité et des soins de santé modernes à l’Afrique, tandis que les États-Unis n’apportent que la misère.

Selon The Atlantic, la coloration démocrate de l’industrie du cinéma américaine, très hostile à Trump, inhibe toute tentative pour tenter de freiner l’interventionnisme chinois. En outre, le secteur assiste impuissant à la fonte de son public sur son propre marché, qui demeure encore capital pour lui, et souhaite donc ménager le marché chinois et ses formidables perspectives.

EN BANDE SON :

2 réponses »

  1. Je me suis arrêté à : « Dans les pays démocratiques ont respectent la liberté d’expression » 🤣🤣🤣🤣🤣🤣🤣🤣🤣

    • quand le sage montre la lune l’idiot regarde le doigt. Ne t’arrête surtout pas en si bon chemin mon gars t’es sur la bonne voie ! :-)))

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