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Avec le yuan numérique de la Chine, songez à la surveillance !

Depuis que la Chine a lancé son yuan numérique en 2019, les commentaires occidentaux ont réagi à cette initiative par des vagues d’inepties. Beaucoup de ces articles suggèrent que la Banque populaire de Chine (PBOC) a volé une marche sur l’Occident. Beaucoup affirment que l’effort numérique de la Chine assurera au yuan un statut mondial et lui permettra de supplanter le dollar en tant que première monnaie mondiale pour les réserves et les transactions internationales.

Le vénérable magazine Economist prévoyait que bientôt tout le monde, partout, utiliserait le yuan numérique. La dernière vague de commentaires de ce type est apparue après que la Réserve fédérale (Fed) et d’autres banques centrales ont annoncé qu’elles étudiaient elles aussi des versions numériques de leurs monnaies respectives. Les médias ont laissé entendre que la Fed et les autres banques centrales étaient en train de rattraper leur retard.

Ces affirmations sont pour le moins exagérées, voire totalement déplacées. Un yuan numérique ne constitue guère la base d’une monnaie mondiale. De nombreux pays, dont les États-Unis, ont des lois interdisant les transactions nationales dans une autre monnaie que la leur. En outre, un yuan numérique n’apporterait qu’une contribution marginale aux dispositifs numériques existants, dans lesquels les cartes de crédit et de débit, les montres Apple, PayPal, les virements électroniques et autres offrent depuis longtemps des moyens efficaces et pratiques de gérer les transactions nationales et internationales. Tout ce que le yuan numérique ferait, c’est ajouter une nouvelle couche à ce système qui fonctionne parfaitement. Cet ajout ne constitue pas une révolution, pas plus que si American Express émettait un nouveau type de carte. Une version numérique du yuan ne permettra pas non plus de surmonter les nombreux obstacles qui l’empêchent de devenir la première monnaie de réserve mondiale.

Ce qui aurait dû être clair dès le départ, c’est qu’au lieu de créer un bouleversement mondial, le yuan numérique, d’une manière tout à fait cohérente avec tant d’autres actions de Pékin, vise la surveillance intérieure.

L’émission d’une monnaie numérique – qu’il s’agisse d’un yuan, d’un dollar, d’un euro, d’un yen, etc. – constitue un grand pas vers la suppression de la monnaie papier et des pièces de monnaie, et donc du principal moyen pour les gens de faire des transactions anonymes.

Il y a bien sûr le bitcoin et d’autres cybermonnaies, mais ils sont moins importants que le papier et les pièces, du moins pour la plupart des populations. Quoi qu’il en soit, la Chine a déjà fermé ces avenues à sa population en interdisant le bitcoin et les autres cybermonnaies.

Des représentations des monnaies virtuelles Ripple, Bitcoin, Ethereum et Litecoin sont vues sur la carte mère d’un PC sur cette photo d’illustration, le 14 février 2018. (Dado Ruvic/Reuters)

Le papier et les pièces sont à peu près le seul moyen pour les Chinois d’échapper à des contrôles stricts et de faire sortir des actifs du pays ou de les transférer dans une monnaie alternative. En utilisant le yuan numérique pour éradiquer le papier et la monnaie, ou à tout le moins en limitant sévèrement leur rôle, Pékin aura fermé toute possibilité pour ses citoyens de déplacer des actifs et de faire des transactions sans être observés. Dès lors, les autorités seront en mesure de suivre les transactions de chaque citoyen, de savoir combien chaque personne dépense, à quoi elle consacre son argent, où elle le dépense et à quel moment.

Les banques centrales, même dans les systèmes moins autoritaires, pourraient faire de même avec leurs monnaies numériques une fois qu’elles se seront implantées, mais elles seront probablement moins ambitieuses que la PBOC et penseront surtout en termes de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale. Que l’objectif du gouvernement soit étroit ou large, l’objectif est la surveillance d’une manière ou d’une autre.

Certes, les autorités ont partout la possibilité d’utiliser les réseaux numériques existants pour suivre les transactions de la plupart des gens, que ce soit par le biais des cartes de crédit, des relevés bancaires ou autres. Mais l’accès à ces sources encore largement privées est difficile et, dans certains endroits, il se heurte à de nombreux obstacles juridiques. Pékin pourrait se heurter à des obstacles supplémentaires car, aujourd’hui, une grande partie de ces informations se trouve à l’étranger. L’accès aux éléments de ce système serait également aléatoire, ce qui empêcherait les autorités de dresser un tableau complet des transactions des personnes.

En revanche, une monnaie numérique permettrait d’avoir toutes ces informations dans un seul ordinateur gouvernemental facilement accessible. Cet arrangement pourrait même permettre aux autorités de développer des algorithmes pour trier les transactions et signaler tout élément suspect, ce qui est pratiquement impossible avec les arrangements actuels. En outre, il est déjà clair que les dispositions numériques actuelles, malgré leur commodité et leur efficacité, n’ont pas chassé le papier et la monnaie aussi efficacement que les monnaies numériques sont susceptibles de le faire.

Pékin a effectivement de grandes ambitions mondiales. Il veut clairement faire de la Chine la première économie mondiale et voir le yuan supplanter la position mondiale du dollar. Il veut dominer le commerce mondial, un objectif clair de l’initiative “Nouvelle Route de la Soie”. Et elle veut bénéficier des avantages politiques, diplomatiques et militaires qui accompagnent une telle domination économique et financière. Le yuan numérique pourrait jouer un rôle dans ce grand projet, mais seulement après que Pékin aura mis en place d’autres éléments, nécessaires et beaucoup plus importants.

Pour l’instant, la monnaie numérique ne fait pas partie de ces grands projets ni de la “révolution” décrite par des rapports occidentaux peu réfléchis. Il s’agit plutôt d’un moyen simple, quoique novateur, d’assurer un contrôle intérieur encore plus complet et de garantir ainsi que rien de ce que fait le peuple chinois, même par inadvertance, ne puisse menacer les autorités de Pékin.

Traduction de The Epoch Times par Aube Digitale

https://www.aubedigitale.com/avec-le-yuan-numerique-de-la-chine-songez-a-la-surveillance/

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