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Heureux comme un squatteur en France !

Par Stanislas Lepic bvoltaire.fr

L’affaire a débuté le 21 août dernier. Après avoir vendu leur résidence principale lyonnaise, Henri et Marie-Thérèse Kaloustian doivent retrouver leur maison secondaire de Théoule-sur-Mer, petite bourgade nichée dans les Alpes-Maritimes, pour s’y retirer définitivement dans une paisible retraite. Seulement voilà : au moment d’entrer dans sa maison, le mécanicien retraité aperçoit des individus inconnus en train de se prélasser sur son balcon. Sa clef n’actionne plus la serrure, et bientôt la porte s’ouvre sur une famille, composée d’Abdellah Z., de sa femme enceinte, et deux enfants en bas-âge. Ces squatteurs ont pris possession de sa maison et changé le compteur électrique. Bien au fait de la loi, ils se réfugient désormais derrière la protection judiciaire. Alors qu’Abdellah le menace de faire venir des hommes armés de kalachnikovs, le retraité, impuissant, doit renoncer. […]
L’actualité a remis en lumière l’un des nombreux calvaires que les honnêtes contribuables sont forcés de subir dans notre pays : le squat. Le dernier fait en date est la mésaventure d’un couple de retraités qui découvre sa maison de Théhoule-sur-Mer squattée par une famille d’inconnus. Avant, il y avait eu la célèbre affaire de Maryvonne Thamin, en Bretagne et bien d’autres encore. Ces affaires provoquent légitimement l’incompréhension des justiciables que nous sommes. Il faut dire que la matière n’est pas simple. Quelques explications s’imposent.
La loi ne protège pas les squatteurs à proprement parler Le scénario varie à la marge mais obéit à une trame classique : des gens partent en vacances ou vont vivre quelques années ailleurs, laissant leur logement vide. Quand ils reviennent pour reprendre tranquillement le cours de leur vie, ils trouvent des gens installés chez eux. Ils appellent la police, persuadés que ce sera l’affaire de quelques heures. Las ! La loi empêche toute expulsion des lieux jusqu’à survenance d’une décision de justice. Qu’à cela ne tienne, direz-vous. Sauf que comme tout le monde commence à le comprendre, la justice, ça prend des mois. De longs mois. C’est vrai, mais pas tout à fait. […]

 Nous vivons une époque vraiment formidable. Tantôt des ministres, les yeux grand fermés, débattent du sexe des anges par cameras interposées à propos d’une bataille sémantique liée à la hausse vertigineuse des crimes et délits qui « participe du sentiment d’insécurité » ; tantôt tout ce qui compte de bien-pensance défend, dans la même journée, tous les Charlie de la presse mais refuse à un hebdomadaire « qui pense mal » le droit de caricaturer une députée de la nation qui traite la France comme un paillasson.

Dans cet océan de réjouissances, un fait divers local fait la une tant il met en exergue l’inversion des valeurs qui caractérise notre pays qui, décidément, ne tourne pas rond. Dans la commune de Théoule-sur-Mer (06), un couple de retraités voit squatter sa résidence secondaire par une famille de délinquants. Mise devant le fait accompli du changement de serrures, et malgré l’occupation illégale des lieux, la gendarmerie ne peut qu’acter son impuissance à dégager manu militari ces indésirables au regard de la loi, car le délai de 48 heures de constatation est dépassé. L’intervention du maire de la commune, l’huissier dépêché sur les lieux, le dépôt de plainte auprès du procureur ne sont que les prémices d’une longue et hypothétique procédure judiciaire pour récupérer le fruit de leur labeur.

Passons l’hallucinante réaction du ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, qui souligne qu’il n’y a pas de « défaillance de la loi » (sic), oubliant que la loi est, par essence, faite pour les personnes qui la respectent, passons le dépêchement, sur place, de la force publique pour protéger nos  qui sont menacés sur les réseaux sociaux et passons le fait qu’ils ont un logement en région parisienne ! Force est de constater qu’à longueur de délits, le système pénal français, que le monde nous envie, fait preuve d’une intense mansuétude à l’égard des délinquants au mépris des victimes. Dans pareil cas d’atteinte au droit fondamental de propriété, le bon sens aurait prévalu si ces voyous avaient été expulsés dans la minute et condamnés à verser des dommages-intérêts aux retraités.

Interrogé en direct sur CNews, notre vaillant retraité qui veut en découdre pour récupérer son bien se fait gentiment conseiller par Pascal Praud de faire confiance à la Justice sans intenter une quelconque opération de force. C’était sans compter sur le dénouement de cette affaire qui voit la maison quasi libérée parce qu’une partie de la famille des squatteurs est relogée à la faveur de la garde à vue du père pour violences conjugales !

La morale de l’histoire est que, dans notre douce France, bien que propriétaire d’un logement, vous pouvez squatter en toute impunité la propriété d’autrui tout en vous faisant reloger par l’État quelques jours après !

Squat : quand le droit ne protège pas la propriété

L’application légitime et légale de la loi fait peur à nos autorités qui préfèrent la bafouer plutôt que la respecter.

 

« La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé ».
Inviolable, sacrée et sécurisée, les mots de notre Constitution au regard de la propriété individuelle sont importants et lourds d’engagements induits.

Le droit de propriété c’est aussi, selon l’article 544 du Code civil, « le droit de jouir et disposer des choses que l’on possède de la manière la plus absolue pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par la loi ou les règlements. »

Ces textes d’autorité impliquent des exigences fortes qui doivent nous protéger de toute atteinte à nos propriétés.

La réalité est tout autre ! Notre droit indiscutable au respect de notre propriété et à sa jouissance continue et paisible n’est pas respecté.

L’EXEMPLE DE THÉOULE-SUR-MER

Le squat de la propriété des retraités de Théoule-sur-Mer en est un pathétique exemple. Il met en évidence le laxisme de la loi envers les squatteurs et les obstacles juridiques sciemment accumulés par le législateur au détriment des intérêts des propriétaires.

Votre bien est squatté ? Vous dépendez à 100 % de l’autorité judiciaire et administrative. Vous n’avez pas d’autre choix que d’engager une procédure coûteuse sans aucune maîtrise de l’échéance.

Pas question d’envisager de reprendre votre logement manu militari. Vous seriez sous le coup d’une sanction pénale de trois ans de prison et 30 000 euros d’amende.
Le pire et totalement scandaleux c’est que le squatteur n’encourt lui qu’une sanction pénale limitée à un an de prison et 15 000 euros d’amende.

Cette disparité dans le traitement des sanctions pour une voie de fait similaire prouve qu’un propriétaire est davantage pénalisé donc coupable que le squatteur. C’est inique !

DES TROUS DANS LA RAQUETTE JUDICIAIRE

Ce qui est également patent c’est que les squatteurs sont très avertis et maîtrisent parfaitement les trous laissés dans la raquette judiciaire.

Avant tout et surtout ils fondent leur action coupable sur le fait que les autorités n’engageront aucune mesure coercitive sans une autorisation légale. Ils savent également que vous devez simultanément prouver une effraction de votre propriété, donc la privation d’un droit de jouissance.

Effraction improuvable à justifier sans un constat d’huissier ou de gendarmerie et impossible si les serrures ont été changées, démontrant ainsi qu’ils ont les clés et un accès librement contrôlé au logement.

Pour contrer votre droit de jouissance ils avanceront la justification du leur par des livraisons à domicile avec les facturations pour preuve. Les plus retors demandent à EDF/GDF la mise du compteur à leur nom. Cette procédure est réalisable par téléphone en dix minutes et ce sans contrôle !

De leur côté, les squatters ont le droit de solliciter des délais justifiés par leur situation déchirante les ayant conduit à violer la propriété d’autrui.

Pire du pire, si leur éventuelle expulsion est susceptible de troubler l’ordre public vous n’aurez absolument aucune visibilité sur la reprise de votre bien.

Indiscutablement la loi ne nous protège pas.

LE POUVOIR NE FAIT RIEN

Le pouvoir est parfaitement averti et conscient de cette distorsion entre les droits d’un propriétaire et ceux d’un squatteur. Ainsi, selon la loi Elan du 23 novembre 2018 les squatteurs ne peuvent plus bénéficier de la trêve hivernale ni du délai de deux mois qui suit un commandement de quitter les lieux. Jusqu’à preuve du contraire, j’ai des doutes sur la mise en œuvre de ces dispositions.

Après l’analyse de la réalité du terrain, je constate l’existence de la complicité du couple administration et justice qui met insidieusement tout en œuvre pour reculer le plus loin possible le respect de la loi. Clairement, son application légitime et légale fait peur à nos autorités qui préfèrent la bafouer plutôt que la respecter.

Dès lors j’ai les plus grandes craintes sur l’avenir de nos droits de propriété.

Squat : quand le droit ne protège pas la propriété

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