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De la Beauté en économie et en finance Par Charles Gave

La missive de cette semaine est un peu étrange et correspond à une conviction que je me suis forgée au cours des années : un raisonnement juste est toujours àla fois « simple et beau » et du coup, sa représentation graphique sera visuellement belle.

C’est une vieille idée qui a été partagée par beaucoup d’économistes dans l’histoire et ils ont donné à ce phénomène des noms différents. Ainsi, Adam Smith l’appelait « la main invisible » », Bastiat lui parlait des « Harmonies Economiques », Hayek de « l’ordre spontané », mais il s’agissait à chaque fois de la même chose : Laissés à eux-mêmes, l’économie et les marchés financiers ont tendance à trouver un équilibre qui est à la fois efficace et harmonieux, et donc beau.

Cette idée a été dominante dans l’analyse économique jusqu’à Marx et à Keynes qui ont soutenu le contraire, ce qui a donné aux politiques et aux technocrates la possibilité d’intervenir constamment dans cet ajustement naturel et perpétuel qu’est un système économique, et leurs interventions ont eu des résultats qui étaient à la fois inefficaces et laids.

Je vais donc essayer de montrer quelques exemples choisis un peu au hasard pour illustrer mon propos et je vais commencer par la valorisation des dividendes payés par l’indice boursier américain au cours des cent dernières années.

Voici le graphique.

Depuis plus d’un siècle, les dividendes payés par le S&P 500 convergent toujours vers un gramme d’or, ce qui est stupéfiant.

Première question : Pourquoi ? La réponse est simple L’or garde sa valeur sur le long terme, ce qui n’est pas le cas du dollar. La hausse des dividendes de 1960 à aujourd’hui est donc illusoire et n’est que le résultat de la baisse de la valeur de la monnaie.

Ce n’est pas la bourse qui a monté depuis cinquante ans, c’est la monnaie qui a baissé.

Deuxième question.

En « valeur or » les dividendes connaissent de grandes fluctuations cycliques, passant de 0.4 grammes d’or (marché tres peu cher) à 1.6 gramme d’or (marché tres cher) en quelques années. Comment expliquer ces fluctuations ? La réponse est simple : les fluctuations de la ligne rouge correspondent aux fluctuations de la productivité aux USA, ce qui est logique. Si la productivité du travail monte, il faut être actionnaire et si elle baisse, il faut avoir de l’or (ou des obligations si nous ne sommes pas en inflation). Et la productivité monte si le capital est alloué par le marché et baisse si le capital est distribué par des technocrates.

Ce qui nous amène à la troisième question : que faire aujourd’hui ?

Le marché est à son prix (il paye un gramme d’or) mais la productivité du travail baisse et va continuer à baisser puisque le capital est attribué non pas en fonction de sa rentabilité mais de la popularité politique du projet. Il vaut donc mieux convertir aujourd’hui ses dividendes en or que de les réinvestir dans les actions, voir vendre quelques actions pour parquer une partie de son épargne en or.

Ce qui m’amène à l’or et à ses mouvements, ce qui me donne l’occasion de montrer un très « joli « graphique, qui relie l’or et les monnaies fiduciaires.

Je commence par construire un portefeuille qui est constitué de quatre monnaies (dollar, DM, Livre , Yen) sur lesquelles je touche les taux courts (bons du trésor à trois mois). Je convertis tous les jours ce portefeuille en dollar US. Je fais le ratio entre ce portefeuille et le cours de l’or, en dollar aussi. Cela me donne la ligne noire qui, depuis 1968, a oscillé entre 120 (en 2000) et 630 (en 1980) mais est restée les deux tiers du temps entre 150 et 250, et ce depuis 1968. Les périodes hachurées bleues correspondent au moment où la banque centrale américaine maintient des taux réels négatifs sur les bons du trésor à 3 mois, c’est-à-dire cherche à ruiner l’épargnant.  Dans ces périodes-là, l’or a tendance à monter par rapport à mon panier de monnaies (ligne noire montant).

Aujourd’hui nous sommes à 250 et donc prêts a sortir de la période où nous sommes restés les deux tiers du temps et la question est : l’or va-t-il monter ou baisser ? Comme d’habitude, je n’en ai pas la moindre idée et à l’évidence, depuis un an ou plus, il hésite…

Je surveille donc ce graphique comme du lait sur le feu.

  • Ou l’or va baisser tres sèchement bientôt, ce qui serait en contradiction avec ce que je vois la Fed faire…
  • Ou il va « casser » 250 pour aller beaucoup, beaucoup plus haut et dans ce cas-là, le ratio valeur des dividendes sur valeur de l’or (voir le premier graphique) pourrait aller faire un tour tres vite vers 0.4 …

Et je trouve ce graphique très joli dans la mesure où la courbe noire est particulièrement harmonieuse, dessinant depuis 1980 a aujourd’hui une superbe soucoupe …dont je crains que l’évolution de la partie droite ne se transforme très vite en une exponentielle quasi verticale…

Ce qui m’amène à mon troisième graphique, que je trouve tres laid, puisque d’un seul coup, à la place de la main invisible d’Adam Smith faisant de fort beaux dessins, je retrouve le pied de Joseph Staline interdisant tout mouvement et rendant de ce fait le dessin hideux.

La ligne rouge, c’est le rapport entre exportations françaises et exportations allemandes.

De 1970 à 1998, les exportations françaises, quoique inferieures à celles de l’Allemagne, croissent beaucoup plus vite que les exportations allemandes (ligne rouge qui monte). Pas de désindustrialisation en vue.

Et pourquoi » parce que pour acheter un DM, nous passons de 1.50 FF à 3.35 FF de 1970 à 1998, c’est-à-dire que le franc français baisse de plus de 50 % sur cette période. Nous sommes certes gérés comme des cochons par les Giscard, Mitterrand, Chirac etc… mais ce sont les fonctionnaires français qui en supportent le coût tandis que les entrepreneurs français restent compétitifs. Comme on le voit, la ligne rouge, exportations françaises, et noire (cours du FF) se suivent comme il se doit et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Arrive le Frankenstein financier de messieurs Delors et Trichet, le FF est « bloqué » à 3 .35 depuis vingt ans, ce qui fait la fortune des fonctionnaires français (messieurs Delors et Trichet en premier, ce qui ne surprendra que les naïfs) et occasionne la ruine de tous les entrepreneurs français en concurrence avec l’Allemagne.

Et c’est là qu’il faut se souvenir que le but de tous ces gens-là (les fonctionnaires) a toujours été d’éliminer leurs principaux concurrents, les entrepreneurs, qui avaient le culot de soutenir qu’ils étaient plus utiles qu’eux.

Ceux qui prétendent qu’il existe une lutte éternelle entre le capital et le travail se foutent vraiment du monde : la seule lutte éternelle est entre les partisans de la liberté et les partisans de la contrainte, entre ceux qui aiment la main invisible d’Adam Smith et ceux qui préfèrent le coup de pied dans le derrière de Joseph Staline, qu’eux distribuent à tours de bras, tout à fait visible et douloureux pour les autres.

Et sur un graphique, le pied dans le derrière se manifeste toujours pat l’apparition d’une ligne droite …. Et c’est ce que nous voyons avec l’apparition soudaine d’une ligne droite pour le taux de change FF/DM à partir de 1998. Et c’est la que la désindustrialisation commence.

Et depuis, les lignes droites, c’est-à-dire l’émergence de faux prix, se multiplient dans la zone Euro. Taux d’intérêts à court-terme, différences des taux entre l’Allemagne, la France et l’Italie etc… et cela nous a amené  déjà à l’effondrement des banques de la zone euro et bientôt de nos systèmes de retraites, en passant par l’émergence d’un capitalisme de connivence devenu conquérant,  à l’effondrement de nos classes moyennes et de nos systèmes éducatifs, à la paupérisation de nos régions « périphériques », à l’émergence des gilets jaunes, à l’envolée des prix de l’immobilier ruinant les jeunes ménages qui ne peuvent plus avoir d’enfants etc…

Conclusion.

Le système capitaliste n’a pas besoin de faux prix pour prospérer. Il a simplement besoin de visibilité juridique pour pouvoir mesurer les risques qu’il se doit d’assumer.

En essayant de supprimer des risques qui ne correspondent qu’aux conséquences de leurs actions, les systèmes technocratiques tuent à la fois l’économie de marché et la Démocratie et amènent inéluctablement à la pauvreté et à la destruction des communautés humaines.

L’Union Soviétique a échoué non pas parce que les technocrates locaux étaient incompétents, mais parce que la technocratie est mortelle.

Après la chute du mur de Berlin, il nous faut maintenant procéder à la destruction du mur de Bruxelles et le plus tôt sera le mieux. Le socialisme et la technocratie portent en eux la laideur et l’échec. Il nous faut retourner vers la beauté et donc vers la liberté.

Je hais la laideur, passionnément.

CHARLES GAVE

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