Site icon Le blog A Lupus un regard hagard sur Lécocomics et ses finances

Le Présidentiable à venir Par Michel Onfray

Publicités

Le Présidentiable à venir Par Michel Onfray

Le 7 Novembre 2019

S’il est une leçon à retenir du mouvement de protestation des gilets-jaunes, mais également des électeurs qui portent leurs suffrages sur des partis protestataires ou folkloriques (le Parti animalise, ou celui des dévots de Trostki, l’inventeur de l’Armée rouge, mais ce peut être tout aussi bien celui de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon, l’une qui, fille de son père caressait des dobermans, aime les chats, l’autre qui, nostalgique de la police politique soviétique, la Stasi, parle de l’annexion de la RDA par la RFA…), s’il faut aussi prendre une leçon du nombre incroyable de gens qui ne votent plus, votent blanc, ou se contentent de voter contre, il existe un capital de millions d’électeurs auxquels on peut parler un autre langage.

Lequel?

Un langage véritablement dégagiste qui invite à écarter également ceux qui font profession de dégagisme. Je songe à Jean-Luc Mélenchon, professionnel de la politique politicienne depuis 1986, et ce pendant de nombreuses années comme sénateur socialiste qui défendait le traité de Maastricht et la politique libérale des mitterrandiens (Mitterrand restant d’ailleurs l’une de ses références entre Robespierre, Lénine et Castro, sinon Erich Honecker, l’ancien dictateur de la RDA depuis quelques jours l’objet de sa flamme, c’est dire…  Depuis qu’Alain Juppé a été éjecté par Fillon lors des Primaires de la droite-et-du-centre, Mélenchon est le plus ancien membre du personnel de la vieille politique politicienne en activité. C’était un homme actif du temps de Mitterrand et de Chirac.

Le Journal du dimanche a donné dans sa dernière édition le coup d’envoi des prochaines élections présidentielles. Or, nous sommes début novembre 2019! Et (faut-il vraiment s’en étonner?) il fournit dès à présent le scénario du film proposé par Macron: un premier tour avec deux gagnants, Emmanuel Macron & Marine Le Pen au coude-à-coude (l’enjeu des débats médiatiques sera pendant des mois, à n’en pas douter: lequel arrivera en tête?), et Mélenchon loin derrière en troisième position, avec (comme c’est étonnant!) un second tour qui permet à Macron d’être réélu et à Marine Le Pen d’être rebattue, comme on le dit d’une vieux jeux de carte graisseux ayant beaucoup servi.

Or des millions de Français, gilets-jaunes et protestataires, folkloristes et adeptes du vote blanc, du vote nul ou abstentionnistes, attendent véritablement autre chose. Et cette autre chose, c’est ce qui semble inquiéter véritablement l’Elysée et ceux qui, depuis le premier jour du président de la République dans sa fonction, travaillent à la réélection de l’actuel chef de ce qui reste de l’Etat.

Cette autre chose qui échapperait au contrôle du système relèverait d’une légitimité n’ayant rien à voir avec la politique politicienne, avec les vieux acteurs du vieux jeu politicard, droite et gauche confondues, toutes les droites et toutes les gauches mélangées. Il s’agirait d’une personne connue et aimée des Français pour son activité tierce: un acteur, un comédien, un chanteur, un comique, un sportif, un intellectuel, un écrivain, un cinéaste, un architecte… Il y eut des précédents dans l’histoire planétaire: l’acteur de western l’américain Ronald Reagan, le chanteur de variété Yves Montand un temps sollicité, le comique italien Beppe Grillo. Songeons que l’humoriste Volodymyr Zelensky est devenu il y a peu président de l’Ukraine…  

C’est, pour ceux qui s’en souviennent, ce que je nommerais le syndrome Coluche. Ce comique fit trembler le pouvoir avant que le pouvoir ne le fasse à son tour trembler. Effrayé, il quitta l’arène après avoir compris qu’il y risquait véritablement sa peau… Son régisseur y a d’ailleurs réellement laissé la sienne dans un parking souterrain. C’est dire si le pouvoir, à l’époque Giscard & Mitterrand, craignent ce genre de candidature venue de la société civile. Jacques Attali fut chargé de neutraliser Coluche en le séduisant à la façon mitterrandienne, honneurs et prébendes, salamalecs et considération. Quand le comique  mourra, Attali assurera l’oraison funèbre en concluant par « Salut ma poule »… Entre temps, Guignol avait été remis dans le rang par le Bouffon du Roi.

Macron ne craint pas Marine Le Pen, bien au contraire: il la chérit, la veut, la désire, il souhaite cheminer à ses côtés le plus qu’il le peut, il la caresse d’autant plus amoureusement qu’il sait qu’in fine il va la bourrer de coups, il lui fait la courte échelle, il emploie ses mots, il fait semblant de souscrire à ses idées (qu’on écoute le dernier discours d’Edouard Philippe sur l’immigration mesurée, régulée, reprise en main…), il en fait son sparing-partner de prédilection, il la fait monter le plus haut possible sur l’échelle des intentions de vote, il la nourrit comme une bête de cirque, une otarie avec son ballon ou un chien avec son tutu, voilà pourquoi, au bout du compte, il a tactiquement besoin du désordre, du nihilisme, de la fracture sociale, de la division, du racisme, de l’islamophobie, voire des attentats, puisque c’est ce qui la fait monter, donc c’est ce qui le fait élire. A charge pour lui, au soir du premier tour, de faire tomber d’une pichenette médiatique le château de cartes qu’il aura durablement et patiemment construit avec les journalistes à sa botte. Pendant la course, il la fortifie pour qu’elle se retrouve avec lui au second tour, puis il la nazifie entre les deux tours afin de gagner la course en tête. Peu importe que, dans le fossé, avec cette stratégie, on retrouve, vidés de leur sang, la république et la démocratie, la France et les Français, le peuple et l’histoire de France: il a été élu, il aurait été réélu, que demander d’autre? S’il devait payer plus cher encore, il paierait, il en a les moyens: Marine Le Pen est la petite monnaie de sa  transaction pour l’heure à tous les coups gagnante.

Macron ne craint ni le vote blanc, ni le vote nul, ni les absentions. J’écris ceci parce que, après l’usage que Mitterrand fit de Le Pen afin d’être réélu en 1988, après le recours à la même ficelle qui conduisit Chirac au pouvoir en 2002 pour un second mandat, après la même punition en 2017 en faveur de Macron, un certain nombre de Français ont enfin compris qu’on les prend pour des crétins depuis un certain temps…

J’ai pour ma part perçu la manœuvre et n’ai pas voté Chirac en 2002, mais blanc (comme en 1988), jugeant que le mieux à faire pour agir contre les idées de Jean-Marie Le Pen était de créer l’Université populaire à Caen. Par mon vote blanc, j’avais déjà, à l’époque, été présenté par certains médias comme ayant fait le jeu de Le Pen. Je n’ai jamais été sensible à ce paralogisme selon lequel ne pas voter pour l’un c’était de facto voter pour l’autre!

J’ai cessé de croire que voter était encore utile après qu’en 2005 le référendum sur l’Europe libérale eut été purement et simplement jeté à la poubelle en 2008 avec l’adoption du traité de Lisbonne. Je suis donc passé de ceux qui ont jadis voté pour au premier tour et contre au second, puis voté pour au premier tour et blanc au second, puis voté blanc au premier et au second, dans le camp de ceux qui ne votent plus du tout. Depuis que les maastrichtiens ont clairement pris la parti de ne garder que les votes qui les confortent et de mépriser ceux qui les récusent, j’ai cessé de croire que nous étions en démocratie et en république. Pour utiliser le mot que les libéraux de Maastricht ont créé afin de stigmatiser leurs opposants: nous vivons dans un régime illibéral.

Pour ces raisons,  Macron ne craint donc pas ceux qui votent blanc, nul ou qui ne vont pas voter. Il s’en moque comme de sa première urne bourrée (c’est une image, je le précise pour les benêts…). Il n’a que faire de savoir avec quel pourcentage de votants il est élu, ce qui lui importe, c’est de l’être. Voter blanc, voter nul, ne pas voter, c’est pour lui du pareil au même.

Macron ne craint pas le vote Mélenchon. Il se trouve trop loin derrière celui de son amie Marine Le Pen. Il n’y a que Mélenchon et ses séides pour croire que, quand le conducator arrive quatrième aux élections présidentielles, il a failli de peu se retrouver au second tour, et donc remporter la bataille! Il me fait songer à Asselineau pendant la campagne qui, crédité de moins de voix que le Parti animalise, parle en disant ce qu’il fera (et non ce qu’il ferait…) quand il sera (et non quand il serait…) élu! Ne pas se trouver sur le podium qui comporte trois marches n’autorise pas à dire qu’on s’est trouvé à deux doigts de la première! Pour débiter pareilles sottises, il faut entretenir avec la raison un rapport quelque peu détraqué, ce qu’un grand nombre de Français ont enfin compris après qu’une poignée de minutes l’eussent montré à la télévision vociférant, hurlant, menaçant, criant, hurlant,  violent, en proie à une crise de déraison pure alors que la justice effectuait son travail républicain…

Tant que Mélenchon semble concourir à un reality-show de plaidoirie télévisuelle, sinon à un concours d’éloquence sous le regard des caméras, il peut bien se prendre pour le fils naturel de Victor Hugo et du général de Gaulle, ou bien, c’est selon, de Fidel Castro et de  Yasser Arafat, ça peut être aussi de Robespierre et de Jaurès, on veut bien dans ces cas lui offrir la médaille en chocolat, mais pas le code de la bombe atomique.

Macron ne craint pas le vote d’une candidature d’union de la gauche qui, de toute façon, ne se fera jamais: il sait bien qu’un attelage entre les productivistes du PCF qui défendent le nucléaire et le décroissants d’EELV qui ne voient que par le vent des éoliennes, entre les compagnons de route islamo-gauchistes (qui avalisent l’antisémitisme, la misogynie, la phallocratie et le bellicisme des islamistes) et les bobos de ce qui reste des socialistes qui voudraient que la vérité de Jaurès culmine dans la trottinette électrique et que l’accomplissement de Léon Blum s’effectue dans le menu végane, entre les dévots gauchistes de la religion, pourvu qu’elle soit musulmane, et les bigots du laïcisme, pour qui toute grand-mère voilée affiche sa soumission au califat de l’Etat islamique, il n’y aura jamais de cause commune. Qui pourrait imaginer que Clémentine Autain, qui croit à cette fiction, puisse faire mieux que le parti des poissons en bocal et des chiens à la niche?  

Macron ne craint rien de la droite maastrichtienne. D’abord parce qu’elle est dispersée façon puzzle, ensuite parce que ses idées sont déjà au pouvoir avec lui! Dans cette famille-là, le grand absent c’est le vrai présent: il a pour nom Nicolas Sarkozy. Il a dit qu’il avait définitivement quitté la politique, c’est donc bien la preuve qu’il ne la quittera pas. Avec Hollande, ce genre d’énergumène, auquel il ressemble tant, fait partie de ces gens qui ne quittent la politique que quand la politique les quitte or, la plupart du temps, c’est quand la mort les prend! Sarkozy est embusqué comme l’animal de proie qu’il est: le nez à ras du terrier, rigolard, il feint de humer le bon air de la prairie, mais il cartographie l’espace et attend le moment propice pour sortir de son trou et attaquer. S’il n’y a pas de circonstance adéquate, il n’ira pas. Idem pour Hollande. L’aile droite des Républicains ne se distingue en rien de son aile dite de gauche: il n’y a que des querelles d’egos et de personnes. Qu’est-ce qui, sur le fond, distingue Valérie Pécresse et Xavier Bertrand? François Baroin et Gérard Larcher? Christian Jacob et Rachida Dati? Depuis des décennies ils défendent la même ligne politique que Giscard: européiste et libérale, opposée à la souveraineté nationale et toute aux ordres de l’économie et de la société de marché. Mitterrand après 1983 c’est la même chose que Giscard avant lui, mais aussi après lui que Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron. Plus personne n’est dupe de ce que cache ce jeu de chaises musicales. Tous les participants éjectés sont des maastrichtiens, et celui qui reste quand il n’y a plus qu’une chaise, c’est aussi et encore l’un d’entre eux. Les anti-maastrichtiens font tapisserie depuis toujours.

Résumons-nous: Emmanuel Macron ne craint rien des gens qui votent blanc ou nul ou qui ne se déplacent même pas lors des consultations électorales; il ne craint rien de Marine Le Pen car il a autant besoin d’elle qu’elle de lui; il ne craint rien de Mélenchon et de ses troupes (à Marseille on a vu devant les caméras comment le tribun, qui tartarine lorsque le président a le dos tourné, se fait guignol de papier en sa présence); il ne craint rien d’une candidature d’union de la gauche aussi probable que le mariage du parapluie et de la machine à coudre; il ne craint pas non plus un candidat de la droite maastrichtienne puisqu’il en défend lui-même les idées. Il ne craindrait donc vraiment qu’une candidature venant d’ailleurs.

Quid de cet ailleurs?

Il faut prendre acte que la vie politique française accuse une coupure en deux segments eux-mêmes coupés en deux, ce qui constitue quatre camps au total.

Le premier grand partage oppose les maastrichtiens et les souverainistes.

Les maastrichtiens pensent que la France n’existe plus et qu’il faut diluer ce qui en reste dans l’Etat supranational que je nomme l’Empire maastrichtien. Ce premier temps maastrichtien est lui même coupé en deux, il rassemble une moitié de la droite et une moitié de la gauche, soit: les Républicains, les centristes, les socialistes et les écologistes.

C’est le second partage.

Les souverainistes estiment quant à eux que la Nation française n’est pas morte et qu’elle peut, en restant telle, contribuer à une Europe qui ne serait ni supranationale ni fédérale, mais contrat de nations. Ce second temps souverainiste est lui aussi coupé en deux et rassemble l’autre moitié de la droite et l’autre moitié de la gauche, soit le Rassemblement national, Debout la France, le Parti chrétien-démocrate et La France insoumise. Il se fait que, pour des raisons opportunistes de politique politicienne, Mélenchon et Marine Le Pen n’ont pas toujours des lignes très lisibles sur la question européenne et que la première s’est séparée de Florian Philippot  alors que le second excluait Djordje Kuzmanovic ou François Cocq qui, tous, campaient sur une ligne souverainiste anti-maastrichtienne. RN & FI sont en effet flous selon les humeurs de leurs chefs. Ces deux camps se rassemblent peu ou prou sur la question de la souveraineté mais se séparent franchement sur celle de l’islam – une menace pour le Rassemblement national, une chance pour La France insoumise. C’est l’autre second partage.

On aura compris que la vie politique se trouve confisquée par les maastrichtiens et qu’en France, depuis le traité de Maastricht voulu par Mitterrand en 1992, les tenants de cette ligne se partagent le pouvoir. Depuis que Mitterrand a opté pour le giscardisme et l’européisme en 1983, c’est un quart de siècle de politique maastrichtienne sans discontinuer qui triomphe dans le pays – Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron sont les fourriers de cette politique libérale, droites et gauches libérales confondues.  

On aura également compris que, propagande oblige, la dégradation du camp souverainiste entre dans la logique de guerre des maastrichtiens: criminalisation de la pensée souverainiste; diabolisation des personnes qui portent ces idées – de Jean-Pierre Chevènement, copieusement traité de maurassien sinon de vichyste par BHL dans les années 80, à Marine Le Pen assimilée par Macron à Oradour-sur-Glane et à la Shoah, en passant par Philippe de Villiers présenté, à la terrible faveur des drames de sa vie familiale, comme un catholique traditionaliste et contre-révolutionnaire dégénéré; contre-vérités assénées non stop dans les écoles tout le temps que dure le parcours qui conduit du primaire au supérieur, soit une vingtaine d’années pour chaque individu à formater, dans les médias du service public éhontément partisans, dans la presse privée subventionnée par l’Etat bien qu’appartenant à une poignée de milliardaires: l’Etat maastrichtien impose son idéologie à marche forcée. Du mépris dans lequel a été tenu le « non » au référendum de 2005, imposé ensuite par le Congrès avec le traité de Lisbonne en 2008, au traitement par la répression policière et judiciaire des revendications des gilets-jaunes dix ans plus tard, les tenants de l’Etat maastrichtien ne reculent devant rien pour imposer leur loi: cynisme, ruses, mensonges, roueries, fake news comme on dit désormais, propagande, répression, sanction, évictions, chasse aux sorcières, punition, emprisonnement.

Tant que ceux qui s’opposent à cette idéologie forte avec les faibles, faible avec les forts, ne s’uniront pas, les maastrichtiens continueront à se partager le pouvoir.

C’est donc le camp des anti-maastrichtiens qu’il faut fédérer.

La difficulté la plus importante, et pour l’heure elle paraît insurmontable, c’est que ce camp anti-maastrichtien se montre irréconciliable sur le terrain de l’islamisme voire de l’islam: tant que Mélenchon fera de l’immigration une chance sans voir qu’elle est aussi une menace et que Marine Le Pen y verra une menace sans voir qu’elle est également une chance, il n’y aura aucun moyen de réconcilier ces deux camps par le haut. Le Rassemblement national a tendance à assimiler islam et islamisme et les Insoumis à décréter une imperméabilité totale entre islam et islamisme: les deux ont tort. Car l’islamisme est la forme radicale minoritaire d’un islam majoritairement acquis aux idéaux républicains français: 25% des musulmans estiment que la charia doit être supérieure aux lois de la République, 75% pensent l’inverse.  Chez Marine Le Pen, on a tort de ne pas voir les 75 % qui calment le jeu, chez Mélenchon, d’ignorer les 25% (40% chez ceux qui viennent d’arriver…), qui mettent le feu au pays.

Or, c’est par le bas qu’il faut réconcilier. Les états-majors qui, chez Mélenchon et Le Pen, essentialisent l’immigration et en font un débat d’idées, de fausses idées en fait, passent à côté de la réalité la plus concrète de l’immigration. Tant que durera cette essentialisation, rien de bon ne sortira de ce combat de gens butés.

Car l’immigration est une chance quand elle vise l’intégration et une menace quand elle se propose la sécession d’avec la République. Autrement dit, elle n’est jamais Menace sans cesse, Marine Le Pen a tort,  ou Chance tout le temps, Mélenchon a tort lui aussi, car la première a raison de craindre et le second raison de bénir mais, en même temps, comme dirait l’autre, l’une a tort de refuser de composer avec l’Idéal intégrationniste et l’autre tort de refuser de composer avec le Réel problématique.

Tant que les états-majors persisteront dans leurs essentialisations partidaires et électoralistes, tant que les maastrichiens parviendront à rester unis malgré leurs différences, l’Etat maastrichtien fera la loi avec les ravages que l’on sait pour les plus modestes.

Je formule l’hypothèse que ceux qui vont encore voter, même blanc ou nul, mais aussi ceux qui ne se rendent plus aux urnes, ne sont pas des gens qui ne croient plus à la politique mais qui ne croient plus à ces politiques. C’est au nom de l’idéal qu’ils méprisent cette réalité.

Dès lors, la cristallisation d’un projet politique anti-maastrichtien, antilibéral, souverainiste, populiste (je ne crains pas le mot…), doit faire l’économie de la politique politicienne (des « politichiens », disait le général de Gaulle…), afin de retrouver les fondamentaux de la République: la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité et le féminisme.

L’opposition ne doit plus se faire entre droite et gauche mais entre les maastrichtiens et les anti-maastrichtiens : autrement dit entre les populicides qui méprisent les peuples, les enjambent, les répriment, les dédaignent, les négligent, et les populistes qui estiment que le candidat aux présidentielles ne doit pas être celui qui gouverne le peuple mais celui que le peuple gouverne. C’est très précisément la définition de la démocratie: le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple.

Macron ne craint personne qui vienne des partis politiques? Il a raison. Il craint une candidature qui viendrait du peuple, en dehors des partis? Il a raison. Donnons à cette crainte l’occasion d’un fondement: réfléchissons à trouver un présidentiable qui tourne le dos aux populicides et rende au peuple ce qui lui revient: la souveraineté sur lui-même.

Le compte à rebours est commencé à l’Elysée: c’est le même décompte pour ceux qui aspirent à restaurer la démocratie et la république dans le pays.

Michel Onfray
 
Nota bene: ce texte n’est pas un plaidoyer pro domo, je ne suis pas candidat à la fonction…

https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/content-le-presidentiable-a-venir?mode=text

EN BANDE SON :

Quitter la version mobile