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Le Présidentiable à venir Par Michel Onfray

Le Présidentiable à venir Par Michel Onfray

Le 7 Novembre 2019

S’il est une leçon à retenir du mouvement de protestation des gilets-jaunes, mais également des électeurs qui portent leurs suffrages sur des partis protestataires ou folkloriques (le Parti animalise, ou celui des dévots de Trostki, l’inventeur de l’Armée rouge, mais ce peut être tout aussi bien celui de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon, l’une qui, fille de son père caressait des dobermans, aime les chats, l’autre qui, nostalgique de la police politique soviétique, la Stasi, parle de l’annexion de la RDA par la RFA…), s’il faut aussi prendre une leçon du nombre incroyable de gens qui ne votent plus, votent blanc, ou se contentent de voter contre, il existe un capital de millions d’électeurs auxquels on peut parler un autre langage.

Lequel?

Un langage véritablement dégagiste qui invite à écarter également ceux qui font profession de dégagisme. Je songe à Jean-Luc Mélenchon, professionnel de la politique politicienne depuis 1986, et ce pendant de nombreuses années comme sénateur socialiste qui défendait le traité de Maastricht et la politique libérale des mitterrandiens (Mitterrand restant d’ailleurs l’une de ses références entre Robespierre, Lénine et Castro, sinon Erich Honecker, l’ancien dictateur de la RDA depuis quelques jours l’objet de sa flamme, c’est dire…  Depuis qu’Alain Juppé a été éjecté par Fillon lors des Primaires de la droite-et-du-centre, Mélenchon est le plus ancien membre du personnel de la vieille politique politicienne en activité. C’était un homme actif du temps de Mitterrand et de Chirac.

Le Journal du dimanche a donné dans sa dernière édition le coup d’envoi des prochaines élections présidentielles. Or, nous sommes début novembre 2019! Et (faut-il vraiment s’en étonner?) il fournit dès à présent le scénario du film proposé par Macron: un premier tour avec deux gagnants, Emmanuel Macron & Marine Le Pen au coude-à-coude (l’enjeu des débats médiatiques sera pendant des mois, à n’en pas douter: lequel arrivera en tête?), et Mélenchon loin derrière en troisième position, avec (comme c’est étonnant!) un second tour qui permet à Macron d’être réélu et à Marine Le Pen d’être rebattue, comme on le dit d’une vieux jeux de carte graisseux ayant beaucoup servi.

Or des millions de Français, gilets-jaunes et protestataires, folkloristes et adeptes du vote blanc, du vote nul ou abstentionnistes, attendent véritablement autre chose. Et cette autre chose, c’est ce qui semble inquiéter véritablement l’Elysée et ceux qui, depuis le premier jour du président de la République dans sa fonction, travaillent à la réélection de l’actuel chef de ce qui reste de l’Etat.

Cette autre chose qui échapperait au contrôle du système relèverait d’une légitimité n’ayant rien à voir avec la politique politicienne, avec les vieux acteurs du vieux jeu politicard, droite et gauche confondues, toutes les droites et toutes les gauches mélangées. Il s’agirait d’une personne connue et aimée des Français pour son activité tierce: un acteur, un comédien, un chanteur, un comique, un sportif, un intellectuel, un écrivain, un cinéaste, un architecte… Il y eut des précédents dans l’histoire planétaire: l’acteur de western l’américain Ronald Reagan, le chanteur de variété Yves Montand un temps sollicité, le comique italien Beppe Grillo. Songeons que l’humoriste Volodymyr Zelensky est devenu il y a peu président de l’Ukraine…  

C’est, pour ceux qui s’en souviennent, ce que je nommerais le syndrome Coluche. Ce comique fit trembler le pouvoir avant que le pouvoir ne le fasse à son tour trembler. Effrayé, il quitta l’arène après avoir compris qu’il y risquait véritablement sa peau… Son régisseur y a d’ailleurs réellement laissé la sienne dans un parking souterrain. C’est dire si le pouvoir, à l’époque Giscard & Mitterrand, craignent ce genre de candidature venue de la société civile. Jacques Attali fut chargé de neutraliser Coluche en le séduisant à la façon mitterrandienne, honneurs et prébendes, salamalecs et considération. Quand le comique  mourra, Attali assurera l’oraison funèbre en concluant par « Salut ma poule »… Entre temps, Guignol avait été remis dans le rang par le Bouffon du Roi.

Macron ne craint pas Marine Le Pen, bien au contraire: il la chérit, la veut, la désire, il souhaite cheminer à ses côtés le plus qu’il le peut, il la caresse d’autant plus amoureusement qu’il sait qu’in fine il va la bourrer de coups, il lui fait la courte échelle, il emploie ses mots, il fait semblant de souscrire à ses idées (qu’on écoute le dernier discours d’Edouard Philippe sur l’immigration mesurée, régulée, reprise en main…), il en fait son sparing-partner de prédilection, il la fait monter le plus haut possible sur l’échelle des intentions de vote, il la nourrit comme une bête de cirque, une otarie avec son ballon ou un chien avec son tutu, voilà pourquoi, au bout du compte, il a tactiquement besoin du désordre, du nihilisme, de la fracture sociale, de la division, du racisme, de l’islamophobie, voire des attentats, puisque c’est ce qui la fait monter, donc c’est ce qui le fait élire. A charge pour lui, au soir du premier tour, de faire tomber d’une pichenette médiatique le château de cartes qu’il aura durablement et patiemment construit avec les journalistes à sa botte. Pendant la course, il la fortifie pour qu’elle se retrouve avec lui au second tour, puis il la nazifie entre les deux tours afin de gagner la course en tête. Peu importe que, dans le fossé, avec cette stratégie, on retrouve, vidés de leur sang, la république et la démocratie, la France et les Français, le peuple et l’histoire de France: il a été élu, il aurait été réélu, que demander d’autre? S’il devait payer plus cher encore, il paierait, il en a les moyens: Marine Le Pen est la petite monnaie de sa  transaction pour l’heure à tous les coups gagnante.

Macron ne craint ni le vote blanc, ni le vote nul, ni les absentions. J’écris ceci parce que, après l’usage que Mitterrand fit de Le Pen afin d’être réélu en 1988, après le recours à la même ficelle qui conduisit Chirac au pouvoir en 2002 pour un second mandat, après la même punition en 2017 en faveur de Macron, un certain nombre de Français ont enfin compris qu’on les prend pour des crétins depuis un certain temps…

J’ai pour ma part perçu la manœuvre et n’ai pas voté Chirac en 2002, mais blanc (comme en 1988), jugeant que le mieux à faire pour agir contre les idées de Jean-Marie Le Pen était de créer l’Université populaire à Caen. Par mon vote blanc, j’avais déjà, à l’époque, été présenté par certains médias comme ayant fait le jeu de Le Pen. Je n’ai jamais été sensible à ce paralogisme selon lequel ne pas voter pour l’un c’était de facto voter pour l’autre!

J’ai cessé de croire que voter était encore utile après qu’en 2005 le référendum sur l’Europe libérale eut été purement et simplement jeté à la poubelle en 2008 avec l’adoption du traité de Lisbonne. Je suis donc passé de ceux qui ont jadis voté pour au premier tour et contre au second, puis voté pour au premier tour et blanc au second, puis voté blanc au premier et au second, dans le camp de ceux qui ne votent plus du tout. Depuis que les maastrichtiens ont clairement pris la parti de ne garder que les votes qui les confortent et de mépriser ceux qui les récusent, j’ai cessé de croire que nous étions en démocratie et en république. Pour utiliser le mot que les libéraux de Maastricht ont créé afin de stigmatiser leurs opposants: nous vivons dans un régime illibéral.

Pour ces raisons,  Macron ne craint donc pas ceux qui votent blanc, nul ou qui ne vont pas voter. Il s’en moque comme de sa première urne bourrée (c’est une image, je le précise pour les benêts…). Il n’a que faire de savoir avec quel pourcentage de votants il est élu, ce qui lui importe, c’est de l’être. Voter blanc, voter nul, ne pas voter, c’est pour lui du pareil au même.

Macron ne craint pas le vote Mélenchon. Il se trouve trop loin derrière celui de son amie Marine Le Pen. Il n’y a que Mélenchon et ses séides pour croire que, quand le conducator arrive quatrième aux élections présidentielles, il a failli de peu se retrouver au second tour, et donc remporter la bataille! Il me fait songer à Asselineau pendant la campagne qui, crédité de moins de voix que le Parti animalise, parle en disant ce qu’il fera (et non ce qu’il ferait…) quand il sera (et non quand il serait…) élu! Ne pas se trouver sur le podium qui comporte trois marches n’autorise pas à dire qu’on s’est trouvé à deux doigts de la première! Pour débiter pareilles sottises, il faut entretenir avec la raison un rapport quelque peu détraqué, ce qu’un grand nombre de Français ont enfin compris après qu’une poignée de minutes l’eussent montré à la télévision vociférant, hurlant, menaçant, criant, hurlant,  violent, en proie à une crise de déraison pure alors que la justice effectuait son travail républicain…

Tant que Mélenchon semble concourir à un reality-show de plaidoirie télévisuelle, sinon à un concours d’éloquence sous le regard des caméras, il peut bien se prendre pour le fils naturel de Victor Hugo et du général de Gaulle, ou bien, c’est selon, de Fidel Castro et de  Yasser Arafat, ça peut être aussi de Robespierre et de Jaurès, on veut bien dans ces cas lui offrir la médaille en chocolat, mais pas le code de la bombe atomique.

Macron ne craint pas le vote d’une candidature d’union de la gauche qui, de toute façon, ne se fera jamais: il sait bien qu’un attelage entre les productivistes du PCF qui défendent le nucléaire et le décroissants d’EELV qui ne voient que par le vent des éoliennes, entre les compagnons de route islamo-gauchistes (qui avalisent l’antisémitisme, la misogynie, la phallocratie et le bellicisme des islamistes) et les bobos de ce qui reste des socialistes qui voudraient que la vérité de Jaurès culmine dans la trottinette électrique et que l’accomplissement de Léon Blum s’effectue dans le menu végane, entre les dévots gauchistes de la religion, pourvu qu’elle soit musulmane, et les bigots du laïcisme, pour qui toute grand-mère voilée affiche sa soumission au califat de l’Etat islamique, il n’y aura jamais de cause commune. Qui pourrait imaginer que Clémentine Autain, qui croit à cette fiction, puisse faire mieux que le parti des poissons en bocal et des chiens à la niche?  

Macron ne craint rien de la droite maastrichtienne. D’abord parce qu’elle est dispersée façon puzzle, ensuite parce que ses idées sont déjà au pouvoir avec lui! Dans cette famille-là, le grand absent c’est le vrai présent: il a pour nom Nicolas Sarkozy. Il a dit qu’il avait définitivement quitté la politique, c’est donc bien la preuve qu’il ne la quittera pas. Avec Hollande, ce genre d’énergumène, auquel il ressemble tant, fait partie de ces gens qui ne quittent la politique que quand la politique les quitte or, la plupart du temps, c’est quand la mort les prend! Sarkozy est embusqué comme l’animal de proie qu’il est: le nez à ras du terrier, rigolard, il feint de humer le bon air de la prairie, mais il cartographie l’espace et attend le moment propice pour sortir de son trou et attaquer. S’il n’y a pas de circonstance adéquate, il n’ira pas. Idem pour Hollande. L’aile droite des Républicains ne se distingue en rien de son aile dite de gauche: il n’y a que des querelles d’egos et de personnes. Qu’est-ce qui, sur le fond, distingue Valérie Pécresse et Xavier Bertrand? François Baroin et Gérard Larcher? Christian Jacob et Rachida Dati? Depuis des décennies ils défendent la même ligne politique que Giscard: européiste et libérale, opposée à la souveraineté nationale et toute aux ordres de l’économie et de la société de marché. Mitterrand après 1983 c’est la même chose que Giscard avant lui, mais aussi après lui que Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron. Plus personne n’est dupe de ce que cache ce jeu de chaises musicales. Tous les participants éjectés sont des maastrichtiens, et celui qui reste quand il n’y a plus qu’une chaise, c’est aussi et encore l’un d’entre eux. Les anti-maastrichtiens font tapisserie depuis toujours.

Résumons-nous: Emmanuel Macron ne craint rien des gens qui votent blanc ou nul ou qui ne se déplacent même pas lors des consultations électorales; il ne craint rien de Marine Le Pen car il a autant besoin d’elle qu’elle de lui; il ne craint rien de Mélenchon et de ses troupes (à Marseille on a vu devant les caméras comment le tribun, qui tartarine lorsque le président a le dos tourné, se fait guignol de papier en sa présence); il ne craint rien d’une candidature d’union de la gauche aussi probable que le mariage du parapluie et de la machine à coudre; il ne craint pas non plus un candidat de la droite maastrichtienne puisqu’il en défend lui-même les idées. Il ne craindrait donc vraiment qu’une candidature venant d’ailleurs.

Quid de cet ailleurs?

Il faut prendre acte que la vie politique française accuse une coupure en deux segments eux-mêmes coupés en deux, ce qui constitue quatre camps au total.

Le premier grand partage oppose les maastrichtiens et les souverainistes.

Les maastrichtiens pensent que la France n’existe plus et qu’il faut diluer ce qui en reste dans l’Etat supranational que je nomme l’Empire maastrichtien. Ce premier temps maastrichtien est lui même coupé en deux, il rassemble une moitié de la droite et une moitié de la gauche, soit: les Républicains, les centristes, les socialistes et les écologistes.

C’est le second partage.

Les souverainistes estiment quant à eux que la Nation française n’est pas morte et qu’elle peut, en restant telle, contribuer à une Europe qui ne serait ni supranationale ni fédérale, mais contrat de nations. Ce second temps souverainiste est lui aussi coupé en deux et rassemble l’autre moitié de la droite et l’autre moitié de la gauche, soit le Rassemblement national, Debout la France, le Parti chrétien-démocrate et La France insoumise. Il se fait que, pour des raisons opportunistes de politique politicienne, Mélenchon et Marine Le Pen n’ont pas toujours des lignes très lisibles sur la question européenne et que la première s’est séparée de Florian Philippot  alors que le second excluait Djordje Kuzmanovic ou François Cocq qui, tous, campaient sur une ligne souverainiste anti-maastrichtienne. RN & FI sont en effet flous selon les humeurs de leurs chefs. Ces deux camps se rassemblent peu ou prou sur la question de la souveraineté mais se séparent franchement sur celle de l’islam – une menace pour le Rassemblement national, une chance pour La France insoumise. C’est l’autre second partage.

On aura compris que la vie politique se trouve confisquée par les maastrichtiens et qu’en France, depuis le traité de Maastricht voulu par Mitterrand en 1992, les tenants de cette ligne se partagent le pouvoir. Depuis que Mitterrand a opté pour le giscardisme et l’européisme en 1983, c’est un quart de siècle de politique maastrichtienne sans discontinuer qui triomphe dans le pays – Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron sont les fourriers de cette politique libérale, droites et gauches libérales confondues.  

On aura également compris que, propagande oblige, la dégradation du camp souverainiste entre dans la logique de guerre des maastrichtiens: criminalisation de la pensée souverainiste; diabolisation des personnes qui portent ces idées – de Jean-Pierre Chevènement, copieusement traité de maurassien sinon de vichyste par BHL dans les années 80, à Marine Le Pen assimilée par Macron à Oradour-sur-Glane et à la Shoah, en passant par Philippe de Villiers présenté, à la terrible faveur des drames de sa vie familiale, comme un catholique traditionaliste et contre-révolutionnaire dégénéré; contre-vérités assénées non stop dans les écoles tout le temps que dure le parcours qui conduit du primaire au supérieur, soit une vingtaine d’années pour chaque individu à formater, dans les médias du service public éhontément partisans, dans la presse privée subventionnée par l’Etat bien qu’appartenant à une poignée de milliardaires: l’Etat maastrichtien impose son idéologie à marche forcée. Du mépris dans lequel a été tenu le « non » au référendum de 2005, imposé ensuite par le Congrès avec le traité de Lisbonne en 2008, au traitement par la répression policière et judiciaire des revendications des gilets-jaunes dix ans plus tard, les tenants de l’Etat maastrichtien ne reculent devant rien pour imposer leur loi: cynisme, ruses, mensonges, roueries, fake news comme on dit désormais, propagande, répression, sanction, évictions, chasse aux sorcières, punition, emprisonnement.

Tant que ceux qui s’opposent à cette idéologie forte avec les faibles, faible avec les forts, ne s’uniront pas, les maastrichtiens continueront à se partager le pouvoir.

C’est donc le camp des anti-maastrichtiens qu’il faut fédérer.

La difficulté la plus importante, et pour l’heure elle paraît insurmontable, c’est que ce camp anti-maastrichtien se montre irréconciliable sur le terrain de l’islamisme voire de l’islam: tant que Mélenchon fera de l’immigration une chance sans voir qu’elle est aussi une menace et que Marine Le Pen y verra une menace sans voir qu’elle est également une chance, il n’y aura aucun moyen de réconcilier ces deux camps par le haut. Le Rassemblement national a tendance à assimiler islam et islamisme et les Insoumis à décréter une imperméabilité totale entre islam et islamisme: les deux ont tort. Car l’islamisme est la forme radicale minoritaire d’un islam majoritairement acquis aux idéaux républicains français: 25% des musulmans estiment que la charia doit être supérieure aux lois de la République, 75% pensent l’inverse.  Chez Marine Le Pen, on a tort de ne pas voir les 75 % qui calment le jeu, chez Mélenchon, d’ignorer les 25% (40% chez ceux qui viennent d’arriver…), qui mettent le feu au pays.

Or, c’est par le bas qu’il faut réconcilier. Les états-majors qui, chez Mélenchon et Le Pen, essentialisent l’immigration et en font un débat d’idées, de fausses idées en fait, passent à côté de la réalité la plus concrète de l’immigration. Tant que durera cette essentialisation, rien de bon ne sortira de ce combat de gens butés.

Car l’immigration est une chance quand elle vise l’intégration et une menace quand elle se propose la sécession d’avec la République. Autrement dit, elle n’est jamais Menace sans cesse, Marine Le Pen a tort,  ou Chance tout le temps, Mélenchon a tort lui aussi, car la première a raison de craindre et le second raison de bénir mais, en même temps, comme dirait l’autre, l’une a tort de refuser de composer avec l’Idéal intégrationniste et l’autre tort de refuser de composer avec le Réel problématique.

Tant que les états-majors persisteront dans leurs essentialisations partidaires et électoralistes, tant que les maastrichiens parviendront à rester unis malgré leurs différences, l’Etat maastrichtien fera la loi avec les ravages que l’on sait pour les plus modestes.

Je formule l’hypothèse que ceux qui vont encore voter, même blanc ou nul, mais aussi ceux qui ne se rendent plus aux urnes, ne sont pas des gens qui ne croient plus à la politique mais qui ne croient plus à ces politiques. C’est au nom de l’idéal qu’ils méprisent cette réalité.

Dès lors, la cristallisation d’un projet politique anti-maastrichtien, antilibéral, souverainiste, populiste (je ne crains pas le mot…), doit faire l’économie de la politique politicienne (des « politichiens », disait le général de Gaulle…), afin de retrouver les fondamentaux de la République: la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité et le féminisme.

L’opposition ne doit plus se faire entre droite et gauche mais entre les maastrichtiens et les anti-maastrichtiens : autrement dit entre les populicides qui méprisent les peuples, les enjambent, les répriment, les dédaignent, les négligent, et les populistes qui estiment que le candidat aux présidentielles ne doit pas être celui qui gouverne le peuple mais celui que le peuple gouverne. C’est très précisément la définition de la démocratie: le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple.

Macron ne craint personne qui vienne des partis politiques? Il a raison. Il craint une candidature qui viendrait du peuple, en dehors des partis? Il a raison. Donnons à cette crainte l’occasion d’un fondement: réfléchissons à trouver un présidentiable qui tourne le dos aux populicides et rende au peuple ce qui lui revient: la souveraineté sur lui-même.

Le compte à rebours est commencé à l’Elysée: c’est le même décompte pour ceux qui aspirent à restaurer la démocratie et la république dans le pays.

Michel Onfray
 
Nota bene: ce texte n’est pas un plaidoyer pro domo, je ne suis pas candidat à la fonction…

https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/content-le-presidentiable-a-venir?mode=text

EN BANDE SON :

20 réponses »

  1. Note de fin qui s’imposait. Qui alors ? Un architecte ? Nous déconseillons fortement, avec alert rouge même. Le comique de préférence non islamiste ? (attention aporie sans la négation) : meilleure carte ?
    MO raisonne en homme providentiel, toutefois.

    Sur la culpabilisation (ici commentaire partiel, comme souvent, veuillez m’en excuser), il paraît en effet que c’est le ressort clé de ce qui est en cours, bien au-delà de la « cause » diversement intitulée Terre mère, sauver notre planète, vite ça chauffe, etc…

    L’enjeu à venir, et Bruno Bertez en ouvre les yeux est la spoliation du « niveau » de vie moyen des Français, notamment tangible dans leur petite propriété, un certain art de vie encore réel et implanté en province banale, du moins.

    Le développement de la location tous azimuts (je ne sais plus où j’ai lu récemment la priorisation absolue du droit d’usage désormais, qui ne permet plus que le droit d’user sur une durée limitée, d’un logiciel de travail essentiel – car devenu obligatoire par la loi – par exemple, avec des prix et des contrats asymétriquement ordonnés) me semble un indicateur de ce qui se trame indifféremment aux drames corollaires.

    Le doublé par la culpabilisation insidieuse ou déclarée (les prêcheurs et publicitaires ont un boulevard devant eux) d’un niveau de vie immoral, ou simplement inconciliable avec les enjeux de viabilité matérielle terrestre et enfin surtout… irrespectueux des droits de l’homme tels que facilement vitrifiés à la baisse (quantité, qualité, simplicité bafouant la vraie dignité humaine) sur l’horizon de la démographie endémique en d’autres lieux pourtant, à scruter toujours plus ?

    Le terreau occidental fait des merveilles depuis longtemps en terme d’auto-flagellation injustifiée (n’a pas à voir avec l’esprit critique stricto sensu) et on peut le sentir assez attendri en ce moment ; jeunesse en avant de manière sacrilège, quand il y va du don de soi en cadre super-étatique (EU assez balèze en la matière avec liberté réduite à appliquer et faire la leçon incessante / voir la notion de « bonnes pratiques » qui court toute directive en tout domaine).

  2. Cet article est insupportable par bien des aspects. Son pseudo argumentaire fait exactement ce qu’il prétend dénoncer. Grossière perversion… Où sont passés les PENSEURS ? Ne nous reste t-il que des clowns de la pensée comme celui-ci : M.O….
    Dommage ! J’aimais assez le blogalupus, mais là non !

  3. Très belle description de la vie politique française d’aujourd’hui.

  4. je suis lecteur de Sine hebdo qui mêle aussi la caricature à l’analyse sérieuse. Caricatures plus ou moins drôles, analyses plus ou moins sérieuses mais d’où se dégage une certaine jovialité.
    Je suis un heureux lecteur des livres de Mr Onfray, mais là, dans cet article et dans les images qui l’accompagnent, je vois, mêlé à des réflexions pertinentes, des phrases ou des dessins qui veulent sans doute être des trais d’humour mais qui ressemblent plus à du ressentiment voire de la haine.
    Cela dit, comme aux dernières présidentielles, au deuxième tour, entre M et Lp, je voterais blanc.

  5. Les Maastrichiens, Ennemis s’il en est du Peuple Français, voient loin et semblent avoir largement planifié leur projet. Tout le monde a compris que Macron se représente en 2022,
    et d’ailleurs sans scrupule il a annoncé aux électeurs de droite, je cite :
    « Les électeurs de droite n’ont pas besoin de se chercher un candidat pour les Présidentielles,
    ils en ont déjà un : « le Président sortant »….. ».
    Facile de comprendre que ce n’est hélas pas drôle mais bien tragique, comme si Micron nous disait à tous :
    « Quoi que vous ferez, quoi que vous voterez, je serai « Là », « En Place » et « Au Pouvoir » au soir du 2ème tour… ».
    Jacques Attali, son Maitre à penser (qui annonce entre autres dans un interview qu’il souhaite que les activités criminelles des Mafias soient légalisées et reconnues comme des activités économiques « Normales » et soumises à la Loi du Marché… »), annonçait clairement en 2018
    (visible aussi sur Youtube…) que je cite :
    « On connait déjà « Celle » qui succédera à Macron… »,
    Donc lorsqu’on entend celà (Bluff ou pas …) il est possible d’imaginer par hypothèse que ce serait « Presque » planifié au moins jusqu’en 2027….
    « Presque… » parce qu’avec l’expansion exponentielle de la Démographie Mondiale actuelle qui va impliquer par inertie des migrations de masses dans lesquelles le Continent Européen sera laminé, tout ce petit jeu mortifère des Maastrichiens finira par tomber de lui même face à la Réalité.
    « Presque… » parce qu’il faut bien s’interroger sur le rôle réel de MLP dans ce Théâtre d’ombres chinoises, où les français y perdent toute logique :
    On a tous vu (au moins en streaming pour peu que l’on cherche à comprendre un peu la situation…) MLP (très en forme) dire face à ses électeurs, lors de son dernier congrès juste avant les élections Présidentielles, qu’elle va « bouffer tout cru le petit Micron…. » ….
    OR , le soir du trop piteux « Débat du siècle », 48 heures seulement avant le 2ème tour des Présidentielles, MLP se couche littéralement telle une carpette devant Micron et devant les caméras….
    Quel « Deal » a donc été passé…???
    Si l’on rajoute en plus que plusieurs mois auparavant la « Franc Maçonnerie » a été invitée très chaleureusement et en grande pompe à s’exprimer longuement à la Tribune d’un congrès du RN « ex-FN », et avec au perchoir du congrès RN, le représentant de la Franc-Maçonnerie drapé d’une cravate et de boutons de manchettes noirs avec respectivement en incrusté l’insigne plaqué or du « compas et de l’équerre », étalant ainsi « sa prose » qui ne peut être « QUE » Maastrichienne devant l’Aréopage RN qui l’a ensuite applaudit et félicité très chaleureusement…
    Quelle « Farce » ou quel « Deal » a été conclu entre les Dominants Maastrichiens et le RN ???
    Sachant de plus que, de Hollande en passant par Tous les autres, TOUS je dis bien « TOUS », Merluche en tête, ils et elles vont TOUS pointer et vont chercher leurs ordres à « La Grande Loge »…. (qui est un des pivots de l’Europe Maastrichienne et du Nouvel Ordre Mondial »….)
    MLP et le RN ne seraient ils alors qu’un exutoire permettant aux électeurs, viscéralement aigris, déçus, mécontents, voir légitimement souverainistes, de soulager leur bile en ayant l’impression d’avoir « voté utile » aux élections, mais en fait et en réalité pour du vent puisque les jeux sont déjà faits d’avance…. ??
    Les Français électeurs quels qu’ils soient et quel que soit leu bord politique, ne seraient ils au final que des « idiots utiles » permettant l’enregistrement électoral et officiel d’une stratégie planifiée d’avance dans leur dos par un système Orwellien bien huilé ??
    Pour rappel : dans un système de type « Orwellien », l’opposition est une « Opposition Contrôlée », une opposition dont le Pouvoir en place (qui la gère en coulisses…) n’a RIEN à craindre ….

  6. Pour faire de la politique il faut être visionnaire plus de classe ouvrière ,plus d’amour pour son pays,plus d’hommes dans la fonction publique (enseignement ,la justice 90% des femmes etc par contre les hommes aux casses pipe qui se sont sacrifier dans toutes les guerres ,la France de notre enfance est morte,elle a était défigurés par là bande des quartes qui sont manipulés par l’hidre a trois têtes les franc-maçon les islamistes et le sioniste

  7. «  »Car l’immigration est une chance quand elle vise l’intégration et une menace quand elle se propose la sécession d’avec la République. «  »

    ça c’est vrai quand il n’y a pas le nombre.On n’est plus dans cette figure.Je crois que ça y est macron ou pas Macron, on va vers la guerre civile et la partition

  8. L’Europe et l’Islam sont bien les 2 sujets politiques majeurs du moment.
    Mais il n’y aura pas d’union sacrée anti-maastrichienne, d’union des opprimés, ça ne marche pas comme ça, en tout cas tel que je comprends les choses.

    Quand à l’Islam, Onfray fait un contresens. 25% qui préfèrent la charia à la république, ça peut sembler « minoritaire » sauf que l’Islam n’est pas une démocratie, les musulmans ne votent pas entre eux pour déterminer ce qu’ils vont faire, ce n’est pas 1/4 vs 3/4, mais alors pas du tout.

    Ce tropisme démocratique qui fait que les rapports de force sont réduits à un compte de voix … ça ne marche pas comme ça, en tout cas tel que je comprends les choses.

    La question c’est … qu’y aura-t-il après le 2nd mandat de Macron ?

    Je ne sais pas parce que Macron marque la fin de l’illusion de l’alternance et un parti unique ça fait un peu tâche, mais ce que je sais c’est que la démographie (10 ans de Macron) aura fait son oeuvre, comme je l’avais expliqué AVANT Macron. La bascule c’est maintenant : les vieux boomers meurent, les jeunes immigrés d’Afrique les remplacent. La vielle France disparaît.
    Même si un « nationaliste » (ce qui exclue Lepen) était élu et voulait faire le ménage il serait trop tard pour renverser la vapeur. La balle a été tirée on ne peut plus la remettre dans le barillet.

    Donc je dirais que après Macron 2, on aura juste une France encore plus morcelée encore moins de consensus politique, encore plus d’impuissance politique et de paupérisation et d’insécurité. Il faut en prendre note plutôt que d’espérer qu’une figure providentielle va émerger (encore un reste de désir de sauveur messianique inconscient – la pensée chrétienne pourrit tout).

    Ce qui me semble inévitable c’est l’usure progressive de la confiance des gens dans l’état. Tout va dans ce sens, tout (triple justice et triple fiscalité : une pour les bobos, une pour les prolo, une pour les racaille). Avec ça, devrait monter l’économie grise, et donc la répression fiscale (automatisée), mais en même temps ça va accélérer le ras le bol et les prise de maquis d’un coté, et la résistance passive de l’autre.
    Les gilets jaunes d’ailleurs sont moins dans les rues et sont plus dans la création d’outils de résistance.
    L’état s’effondre. La France étant un pilier en Europe …

  9. Du bon, mais encore trop dans le politiquement correct… l’immigration une chance? Mais m…. quand arrêtera-y-on de nous prendre pour de tels manches??? Cela ne s’appelle plus immigration mais submersion programmée, remplacement, que vous le vouliez ou non! Il n’y a que 2 solutions: faire une croix sur la 🇫🇷 et partir vivre immigré, ailleurs, c’est très tendance…, où se préparer à la guerre civile de reconquête !

  10. Caricature haineuse insupportable ! L homme parfait est il l auteur de ces lignes et de ces montages photos ? Tout cela conduit à l écoeurement du lecteur qui se dit : il n y a vraiment plus rien de bon dans ce monde : ô DÉSESPOIR !

  11. QUI POURRA RENDRE AU PEUPLE SA SOUVERAINETÉ?

    Plus que la réponse à la question, ce qui est intéressant c’est l’analyse, le cheminement .

    La démarche de l’auteur n’est évidemment pas politicienne, or je prétends que la prochaine élection comme les précédentes se jouera dans un cadre purement politicien et même dans le cadre politicien voulu par Machiavel-Mitterrand, avec la configuration qu’il a tracée de sa main cynique et méprisable:

    le peuple mis hors jeu, enfermé dans le ghetto electoral que constitue le Front/Rassemblement National.

    A la question ci dessus, ma réponse est définitive: personne.

    La catégorie du politique est bouchée, fermé, sans issue; le politique a été dévoyé, confisqué, c’est ailleurs que cela se passe.

    La Révolution car celle de la reconquête de la souveraineté en serait une, la Révolution c’est dans la vie, à tout instant, ici et maintenant. Changez vous même, adaptez vous à la nouvelle situation, reprenez votre liberté, soyez dissident. Et en suite tout changera!

    Etonnant que Michel Onfray , plus ou moins Proudhonien spontex n’aille pas dans cette voie.

    BRUNO BERTEZ

    • +1000
      Entièrement d’accord. Le politique actuel est un piège à gogo. Certains veulent voter MLP pour faire péter le merdier. Elle n’est pas la pour ça, même si elle était élue.
      Faut se reprendre en main, agir sur le méta-politique éventuellement, reconquérir sa souveraineté personnelle avant d’aller en réclamer un palliatif national. Y a du boulot.

      Je pense que Onfray va dans ce sens même si ce n’est pas explicite. Après tout son université populaire n’a pas d’autre objectif il me semble.

  12. yoananda: « Donc je dirais que après Macron 2, on aura juste une France encore plus morcelée encore moins de consensus politique, encore plus d’impuissance politique et de paupérisation et d’insécurité »… Je pense comme vous que la France va être de plus en plus morcelée, en même temps qu’aigrie et frustrée de s’enfoncer dans les sables mouvants d’une politique liberticide et économicide parce que le logiciel médiatique eurodolatre pratique le water-bording de grand chemin: ils nous asphyxient mais ne nous tuent pas; le but est de nous affaiblir au point que le désespoir nous habite à ce point, qu’à part râler dans son coin, nous ne constituions pas une menace agrégée et donc efficace contre le système. On aimerait savoir si l’immobilisme électoral constitue une alternative au retour possible d’une politique souveraine.

    Onfray parlant d’Asselineau: « Dans tout ce que j’ai entendu de lui, je n’ai pas trouvé de choses à redire, vraiment, et parfois je l’ai écouté longuement, j’ai écouté des enregistrements qui pouvaient durer une bonne heure avec un réel intérêt, avec un réel plaisir en me disant « c’est vrai que je souscris à tout ça » ». http://www.leparisien.fr/politique/onfray-asselineau-meme-combat-20-09-2019-8156160.php. Pour rester fidèle à sa ligne abstentionniste; l’article commence ainsi: « Il ne voterait pas pour lui, mais il partage ses convictions ».

    Alors il peut critiquer très justement Asselineau quand il dit: « Il (Mélanchon) me fait songer à Asselineau pendant la campagne qui, crédité de moins de voix que le Parti animalise, parle en disant ce qu’il fera (et non ce qu’il ferait…) quand il sera (et non quand il serait…) élu! » C’est une juste critique mais il aurait été judicieux, par esprit de vérité et d’équilibre entre le reproche et l’adhésion, pour quelqu’un approuvant la démarche souverainiste de l’UPR et puisque cela s’aligne sur les convictions de l’auteur, qu’il le mentionne comme adversaire déclaré et compétent sur le fond (par son expertise) en tant qu’anti eurodolatre intéressant à explorer pour les lecteurs de son compte rendu médiatique de la situation bloquée politiquement… On ne peut se plaindre des divisions au sein des souverainistes (encore que ceux mentionnés comme tels agissent dans le « flou », c’est dire comme des girouettes portés par le vent électoraliste) et refuser à celui qui agitait les GOPE pendant le 1er tour des élections, la toute bonne foi de ses intentions et ses mises en garde face au statu-quo des participants présents au débat pré-électoral qui furent pro-euro -exception faite de Philippot, chez Le Pen, qui est aussi pour le Frexit mais qui paiera l’échec, au débat du 2nd tour face à Macron d’une Le Pen foncièrement incompétente sur le sujet européen ce que ne fut pas Macron à défendre ses idées-.

  13. Quoi qu’il en soit la seul personne qui pourrait changer les choses est celle qui pense a sa famille, qui ne fera pour les autres que parce qu’elle y est contrainte, que l’amour des siens l’oblige a trouver des solutions pour rétablir l’équilibre afin que ses enfants et donc ceux des autres puissent traverser la vie en paix, sérénité si possible et de saines difficultés pour les garder dans la réalité. Être supérieur c’est être humain, conscient de ce qui est autour de soit, de s’y adapter avec le moins d’impact possible, de penser que seul nous sommes tout donc rien et qu ensemble nous sommes une partie de la terre qui est d’une puissance inégalable Donc forcé de la respecter si nous nous respectons. l’unique chance que nous avons s’est que le respect de gré ou de force s’apprend.

  14. Un point de situation de la politique intérieure française, c’est à dire une synthèse pour les prochaines présidentielles.

    Onfray a raison de décrire les camps bien qu’il oublie de compter les voix, c’est ce que font tous les états-majors et ce qui déterminent toutes leurs actions. La double1 fuite en avant macronienne est à cet égard très claire : Macron dîne avec le diable pour mieux le tromper et nous tromper. Seulement la cuillère se raccourcit à chaque échéance. Et je trouve qu’Onfray comme Macron font un pari bien risqué2.

    Ensuite Onfray décrit l’imposture maastrichienne3 dominante que nous connaissons tous pour en arriver à la double fracture du paysage français actuel, illustrée par les dernières présidentielles. Les pros et anti-maastrichiens, les pro et anti immigration, une fois le clivage droite-gauche explosé.
    Autant la première fracture est incontestable dans sa réalité, autant la seconde est plus délicate à constituer. L’anti islamisme sous-jacent est tellement associé à des xénophobies et autres racismes abjects que la nature de cette fracture est d’une complexité biblique. La propagande facile qui fabrique un ennemi au moyen d’amalgames captieux occulte la réalité dans les esprits. Mais ce n’est pas le sujet. Admettons la thèse, les anti-maastrichiens ne sont pas capables de s’unir contre les maastrichiens minoritaires car incapables de s’unir à cause de leur différent sur l’islam, pardon sur l’immigration.
    D’un coté l’immigration est insupportable car islamiste donc dangereux, de l’autre, l’immigration est supportable car minoritaire et découplée de l’islamisme.

    Les argumentaires n’étant pas de raison, il est inutile de les opposer plus avant ici. Notons tout de même qu’Onfray montre bien comment le pouvoir entretient, avec constance et nécessité de survie, la fracture chez les anti-maastrichiens.

    Ce qui dérange est le discours de M. Onfray concernant FI en s’en prenant sans cesse à Mélenchon qui cumulerait toutes les tares. L’impossible dissociation des personnes et de leurs idées, des comportements et des discours, de la négation du temps, font qu’Onfray se place hors du monde. FI est le mouvement le plus éclectique du paysage français donc le plus représentatif de la population à tous points de vue. FI ne nie pas les problèmes de l’islamisme, ni celui de l’immigration. Onfray aime à faire des énonciations qui servent de raisonnement, ce qui lui permet de construire aisément des amalgames fallacieux. L’absurdité de cette peinture le mène à tenir des propos erronés et blessants inutilement voire stupides. FI n’a pas construit son programme de gouvernement sur la peur ou le racisme ; FI en perspective de gouvernement, ne peut pas créer de la violence comme d’autres pour exister. FI fait le pari qu’une économie prospère ET souverainiste, partagée qui détruira ce terreaux xénophobe, comme ce fut le cas lors des 30 glorieuses après une période honteuse où l’exclusion se conjuguait avec élimination voire extermination. L’intégration se faisant naturellement dans l’activité de tous et par le partage équitable de la richesse produite. Aujourd’hui, c’est bien l’absence de travail rémunérateur, l’exclusion, la précarité et la prédation des biens de nos dirigeants opportunistes et a-démocratiques qui fabriquent la violence, laquelle se retourne opportunément contre les ennemis désignés : des « autres ». Le capital et le pouvoir constitutionnel fabriquent la misère et dévastent la planète. FI évacue donc sans le nier les problèmes d’immigration et d’intégration actuels par un puissant programme de partage retrouvé de l’activité et des richesses. FI rejette avec horreur la désignation d’ennemis, source des pires violences et de la misère. Je mets de coté les stupidités, aveuglements de Onfray pour éviter les polémiques imbéciles qu’il se complaît à ressasser.

    Après cette description assez réaliste du paysage, Onfray dénonce donc en une phrase la précarité voulue par les maastrichiens puis tente une justification acrobatique de son abstention. La politique actuelle est mauvaise donc je ne vote plus ! On appelle cela un comble, une aporie. C’est aussi enfantin, je me punis de votre punition, je me violente de votre violence.

    L’individualisme mercantile est ravageur. Il fabrique ces deux grands paradoxes sociaux :
    – puisque mon vote n’a pas d’influence je ne vote plus – donc ma seule capacité d’influer ne sera plus jamais prise en compte car je suis insignifiant dans la masse ; négation du fait majoritaire qui détermine un minimum démocratique : ne puis donc ne fais. Rien ne change. Très similaire à la résignation déiste.
    – je suis un consommateur dans un marché que mon achat influence : les pratiques et la législation font tout pour me tromper donc ne pas choisir selon mes critères. Ne peux choisir, ne peux boycotter les produits nuisibles. Rien ne change.

    Ces deux comportements sont similaires et induisent une soumission par tromperie sur mon savoir : ils entravent mon unique pouvoir de nuire à l’élite dominante.
    On a donc l’impossibilité construite, voulue, de choisir ni ses dominants, ni ses consommations. C’est exactement le sort des animaux d’élevage. La liberté est un privilège de l’élite, retour au féodalisme. Onfray en prônant l’abstention ou le vote blanc, nous enferme en stabulation.
    Chacun prend le risque de se heurter à des contradictions lorsque le poids de son excursion utopique s’écarte trop de son paysage de pensées conditionnées. Autrement-dit, l’écart entre les moyens de pensées induits et le raisonnement élaboré, amène soit à des incohérences soit à de l’incompréhension. Dans chacun des cas, nos bonnes intentions à l’effort de pensée sont dépassées. Il en résulte toujours une répulsion cognitive, une incompréhension excluante.
    Je ne peux pas suivre ce raisonnement à cause de ses contradictions (vraies ou apparentes) ; il y a un point où ma capacité de penser heurte mon bon sens, mes manières voire ma morale, mes concepts, car soit elle se perd par absence de support conceptuel ou sémantique, soit se diffracte dans un existant trop influant. Pour autant le cerveau est bien plaisant à utiliser.

    Donc Onfray, souhaitant la fin du maastrichisme (du règne sans partage des riches), propose de regrouper les anti-maastrichiens malgré leurs mauvaises querelles entretenues qu’il vient d’énoncer.
    Onfray propose exactement ce que dit FI : revenir au respect des fondamentaux de la démocratie : le pouvoir par et pour le peuple. Pour cela Onfray suggère donc une candidature présidentiable extérieure au marigot afin de trouver dans chaque camp, assez de légitimité et de suffrageq pour surmonter les fractures et vaincre les maastrichiens.

    C’est oublier le reste.

    C’est oublier la République.
    Les institutions françaises sont-elles si monarchiques qu’un tel roi de compromis parviendrait à s’imposer convenablement dans les rouages du pouvoir ? La société française est-elle si inféodée qu’elle fonctionnerait convenablement de par la seule légitimité de l’autorité présidentielle ?

    Ici encore FI a élaboré une solution à ce vide : une constituante, autrement-dit, la capacité de repenser les institutions de façon à établir durablement une autorité dirigeante en accord avec les principes démocratiques en opposition à une dictature élitiste. FI ne se voulant pas mouvement unique et parfait, n’aurait pas d’emprise sur cette constituante mais lasserait un groupe de citoyens constitué convenablement de façon à représenter socialement, statistiquement, les citoyens, voire les habitants, de la France. Onfray est gentil (de penser aux ‘plus modestes’) mais tardif.
    Cette démarche est la seule possible dans un cadre démocratique. C’est ce que M. Onfray ne peut pas dire à cause de ses maux de ventre, blocages et contradictions : il propose de cesser les polémiques mais en émaille son discours. Il remet en cause un de ses premiers principes de vie (très acceptable, voire plus) qui consiste à accorder son comportement avec ses idées.

    C’est oublier la propagande facilitée par les techniques de diffusion de masse. L’incroyable campagne électorale qui a fait advenir Macron en est le plus fameux résultat. Donnez moi une chaîne de télévision et je vous fais milliardaire en trouvant des gogos pour acheter le sable du Sahara en barquette.

    On voit combien nos affects nous dominent et parfois nous nuisent. C’est donc en prenant en compte cette condition humaine que nous saurons faire « bonne société ». La démarche de Lordon est à ce sujet exemplaire.

    Je ne voudrais pas terminer sans préciser ma pensée concernant Onfray. Non seulement je l’écoute et le lis mais encore j’y trouve de l’intérêt. Il a sa place dans mon paysage de pensées, au même titre que le Canard, utile et exaspérant, parfois même plaisant et quelquefois drôle, sauf que pour Onfray dans ce dernier cas, c’est involontaire.

    (1) Ne rien changer de son programme néolibéral malgré GJ, dévastations planétaires, .. et fausse alliance avec l’extrême droite.

    (2) Macron mais pas l’élite qui n’a jamais eu de différents avec le fascisme.

    (3) Il semble qu’il s’écorcherait s’il dénonçait une élite de riches capitalistes plutôt qu’une idéologie mondialiste … une curieuse réduction sémantique.

  15. Fidele lecteur et auditeur de MO dont la pensée philosophique m’aide bcp, je suis très etonné que ce document puisse avoir été écrit par lui.
    Je n’y crois pas, sauf si il le confesse lui même

  16. Le Fameux « 3ème Homme » en question ne serait il pas une prise de conscience mature du peuple ( il y a du boulot…) pour imposer « La Démocratie Directe » ??
    Démocratie Directe « par » le peuple et « pour » le peuple avec possibilité de blocage des décisions iniques et possibilité de soumettre et de valider ou pas des décisions politiques que ce soit au minimum « Localement » et jusqu’au maximum « au Niveau National », ce qui aurait au moins l’Avantage de court-circuiter et de faire péter le Système politique Mafieux en place depuis des décennies.
    Etonnant quand même qu’élection après élection on retrouve toujours les mêmes candidats et les même personnages aux postes de commandes, en particuliers les plus véreux et les plus pourris,
    C’est une vraie « Confraternité », ils ne jouent qu’entre eux dans un Système verrouillé…et avec de temps en temps un saupoudrage de quelques marionnettes mises de ci de là temporairement seulement afin de donner aux bisounours l’illusion d’optique d’un éventuel pseudo-changement qui en réel n’existe pas …….

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