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UN BERGER SANS TROUPEAU*  Par Alain Gerard

UN BERGER SANS TROUPEAU*

Bien que le rythme de l’actualité ait imposé ces derniers jours le thème de l’obligation vaccinale qui, à juste titre, met en émoi le personnel soignant et l’ensemble de la population, puisqu’il relève des droits fondamentaux des individus, il ne peut ni ne doit masquer le fait majeur de l’énorme abstention des dernières élections régionales et départementales.  

On a pu entendre, dès le surlendemain du second tour de scrutin, par divers commentateurs, que tout avait été dit sur ce phénomène de masse…  

Ah bon !… ?   

Comme il a été dit dans l’article cité en référence*, le président Macron a, une nouvelle fois, escamoté une échéance électorale, la dernière avant la présidentielle, en parasitant par son « tour de France » auto promotionnel la campagne déjà difficile et peu médiatisée des candidats . Confusion entretenue dans une très large mesure par les médias et par des tentatives timides voire inexistantes de la caste politique au pouvoir d’inciter à la participation électorale. Ces comportements troubles ne suggèrent-ils pas que l’abstention massive ne lui déplait pas complètement ? Penser se grandir en rabaissant les autres suffit-il à sauver la face ? Bien évidemment non, et sûrement bien le contraire.  

Car, de fait, l’enfant roi est nu. Qu’un sondage très récent, postérieur au scrutin, situe la popularité du roi à 34% fait éclater de rire toute personne réflexive et discrédite davantage, s’il le fallait, certains instituts de sondage.  

Rappelons que, sur ces dernières élections, LREM, parti présidentiel qui possède la majorité absolue à l’assemblée nationale, a représenté 3% du corps électoral.  

Il est donc particulièrement cocasse et révélateur du séisme que le président soit électoralement inscrit et vote dans une région où la liste de ses candidats, soutenus par des ministres en fonction n’est-ce pas, ne soit pas présente au second tour. Cocasse encore sa solitude en sortie d’isoloir…  

(cf. photo). N’y aurait-il plus au final que les candidats et leurs chaînes de relations et de soutiens qui votent aux élections ? Pourrait-ce être la raison de cette minuscule participation ? Ou, peut-être, que seules les personnes vaccinées se sont déplacées ?  

Malheureusement, la cocasserie masque le drame. Comment imaginer le soir et le lendemain de l’élection présidentielle de 2022 avec un taux de participation identique ou inférieur ? La légitimité du président élu serait immédiatement contestée.  

Cependant, le drame n’attend pas 2022. La légitimité actuelle du groupe majoritaire à l’assemblée nationale, qui vote comme un seul homme toute loi, d’exception ou non, proposée par un exécutif dont les débats de crise sont couverts par le secret défense, la légitimité donc, de ce groupuscule, de même que celle de son chef de file au pouvoir se pose d’ores et déjà très sérieusement.  

La démocratie en danger ? On a pu entendre cette antienne sur de nombreux canaux. Comme le disait fort justement Lamartine (1), notre grand poète devenu politicien averti, la démocratie se résume au suffrage universel. Il ne s’agit pas aujourd’hui pour le peuple d’exercer le pouvoir mais de participer aux élections. Pour le reste, les presqu’élus s’en occuperont.   

Alphonse de Lamartine, Passé, présent et future de la République, 1850. « Qu’est-ce que la démocratie ? C’est l’égalité́ (…) Par quel procédé́ les citoyens participent- ils tous à tire égal au gouvernement et aux lois ? Par le vote qu’ils portent tous à titre égal dans l’urne d’où sort sous leurs mains la représentation nationale. (…) Quel est ce procédé́ ? Le suffrage universel. Le suffrage universel est donc la démocratie elle-même ».   

Le pouvoir du peuple en danger ? S’agit-il d’un constat ou d’une menace ?  

Constat peut-être, car sans participation du peuple à chaque suffrage, comment une majorité pourrait-elle être représentée ?  

Menace, plus probablement, car si le peuple ne joue plus le jeu du suffrage, alors il se sera auto dissout et nos gouvernants pourraient être tentés de s’en passer en devenant, comme les faits nous le montrent, de plus en plus arbitraires, autoritaires et répressifs. Il faut ici citer à nouveau G. Orwell (2) qui, dans son analyse «  du processus historique de l’histoire », le décrit comme une lutte permanente entre les trois classes de la société : classe supérieure qui exerce le pouvoir, classe moyenne ou bourgeoise et classe laborieuse. Régulièrement, dans cette lutte, les deux classes inférieures tentent de  s’allier temporairement pour remplacer la classe supérieure. Mais, dit-il pour clore son analyse, « cette fois, par une stratégie consciente, cette classe supérieure serait capable de se maintenir perpétuellement au pouvoir ». Une clairvoyance proche de la programmation (3)… Nous constatons en effet que depuis 1969 et l’arrivée de l’ancien banquier G. Pompidou au pouvoir,  la même classe supérieure, conduite par la même idéologie, se maintient au pouvoir, sous des maquillages quelquefois grossiers, malgré la désaffection progressive des électeurs.

La boucle temporelle semble bouclée, la nasse refermée, par un nouveau président ex banquier. Spécialisé dans les opérations de fusions acquisitions, son objectif, clair depuis le début de son mandat, est bien de fusionner la France dans l’Europe en lui ôtant méthodiquement tout attribut et toute possibilité de souveraineté.  

La démocratie reconnaît le droit de s’abstenir mais sans donner de sens à la proportion d’abstentionnistes. La fin du jeu n’est pas prévue. Pourtant, ce ne sont pas eux qui mettent en danger la démocratie mais bien les gouvernements successifs qui en sapent les fondements.  

Nous l’avons dit ailleurs*, pour que ce jeu de faux semblants puisse être stoppé, il faut arrêter de jouer. Il est possible que le corps des abstentionnistes l’ait compris, intuitivement. En cela, aujourd’hui, il peut indéniablement  reconnaître qu’il constitue la véritable majorité.  

Il n’y aura pas d’homme providentiel, pas de RIC ni de changement de statut du vote blanc d’ici les prochaines élections. Il n’y aura qu’une situation exceptionnelle laquelle, si elle est consciemment provoquée et politiquement assumée, permettra au peuple de reprendre en mains son destin, sans plus le laisser à d’autres, sans besoin de guerre des moutons.  

Peut-être que la nature profonde de la masse l’incline davantage à être diriger qu’à orienter collectivement son destin. Les mois qui viennent nous le diront. Notre berger (4) est peut-être lui-même un mouton, et il bien seul cette fois.   

Alain Gérard     

* Article précédent : « La réponse des moutons au berger »   

https://leblogalupus.com/2021/06/24/la-reponse-des-moutons-au-berger-par-alain-gerard/  

 (1)Alphonse de Lamartine, Passé, présent et future de la République, 1850. « Qu’est-ce que la démocratie ? C’est l’égalité́ (…) Par quel procédé́ les citoyens participent- ils tous à tire égal au gouvernement et aux lois ? Par le vote qu’ils portent tous à titre égal dans l’urne d’où sort sous leurs mains la représentation nationale. (…) Quel est ce procédé́ ? Le suffrage universel. Le suffrage universel est donc la démocratie elle-même ».   

(2) Georges Orwell, 1984  

(3) La programmation fera l’objet d’un autre article.  

(4) https://www.youtube.com/watch?v=k40RpYZlvkQ 

« Qui sait tout souffrir peut tout oser »

Qui sait tout souffrir peut tout oser.

Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues – Réflexions et maximes (1746)

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