Art de la guerre monétaire et économique

Adèle Haenel ou le tribunal médiatique et numérique

Adèle Haenel ou le tribunal médiatique et numérique

« […] le “féminisme” a été incapable de concevoir pour la femme une personnalité, sinon en imitant la personnalité masculine, […] ses “revendications” masquent une défiance fondamentale de la nouvelle femme envers elle-même […]. » — Julius Evola

« Le féminisme n’a aucun fondement théorique. […] La lutte des sexes n’a de sens que par la lutte des classes. » — Michel Clouscard, Le Capitalisme de la séduction (1981)

« […] le “féminisme” a été incapable de concevoir pour la femme une personnalité, sinon en imitant la personnalité masculine, […] ses “revendications” masquent une défiance fondamentale de la nouvelle femme envers elle-même […]. » — Julius Evola

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« Cache ta vie. » Épicure.

Et une autre affaire, une ! Le 4 novembre 2019 a été mis en ligne sur le site de Mediapart un étrange long métrage d’auteur franco-français d’une heure environ, fortement bavard avec force émotion d’un rouge vif et des mouchoirs tout brodés de rose et trempés de pleurs, où la comédienne Adèle Haenel accuse le réalisateur Christophe Ruggia à propos d’un film qu’elle a tourné avec lui en 2002 intitulé Les Diables. Elle raconte avoir été « harcelée sexuellement » entre 2001 et 2004 par le réalisateur. Déjà, elle ne le fait pas elle-même de son propre fait, mais par l’intermédiaire d’un journal. C’est une bonne « comédienne ». C’est son meilleur rôle. Qui pourrait douter de quoi que ce soit ? C’est-à-dire que cette vidéo confessionnelle ne soit pas du théâtre qui a remplacé la réalité au point où le premier s’est glissé dans le costume de la seconde.

Il faut viser le phénomène global qui a lieu.

Premier point. Il faut se rappeler, tout de même, qu’Edwy Plenel, entre autres, est coutumier des cabales comme ce fut le cas avec l’ancien maire Dominique Baudis, accusé à tort. À la page Wikipédia[1] le concernant, il est dit : « En 2003, alors qu’il est président du CSA, Dominique Baudis est mis en cause dans une affaire liée au tueur en série Patrice Alègre. Le 18 mai 2003, il révèle publiquement cette sordide affaire au journal de Claire Chazal sur TF1 : injustement accusé de proxénétisme, de viol, de meurtre et d’actes de barbarie, il apparaît sur le plateau très tendu, le visage perlé de sueur. (…) Les instigateurs de cette campagne de diffamation sont mis en examen et le 11 juillet 2005, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse confirme le non-lieu général dans le volet « viols et proxénétisme en bande organisée » dans lequel Baudis et d’autres personnalités sont mis en cause. Le président du CSA est ainsi blanchi par la justice. Après être revenues sur leurs déclarations, les deux ex-prostituées, Fanny et Patricia, sont reconnues coupables de dénonciation calomnieuse et respectivement condamnées à deux et trois ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Toulouse le 26 mars 2009. » Plus loin encore, il est dit : « Dominique Baudis a également accusé La Dépêche du Midi et son directeur Jean-Michel Baylet ainsi qu’Edwy Plenel, alors au Monde d’avoir contribué à propager la rumeur. »

Second point. Ce long métrage est en fait un procès singulier, à charge où l’accusé est absent, c’est-à-dire la partie adverse et contradictoire à l’inverse de tout tribunal digne de ce nom. Ici, on viole la présomption d’innocence, contournant les droits de la défense. Il y a un déséquilibre estomaquant. Le nom du cinéaste est jeté en pâture sans que l’individu ait été entendu, le condamnant ainsi à la mort sociale. Même s’il a commis ce qui a été dit, on ne soigne pas, on l’exécute.

La justice évalue la force probante des preuves des parties. Pour accuser quelqu’un, il faut prouver. C’est le fondement d’une démocratie et si on remet en cause celui-ci, tout le monde a à y perdre. De même, une enquête journalistique n’est pas une enquête judiciaire. C’est juste un reportage et non la réalité. De même, des témoignages ne sont pas des preuves. Justement s’il y en a tant, pourquoi Adèle Haenel refuse-t-elle de porter plainte au lieu de se répandre publiquement ? Pourquoi Mediapart n’a-t-il pas interrogé les parents alors qu’une enquête judiciaire l’aurait fait ? Car l’irresponsabilité parentale est patente concernant une adolescente de 12 ans confrontée à ce qu’elle raconte. Elle était supposée vivre avec ses parents tous les jours.

Sans procédure judiciaire, c’est de la diffamation pure et simple. Il s’agit d’une opération de communication qui ne fait que refléter la sacralisation actuelle de la parole victimaire. On est prié de reconnaître cette parole comme vraie, d’y croire donc, sans le moindre recul, sans la moindre distance critique. Certes, cela peut être vrai, mais l’inverse aussi.  « Ce qui est affirmé sans preuve peut être réfuté sans preuve » dit le dicton. Une partie de l’opinion approuve ce tribunal médiatique, accréditant la « justice privée » et la vengeance. Ce n’est qu’une chasse aux sorcières faisant son retour sous d’autres habits. Qu’un journal serve une telle cause pour se donner un peu plus pignon sur rue est absolument abjecte. Il ne s’agit pas d’une enquête qui révèle un scandale d’État, des trafics organisés et privés mettant en cause la démocratie, elle bafoue cette dernière elle-même, et donc l’état de droit. Ceux qui s’indignent si facilement paraissent revendiquer une « justice » pour les victimes sans se rendre compte qu’en approuvant de si lâches méthodes de dénonciation publique, ils abolissent en réalité toute justice réelle. Le dépôt de plaintes s’effectue devant la Justice, non devant les caméras.

On ne peut pas établir un système social sur la base d’anecdotes criminelles. L’abandon des principes du droit (preuves, contradiction) ne mène qu’à une société bien pire, à la délation, au lynchage, au chaos social, à l’arbitraire et au totalitarisme. Penser pouvoir s’en passer au nom d’une noble cause est une terrible erreur, en fin de compte ce sont aussi les droits de chacun et chacune qui seront bafoués, ceux des victimes déjà existantes et celles qu’un tel système créera.

Troisième point. Ce genre de diffamation devient coutumier à l’heure des réseaux (ou résidus) sociaux. Adèle Haenel a mis dix-huit ans pour faire sa révélation, au moment où #MeToo et #Balancetonporc perdaient de leur souffle (la journaliste Sandra Muller ayant aussi perdu son procès suite à sa délation), s’enlisaient dans les dénonciations calomnieuses au point où des personnalités se suicidaient. Il fallait du sang neuf pour le vampire médiatique. Le cas de Woody Allen est exemplaire. Il a été innocenté après une enquête et a été défendu par son fils qui trouvait très trouble sa propre mère. Il faudrait plutôt accuser Mia Farrow d’avoir fait de la dénonciation calomnieuse, mais comme c’est une femme, on lui pardonnera. Deux poids deux mesures. Inéluctablement, ce genre de délation qui se croit auréolée de Vérité, d’Innocence et de Transparence s’usera et perdra de sa force en devenant banal pour se noyer dans l’indifférence, l’inverse de l’objectif visé. Auparavant, on se confessait au curé, voire à ses ami(e)s, puis sur le divan du psychanalyste. Maintenant, on se paye une tribune médiatique pour raconter sa vie intime devant la Grande et Souveraine Opinion Publique qui pleurera chaudement à coup sûr. Le théâtre a avalé la réalité tout court. Extase du déballage de caniveau et de la communication libidinale dirait Baudrillard. Auparavant, nous vivions dans l’ère du refoulement. De nos jours, nous vivons dans l’ère du défoulement. Base du Marché actuel.

Nouveau tribunal de l’émotion et de la délation. « Je ressens donc j’ai raison. » Celui qui dénonce aujourd’hui sera accusé demain selon le même procédé et la moindre souffrance peut devenir l’occasion de se venger, d’exercer sa volonté de puissance, son acrimonie, et l’affectivité humaine dans ce domaine est sans limites, folle et virale. Il est donc extrêmement dangereux que la vérité ne soit basée uniquement que sur le ressenti ou la parlote auréolée du statut de victime. Les accusations fantaisistes ne sont pas rares comme cette affaire d’une fausse déclaration de viol[2].

Est-ce étonnant à l’heure où une grande partie des personnes sont enfermées dans leur bulle, méprisant toute justice au moment où le pouvoir sabote toute socialité, met à mal le droit du travail, où le chômage est endémique et procure des fractures, où la France dans l’OTAN bombarde des pays du Moyen-Orient sans que cela ne fasse verser la moindre larme. Il est alors suspect que l’émotionnel facile devienne le refuge de gens totalement désorientés face à des restructurations culturelles, sociétales et politico-économiques majeures. La « souffrance féminine » est devenue le minerai rose exploitable à l’infini, filon pur coulant de source sûre et transmuant les larmes en notoriété médiatique, voire en or littéraire.

Maintenant avec le démontage de toutes les structures sociales et anthropologiques, il est « logique » que les gens se rabattent sur l’émotivité et la hargne pour obtenir une ridicule victoire psychologique et affective. D’où la prépondérance de la victimisation. Car c’est bien cette peste émotionnelle qui est mise en branle pour révoquer toute rationalité, tout doute, tout scepticisme et accuser perpétuellement les opposants. Elle ne s’autorise que de ses propres paroles. Fausse « libération de la parole », comme si celle-ci était prisonnière sans l’ombre d’une quelconque manipulation ou automystification, et qu’il suffisait de la répandre pour qu’elle jaillît pure et souveraine.

Nietzsche écrivait par rapport à ce qu’il appelait les « bourreaux aux yeux doux » dans La Généalogie de la morale : « En effet, tout être qui souffre cherche instinctivement la cause de sa souffrance ; il lui cherche plus particulièrement un responsable, ou, plus exactement encore, un responsable fautif, susceptible de souffrir, bref, un être vivant contre qui, sous n’importe quel prétexte, il pourra, d’une façon effective ou en effigie, décharger son affect. Telle est, à mon avis, la seule véritable cause physiologique du ressentiment, de la vengeance et de tout ce qui s’y rattache, je veux dire le désir de s’étourdir contre la douleur au moyen de l’affect. Ceux qui souffrent sont d’une ingéniosité et d’une promptitude effrayantes à trouver des prétextes aux affects douloureux ; ils jouissent de leurs soupçons, se creusent la tête à propos de malices ou de torts apparents dont ils prétendent avoir été victimes. Je souffre : certainement quelqu’un doit en être la cause » — ainsi raisonnent toutes les brebis maladives. »

Adèle Haenel part du principe que sa plainte en justice n’aurait pas fonctionné. Contournement facile sans s’être confronté au principe de réalité. Et c’est pour cela qu’elle étale sa petite histoire, car la justice l’aurait déboutée, faute de preuves. Alors quel courage en vérité a-t-elle eu ? Le courage n’est pas d’avoir recours à une dénonciation sans preuve, émotionnelle de surcroît, ou d’aller dans le sens de la vindicte populaire quand on sait par avance, qu’une grosse partie du public va applaudir à deux mains et verser quantité de larmes autojustificatrices. Zola, lui, s’opposait à une large partie de l’opinion publique et contre un scandale d’État. Les messages publics accréditent une telle délation et beaucoup lancent leur admiration, ce qui permet au passage de se croire une bonne et belle personne. « Oh merci Adèle ! Oh super ! Grand discours ! Quelle émotion non préparée comme des petits plats ! » Il est facile de jouer la victime sans cesse comme icône pour obtenir des félicitations mécaniques d’un public assoiffé comme un vampire sentimental par des larmes et de l’émotion. La preuve, même un ministre vient cautionner tout cela. À l’occasion des Rencontres de l’ARP à Dijon, le ministre de la Culture Franck Riester s’est exprimé sur l’affaire opposant Adèle Haenel au réalisateur Christophe Ruggia. Il a salué « le courage » de la comédienne. Tout comme Brigitte Macron. Il est déjà estomaquant qu’un ministre et la femme du président de la République fassent une telle déclaration hors de toute enquête judiciaire, comme si la Vérité venait d’être révélée sortie de son cagibi où elle s’était réfugiée. Tout comme la Société des réalisateurs de films qui a lancé une procédure de radiation à l’encontre de Christophe Ruggia. Les pouvoirs publics applaudissent face à ce public bouleversifié qui se retrouve en accord avec les premiers. On ne pouvait faire mieux que de se retrouver en phase avec le Pouvoir ou marcher main dans la main comme des amoureux. Tous contre un. Contrôle parfait piloté par l’émotion et la vindicte. Intériorisation du maître par l’esclave émancipé. Il y a de quoi s’interroger sur ces tribunaux sans justice qui s’unissent au pouvoir même. Le coup de force du Capital est de lui permettre d’aller encore plus loin, non plus d’imposer une instance extérieure à l’individu, mais intérieure.

« On connaît la dialectique du maître et de l’esclave : les deux rôles s’échangent inéluctablement. Qui a colonisé ne saurait s’étonner d’être envahi à son tour. » — Alain de Benoist, Vu de droite (1977, préface de 2002)

C’est un fait :  notre société est devenue pornographique à tous les stades et pas seulement dans les tristes films du même nom. Pornographie émotionnelle, affective, pulsionnelle faisant fi de toute sphère privée pour se répandre dans la sphère publique. Société hystérique, théâtrale, malade de ses propres tares qui n’a plus que cette surenchère qui l’anéantit en pensant que cela va résoudre son calvaire. Un stade a été dépassé avec ses plaintes publiques : l’abandon de toute justice, de la loi, pour sa propre justice et sa propre loi. Certains pensent, naïvement, que LA justice divine va enfin arriver, mettant fin à toute violence et à toute domination. Ce ne sera pas le paradis qui en sortira, mais le chaos ou l’enfer, c’est selon. Si ce genre de « justice » met définitivement fin à toute révolution, elle nous fait entrer dans la fin même de toute civilisation.

Quatrième point. Le plus long et le plus conséquent. Un autre aspect dont on parle moins est ce qui se cache derrière. Le « combat » de cette comédienne est idéologique faisant partie des « social et cultural studies » comme elle le déclarait dans Télérama en février 2016 : « Mais c’est vrai que le cinéma blanc et masculin, j’en ai marre. » Ce qui est proprement raciste et sexiste. Ici ou là, elle se répand sur l’homme, lui en veut, tente de faire croire que celui-ci exerce une horrible oppression, constamment, englobant le genre féminin dans cette lutte. Sa misandrie est donc avérée et sa délation fortement suspecte. Elle fut l’ancienne compagne de Céline Sciamma, la réalisatrice, connue pour ses positions et ses films où elle exclut « l’homme ». L’actrice déclarait encore dans le même article en citant Bourdieu : « Nous restons obligées de savoir que nous sommes des femmes, comme les Noirs, en France, sont obligés d’avoir conscience qu’ils sont noirs. » Racisme intégral et dépigmentation symbolique déguisés en exterritorialité totale des identités. Dépouillement radical et exhibé des sexes.On se demande si Adèle Haenel oserait parler de la violence dans les couples lesbiens et homosexuels (ces derniers étant aussi des hommes et des hommes entre eux[4] !)

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Adèle Haenel fait souvent référence au « male gaze », ou « regard masculin » en français, un concept théorisé par Laura Mulvey en 1973 signifiant par-là qu’il serait le regard dominant dans la pop culture de l’homme hétérosexuel. Il est assez piquant d’en référer au « mal gaze » quand on se déclare lesbienne, qu’on prend le mâle comme le monstre incarné mis sans cesse en accusation. Et surtout quand une quantité astronomique de femmes mettent leurs fesses et leurs seins en valeur sur Instagram, se complaisent dans les vidéos pornographiques d’amateurs, usent et abusent de leurs charmes (on invoquera bien sûr qu’elles ont été aliénées par le patriarcat alors que celui-ci n’a plus aucune prise sur leur narcissisme et leur égoïsme marchands). Et l’on tenterait de faire croire qu’il n’existerait que le « male gaze » mis en accusation ? Ce n’est que la suite de cette idéologie du genre qui tente de renverser la vapeur et de prendre le pouvoir pour installer son hégémonie.

Faisons une petite parenthèse. Cette idéologie prétend que tout est culture, que l’être humain est une page blanche sur laquelle on pourrait inscrire ce qu’on veut, faisant fi de toute structure biologique qui n’orienterait aucun comportement. Le comportement des hommes et des femmes serait donc entièrement imputable à l’éducation, à l’apprentissage et à la socialisation. Si « tout est culture », l’individu peut « s’inventer » comme il l’entend, au gré de sa subjectivité  malgré la différence des sexes, ce qui est commode pour installer un mode consumériste proliférant. Or, chez l’être humain, culture et biologie sont liées. Il n’y a pas l’un sans l’autre. C’est café au lait où les deux marchent ensemble. Le problème est que cette idéologie accuse, par les sciences sociales, la biologie (et les milliers d’études, répétées et matérielles) par le simple fait qu’elle suspecte constamment une justification de la domination (forcément patriarcale). 

Sous cet angle, la théorie du genre relève plus du créationnisme. Autant croire que les licornes existent ou que les hippopotames ont des ailes. À une époque où cette théorie cérébralo-universitaire n’avait pas éclos, et où la GPA et la PMA n’existaient pas, faute de technologies, on se demande comment l’espèce aurait opéré pour se reproduire. L’idée erronée mise en avant est de partir d’une égalité toute théorique, dessinée arbitrairement, entre les hommes et les femmes, malgré leur dimorphisme sexuel et les conséquences qui en découlent. Si l’on y réfléchit bien, en accusant l’entité homme, on n’attaque pas seulement une caractéristique violente, on accuse l’Homme dans sa totalité. Alors se pose une question : d’où vient cette domination ? Est-ce une essence inscrite dans l’âme de l’homme ? Une construction culturelle ? Si l’on joue la carte de la construction culturelle, d’où vient-elle ? La chose se complique quand on s’interroge sur le fait que le patriarcat se soit répandu sur la planète entière malgré les différences de culture ? Une construction culturelle à une si grande échelle, partout et tout le temps ? Ne serait-ce pas plutôt à cause de la force physique de l’homme ? Même Simone de Beauvoir l’accrédite dans le premier tome du Deuxième sexe quand elle évoque les débuts de l’humanité… : « Ainsi le triomphe du patriarcat ne fut ni un hasard ni le résultat d’une révolution violente. Dès l’origine de l’humanité, leur privilège biologique a permis aux mâles de s’affirmer seuls comme sujets souverains ». Il en aurait été différemment si homme et femme avaient été d’une condition physique équivalente au départ, et si l’homme avait ensuite dominé la femme pour en faire son esclave. Là seulement, on aurait pu parler d’un phénomène socialement construit. Dans tous les cas de figure, on ne peut déterminer cette domination, circonscrire son origine, sinon d’accuser l’homme d’être homme. Ce qui apparaît, c’est que la femme se comporterait mieux simplement parce qu’elle est femme, c’est-à-dire d’évaluer ce sexe comme « supérieur » moralement ou matériellement. On tombe dans le sexisme inversé.

Fermons la parenthèse. Le « combat » de la comédienne ne s’arrête pas à la dénonciation d’un homme qui aurait abusé d’elle. « Les monstres, ça n’existe pas. C’est de notre société dont on parle. De nos pères, de nos amis, de nos frères. Tant qu’on ne verra pas ça, on n’avancera pas » dit-elle. Symptomatiquement, elle élude toute ambiguïté de la part des femmes et accable sans cesse les hommes. Sa misandrie est évidente comme relevée plus haut. Elle utilise même le mot « peuple » pour parler des femmes. C’est dire qu’elle a cloisonné son combat uniquement contre les hommes. Dans l’affaire Jacqueline Sauvage pour prendre un contre-exemple, celle-ci a assassiné son mari dans le dos et a été condamnée par deux cours d’assises différentes sans aucune circonstance atténuante et a été relâchée sous la pression des lobbys féministes et leur statut de victime perpétuelle. Et là beaucoup de gens passent dessus comme si c’était normal alors qu’il y a eu crime et non attouchements.

Adèle Haenel accuse le « poids des pères », du patriarcat, de tous les hommes de la société, et de la « culture du viol ». Cette « culture du viol » n’existe pas faut-il déjà le dire, car on ne peut parler d’une culture qui éduque au viol. C’est antinomique. Ou alors il faudrait parler d’une « culture de la violence », bien plus vaste que concernant les seules femmes. Il y a tellement de films violents et racoleurs où l’on massacre des hommes comme ceux de Tarantino, totalement pervers, le tout avec le second degré pratique comme dans la scène finale de Boulevard de la mort où trois bimbos lynchent un homme en criant de joie. L’une d’elles enfonce son talon dans le visage de l’homme à terre. On peut massacrer des hommes avec souvent une justification à la violence et à la vengeance. Là, il n’y a pas de culture de la violence, mais quand c’est une femme, c’est de la culture du viol. N’est-ce pas, ironiquement, plutôt des femmes que provient cette « culture du viol » si l’on en croit Simone de Beauvoir quand elle écrit dans son célèbre essai : « Comme l’adolescente, elle [la femme âgée] est hantée par des idées de viol. »

Enfin, Adèle Haenel utilise le mot à la mode dans les milieux de ce type : le mot de « systémique ». Elle dit à un moment qu’elle ne recoure pas à la justice « parce qu’il y a violence systémique qui est faite aux femmes dans la justice ». Cette paranoïa fait croire en une chose impalpable, qu’elle est partout et tout le temps tel un fantôme et qu’il faut s’en débarrasser même si on ne peut pas la capturer par la peau des fesses. J’invite le lecteur à regarder cette vidéo intitulée Evergreen et les dérives du progressisme[3] sur ce qui s’est passé à l’Université d’Evergreen et plus généralement dans les universités des États-Unis.

Derrière le visage en souffrance d’Adèle Haenel, il y a une volonté d’imposer une telle idéologie libérale américaine en France pour accuser systématiquement les hommes et blancs de surcroît. Si les femmes sont oppressées, c’est partout et tout le temps et dirigé spécialement contre elles. S’il y a peu de condamnations, ce n’est pas parce que les preuves manquent mais que c’est systémique et qu’il faut les croire sur parole. Elles ne mentent pas, disent toujours la vérité, ne sont jamais jalouses. Des anges. Et si vous critiquez, c’est que vous êtes masculiniste, macho et forcément raciste. Car vous comprenez, c’est systématique ce systémisme.

Or, les femmes ne sont pas les seules victimes dans le monde outre que d’autres femmes, rappelons-le, ne sont pas d’accord avec une telle victimisation. Un tel manquement est déjà patent et fortement idéologique. C’est ce que l’on constate depuis quelques années, la « violence faite aux femmes » devient LA violence ultime contre toutes les autres, la violence sacrée, sacralisée telle une religion et les autres seraient largement mineures. Les femmes, les femmes et rien que les femmes. La souffrance des hommes n’intéresse pas Adèle Haenel, car dans le monde les crimes réels touchent les hommes à 79% par d’autres hommes. Chiffres étonnants du patriarcat qui s’en prend à ses propres adeptes. Or, dans la société, il y a tant d’autres violences notamment entre hommes (licenciements, manque de logements, chômage, etc.) que son accusation publique est somme toute dérisoire. Comme si ce type de femmes pensait être le nombril du monde pour vomir leur « souffrance » en public comme seule cause légitime et sacrée.

Aujourd’hui, un grand nombre de garçons sont élevés par des femmes à la maison, des femmes à l’École. Elles sont dominantes dans l’Éducation nationale ou dans la Justice. Les médias nous disent à longueur de journée que les hommes sont des coupables en puissance, que les petits garçons sont de futurs violeurs, de futurs assassins et que les filles sont plus intelligentes. Le chemin pris par les médias de généraliser le cas d’Adèle comme une pratique habituelle et normalisée des hommes envers les femmes me semble extrêmement dangereux. En France, les enfants ont plus de risques statistiquement d’être abusés par leur mère que par leur père, les femmes ont plus de risques de tuer leur enfant que le père, pourtant je ne vois aucun média en parler ni généraliser ces faits comme étant la preuve d’une toxicité féminine ou d’un rapport particulier entre femmes, pouvoir et violence féminine. Une étude de 2015 de l’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales basée sur l’exploitation des données du Casier Judiciaire a établi que 70 % des meurtres d’enfant sur la période de 1996-2015 ont été perpétrés par une femme[5].

Ce puritanisme à dentelles devient exaspérant. Il accuse sans cesse les hommes, et accuse sans preuve. Consciente de cet état de fait, la comédienne décide d’enfoncer le clou en prétendant qu’un viol sur dix seulement aboutit à une condamnation de justice. Ce n’est pas une raison pour ne pas porter plainte et contourner la justice et authentifier toute calomnie ou diffamation ancrée dans le marbre. Et elle rempile : « La justice doit se remettre en question de ce point de vue là. » Déclaration délirante comme retournement de situation. La justice est coupable de ne pas condamner la bonne parole de chacun et chacune. Il s’agit bien de puritanisme à l’égal de l’ancien temps des curés et des bonnes sœurs, mais qui a changé de vêtements pour recouvrir une autre sorte de sainteté : la libération victimiste de la parole de femmes.

Il semble évident que la comédienne devait raccrocher sa « souffrance » à une lutte plus vaste qui ne peut souffrir de doutes, les « violences faites à toutes les femmes et à l’enfance » et ainsi l’aiguiller vers l’idéologie de genre et du féminisme en arrière-plan, idéologie bourgeoise des grands centres urbains aspirant le plus de femmes possibles au même formatage idéologique par leur plus grande capacité à s’émouvoir d’elles-mêmes. Plus largement encore, le libéralisme a trouvé un moyen commode de dissoudre toute socialité, toute justice par la foire d’empoigne émotionnelle où le public est enfermé dans sa sphère intime et subjective, intolérant à la moindre contrariété, délaissant les fondements structurants de la société. Il n’a tellement plus rien à se mettre sous la dent qu’il est campé comme dans une forteresse dans son moi pulsionnel et affectif, atomisé, gavé d’objets de consommation. Et le combat idéologique et névrotique d’Adèle Haenel, à son insu ou non, entre dans la valse programmée du transhumanisme en pensant combattre uniquement la « domination masculine », et fait éclater impudiquement tous les schémas sociaux et sexués.

Ce qui arrive est la fin du patriarcat que le libéralisme a décidé de liquider pour aller plus avant. Comme ce dernier s’était servi de la dénonciation de l’esclavagisme qu’il avait auparavant promu, il avait alors installé le salariat qui en est une forme aggravée pour ses propres besoins.

L’esclavage n’est « économiquement rien d’autre qu’une forme de contrat de travail obligatoire […]. L’employé libre vit souvent dans une dépendance beaucoup plus dure et jouit d’un moindre respect […]. » — Oswald Spengler, Le Déclin de l’Occident (1918-1922)

Loin d’y être opposé comme certains le croient sinon le patriarcat les balayerait d’une pichenette, le libéralisme peut promouvoir une nouvelle étape pour démonter l’anthropologie (notamment l’hétérosexualité, fondement de la reproduction de l’espèce humaine) par son imaginaire féminin idéologisé. « Ayez la femme et vous vendrez le monde ! » faisait dire Zola à Octave Mouret dans Au Bonheur des dames. Ce qui permet au sociétal d’effacer le social. Vieux thème. Rivalité mimétique de vouloir les mêmes métiers de pouvoir que l’homme et d’user de chantage pour les obtenir (sauf les sales métiers). En somme faire comme l’homme. L’imiter. Il n’y aura donc aucune justice, simplement un ressentiment inouï, celui de prendre la place du Maître pour l’exercer à son tour. Et ce ne seront pas celles qui ont été réellement victimes qui l’exerceront, mais celles qui se sont servies de ces causes comme marchepieds, c’est-à-dire ses représentantes bourgeoises dans les médias et dans la communication. Il n’y a ici nulle attaque en revanche contre les femmes ou le féminin mais de l’idéologie qui se sert de ces catégories.

« Le féminisme libéra les femmes de la dignité naturelle de leur sexe et les transforma en homme inférieurs. » — Francis Parker Yockey, Imperium (1948)

Cinquième point. Une autre question se pose concernant les rapports hommes-femmes à la sexualité si différente et où les deux sexes jouent une partie serrée quant à la séduction. La situation aggravera les relations hommes-femmes à l’évidence. En accréditant la moindre accusation sans la moindre preuve et en contournant la justice, cela va envenimer toute la société. Chaque relation sentimentale ou sexuelle risque de s’envisager sous le couperet de ce genre d’accusation (viol, agression) à la moindre incartade, au moindre chantage, au moindre divorce, à la moindre séparation pour avoir le pouvoir sur l’autre, et ici sur l’homme. Même la banale relation sentimentale risque de faire jouer ce chantage si l’homme ne se soumet pas à la libido féminine, car pourra-t-il prouver le consentement ? Mort de la relation amoureuse et poétique, mise sous la surveillance et la suspicion permanentes de la police de la braguette. Derrière cette exhibition médiatique et la libération de la parole authentifiée comme pure et véridique se cache la superstructure de la brutalité et de la répression. Bien sûr, ceux qui acquiescent aveuglement peuvent se retrouver accusés sans pouvoir se défendre et prouver leur innocence.

Il est piquant que des attouchements soient considérés comme infamants, mais parlons aussi d’une chose dont on parle peu dans le sens inverse. Combien de femmes s’amusent-elles à castrer les hommes psychologiquement par leur facilité à les allumer avec leur séduction ? Comportement théâtral appelé hystérie ou histrionisme et qui touche beaucoup plus de femmes que d’hommes. Le pouvoir de celles qui n’ont pas la force physique, mais qui les fascinent… Cette chose est assez honteuse chez les hommes, humiliés de n’être pas à la hauteur et d’être révoqués étant donné leur capacité assez ridicule à être séduits. Beaucoup de femmes jouent aussi de cette rivalité intrasexuelle pour avoir la primeur de l’élu suprême sans compter qu’elles sont à certains postes de pouvoir et n’hésitent pas à utiliser des méthodes douteuses entre elles pour éliminer leurs rivales[6].

L’impact est que socialement par tous ces clichés véhiculés, il sera difficile et excluant de faire entendre son désaccord. Les opposants seront mis au banc de touche, dégradés et hués, mis à l’index. Contrôle social redoutable et totalitarisme émotionnel inédit. Les thuriféraires auront sans cesse recours aux mêmes arguments de la domination comme au bon vieux temps du stalinisme. Ce puritanisme affectif deviendra l’image préinterprétée et kitsch du monde commode pour condamner ou refuser toute œuvre qui tenterait d’aborder l’ambiguïté des rapports hommes-femmes. Les films Belle de jour de Luis Buñuel, Beau-père de Bertrand Blier, Lolita de Stanley Kubrick seraient d’emblée interdits ou censurés pour offense faite aux femmes, classés comme pédocriminels et j’en passe. Plus largement, c’est toute la connaissance poétique et trouble du monde qui se voit à terme reléguée comme malsaine.

Conclusion. Comme un coup d’éclat et un coup de théâtre, l’entretien se termine par la lecture de la lettre d’Adèle à son père (qui a, comme par miracle, changé d’avis), symbole qui veut s’ancrer dans l’imaginaire collectif comme une volonté d’anéantir les pères ou les hommes. On se demande d’ailleurs pourquoi elle lit publiquement une telle lettre qui, normalement, s’adresse en privé pour expliquer à ses proches des choses intimes. Là, non, elle l’exhibe d’une façon totalement impudique avec l’assentiment qu’elle fait le Bien. Elle devient une égérie intouchable, forcément victime, mille fois victime simplement parce qu’elle l’affirme. Notamment quand elle dit : « Tu sembles penser que je cherche à me faire mousser avec ces révélations ou que je cherche à ramener ma psychanalyse sur la place publique : tu es à côté de l’enjeu. Si j’en parle, ce n’est pas pour brûler Christophe, c’est pour remettre le monde dans le bon sens, lui qui est sens dessus dessous de mensonges. Si j’en parle, c’est pour que les bourreaux cessent de se pavaner et qu’ils regardent les choses en face. Si j’en parle, c’est pour que la honte change de camp. Si j’en parle, c’est pour que cette exploitation de futurs enfants, de femmes, cesse ; pour qu’il n’y ait plus la possibilité de double discours» Tout ce passage est précisément un double discours où elle ramène sa « psychanalyse sur la place publique », se fait mousser avec les applaudissements d’autres victimes réelles ou fictives qui peuvent assister à une exécution publique (effectivement le cinéaste sera certainement « brûlé »), le tout accrédité comme méthode de délation autorisée, car auréolée de la victime féminine et de l’enfance « violée ». Tout ceci est un mensonge kitsch où elle tente d’englober sous le sceau purificateur de la victime toute une société pour la remettre « dans le bon sens ». Double discours où elle affirme maintenant qu’il y a des monstres (avant il n’y en avait pas) et prétend effacer toute complexité et toute ambiguïté. Nouveau symbole de la virginité outragée. La Jeanne d’Arc de la victime.

Dans cette lettre, elle écrit encore parlant du réalisateur accusé : « Il procédait toujours de la même façon : il se collait à moi, m’embrassait et commençait à me caresser. Je me levais, il me suivait et je finissais par m’asseoir sur le repose-pieds qui était si petit qu’il ne pouvait pas venir près de moi ; car il ne voulait pas voir les choses en face, c’est-à-dire qu’il ne pouvait pas me mettre deux gifles et me forcer par la contrainte physique car alors, il n’aurait pas pu éviter de se voir tel qu’il est, c’est-à-dire un homme de quarante ans qui abuse d’un enfant de douze, treize, quatorze ans. Tu comprends ? Ce n’est pas par respect pour l’enfant que j’étais qu’il n’est pas passé à l’acte, c’est par peur de se regarder en face. » Étonnante déclaration. On notera la dernière phrase : « c’est par peur de se regarder en face. » Admettons ce que dit la comédienne car on n’en aura aucune preuve. Il ne l’a pas violée, il n’est pas allé très loin. Sans doute a-t-il été troublé et a-t-il été débordé par son envie, mais il s’est retenu, sans franchir l’irréparable, ce qui lui aurait été facile vu que c’est un homme. Justement. Dans cette lettre, elle reconnait n’avoir subi aucune violence de la part de Ruggia. Elle fonde son accusation sur des spéculations concernant les intentions de son supposé harceleur, et pire encore sur ce qui l’aurait poussé à ne pas passer à l’acte. Il y a là une contradiction monumentale : ce n’est pas l’agression qui est dénoncée, mais justement ce qui a empêché l’agression !

Étant donné qu’elle allait chez lui fort souvent, croire d’emblée qu’elle était sous l’emprise ou aliénée est commode pour échapper à son propre trouble. Les rapports de séduction entre hommes et femmes ne peuvent pas échapper à l’emprise ou à l’aliénation. Être troublé ou amoureux, c’est être sous l’emprise où l’on peut faire des choses osées tout en ayant peur de les commettre. C’est ce qu’on appelle une part d’ombre où tous les repères vacillent. Il est clair pour ma part que le cinéaste aurait dû s’empêcher même de la caresser et de se coller à elle s’il en avait envie, notamment par le fait qu’il était l’adulte et elle l’adolescente. Mais qui, homme ou femme, jeune ou non, n’a pas été ne serait-ce que troublé par une personne plus âgée ou plus jeune, sentant le parfum enivrant de l’ambiguïté et de l’interdit qui se profilait ? À ce titre, l’homme plus fort, à qui l’on collera aisément par facilité l’étiquette de bourreau, n’a aucune chance face à une jolie jeune femme qui a une capacité de charmer, voire d’attirer et de repousser, surtout à un âge où elle découvre la sexualité, le tout empreint d’une socialité ascendante par le cinéma. Le nier, c’est nier l’ambiguïté inhérente des êtres dans les rapports entre sexes. Il n’y aurait alors aucune passion humaine et donc aucune capacité de l’analyser et d’en tirer une connaissance et une sagesse pour les autres. C’est justement l’apport du roman Lolita de Vladimir Nabokov et du film que Stanley Kubrick en a tiré. Adèle Haenel ne lève aucun tabou. Elle établit un mythe.

C’est encore plus troublant quand elle déclare : « Toute la bienveillance de Christophe ne l’a pas trop empêché de se détourner de moi et de poursuivre son engagement politique en faveur des enfants, sa vie dans le monde du cinéma, comme si de rien n’était. Je disparaissais et avec moi disparaissait le risque d’être rattrapé un jour par cette sale histoire. » Notons la première phrase où l’on peut se demander pourquoi elle se plaint que Christophe Ruggia se soit détourné d’elle ? Elle aurait dû être heureuse d’échapper à son emprise. Mais aussi qu’elle disparaissait loin du cinéma, abandonnée à son sort. Et je dois le dire : comme si elle regrettait ce trouble réciproque et que le cinéaste s’en aille ailleurs, préoccupé par sa vie. Et elle ajoute juste après : « Je suis puissante aujourd’hui socialement et Christophe n’a fait que s’amoindrir, mais cette inversion du rapport de force présent, en elle-même, n’est pas suffisante pour lutter contre le rapport de force imprimé depuis la jeune adolescence» Comme si elle avait besoin de se venger par son ascension sociale alors que le cinéaste n’a pas démontré son talent, que le rapport de force s’est inversé et qu’elle peut lui faire payer son éloignement. Le ressentiment paraît évident et est bien plus violent que ce que le cinéaste a pu commettre. Une violence inouïe, non plus intime et locale, mais publique et sociale, spectacularisée et théâtralisée où l’intéressé est exécuté sans procès par la meute émotive de surcroît. Gare aux réfractaires !

Bref, cette petite histoire méritait-elle tant de bruit ? Tout cela sent l’hypocrisie et le kitsch car on ne connaît jamais les justifications profondes de tels déballages. Il y a toujours des bénéfices et des objectifs dissimulés de toutes sortes. Derrière une telle cérémonie émotionnelle se cache toujours le visage du vampire.

Yann Leloup

https://articlesyr.wordpress.com/2019/11/07/adele-haenel-ou-le-tribunal-mediatique-et-numerique/

ps : on lira cet article fort instructif : https://www.lepoint.fr/debats/fausses-accusations-de-maltraitances-conjugales-et-infantiles-l-arme-fatale-des-divorces-16-11-2019-2347785_2.php

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Dominique_Baudis

[2] https://www.lamontagne.fr/vichy-03200/actualites/allier-par-vengeance-elle-avait-denonce-un-faux-viol-a-la-police_12699000/#refresh

[3] https://www.youtube.com/watch?v=u54cAvqLRpA&feature=youtu.be

[4] https://www.jeanne-magazine.com/le-magazine/2019/09/02/violences-conjugales-entre-femmes-raisons-silence_9557/?fbclid=IwAR2I4PXbc3V7oMTukz9ta-Nm422unAPeykjAccxB1RqmTtxKwRkd1yp1Omc

[5] https://www.20minutes.fr/societe/2158023-20171025-pourquoi-meurtres-enfants-majoritairement-commis-femmes

[6] Lire les études : https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstb.2013.0080 mais aussi https://www.researchgate.net/publication/324460432_Competitive_reputation_manipulation_Women_strategically_transmit_social_information_about_romantic_rivals

« Trois siècles d’expérience “rationaliste” nous invitent impérieusement à méditer sur la splendeur et les bornes de cette prodigieuse “raison” cartésienne. » — José Ortega y Gasset, La Révolte des masses (1929)

« Qui détruit l’identité d’un autre ne renforce pas la sienne, mais la rend plus vulnérable, plus menacée encore dans un monde qui a perdu un peu plus de sa diversité. » — Alain de Benoist, Vu de droite (1977, préface de 2002)

« Le fascisme […] n’a pas même, au fond, été capable d’égratigner l’âme du peuple italien, tandis que le nouveau fascisme […] l’a non seulement égratignée, mais encore lacérée, violée, souillée à jamais. »

« […] le nouveau fascisme, la société de consommation, a profondément transformé les jeunes ; elle les a touchés dans ce qu’ils ont d’intime, elle leur a donné d’autres sentiments, d’autres façons de penser, de vivre, d’autres modèles culturels. »

— Pier Paolo Pasolini, Écrits corsaires (1976)

EN BANDE SON : 

 

4 réponses »

  1. LA POMME DE LA DISCORDE
    Poussé par une volonté accusatrice, fondée sur une interprétation erronée de la Genèse, l’homme attribue à la femme le rôle de bouc émissaire, puisque elle initia « la Grande Aventure » terrestre émaillé de tant de souffrances.
    Depuis, les hommes et les femmes errent à la recherche du paradis perdu mais sans en connaitre le chemin.
    « L’amour est ainsi. On le mime sans y réfléchir, mais son mystère n’est élucidé que par une infime minorité d’êtres. Très peu pénètrent le sens de l’amour, de la véritable signification de l’union sexuelle »1.JULIUS EVOLA
    Alors, l’homme et la femme se font la guerre. Dans ces formes, le contact avec les forces primordiales est rompu.
    Une guerre de tranchées.
    Pour les femmes, tu enfanteras dans la douleur.
    Femmes tu es,tu dois accomplir ton destin, la procréation.
    Pour les hommes, « Deviens un homme mon fils ».
    C’est très dur.
    D’être et de rester un homme, on leur fait faire la guerre, on leur demande d’assumer de devenir père,souvent contre leur gré. Mis devant le fait accompli et le regard de celles dont ils se croient aimer,ils courbent l’échine…acceptent ce jeu de dupes.
    Les douces femmes épousées se révèlent rapaces à l’heure du divorce.
    Elles deviennent des machines calculatrices. Je lui ai donné cela, il doit me le rendre au centuple.
    Pension alimentaire, la panacée de ces nouveaux couples estampillés, made in mondialisation.
    5 ans maximum.
    On leur demande de nourrir une famille qui s’agrandit souvent selon le désir de madame.
    Les femmes contemplent leurs sexes… s’indignent qu’un homme ne sache pas où se trouve le secret de leurs orgasmes, s’émerveillent de leur pouvoir de donner la vie, et la mort en même temps.
    Les hommes contemplent le symbole de leur virilité, le phallus qui doit rester érigé. La peur de la panne les hante. Ils acceptent les lois du Fight Club et se battent pour conserver une puissance illusoire et les objets de représentation qui vont avec.
    La femme accepte la trahison, pour garder le mâle qu’elle a réussi conquérir, à enchaîner, selon la loi des devoirs à assumer et de la pitance assurée.
    Les bourgeoises sont des putes ,prêtent à se farcir n’importe quel mec, pourvu qu’il puisse allonger les billets.
    Une fois qu’elles l’ont capté, elles le suceront jusqu’à la moelle de ce qu’il pourra procurer.
    Pourquoi croyez-vous que les hommes meurent plus vite que les femmes ?
    A bout de souffle, coincés dans un couple qui au fil du temps devient un enfer… ils préfèrent franchir le pas et rejoindre l’île des morts.
    Là, ils seront tranquilles.

  2. Des actrices

    Une star de l’époque Tallulah Bankhead résumait ainsi la condition des actrices à Hollywood « A qui vais-je devoir faire une pipe pour me tirer du merdier dans lequel je suis ».
    Traitement de choc pour Frances Farmer qui refusait La Loi des studios ; jugée pas assez soumise, elle fut enfermée dans un asile. Pour la « dresser », on lui administra quelques électrochocs avec l’assentiment de sa maman. Elle termina sa vie comme vendeuse dans des magasins de prêt-à-porter. Ses amis, les écrivains de l’Actors Studio, la laissèrent choir. Le Moloch Hollywoodien a besoin de sacrifices humains. Lorsqu’elles sont usées, les étoiles s’éteignent en se suicidant.
    Ses destins tragiques permettent aux crétines de se murmurer à elles-même, avec plaisir, ma vie est pitoyable mais « les stars » aussi souffrent.
    Les maîtres des Illusions savent parfaitement recycler la chair décomposée et en faire un objet de consommation.
    Marilyn Monroe passa son dernier week-end à Palm Spring invitée à une fête organisée par Peter Lawford, le beau–frère des Kennedy, grand ordonnateur des plaisirs de ces messieurs…elle passa de mains en mains jusqu’au petit matin.
    Vivien Leigh, épouse de Laurence Olivier, Scarlett embarquée dans un Tramway nommé Désir …descendit elle aussi à la station hôpital psychiatrique. Autant en emporte le vent….

    Il existe des évadées ! Louise Brooks. L’interprète inoubliable de Lulu fit sa révérence au faîte de sa gloire.
    Le personnage de Lulu a été inspiré à Wedekind par Lou Andrea Salomé : « Lulu exprime l’essence de la femme, créature démoniaque mais au sens dionysiaque du terme dans la mesure où elle s’apparente aux forces naturelles, à l’esprit de la terre par opposition aux structures figées de la société ».
    Ces deux femmes, l’une un personnage, l’autre réelle, ont été ce « dangereux peut-être » qu’évoque Nietzsche, et mettent au premier plan de l’existence tout ce qu’elle comporte d’étrange, de déroutant, de dangereux.

    • Au nom de qui et de quoi Adèle Haenel parle t elle : Au nom des femmes ? Certainement pas il y a belle lurette qu’elle a cessé d’en être une. Au nom des actrices ? Certainement pas , ce n’est pas la haine de la loi des studios qui la porte c’est la haine des Hommes. Adèle Haenel est une égérie du mouvement LGBT et en tant que telle elle conteste ce qu’elle nomme la primauté du patriarcat blanc qu’elle entend remplacer par la domination d’elle et de ses amies. Autrement dit le mouvement LGBT, minorité abusive si il en est, infiltré au sein du mouvement néo féministe entend reprendre à son compte et pour son unique bénéfice toute revendication qui déboucherait sur une quelconque amélioration du droit des femmes et par voie de conséquence du statut professionnel des actrices. Bell exemple de foutage de gueule !

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