1984

Violences policières, voyoucratie et libéralisme Par Yann Leloup

Violences policières, voyoucratie et libéralisme

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« […] le fascisme de naguère, ne fût-ce qu’à travers la dégénérescence de la rhétorique, rendait différent, alors que le nouveau fascisme — qui est tout autre chose — ne rend plus différent : il n’est plus rhétorique sur le mode humaniste, mais pragmatique sur le mode américain. Son but est la réorganisation et le nivellement brutalement totalitaire du monde. » — Pier Paolo Pasolini, Écrits corsaires (1976), trad. Philippe Guilhon, éd. Flammarion, 2009 (ISBN 9782081226623), p. 82

« Je suis profondément convaincu que le vrai fascisme est ce que les sociologues ont trop gentiment nommé “la société de consommation”, définition qui paraît inoffensive et purement indicative. Il n’en est rien. Si l’on observe bien la réalité, et surtout si l’on sait lire dans les objets, le paysage, l’urbanisme et surtout les hommes, on voit que les résultats de cette insouciante société de consommation sont eux-mêmes les résultats d’une dictature, d’un fascisme pur et simple. Dans le film de Naldini, on voit que les jeunes étaient encadrés et en uniforme… Mais il y a une différence : en ce temps là, les jeunes, à peine enlevaient-ils leurs uniformes et reprenaient-ils la route vers leurs pays et leurs champs, qu’ils redevenaient les Italiens de cinquante ou de cent ans auparavant, comme avant le fascisme.

Le fascisme avait en réalité fait d’eux des guignols, des serviteurs, peut-être en partie convaincus, mais il ne les avait pas vraiment atteints dans le fond de l’âme, dans leur façon d’être. En revanche, le nouveau fascisme, la société de consommation, a profondément transformé les jeunes ; elle les a touchés dans ce qu’ils ont d’intime, elle leur a donné d’autres sentiments, d’autres façons de penser, de vivre, d’autres modèles culturels. Il ne s’agit plus, comme à l’époque mussolinienne, d’un enrégimentement superficiel, scénographique, mais d’un enrégimentement réel, qui a volé et changé leur âme. Ce qui signifie, en définitive, que cette “civilisation de consommation” est une civilisation dictatoriale. En somme, si le mot de “fascisme” signifie violence du pouvoir, la “société de consommation” a bien réalisé le fascisme. » — Pier Paolo Pasolini, Écrits corsaires (1976), trad. Philippe Guilhon, éd. Flammarion, 2009 (ISBN 9782081226623), p. 268-269

« Il existe aujourd’hui une forme d’antifascisme archéologique qui est en somme un bon prétexte pour se décerner un brevet d’antifascisme réel. Il s’agit d’un antifascisme facile, qui a pour objet et objectif un fascisme archaïque qui n’existe plus et qui n’existera plus jamais. […] Voilà pourquoi une bonne partie de l’antifascisme d’aujourd’hui ou, du moins, de ce que l’on appelle antifascisme, est soit naïf et stupide, soit prétextuel et de mauvaise foi ; en effet, elle combat, ou fait semblant de combattre, un phénomène mort et enterré, archéologique, qui ne peut plus faire peur à personne. C’est, en somme, un antifascisme de tout confort et de tout repos. » — Pier Paolo Pasolini, Écrits corsaires (1976), trad. Philippe Guilhon, éd. Flammarion, 2009 (ISBN 9782081226623), p. 267-268

La question raciale (et sexuelle) qui défraye la chronique n’est là que pour escamoter la question sociale. Brouillard idéologique. Il faut rappeler qu’en 68, le cinéaste italien, Pier Paolo Pasolini, marxiste et homosexuel, défendait les policiers contre les étudiants petits-bourgeois. Il avait deviné à l’avance que ces petits bourgeois allaient être les dirigeants d’aujourd’hui, avant-gardes de l’ingénierie du système libéral. Il clamait à l’envi, dès 1973 dans Lettres luthériennes que « Le fascisme peut revenir sur la scène à condition qu’il s’appelle antifascisme » pour être totalement insoupçonnable dans la nouvelle société qui survenait. Quelques heures avant son assassinat, il disait : « Nous sommes tous en danger. »

Ceci explique pourquoi Pasolini s’en prenait aux laïcs et aux progressistes qui, forts d’une raison surdéterminée jusqu’à l’abrutissement de leurs principes, ne tolèrent plus qu’eux-mêmes et utilisent les mêmes méthodes religieuses qui avaient cours lors de l’Inquisition, recouvertes maintenant d’une panoplie « éclairée » et sucrée, faisant avancer cette idéologie bourgeoise et centralisatrice pour une petite caste : « Or, la masse des intellectuels qui vous a emprunté, à travers une marxisation pragmatique d’extrémistes, la lutte pour les droits civiques, en l’exprimant ainsi dans son code progressiste, ou conformiste de gauche, ne fait rien d’autre que le jeu du pouvoir. Plus un intellectuel progressiste est fanatiquement convaincu de la justesse de sa contribution à la réalisation des droits civiques, plus, en substance, il accepte la fonction sociale-démocrate que le pouvoir lui impose, en supprimant toute altérité réelle par la réalisation falsifiée et totalisante des droits civiques. Ce pouvoir s’apprête donc de fait à recruter les intellectuels progressistes comme ses clercs.[1] »

Le coup de marketing du Capital fut de faire croire que le fascisme était du côté du camp qu’il ne soutient pas. Ce que le fascisme n’avait pas réussi à imposer par la force, la société de consommation l’imposera en changeant les corps et les âmes où l’humanité doit basculer intégralement dans l’ordre bourgeois : fascisme d’un nouveau genre, incolore, pragmatique, consumériste qui n’avait plus besoin d’être répressif (Huxley) pour poursuivre l’hégémonie. Sans contrainte explicite, il promeut le plaisir et l’hédonisme comme contrôle mental en colonisant l’intériorité humaine affective et pulsionnelle jusque dans le langage de la contestation, suscitant une adhésion spontanée. « Désirez ce que vous voulez, nous sommes là pour produire et pour vendre. » La servitude volontaire s’est renversée en son contraire. Mais il faut toujours un ennemi à détester pour aller de l’avant pendant que les autres regardent en arrière.

Pour masquer la déliquescence sociale radicale, il fallait déporter les combats vers l’émancipation sexuelle et l’antiracisme cosmétique. Déclinons la formule de Pasolini : le racisme peut revenir sur la scène à condition qu’il s’appelle antiracisme. La grande force du système actuel est d’avoir astucieusement utilisé le « pompeux catalogue des droits de l’homme » (termes de Marx) et le slogan « Lutte contre toutes les discriminations » (rappelons que la formule fut introduite par l’économiste néolibéral Gary Becker dans The Economics of Discrimination (1957) puis reprise au début des années 1970 par Friedrich Hayek, tout cela devrait faire réfléchir) pour passer en fraude le libéralisme mondialisé. On ne le dira jamais assez : lutter contre le racisme ou le sexisme ne remet pas en cause le libéralisme alors que lutter pour réduire l’écart entre les riches et les pauvres y contrevient. Le libéralisme actuel n’a que faire des discriminations qu’il établissait auparavant. L’univers ultra-concurrentiel d’aujourd’hui ne peut plus se passer de toutes ces catégories (couleur de peau, pratiques sexuelles diverses, offrant au passage une recomposition anthropologique majeure, ce pour quoi il les promeut et les subventionne) pour aboutir à une totale dissolution des États, des Nations, des frontières, des sexes, des genres, le tout débouchant sur le transhumanisme….

Ce qui s’est passé, c’est la victoire d’une bourgeoisie de gauche contre une bourgeoisie de droite qui a perdu la main depuis plus de quarante ans au moins. En France, au tournant de la rigueur en 1983, le PS (Harlem Désir et Julien Dray) crée SOS Racisme et ancre le paysage intellectuel français dans l’antiracisme professionnel. L’idée pour permettre la mondialisation et l’Europe libérale fut l’invention d’un mal radical. Mitterrand a torpillé le PCF et a fait monter le FN. Ce torpillage du PCF s’est révélé nécessaire pour éradiquer un parti historiquement populaire qui pouvait freiner cette mondialisation par des luttes sociales. Il était prévisible que les classes laborieuses allaient passer de l’un à l’autre étant donné qu’elles seraient inéluctablement touchées par la crise qui advenait. Logiquement, le FN changea de programme politique, passant de Reagan à un costume de « gauche ». Cela permit aux partis traditionnels d’avancer sans risque et d’avoir sous la main un parti repoussoir que l’on pouvait accabler de tous les maux. Le Parti Maudit.

Des épouvantails du monde ancien furent installés pour faire avancer le monde nouveau. Ethnicisation et sexualisation de la vie sociale ont défilé au carnaval en bombant le torse et en donnant des leçons de moraline à la Terre entière. Un théâtre antifasciste a alors été mis en scène en conséquence, une sorte de reconstitution cinématographique à l’échelle du réel afin de conforter ceux qui vivent grassement du pays de Boboland. Avec tous les figurants adéquats : associations antiracistes sponsorisées, partis de la repentance en son Surround, culpabilisation outrancière en 4D, dramatisation forcenée de la Seconde Guerre mondiale en Scope, période Vichyste en Technicolor. La démonologie a changé de camp, elle est devenue laïque. Une façon d’occulter la lutte de classes, entre riches et pauvres, par un brouillage de classes (Guilluy), entre bobos et fachos : on invente un prolétariat de rechange (antiracisme, féminisme hystérique, homosexualisme) qui cache l’abandon des classes populaires, assimilées dès lors à des arriérés et à des aigris et votant dorénavant FN, piloté par des bourgeois au passé trouble (l’ennemi de classe des communistes). Comme s’il s’agissait des sujets brûlants de la France d’aujourd’hui alors que ceux-ci masquent la situation sociale calamiteuse. À la suite de Pasolini et provenant aussi du marxisme, Guy Debord parlait des « moutons de l’intelligentsia » : « ils ne connaissent plus que trois crimes inadmissibles, à l’exclusion de tout le reste : racisme, antimodernisme, homophobie.[2] »

Le logiciel antiraciste et antifasciste était au point dans sa version 2.0. C’est alors que les banlieues ethniques rentrèrent dans la danse, ayant délogé les cités ouvrières grâce à une immigration massive qui ferait bondir Marx vu que pour lui l’immigration a toujours été une arme du capitalisme pour tuer les luttes sociales (dumping). On remarque sémantiquement que le mot travailleur a été remplacé par les mots immigré et migrant, avalisant l’abandon des classes ouvrières qui votaient auparavant pour le PCF. Dès lors refuser cette immigration vous faisait passer pour un raciste et un fasciste, flèches lancées par les Cupidon du monde « ouvert », en même temps que cette immigration servait d’avant-gardes pour les différents pouvoirs pour un multiculturalisme obligé. Rappelons ce que disait Karl Marx dans L’Idéologie allemande (1845), au chapitre V de Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte (1852) où il explique que Louis-Napoléon avait formé une force d’intervention qui lui était dévouée (laissés pour compte, vagabonds, escrocs, voleurs, escamoteurs et pickpockets, etc.) « en un mot toute cette masse errante, fluctuante et allant de-ci de-là que les Français appellent « la bohème ». Ce pour quoi il défendait les travailleurs réellement exploités et non ce lumpenprolétariat prêt à collaborer avec le pouvoir. Nous en avons la continuation avec les minorités des banlieues totalement contrôlées et installées par lui depuis les années 80. Ce fut l’idée limpide que d’assimiler le lumpenprolétariat avec les minorités ethniques.

Il fallait donc les mettre en avant afin d’éviter le retour du conflit de classes. La classe politico-culturelle se protège ainsi par un écran de fumée en s’appropriant le combat ethnique ou sexuel tout en conspuant les représentants de la classe populaire vivant désormais à part. Elle cultive l’entre-soi en contournant la carte scolaire et en évitant de se coltiner les nouveaux venus tout en dénonçant l’horrible racisme des classes laborieuses. Mais ce sont ces dernières qui sont contraintes et forcées d’accueillir les immigrés en leur sein, processus qui favorise la mondialisation par des salaires à la baisse et la destruction des acquis sociaux, mixité forcée pour détruire toute vie commune. Aucune population n’a envie de devenir minoritaire dans son pays. Il suffit d’imaginer une Afrique Noire remplie de petits Blancs pour en mesurer l’absurdité. Étant donné que c’étaient les classes moyennes populaires qui permettaient l’intégration des nouveaux arrivants, son effondrement rend impossible cette assimilation d’autant qu’elles sont ostracisées. À terme, cela ne peut être que la guerre civile entre les Français populaires qui voient leur train de vie fracassé et leurs modes de vie saccagés et les minorités entretenues dans une sous-culture et rendues volontairement violentes. Les pauvres s’en prendront inéluctablement aux pauvres évitant les véritables responsables de cette situation.

Tout a été fait pour détester le monde ancien et populaire pour célébrer ce monde nouveau qu’il fallait louer et admirer comme une relique. C’était si facile avec cette capacité si touchante de l’être humain que de croire aux mirages et de se délester illusoirement de sa pesante condition humaine. Étant donné que le narcissisme et l’égoïsme constituent le substrat basique des êtres humains sur lesquels joue le libéralisme, les personnes enfermées dans ce logiciel adjoint à la société d’exhibition et médiatique (Facebook, Instagram) ne pouvaient qu’interagir sur ses seules bases et se communautariser en les revendiquant comme apanages identitaires. Hiérarchie plate, management liquide, totalitarisme cool qui déguisent sa prédation dans un univers propre noyé de « likes » et de « smileys ». Comme si ce petit monde avait décidé de régresser au stade du gazouillement enfantin, gonflé par une générosité et une ouverture de synthèse pour s’émouvoir de se découvrir si beau dans le miroir de soi. Individus sans ombre.

À partir du moment où les différences culturelles ou spirituelles (la pensée ou le génie humain) disparaissent, les individus ne se distingueront plus que par des choses brutales et minimes comme le sexe ou la couleur de peau exhibées comme des médailles et recyclées comme marchandises. D’où l’invention du terme phobe mis à toutes les sauces, terme clinique pour psychiatriser les opposants. Ce qu’ils qualifient de phobe, c’est qu’on ne soit pas un clone d’eux. Il faut les aimer de force et eux peuvent haïr sans haine. L’autre n’existe que s’il s’est dépouillé auparavant de son altérité.

Avec tous ces ego exacerbés, il ne faut pas s’étonner que tout le monde se sente perpétuellement blessé, victimisé, meurtri, outragé, indigné. Ils n’ont plus qu’à vomir leur pathos à la face du monde tout en accusant les autres de haine dans leur renversement accusatoire. Les dominants le leur rendent bien en interdisant à tout-va films, livres, séries, peintures dans une repentance théâtrale et médiatique. Dès lors, les nouvelles générations atomisées, sans culture et sans passé, pensent voir advenir la libération et l’épanouissement personnel alors qu’elles participent intégralement à l’imaginaire libéral qui joue sur leur hubris comme disaient les anciens Grecs. Ce qu’elles ont oublié, c’est que c’est le pouvoir qui leur a donné le parfait manuel de la transgression permise et revendiquée. Elles n’ont rien conquis.

Personne n’abandonnera son petit confort de petit bourgeois des grands centres urbains. Qui en effet renoncera à son téléphone portable ? À ses séries télévisées ? À son tourisme ? À sa possession ? À sa petite auto ? pour parodier Jacques Brel. Ce mode de vie protégé et sécurisé à mort permet de ne rien voir de l’infernale exploitation en arrière-plan tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur, transformant le monde en une vaste colonie distractionnaire. Le nouveau catéchisme est là et le pouvoir est total. Pire que celui des anciens curés, car avec eux, au moins, l’habit faisait le moine.

En quarante ans, la politique libérale n’a rien donné (chômage, misère, délocalisations, licenciements, immigration massive et clandestine…). En France, tout a été fait pour dénationaliser ce pays au fur et à mesure et transmettre le pouvoir politique au système financier : la dette résultant de la loi de 1973, la mort de l’État-providence, la déliquescence du Service public, le délabrement de l’École. Politique libérale mortifère où chaque coin de la planète est transformé en marchandises. Anorexie existentielle transformée en Disneyland par le divertissement, la drogue, ou le sexe comme névroses. Vacances de masse. Univers concentrationnaire généralisé. Le régime ultralibéral anglo-saxon sera bel et bien érigé un jour en monument aux morts sur cette planète. Il est bien plus raciste sous le sceau de l’émancipation car il détruit les langues, dissout les ethnies et les sexes de par le monde, et les force à adopter un même mode consumériste petit bourgeois.

Avec un chômage endémique, une dégradation de la situation sociale que va aggraver une gestion catastrophique de la crise sanitaire due au coronavirus, il n’est guère étonnant de voir ramener sur le terrain le conflit ethnique ou racial (et sexuel) à l’heure de la société numérique qui doit tétaniser tout retour du conflit de classes. Chose d’autant plus aisée avec les moyens de communication d’aujourd’hui.

C’est dans ce contexte que surgissent plusieurs affaires opposant ces minorités et la Police. Et quoi de plus surprenant que de prendre cette dernière comme bouc émissaire (même chose en 1968) pour dévier les problèmes. On comprend que dans l’imaginaire libéral la Police devienne une cible aisée, freinant la transgression de nos rebelles en Charentaises. La Police a un statut spécial, incarnant l’ordre et étant au service du pouvoir avec des rôles multiples allant du policier réglant la circulation à celui établissant le constat des accidents de la route, ou à celui encore intervenant en cas de crimes ou d’infractions. Le documentaire de Raymond Depardon, Faits divers (1983), établissait le travail lourd et ingrat d’un commissariat que bien peu supporteraient. Nos rebelles ont beau polariser leurs diatribes sur la Police, cette dernière est bien plus vaste que réduite à quelques bavures et ils seraient les premiers à appeler Police-Secours si leurs compagnes se faisaient violer ou s’ils étaient victimes d’une agression. Il suffit d’imaginer l’absence de la Police dans une société pour les voir paniqués par l’attaque de hordes qu’ils ont contribué à soutenir pour se croire rebelles alors qu’ils habitent des quartiers sans risques. Il en est de même avec cette perpétuelle attaque contre les curés pédocriminels alors que ces crimes proviennent à 95% des familles et des proches.

En tant qu’incarnation du pouvoir en place, la Police obéit au ministre de l’Intérieur avec là encore des dissensions en son sein, certains faisant leur travail et d’autres abusant de leurs prérogatives, chose inqualifiable et sanctionnée par la loi. Comme tout le monde commettant une infraction. Et la loi, c’est la loi. Et chose bien partagée, ces groupuscules réclament justice tout en demandant à la Police d’être intègre alors qu’ils ne cessent de transgresser et de ne pas respecter ce qu’ils demandent aux autres. Difficile métier quand ces mêmes policiers sous-payés et dont les effectifs ont été réduits doivent faire face comme les pompiers à des guets-apens, attaqués par des tirs de mortiers, à coups de barre de fer, de jets ou de plaques d’égouts du haut des toits. À force, cela ne peut pas se passer bien.

Dans ce qui nous préoccupe, c’est la confrontation lors de manifestations ou d’interventions que le problème se pose et que seule la Justice est capable de trancher. Même cette loi ou cette justice est délégitimée quand les jugements ne vont pas dans leur sens. Une nouvelle fois, le logiciel antiraciste joue à plein, alimenté par des groupuscules qui rêvent d’allumer le feu d’une guerre civile dans leur Œdipe mal dégrossi faisant dévier la question économique et sociale qui tend à disparaître sous la tension raciale. Ils ont beau accuser le pouvoir, ce dernier les subventionne à plein ou les utilise. Leurs contestations sont de pure forme pour paraître crédible.

Les violences policières envers la question raciale (et non la question sociale) sont de l’enfumage envers des voyous multirécidivistes provenant de ce lumpenprolétariat qui devraient mieux se tenir pour éviter d’être confronté à la Police. Il est inutile de revenir sur tant d’affaires, mais prenons celle qui a agité la sortie du confinement en consultant le CV de la famille Traoré :

  • Adama Traoré : délinquant multirécidiviste : 17 inculpations entre 2007 et 2016 !  Menaces, outrages, violences avec ITT sur dépositaires de l’autorité publique, sur témoin ; violences volontaires aggravées, vols et détentions de produits stupéfiants, accusé de viol par son ex-détenu.
  • Yacouba Traoré : délinquant précoce (cambriolage, violences aggravées avec ITT, outrages, rébellion), incarcéré pour incendie d’un bus. Condamné à 18 mois de prison fermes assorti de 2 ans d’interdiction du Val d’Oise pour violences commises en février 2017 sur l’ex-détenu d’Adama.
  • Bagui Traoré : délinquant multirécidiviste, cambriolages, détentions de produits stupéfiants, violences volontaires (avec Adama), vols avec menaces, violences avec armes, 30 mois fermes de prison pour extorsion sur des personnes vulnérables. 6 mois pour trafic de drogue d’ampleur « régionale », outrage sur une policière (17 novembre 2017), port prohibé d’une arme de 6e catégorie.
  • Cheikné Traoré : délinquant violent, vols, cambriolages, violences volontaires avec ITT (en 2011 avec Adama), violence sur dépositaire de l’ordre public.
  • Youssouf Traoré : délinquant violent et multirécidiviste, violence en réunion avec ITT, violence et outrage sur dépositaire de l’ordre public, 6 mois fermes pour trafic de drogue avec quatre complices, d’ampleur « régionale ».
  • Samba Traoré : délinquant violent et multirécidiviste, cambriolages, violence avec ITT ou sur dépositaire de l’ordre public, violences volontaires personnes vulnérables avec ITT en 2016, 4 ans fermes pour violences avec arme.

Un tel parcours ne mérite aucune pitié. Alors si une personne n’a pas à mourir sous les assauts de la police (et ici rien n’est clair), on fera remarquer qu’on ne les oblige pas à être des voyous en enfreignant la loi et quand on a choisi de l’être, il faut en assumer les conséquences lors de confrontations violentes inévitables avec la Police où tout le monde est sur les nerfs.  Là encore la victimisation et le logiciel antiraciste jouent à plein au point que l’on imagine sans peine que chaque « bavure » permettra l’accusation de la Police (et même de les provoquer). Ce gauchisme de salon dont les appartements confortables de certains dépasseraient en valeur le PIB du Bangladesh sont les premiers à se lever debout pour s’indigner. Que des personnalités comme Omar Sy, Mathieu Kassovitz, Zebda, Éric Fassin, Geoffroy de Lagasnerie, Jean-Luc Mélenchon et Cécile Duflot, les rappeurs Youssoupha et Kery James viennent au secours d’une telle voyoucratie a de quoi estomaquer tant ils se moquent du casier judiciaire long comme deux bras de ceux qu’ils défendent par opportunisme tout en se moquant de la terreur qu’ils semaient dans leurs quartiers. On comprend pourquoi ils tentent de délégitimer la Police alors que les populeux réclament plus de forces de l’ordre face aux chefs communautaires et aux caïds qui leur pourrissent la vie.

Dans les années 50-60, la mauvaise conscience bourgeoise a conduit bon nombre d’intellectuels à épouser démagogiquement les causes de la classe ouvrière pour mieux l’annihiler. Ils furent maoïstes, gauchistes et on connaît leur destin quand maintenant, ils votent Macron (Cohn-Bendit, Romain Goupil). La même défiance devrait avoir lieu envers ceux qui prennent faits et causes pour ces radicalités.

Il est logique que ces groupuscules soutenus par l’ultra-gauche, les blackblocks et les antifas, ne soient pas venus soutenir les GJ et pour cause puisqu’ils permettent de cacher une lutte sociale et de la rediriger vers l’antiracisme professionnel avec ces pleureurs d’opérettes. Les Français ont été confinés pendant deux mois. On en a vu qui sont allés rendre visite à leur mère malade dans les Ehpad et ont écopé d’une amende de 135 euros. On leur explique qu’il faut aujourd’hui limiter les rassemblements de moins de 10 personnes. On aurait pu penser un instant que ces groupuscules auraient manifesté main dans la main avec les GJ contre la gestion catastrophique du coronavirus par le gouvernement Macron Ier. Là, la répression aurait été terrible et celle contre les GJ a occasionné des dizaines de blessés graves et cinq morts. Silence. Deux poids deux mesures. Si on appliquait la même répression envers ce lumpenprolétariat, on entendrait hurler jusqu’au fin fond de l’Antarctique.

Un tel gouvernement craint plus que tout ce genre de réunion pour défendre les classes laborieuses. Malgré l’interdiction, ces groupuscules peuvent manifester en pleine crise sanitaire au risque de contaminer des personnes, le tout avec la bénédiction du Pape Castaner selon ses mots : « L’émotion dépasse les règles juridiques ». Il faut oser. En termes de voyous, le Ministre de l’Intérieur s’y connait,  car il fut lié à Christian Oraison, un caïd des Alpes-de-Haute-Provence de la Dream Team abattu de plusieurs balles en 2008. Et l’on comprend pourquoi il tient à protéger ces groupuscules comme une nostalgie lointaine de sa jeunesse.

Ces foules sentimentales, dont l’emballement mimétique est semblable à celle d’une photocopieuse, structurées mentalement comme des pancartes de manifestation après le visionnage de quelques vidéos YouTube et de quelques musiques techno et rap, voire de quelques pétards, craignent tellement la moindre pensée contradictoire que ces chiens de Pavlov postmodernes se mettent à aboyer de leur langue chargée leurs pauvres slogans, résultat de la simplification de la simplification, et s’imaginent avoir terrassé l’ennemi.

Ce logiciel vaut dorénavant à l’échelle de la planète et doit formater le plus de monde possible. L’affaire de George Floyd, condamné tout de même en 2009 à cinq ans de prison pour un cambriolage à main armée, est bien plus problématique, car il est impossible de nier la vidéo de ce crime horrible. Mais pour remettre les choses en perspective, l’instrumentalisation de ce média accentue la pornographie de l’émotion instantanée alors que ce genre d’événements tragiques existe aux États-Unis quotidiennement de tous côtés. La vidéo a grossi un crime et tout le monde peut entonner le même refrain. Sauf qu’entre le crime raciste de ce policier et l’accusation outrée que la Police (13,3 % des plus de 800 000 policiers que compte le pays sont noirs et la communauté noire représente près de 14% de la population) serait perpétuellement raciste et discriminatoire envers les Noirs, il y a une colossale exagération. Et elle est tout simplement fausse. Sans parler des émeutes et des scènes de pillage totalement disproportionnées alors que le policier a été arrêté. Chicago a enregistré 18 meurtres le 31 mai. Une statue de Christophe Colomb a été décapitée mardi 9 juin au soir à Boston et une autre traînée dans un lac en Virginie et cela touche d’autres pays, dont la Grande-Bretagne et la Belgique. Qu’est-ce qui justifie cela ?

Dans les statistiques provenant du Ministère de la Justice US[1], on trouve le taux des violences intraspécifiques : « L’auteur de l’infraction était de la même race ou ethnicité que la victime dans 70% des incidents violents impliquant des victimes noires, 62% de celles impliquant des victimes blanches, 45% de celles qui impliquent des victimes hispaniques, et 24 % de celles qui concernent des victimes asiatiques. » Moralité :  les Noirs et les Blancs se tuent bien plus entre eux que les uns ne tuent une autre race. Il n’y a donc pas une prépondérance de Blancs qui tuent plus de Noirs et donc nullement un racisme spécifique comme on se plaît à l’imaginer fantasmatiquement. Et si des policiers blancs tuent plus de Noirs, c’est que ces derniers sont plus sujets à la criminalité dans des quartiers à risques et ont bien plus de chances donc d’être traqués.

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Si l’on retire le filtre antiraciste, il n’y a donc pas d’un côté d’égalité entre un policier qui tue un Noir (émeutes, représailles et émotion) et de l’autre côté, des Noirs qui se tuent à 70% entre eux, ou quand un Noir ou un policier noir tue un Noir ou un Blanc. C’est dire que cette idéologie antiraciste est totalement inopérante pour comprendre la situation. De même, la communauté noire ne peut revendiquer l’égalité intégrale dans les postes étant donné qu’elle est nettement inférieure au restant de la population.

C’est là qu’on se rend compte que cette question raciale est un épais brouillard idéologique et de bien plus grande ampleur qu’en France. Black Lives Matter est une vaste entreprise d’ingénierie sociale en partie financée par George Soros[4], milliardaire soi-disant philanthrope, grand souteneur du Parti démocrate, mais expert en manipulation sociale avec sa société Open Society Institute, devenu en 2010 Open Society Foundations dont le mot open n’a pas été choisi au hasard idéologiquement. Il y a là une ingénierie sociale abjecte pour parvenir au pouvoir à travers des slogans. Le Parti démocrate a tout intérêt à maintenir les Noirs américains dans les ghettos pour obtenir des voix, tout comme le PS et ses souteneurs en France face à d’autres composantes politiques.

Cette volonté du chaos ne profitera qu’aux privilégiés manipulateurs des deux clans au détriment des plus pauvres. Un ressentiment infini, une volonté de vengeance de part et d’autre, un renforcement des tensions entre suprémacistes blancs et extrémistes minoritaires et où chacun légitimera sa violence du sceau de la justice ou du « Il a commencé le premier ». Le film Ragtime (1981) de Milos Forman établissait l’engrenage absurde d’une telle rivalité à partir d’un fait divers. On pense aussi au roman de Pierre Boule et au film de Franklin Schaffner, La Planète des singes (1968), quand des singes ayant pris le pouvoir asservissent les humains.

Le ressentiment dans la lutte pour le pouvoir aboutit toujours à cette équation où les rebelles veulent être plus royalistes que le roi, autrement dit en être les doubles. Si on imagine le tableau, on aurait des personnes noires au pouvoir qui blanchiraient brusquement en gardant leurs traits physiques mais en condamnant des personnes blanches qui, pour le coup, noirciraient tout en conservant aussi leurs traits physiques. Similarité des positions dans cette lutte mimétique des doubles. La lutte des places n’a jamais offert une quelconque justice. Toutes les révolutions ont échoué. Et pour cause. Il n’y a jamais eu d’imagination au pouvoir car c’est encore du pouvoir.

La question raciale est donc une fausse question quand on remonte à ses causes anthropologiques et métaphysiques. Elle ne nait pas ex nihilo. Il s’agit toujours d’une quête territoriale pour des ressources dans le pillage de la planète où tout le monde a participé, Noirs comme Blancs sans parler des autres ethnies. Si les gouvernements occidentaux (et non le pauvre paysan) ont une nette part de responsabilités dans le colonialisme (la dominance n’a pas de couleur de peau), ce fut aussi l’apanage de ses élites intellectuelles que de l’avoir dénoncé, chose dont se servent nos gauchistes de salon en caricaturant à outrance l’Occident à ses seuls crimes et blanchir le restant de l’humanité pour parvenir au pouvoir.

Évidemment, pour parfaire le tout, la pente a été savamment savonnée par une autre ingénierie provenant des universités en sciences sociales. Comme le « privilège blanc » qui n’existe pas masquant les privilèges de la classe aisée. Ce concept provenant des États-Unis (« white privilege ») a été inventé notamment par Peggy McIntosh, bonne bourgeoise blanche, auteur de l’article White Privilege and Male Privilege, joignant théorie du genre, féminisme et antiracisme. Il présuppose en son sein un essentialisme racial provenant des Blancs comme si le pauvre licencié blanc avait d’immenses privilèges ou comme s’il y avait une origine ethnique ou couleur de peau spécifique au racisme. Ce qui est ouvertement raciste dans sa définition basique avec la caution antiraciste comme écran de fumée pour passer inaperçu. On assiste à un renversement accusatoire sidérant où la victime commet et justifie par ressentiment la même supposée dominance qu’elle reproche. Le documentaire Evergreen ou les dérives du progressisme[5] montre les dégâts de cette idéologie bourgeoise de gauche. On retrouve en France le même discours émanant des adeptes de la théorie du genre tels l’actrice Adèle Haenel, Éric Fassin, Céline Sciamma et tous ceux qui adoptent ce genre de slogans théâtraux à la mode dans leur agora antiphobique.

L’Égalité théorique aboutit inéluctablement à un aristocratisme dans les faits pour obtenir du pouvoir. Ce petit jeu aboutit à la fameuse phrase d’Orwell dans La Ferme des animaux quand il dit que « Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres. » Discrimination positive oblige. Surtout pour mettre au pouvoir des Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement. Tragiquement, la lutte des classes laisse place à la « guerre des races » et à ce jeu, ce ne sont pas les plus pauvres qui gagneront. La seule question qui importe est : qui est du côté de la civilisation et qui est du côté de la barbarie ?

Laissons la parole à Albert Camus qui écrit dans L’Homme révolté : « Le jour où le crime se pare des dépouilles de l’innocence, par un curieux renversement qui est propre à notre temps, c’est l’innocence qui est sommée de fournir des justifications.[6]»

Yann Leloup

[1] Pier Paolo Pasolini, Lettres luthériennes, Points Seuil, 2000, pp. 232-233.

[2]  Guy Debord, Lettre à Michel Bounan du 21 avril 1993, in Correspondance, vol. 7, Fayard, 2008, p. 407.

[3]https://www.bjs.gov/content/pub/pdf/cv18.pdf?fbclid=IwAR0Y66fm59XUi8LmWeZ_8MWi5sRZQ235PAvDINz_QYNfyrl4IX1gBquXrr4

[4]https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_projects_supported_by_George_Soros

[5]https://www.youtube.com/watch?v=u54cAvqLRpA

[6] Albert Camus, L’Homme révolté, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1965, pp. 413-414.

   

« Aucun centralisme fasciste n’est parvenu à faire ce qu’a fait le centralisme de la société de consommation. Le fascisme proposait un modèle, réactionnaire et monumental, mais qui restait lettre morte. […] De nos jours, au contraire, l’adhésion aux modèles imposés par le centre est totale et inconditionnée. On renie les véritables modèles culturels. L’abjuration est accomplie. On peut donc affirmer que “la tolérance” de l’idéologie hédoniste voulue par le nouveau pouvoir est la pire des répressions de l’histoire humaine. »

— Pier Paolo Pasolini, Écrits corsaires (1976), trad. Philippe Guilhon, éd. Flammarion, 2009 (ISBN 9782081226623), p. 49

 

« […] le fond de mon enseignement consistera à te convaincre de ne pas craindre la sacralité et les sentiments, dont le laïcisme de la société de consommation a privé les hommes en les transformant en automates laids et stupides, adorateurs de fétiches. »

— Pier Paolo Pasolini, Lettres luthériennes (1976), trad. Anna Rocchi Pullberg, éd. Seuil, coll. « Points », 2002 (ISBN 9782020533041), p. 28

 

« […] aujourd’hui on assiste à la revanche et au triomphe des “fils à papa”. Ce sont eux qui représentent aujourd’hui le le modèle-guide. »

— Pier Paolo Pasolini, Lettres luthériennes (1976), trad. Anna Rocchi Pullberg, éd. Seuil, coll. « Points », 2002 (ISBN 9782020533041), p. 184

 

« Cette révolution capitaliste, du point de vue anthropologique, c’est-à-dire quant à la fondation d’une nouvelle “culture”, exige des hommes dépourvus de liens avec le passé (qui comportait l’épargne et le moralisme). Elle exige que ces hommes vivent, du point de vue de la qualité de vie, du comportement et des valeurs dans un état d’impondérabilité — ce qui leur permet de privilégier comme le seul acte existentiel possible, la consommation et la satisfaction de ses exigences hédonistes. »

— Pier Paolo Pasolini, Lettres luthériennes (1976), trad. Anna Rocchi Pullberg, éd. Seuil, coll. « Points », 2002 (ISBN 9782020533041), p. 90-91

 

« L’école obligatoire est une école d’initiation à la qualité de la vie petite-bourgeoise. »

— Pier Paolo Pasolini, Lettres luthériennes (1976), trad. Anna Rocchi Pullberg, éd. Seuil, coll. « Points », 2002 (ISBN 9782020533041), p. 202

EN BANDE SON :

 

4 réponses »

  1. Bonjour,

    La diatribe anti-libérale dessert un tant soit peu le fond du propos. Je vois plutôt dans les dérives actuelles une forme d’aboutissement du Socialisme qui, à force de ne voir l’homme que comme un rouage social, fait fi de son individualité et de sa capacité à choisir. À ce titre, le rappel de certains CV est une bonne chose. C’est dommage car le reste du discours est vraiment intéressant.

    Bonne journée

    • D’accord avec vous sur le plan du libéralisme il eut été selon moi plus à propos de faire la distinction entre vrai libéralisme de type Bastia/école autrichienne type Hayek/libertarianisme et néolibéralisme de Type Friedman/Becker/école de Chicago/monétariste véritable perversion du libéralisme original et masque d’un socialisme néo keynésien qui ne dit pas son nom !

  2. In memoriam Jean Raspail, rappelé au Père aujourd’hui. Faisant écho à la situation actuelle, sa préface à la réédition du Camp des Saints en 2011 nous prouve encore combien ses intuitions se révélaient justes :

    « Quant à nos propres descendants, formaté à l’école de Big Other et conditionnés dès la plus petite enfance au métissage « comportemental » et culturel et aux impératifs de la France « plurielle », ils n’auront plus d’autres ressources que de se fondre sans moufter dans le nouveau moule « citoyen » du Français de 2050.

    Tout de même, ne désespérons pas.

    Assurément, il subsistera ce que l’on appelle en ethnologie des isolats, de puissantes minorités, peut être une vingtaine de millions de Français – et pas nécessairement de race blanche* – qui parleront encore notre langue dans son intégrité a peu près sauvée et s’obstineront à rester conscients de notre culture et de notre histoire telles qu’elles nous ont été transmises de génération en génération.

    Cela ne leur sera pas facile.

    Face aux différentes « communautés » qu’on voit se former dès aujourd’hui sur les ruines de l’intégration et qui, en 2050, seront définitivement et institutionnellement installées, il s’agira en quelque sorte – je cherche un terme approprié – d’une communauté de la pérennité française. Celle-ci s’appuiera sur ses familles, sa natalité, son endogamie de survie, ses écoles, ses réseaux parallèles de solidarité et de sécurité, peut-être même ses zones géographiques, ses portions de territoires, ses places de sûreté, et pourquoi pas, sa foi chrétienne, et catholique avec un peu de chance, si ce ciment-là a tenu.

    *Tout à la fin du roman, dans le dernier carré du Camp des Saints, juste avant l’ecrabouillement, figure un natif de Pondichéry, du plus beau noir dravidien. ‘’A mon sens, dit-il, être blanc, ce n’est pas une couleur de peau, mais un état d’esprit…’’ ».

    Jean Raspail (1925-2020)

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