Behaviorisme et Finance Comportementale

Après le moment unipolaire, après l’incohérence – une étude de collapsologie cognitive Par Lucien Cerise

Après le moment unipolaire, après l’incohérence – une étude de collapsologie cognitive


Par Lucien Cerise − Le 21 septembre 2019 −  Source flux.md

Chers amis,

Je vais commencer par décrire le système globalisé dans son ensemble avant de passer aux nuances intérieures. Le monde entier est frappé d’une incohérence générale et croissante. C’est le principal effet de la mondialisation, et personne n’y échappe. La mondialisation est l’accélération des communications et la réduction des distances par le progrès technique. Selon la définition cartésienne, l’espace est « partes extra partes », mais il devient « partes intra partes », les parties pénètrent les unes à l’intérieur des autres, ce qui provoque une grande confusion à l’échelle de la Terre entière.

Toutes les distinctions, toutes les frontières, limites, différences et identités sont attaquées, les êtres et les cultures auparavant séparés sont aujourd’hui fusionnés, mélangés, métissés, transformés dans de nouvelles formes hybrides, composites, complexes, ambivalentes, ambiguës, androgynes, chimériques. On peut trouver ça bien et vouloir accélérer encore cette unification mondiale incohérente : tel est le projet unipolaire et post-national, soutenu par les lobbies mondialistes de toutes sortes. Mais on peut aussi rester vigilant sur les dangers de cette unification mondiale incohérente et chercher à l’organiser de façon multipolaire et cohérente en respectant un minimum de distances entre les êtres et les identités, donc aussi dans le respect des nations : c’est le projet multipolaire anti-globaliste que nous venons défendre à Chișinău.

Le nouveau paradigme géopolitique émergent est fondé sur un conflit entre cohérence et incohérence qui surdétermine tout le reste. L’atlantisme unipolaire, qui parvient à associer comme on le voit en Ukraine le suprémacisme blanc avec le sionisme, le djihadisme et le LGBT, est un renoncement total à la cohérence, une culture du «n’importe quoi» qui cherche à entraîner le monde entier dans son délire par la violence aveugle. À l’opposé, les puissances eurasiatiques (Russie, Chine, Iran, etc.) se caractérisent par un réalisme soucieux de garder le contrôle de leur développement, de juguler les effets déstructurants de la mondialisation et de rétablir un minimum de cohérence dans ce monde globalement incohérent. La nature du régime politique est tout à fait secondaire. Si l’atlantisme gagne, si l’incohérence gagne, c’est clairement l’extinction de toute forme de civilisation. Comment réagir face à cette menace ? L’attaque est inutile, une bonne défense suffit. En effet, le projet atlantiste unipolaire n’est pas viable et il s’autodétruit tout seul en s’effondrant sous le poids de ses contradictions. Ici, mon propos rejoint la collapsologie, l’étude de l’effondrement des civilisations.

Dmitry Orlov distingue 5 stades de l’effondrement: financier, commercial, politique, social, culturel, auxquels on peut ajouter l’effondrement psychologique et l’effondrement cognitif. Un effondrement psychologique de masse est visible dans l’Occident capitaliste depuis les années 1970, qui s’est traduit par une véritable explosion des pathologies mentales de toutes sortes. Aujourd’hui, une nouvelle étape est franchie, c’est l’abolition dans le jugement commun de la différence entre le normal et le pathologique, et plus largement entre ce qui est normal et ce qui ne l’est pas, dans un relativisme général dont émerge une nouvelle hiérarchie où l’anormal est même affirmé comme supérieur au normal.

Jusqu’au XVIIIème siècle, la norme sociale, la règle à suivre, était définie par un consensus majoritaire, et tout le monde devait s’y plier. Le collectif l’emportait sur l’individu. Depuis Bernard Mandeville et sa « Fable des abeilles » publiée en 1714, sous-titrée « Les vices privés font les bénéfices publics », le libéralisme renverse cet équilibre du consensus majoritaire – dénoncé comme une oppression des individus et des minorités – puis inverse la définition de la norme. Il n’y a plus de règle normative imposée aux individus et aux minorités, chaque individu, chaque minorité a le droit de s’émanciper et de définir sa propre norme, et tout le monde doit accepter cette nouvelle règle du jeu, à savoir que chacun peut suivre sa propre règle du jeu. Après la société liquide, nous entrons dans une société à l’état gazeux où toutes les normes communes partent en vapeur. La nouvelle norme, c’est ce qui s’éloigne le plus du consensus : c’est l’exception, le cas unique, l’invalide, le transgressif, le monstrueux. Il est évident que ce système centrifuge et entropique ne peut pas marcher, et le politiquement correct aggrave encore la situation. Au nom de l’égalité, de la tolérance et de la diversité, des politiques publiques et privées sont menées pour valoriser et avantager systématiquement tout ce qui est minoritaire, ce qui inclut aussi les handicaps mentaux : autisme, trisomie, boulimie et addictions diverses, transsexualisme et problèmes d’identité en tous genres, renommés « identités fluides », etc. Les troubles mentaux deviennent ainsi des choix de vie qu’il faut apprendre à respecter, et qui sont même érigés en modèles par la « discrimination positive ». En Occident, l’antipsychiatrie, ce courant philosophique anti-freudien qui refusait de distinguer entre santé mentale et maladie mentale, a gagné.

En France, les conséquences de cette inversion des valeurs sont dramatiques. De plus en plus de gens tiennent des propos incohérents, et de plus en plus de gens ne se comportent plus normalement, ce qui donne l’impression qu’il y a de plus en plus de fous. Évidemment, tout le monde ne devient pas fou au sens clinique, mais la capacité à tenir un raisonnement logique appuyé sur des faits est en cours de disparition. La patience et la faculté à maintenir sa concentration sur le long terme sont en régression. Les troubles de l’attention et l’hyperactivité s’emparent de toute la société. C’est pourquoi je parle d’effondrement cognitif, au-delà du psychologique. La pensée rationnelle est submergée par le principe de plaisir, la quête toxicomane de sensations fortes, l’impulsivité, l’hyper-susceptibilité, l’hyper-narcissisme, l’immaturité émotionnelle et la fuite dans le virtuel médiatique, la réalité post-factuelle et le monde post-vérité. La maîtrise de la langue, écrite et orale, se perd et tend vers un abandon progressif du langage humain et de la pensée articulée. Les capacités intellectuelles de la population sont en chute libre, y compris dans les plus hautes sphères ésotériques du pouvoir, qui n’est pas une oligarchie mais une idiocratie, composée de crétins incapables de comprendre que leur gouvernance par le chaos (Ordo Ab Chao) est mauvaise aussi pour eux. Le pouvoir passe son temps à fragmenter la société, mais lui-même perd son unité et se décompose. Tous les étages de la pyramide sociale sans exception plongent lentement dans l’anarchie et le désordre. L’insécurité est en augmentation constante et frappe de plus en plus les quartiers bourgeois. L’immigration a sa part de responsabilités dans cet effondrement civilisationnel, mais ce sont bien des Français de souche, encore majoritaires démographiquement, qui ont fait gagner Emmanuel Macron en 2017 et qui recommenceront en 2022. Le dérèglement complet du cerveau français dérègle aussi l’instinct de conservation et conduit à des choix politiques contre-nature et suicidaires.

L’Occident libéral et son projet unipolaire sont en train d’être submergés par l’irrationnel. Face à ce système malade et fier de l’être, comment faire? En France, les gens encore à peu près lucides appellent d’autres pays à l’aide, notamment le groupe de Visegrád et la Russie. Protégée du libéralisme jusque dans les années 1990, la Russie a développé une vision politique et géopolitique dépassionnée, fondée sur la Realpolitik. Face à l’atlantisme, le Kremlin applique une stratégie défensive consistant à « gérer le malade ». Pas d’attaque frontale car l’opposition déclarée renforce l’instabilité du système et son incohérence. Ne pas nourrir le délire. Le mondialisme est un troll : « Don’t feed the troll ! »

Pour comprendre la géopolitique russe – mais aussi chinoise – il faut abandonner ce biais cognitif libéral qui s’appelle l’individualisme, dont la version philosophique est l’essentialisme, et qui conduit à voir les choses en termes d’opposition entre des essences individuelles, des monades substantielles. Or, le système est plus important que l’individu. Il faut donc adopter une approche systémique, ou cybernétique, qui conduit à voir les choses en termes d’interdépendance entre les parties du système, jusques et y compris dans le conflit. La Russie a une grande école de cybernétique depuis l’époque soviétique, qui travaille sur la modélisation et la prévisibilité des phénomènes sociaux, notamment sur cette discipline dérivée de la théorie des jeux qui s’appelle le « contrôle réflexif » (Рефлексивное управление).

Cette approche ouvre à une vision systémique du conflit : pour neutraliser l’ennemi, on n’est plus dans l’opposition frontale mais dans l’intégration et la création d’interdépendance entre lui et moi, en multipliant les boucles de rétroaction (feedback) de sorte qu’il se frappe quand il me frappe, ce que la cybernétique appelle le choc en retour (blow-back), mais aussi qu’il se fasse du bien quand il me fait du bien, principe du « cercle vertueux ». Un spécialiste de la guerre hybride, Andrew Korybko, souligne dans ses articles que la Russie cherche à se positionner comme un facteur d’équilibrage général entre toutes les parties, donc un acteur impartial en position d’arbitre et occupant le centre de l’échiquier géopolitique. Korybko prend comme exemple les relations diplomatiques entre la Russie, Israël et l’Iran, et notamment le processus d’intégration eurasiatique où Moscou veut faire entrer Israël mais aussi l’Iran. La stratégie russe consiste ici à faire entrer Israël et l’Iran dans un système d’interdépendance qui les obligera mécaniquement à pacifier leurs relations. On parle avec tout le monde, on reste en contact avec tout le monde, y compris avec Netanyahu, car c’est précisément ce que Netanyahu ne veut pas ! Cette production intentionnelle d’interdépendance entre tous les acteurs géopolitiques est la clé de compréhension de la grande stratégie russe, qui doit devenir la grande stratégie eurasiatique, de Lisbonne à Vladivostock, sous le nom de monde multipolaire.

Pour empêcher la guerre, il faut déjà empêcher la création de camps ennemis tranchés. Pour cela, il faut créer un maximum d’interdépendance entre les camps ennemis pour qu’ils soient les moins tranchés et séparés possible. Depuis des millénaires, les stratèges chinois parlent de gagner la guerre sans combattre. Cela ne signifie pas ne rien faire, c’est un non-agir actif qui agit en amont du conflit déclaré pour qu’il ne se déclare pas. Gagner la guerre sans combattre signifie empêcher l’émergence de camps tranchés qui s’affrontent directement, donc rester en contact avec tout le monde, maintenir une interdépendance de tous les acteurs pour que l’affrontement n’ait même pas lieu, ou qu’il ne puisse pas être direct, ou alors qu’il impacte tout le monde, y compris l’agresseur, si finalement il a lieu malgré tout. C’est ainsi, et pas autrement, que nous gagnerons la guerre contre l’atlantisme et le globalisme unipolaire. Il faut se protéger contre le diable, mais il ne faut pas le frapper. Frapper le diable lui fait du bien et le renforce. Frapper le diable augmente le niveau de violence générale, augmente donc l’instabilité et l’incohérence générale, et c’est ce que veut le diable. Pour faire vraiment du mal au diable, il faut lui pardonner d’être ce qu’il est et l’intégrer dans un système plus vaste. Certains diront que cette approche froidement stratégique ressemble sur le plan structurel à de la charité chrétienne, notamment dans l’interprétation qu’en a donnée René Girard. C’est aussi ce que je pense.

Je conclurai ainsi sur un appel aux bonnes volontés afin d’ouvrir un nouveau chapitre des études eurasiatiques qui traiterait de cette convergence entre la sagesse chrétienne, les sagesses asiatiques et la cybernétique sociale dans ce que l’on pourrait appeler un art martial géopolitique.

Lucien Cerise

Chercheur en sciences humaines et sociales. Ce texte est issu du Troisième forum de Chișinău qui s’est tenu du 20 au 21 septembre 2019

https://lesakerfrancophone.fr/apres-le-moment-unipolaire-apres-lincoherence-une-etude-de-collapsologie-cognitive

EN BANDE SON :

2 réponses »

  1. Cette énonciation de caractérisations vagues : incohérence, mélange, confusion, .. ne peut pas constituer une mesure ou un fait.
    Elle relève plus d’une incompréhension de l’évolution du monde plus qu’une synthèse. Ne pas expliquer sinon via de vagues causes : mondialisation, techniques de communication, sans la moindre tentative d’explication invalide le texte. Je n’accuse pas l’auteur de simplisme, il a une thèse à proposer et ne peut pas s’embarrasser ici de tout dire, c’est impossible. La simplification EST nécessaire à la transmission, l’échange.

    Pour moi, plongé dans ce monde mais sans y participer complètement, je considère cette explication comme une incapacité à détecter la volonté de destructuration nécessaire à la fabrique du consentement. Cette incapacité de description étant essentiellement causée par la perte d’outil sémantiques et conceptuels. EN gros quand on ne voit pas la propagande c’est bien un emprisonnement cognitif. J’espère me tromper n’ayant pas cherché d’autres écrits de l’auteur.

    Si l’Empire intervient en Ukraine, Irak, Iran, …, c’est pour déstabiliser les ennemis qu’il se donne. Façons de fédérer une population qui vote, façon de satisfaire une élite prédatrice de la richesse via le militaro-industriel, bancaire et pétrolier, façon de maintenir en esclavage le plus grand nombre de pays participant de la puissance de l’Empire et ses marches.

    Une remarque très juste qui me complique singulièrement ce texte : La nature du régime politique est tout à fait secondaire. Puis Si l’atlantisme gagne, si l’incohérence gagne, c’est clairement l’extinction de toute forme de civilisation.
    Comment peut-on à la fois dire gagner et extinction. Gagner est mettre en place un régime au moins complaisant au dominant, et extinction de civilisation, absence de régime et des populations. Gagner un vide ? Une population détermine une civilisation quand bien même elle change. Sauf à parler de La Civilisation occidentale telle que nous la connaissons qui basculerait dans une autre … Le texte m’est confus (une traduction ?).
    L’attaque est inutile, une bonne défense suffit. En effet, le projet atlantiste unipolaire n’est pas viable et il s’autodétruit tout seul en s’effondrant sous le poids de ses contradictions.

    Je diffère de ce diagnostic en disant ceci : L’Empire basé sur la domination capitaliste du monde ne peut pas durer à cause de l’effondrement capitaliste. Ce système économique et politique ne parvient plus à se maintenir car il exige de la croissance pour exister ; la croissance est le moteur de la rente, c’est le pari sur le futur qui motive le présent. Sans cet espoir de gain futur, rien ne peut plus justifier le présent ; l’investissement productif au sens générant de la rente donc plus de capital. On le voit bien la déshérence des capitaux ne trouvant pas d’usage qui est la principale caractéristique des (dys)fonctionnements actuels.
    Le moteur de l’activité a fondu. Le capitalisme de l’Empire s’effondre sur lui-même. Nous sommes d’accord. L’image de la bicyclette qui à force de ralentir tombe. On peut aussi se le représenter par l’atteinte des limites de l’expansion : le lac aux nénuphars s’est entièrement couvert donc ne peut plus croître, c’est brutalement l’asphyxie. Tout a été exploité l’intérêt de la rente ne trouve plus de zone à coloniser, de profit à faire. Alors l’effondrement du capitalisme n’est pas immédiat grâce à divers artifices : la fuite en avant par la croyance technologique, la concentration des capitaux, les dettes, les guerres, la verdisation, .. ces artifices ont leurs limites aussi et ne sont que marginaux en regards des masses de capitaux en manque de débouchés.
    Je prétends donc sans gloire ni originalité que du point de vue du capital, seule la destruction massive pourrait relancer le capitalisme. La destruction créatrice à échelle planétaire.
    Je prétends donc qu’au moins une partie de l’élite s’y prépare, c’est sa logique. L’histoire nous le dit.
    Dans ce texte on espère l’effondrement, ou plutôt on le voit comme inexorable. C’est juste de mon point de vue comme expliqué ci-dessus, mais c’est se tromper de qui domine et conduira cet effondrement. Jamais l’élite n’a souffert des guerres, elle délègue les massacres aux gueux. Dmitry Orlov distingue 5 stades de l’effondrement: financier, commercial, politique, social, culturel, auxquels on peut ajouter l’effondrement psychologique et l’effondrement cognitif.

    Je ne vois qu’un moteur donc je ne vois qu’un effondrement – le capitalisme – causant tous les autres car il est totalisant pour ne pas dire plus. L’effondrement cognitif des masses est assez simple à comprendre : si le moteur de l’économie s’arrête, alors qu’il était depuis une bonne centaine d’années préempté par une élite, la masse n’y peut rien comprendre car elle y est étrangère. Elle n’a jamais pu participer ni de près ni de loin à la moindre prise de décision. Sa seule fonction est de voter pour cette élite et de travailler dans un emploi contraint.
    La pathologie populaire non niable est la simple contradiction entre l’injonction de produire plus tout en en constatant les dégâts grandissants. La contradiction entre participer de plus en plus à la pérennité capitaliste et l’effet dévastateur de ce travail est non réductible. Tout ce que je fais comme employé du capital ou du gouvernement valet contribue à la dévastation visible. Simultanément je reçois l’injonction de ne plus polluer. Il y a contradiction dans l’agir. C’est plus que déstabilisant cela rend fou. La folie est le comportement incohérent allant jusqu’à SA destruction. L’injonction contradictoire vient de partout : tant l’employeur que les médias et l’exécutif plus ou moins élu … On n’y échappe pas.

    Je ne peux pas être d’accord avec le texte sur ce point : l’incapacité à comprendre ce monde à cause de ses incohérences. Les images de fluide, de vapeur de tout ce que l’on veut à mon avis fabriquent un brouillard pour nous masquer le réel pas bien compliqué à voir et comprendre.

    Les remarques sur l’attitude des non-capitalistes (Chine, Russie) sont assez bien vues. Le malade délire, inutile de le raisonner, son état étant trop mauvais pour en espérer une quelconque attitude raisonnable ; le moins dangereux pour nous tous, pour la planète est de l’accompagner vers sa mort ou sa guérison mais certainement pas en intervenant.

    La logique de ces Empires non états-uniens est reptilienne, c’est à dire montrer leur puissance (leur capacité de nuire) sans provocation de façon à ce que l’Empire renonce à l’affrontement d’Armageddon – qui détruirait tout le vivant complexe au point de retourner, en cas de survivants, à l’age de pierre en pire à cause des pollutions notamment nucléaires qui auront recouvert la planète rendant inhabitable des espaces continentaux.

    Je passe sur les considérations chrétiennes et autres opiums qui ne sont que des béquilles pour tenter de fuir le réel (re)devenu insupportable – puisque le futur n’est plus radieux mais cataclysmique. C’est une recherche virtuelle, très similaire à celle des jeux et autres addictions aux écrans. Sans effet sur le réel.

    On peut très bien gloser sur l’individualisme occidental versus le collectif sino-russe c’est intéressant. Mais ce qui l’est plus à mon avis est la cause de cet individualisme. Encouragé par le capital afin de désamorcer les révoltes de classe qui terrorisent les capitalistes à juste titre. La conscience de classe étant une des conditions au renversement de la soumission, du consentement à cette fausse démocratie dont on nous déverse par tombereaux. Ce jour j’ai encore entendu un propos qui dénonçait le populisme comme danger pour la démocratie. Il faut une dose de saloperie bien motivée pour tenir un tel discours ! En passant on se souviendra ceux de Luc Ferry sur les GJ à exterminer. Thiers et ses copains disaient pareil. L’abjection se conjugue avec l’obscénité. De la part d’un intellectuel d’aujourd’hui ; on mesure la couche de haine irraisonnée pour l’autre, les petits crétins fasho ont l’excuse de l’ignorance, pas lui. C’est ahurissant mais une constante de l’élite qui massacre sans états d’âme (1848, 1870, ..1914, 1939, .. et on y revient).

    Pour empêcher la guerre, il faut déjà empêcher la création de camps ennemis tranchés. Pour cela, il faut créer un maximum d’interdépendance entre les camps ennemis pour qu’ils soient les moins tranchés et séparés possible.
    J’ai entendu ce propos depuis des décennies. Sur les vertus du commerce par exemple. Il suffit de relire Anatole France relatant sa visite au parlement à Washington pour invalider cette fable. Il suffit ce connaître son histoire des invasions en Chine pour en pleurer.
    La Chine a une revanche à prendre sur l’occident, elle sait comment s’y prendre et gagne. Mais c’est toujours une victoire de domination, d’Empire. Le cerveau reptilien dominant nous domine au long terme. L’humain tient encore de son pas si lointain cousin le crocodile.

    Je ne vois pas comment se départir de l’atlantisme par la méthode de ne pas le frapper. Qui le frappe ? Personne, c’est lui qui frappe le monde ! Qui asservit tout ce qui peut l’être. Je ne comprends la méthode proposée. J’abonde dans le fait partagé : l’atlantisme est une cause de la catastrophe en cours, mais je l’étends au système totalisant capitaliste. Le capitalisme est consubstantiel de la soumission des masses, de la préemption des richesses et par là se donne tous les pouvoirs.

    Depuis des millénaires, les stratèges chinois parlent de gagner la guerre sans combattre. Cela ne signifie pas ne rien faire, c’est un non-agir actif qui agit en amont du conflit déclaré pour qu’il ne se déclare pas.
    Hum sauf erreur de ma part il y a un problème dans cette dernière proposition.

    C’est ainsi, et pas autrement, que nous gagnerons la guerre contre l’atlantisme et le globalisme unipolaire.
    Cette proposition est en contradiction avec une autre SUPRA qui déclare l’autodestruction de ce système…
    Il faut se protéger contre le diable,
    Le diable incarnant le mal est une manière de refus de le comprendre. C’est une lâcheté cognitive que je récuse, inadmissible. Cela évite de le caractériser donc de le comprendre. Cette méthode est similaire à désigner l’ennemi et de le déclarer non-humain ou de race inférieure ou de terroriste. Tout ceci procède du déni à l’existence et donc propose explicitement ou non son extermination.
    Pas acceptable. Le diable peut donc avec le même raisonnement te détruire avec la même logique.
    La question suivante et qui commence ?

    Je conclurai ainsi sur un appel aux bonnes volontés afin d’ouvrir un nouveau chapitre des études eurasiatiques qui traiterait de cette convergence entre la sagesse chrétienne, les sagesses asiatiques et la cybernétique sociale dans ce que l’on pourrait appeler un art martial géopolitique.
    La sagesse chrétienne ? Basée sur des dogmes j’ai vu ce qu’elle était capable de produire. J’ai des doutes sur son ‘opérabilité’ pacifique, sa sagesse, …

    Ma solution est procédurale : des pratiques démocratiques. La prise de conscience de la nécessité de prendre en compte toutes les forces en présences, de fabriquer des scénarios sociaux, de savoir les remettre en cause dès lors qu’ils ne sont plus pertinents, en accord avec les objectifs et les moyens choisis. Les institutions dans ce mode de prise en compte de l’économie sociale ne sont plus les piliers mais les outils. C’est le respect des principes démocratiques qui prime donc des procédures qui mettent en œuvre cette démocratie, ces rapports sociaux.
    Cela passe par la culture historique, sociale, économique et par dessus tout politique de chacun.
    Cette éducation politique a toujours été détruite quand elle a pu parfois émerger. On se demande bien pourquoi ?

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