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Elle court, elle court, l’intox contre le vaccin !/Des milliers de morts causées par la vaccination contre le Covid-19 ?/Faux décès, chiffres mal interprétés : comment les antivaccins sèment le doute sur les effets secondaires

Elle court, elle court, l’intox contre le vaccin !

PUBLIÉ PAR JEAN-PATRICK GRUMBERG LE 19 AOÛT 2021

En Espagne comme en Israël et dans de nombreux pays, le mouvement anti-vaccin ne décolle pas, les manifestations contre les mesures sanitaires n’attirent pas grand monde, et les activistes regardent la France avec envie.

Concernant le vaccin coronavirus, il se trouve que les faits contredisent ceux qui, pour des raisons qui leur appartiennent et que je respecte (notez : « que je respecte »), ne veulent pas se faire vacciner et, pour des raisons que je ne comprends pas (et ne respecte pas), cherchent à convaincre les autres de ne pas se faire vacciner. Tel ce lecteur, qui sous un article récent affirme :

« En prenant un peu de recul, il existe de plus en plus d’infos qui remettent en question le bien-fondé de la vaccination (efficacité, effets secondaires, traitements…). »

Son affirmation est fausse. Et incomplète

Puis-je laisser passer des informations fausses sous les commentaires de mes articles ? Pourquoi pas, cela contribue au débat d’idées. Puis-je laisser quelqu’un tromper intentionnellement les autres sans dire qu’il les trompe ? Non, car cela fausse le travail des idées.

Le commentaire de ce lecteur est trompeur.

  • Trompeur parce qu’il n’existe aucune info sérieuse qui remette en question le bien-fondé du vaccin. Même le professeur Raoult confirme que ce vaccin est bien un vaccin, et affirme qu’il protège. Et pourtant, il n’est pas un grand défenseur du vaccin.
  • Trompeur parce que les informations sur l’efficacité et les effets secondaires du vaccin sont de plus en plus nombreuses, et aucune ne remet en question son bien-fondé.
  • Trompeur encore, parce que traitement et vaccin ne s’opposent pas, ils ont une fonction différente. On prend le vaccin pour réduire les risques d’attraper la COVID. Et on se soigne si on l’attrape.

L’occultation des infos, c’est pour influencer les gens

Comme les médias de gauche, ce lecteur cache une partie des infos qu’il connaît, parce qu’il veut inciter les gens à penser comme lui. Comme les journalistes de gauche, au lieu de leur donner toutes les informations pour qu’ils décident eux-mêmes, il tente de les influencer. C’est un comportement moralement aussi corrompu que la presse qu’il dénonce et déteste.

Ce que la réalité révèle

Nous commençons à avoir du recul, oui. Nous avons de plus en plus d’infos, oui aussi. Et loin de remettre en question le bien-fondé de la vaccination, toutes les informations confirment ses bienfaits.

  1. Les personnes vaccinées attrapent infiniment moins le virus que les non-vaccinés ;
  2. S’ils attrapent le virus, ils sont infiniment moins gravement malades que les non-vaccinés qui l’attrapent ;
  3. Et s’ils tombent gravement malades, ils sont infiniment moins nombreux à en mourir que les non-vaccinés qui tombent gravement malades.

A partir de ces données, c’est votre choix et je le respecte : chacun mesure ses risques à sa façon. J’ai pris les miens et je me suis fait vacciner, et cela m’a enlevé un poids dans la tête, cela m’a détendu sur le sujet. Et je sais désormais que je ne suis pas 100 % à l’abri, comme je le croyais au début.

C’est votre choix et je le respecte : certains vivent dans le présent, où le vaccin protège ; d’autres vivent dans le futur, et font des pronostics. Ils parlent d’un futur aux effets secondaires comme si le futur était certain. Ils voient dans une boule de cristal. Dieu sourit lorsque quelqu’un fait des plans pour son avenir.

C’est votre choix et je le respecte : il est essentiel que chacun garde sa liberté de prendre ses risques et ses décisions en fonction de sa sensibilité, de ses choix et de sa situation, où nous vivrons bientôt comme des êtres beaucoup moins libres.

Je dis cela aujourd’hui parce que le coronavirus n’a infecté que 210 millions d’êtres humains sur 7,8 milliards. Si 1, 2 ou 3 milliards demain sont contaminés, les données auront changé et je repenserai mon raisonnement.

Ce que 9 mois de vaccination révèlent

En 18 mois, le coronavirus n’a infecté que 210 millions d’êtres humains sur 7,8 milliards.

  • Personne ne sait si ce chiffre va exploser avec un prochain variant, s’il va ralentir doucement et s’arrêter, ou devenir permanent.
  • 210 millions c’est relativement très peu, et pourtant, le coronavirus est très proche de nous : nous connaissons presque tous quelqu’un qui a été contaminé ou qui en est mort, contrairement à la grippe, pour laquelle personne ne peut citer un seul nom de personne qui en est morte.
  • Près de 5 milliards de personnes ont été vaccinées, les premières depuis décembre. On sait désormais que le vaccin protège énormément, mais pas totalement. C’est statistiquement irréfutable. C’est démontré partout.
  • Les morts du vaccin, s’il y en a, ce sont des cas rarissimes, il est plus facile de trouver une épingle dans une botte de foin. Et ce sont très probablement des personnes très âgées ou avec des comorbidités.
  • Comparés aux 300 000 personnes qui meurent chaque mois du coronavirus, il y a -peut-être- un ou deux morts du vaccin. Je dis « peut-être », parce que sur l’immense quantité de lanceurs d’alerte qui travaillent dans les hôpitaux et sont hostiles au vaccin, il y aurait déjà eu des fuites. Et rien.
  • Aucun pays au monde, aucun président – quel que soit sa culture, son parti politique, son continent ; qu’il soit du tiers-monde et ne puisse pas financer l’achat d’assez de vaccins, qu’il soit socialiste ou communiste ou d’un pays libre ; autoritaire ou démocrate ; islamique, chrétien ou laïque – aucun dirigeant n’a annulé la vaccination, aucun n’a conseillé de ne pas se faire vacciner. Tout au contraire. Tous sont demandeurs, tous acquièrent des vaccins, tous encouragent à se faire vacciner. Et tous les présidents sont vaccinés. Si un pays contredit mes données et m’a échappé, merci de me la signaler.

© Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

Des milliers de morts causées par la vaccination contre le Covid-19 ?

Des milliers de morts causées par la vaccination selon les bases de données officielles ? Démêlons le vrai du faux entre antivax, fake news et pro-vaccination.

Pour cela, les opposants à la vaccination ont généralement recours à une base de pharmacovigilance officielle américaine, VAERS ou Vaccine Adverse Event Reporting System. Au moment où je l’ai consultée en juillet 2021, cette base évoquait par exemple 4650 morts, tous vaccins confondus (donc pas uniquement anti-COVID). Est-ce à dire que les vaccins tuent à tour de bras et que les chiffres officiels confirment cela ? Creusons un peu.

QU’EST-CE QUE VAERS ?

VAERS est le système utilisé par tous les médecins, hôpitaux, centres de vaccination, etc. américains pour remonter en temps réel et centraliser les éventuels problèmes consécutifs aux vaccinations. Il a pour but de recenser tout ce qui a suivi la vaccination (peu importe le vaccin), pour permettre aux chercheurs et autorités d’investiguer ensuite et d’identifier d’éventuels effets secondaires non anticipés.

Elle est donc en libre accès pour y poster, et tous les professionnels de santé sont encouragés à y indiquer tout événement médical post-vaccinal, même si aucun lien avec la vaccination n’est supposé.

En anglais :

Vaccine providers are encouraged to report any clinically significant health problem following vaccination to VAERS, whether or not they believe the vaccine was the cause.

Comme précisé, elle n’a pas vocation à être une base de données propre sur tous les cas confirmés de problèmes causés par la vaccination. Elle est à considérer comme un système d’alerte en temps réel servant à détecter rapidement les problèmes éventuels, comme le rappelait d’ailleurs justement Contrepoints en 2017.

Une situation assumée par la CDC, qui précise :

Les cas peuvent présenter des informations incomplètes, fausses, sans lien de causalité et non vérifiées.

Elle ne peut absolument pas servir à faire un bilan des effets secondaires des vaccins sans de grosses analyses, puisqu’il faut observer chaque cas et l’investiguer. Mais même sans investigation directe, le contenu de la base donne une mine d’informations.

QUE CONTIENT VAERS (EFFETS SECONDAIRES, MORTS, ETC.) ?

J’ai donc téléchargé la base 2021, ici. Au jour du téléchargement, 411 952 effets secondaires y étaient listés. Un nombre qui pourrait sembler effrayant à première vue.

Regardons un peu dans le détail.

Déjà, le remplissage décentralisé implique une qualité de la donnée très disparate. Alors qu’il s’agit d’une base d’effets secondaires, elle est plutôt utilisée en journal de vaccination, avec des milliers de lignes qui… ne sont pas des effets secondaires.

Je n’ai pris ici que les cas les plus évidents mais ils sont parlants :

  • 1115 cas de « Pfizer vaccine administered after being stored at a regular freezer temps longer than recommended. Dose determined invalid, client contacted and recommended repeat dose. »
  • 837 cas de « Error: Improper Storage (temperature) »
  • 630 cas de « Error: Wrong Dose of Vaccine – Too Low » ou « Too High »
  • 568 cas de « adverse events: none stated »
  • De nombreux autres cas de « no known adverse events »

Cette analyse qui n’a pas vocation à l’exhaustivité permet donc en quelques secondes d’en identifier des milliers. Pas loin de 10 000 « effets secondaires » sont des descriptions d’erreurs commises lors de la vaccination, ou d’absence d’effets secondaires. Une analyse exhaustive de la base permettrait sans doute d’en identifier bien davantage.

Restent logiquement de nombreux effets secondaires potentiels (donc pas liés avec certitude à la vaccination pour rappel). Quels sont-ils ?

QUELS EFFETS SECONDAIRES POST-VACCINATION ?

Voici les effets secondaires les plus fréquents, identifiés jusqu’à 6 semaines après vaccination :

Vous pourrez retrouver dans cette liste toutes les erreurs mentionnées précédemment mais aussi les effets secondaires fréquents et connus (céphalée, fièvre, fatigue, etc.).

La moitié des cas d’effets secondaires concernent des personnes ayant d’autres soucis de santé connus et donc pour qui la probabilité est élevée que ces symptômes soient causés par une autre pathologie.

On y trouve aussi et de manière potentiellement inquiétante, des cas de décès survenus donc durant les 6 semaines ayant suivi l’injection d’une dose de vaccination. 279 cas sont indiqués dans le tableau ci-dessus vs 4650 au total, les libellés n’étant malheureusement pas homogénéisés.

Creusons un peu plus ces 4.650 cas : qui sont ces personnes décédées, ces décès peuvent-ils être liés à la vaccination (et à la vaccination anti COVID en particulier) ?

QUI DÉCÈDE SUITE AU VACCIN ?

Le premier élément frappant est que les deux tiers des personnes décédées avaient d’autres soucis de santé repérés, généralement graves.

Notons aussi le facteur de l’âge : la moyenne d’âge pour les effets secondaires listés dans VAERS est de 49 ans. La moyenne d’âge pour les seuls décès est bien plus élevée, 71 ans. Et la moyenne d’âge des personnes décédées sans autre souci de santé connu est 75 ans.

À l’inverse, si l’on se concentre sur les décès des personnes de moins de 20 ans, on arrive à 38 cas possiblement liés au vaccin (sur un peu moins de 70 millions de doses administrées rien que pour le Covid). Parmi ces 38 cas (tous vaccins confondus) : trois suicides, une mort subite du nourrisson (donc vaccination autre que Covid), etc. 22 de ces cas concernent des personnes de moins de 12 ans, pour lesquelles on sait avec certitude qu’il ne s’agit pas du vaccin anti Covid puisqu’il ne leur est pas accessible. Autant dire que le lien de causalité avec la vaccination semble particulièrement limité chez les jeunes (16 morts potentiellement, y compris trois suicides).

Sans même creuser médicalement chacun des décès, on constate donc que la distribution est logique : ceux qui meurent durant les six semaines suivant la vaccination sont surtout des personnes âgées avec des comorbidités. Il était malheureusement statistiquement très probable qu’une partie significative d’entre elles décède, avec ou sans vaccin, et le lien de causalité avec le vaccin est particulièrement incertain.

D’un point de vue statistique, tout cela semble très normal pour une base de données qui, à nouveau, liste tous les effets secondaires post-vaccination, même sans lien connu, visible ou supposé avec la vaccination.

UNE ANALYSE CONFIRMÉE UNE FOIS LES CAS VÉRIFIÉS

Une analyse confirmée par la CDC, la principale agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique. Sa porte-parole, Martha Sharan a ainsi indiqué à Reuters :

La revue des informations cliniques disponibles, y compris les certificats de décès, les autopsies et les dossiers médicaux, n’ont pas permis d’établir de lien de causalité avec les vaccins anti Covid-19.

Il est donc faux de dire qu’il y a des milliers de morts causées par la vaccination.

Cela ne signifie pas que la vaccination ne présente strictement aucun risque.

Par exemple, à ce stade, la CDC a confirmé trois cas de décès liés au vaccin Johnson & Johnson, et le vaccin est déconseillé aux femmes de moins de 50 ans. Moderna est aussi suivi de près par la FDA pour des effets secondaires « très rares » sur le cœur (myocardites) pour les hommes de moins de 30 ans. Pareillement, une fréquence plus élevée d’effets secondaires graves potentiellement liés au vaccin chez les moins de 65 ans a abouti à la suspension de la vaccination Astra Zeneca pour les moins de 55 ans, pour qui, en France, Pfizer ou Moderna sont privilégiés.

Mais selon les analyses faites par les principales agences sanitaires des pays occidentaux, ces risques ne changent pas significativement le ratio bénéfice/risque de la vaccination.

QUELLES INCIDENCES SUR LA POLITIQUE DE SANTÉ FACE AU COVID ?

Quelles que soient les conclusions sur l’utilité des vaccins ou leur danger, ce geste médical fort ne devrait jamais être imposé ni même rendu indirectement obligatoire par le pass sanitaire, d’autant plus quand on fait confiance à la science.

Frédéric Mas l’a bien résumé dans ces colonnes (à lire ici). Ce n’est pas comme cela qu’on convainc, c’est aussi contre-productif comme le rappelait Bernard Kron.

Un choix regrettable pour la contrainte alors que, naturellement, l’hésitation vaccinale diminue, peu importe le pays (graphique The Economist). Cela est permis justement par le faible nombre d’effets secondaires qui rassure les hésitants et malheureusement par les morts du Covid qui incitent les réticents après la perte d’un proche à cause de la maladie :

Image

À l’inverse, l’autoritarisme politique actuel clive dangereusement nos sociétés. Il cause une adhésion grandissante aux fake news antivax telle que celle des soi-disant milliers de morts causées par la vaccination. Quel gâchis.

Sources complémentaires :

Faux décès, chiffres mal interprétés : comment les antivaccins sèment le doute sur les effets secondaires

Manifestation contre l

Manifestation contre l’instauration d’un passe sanitaire place du Trocadéro à l’appel de Florian Philippot, à Paris, le 24 juillet 2021. BENJAMIN GIRETTE POUR « LE MONDE »

« J’étais là tout le mois d’août. A part un monsieur de 63 ans, personne n’est mort. Je l’aurais su, on est un petit village. » Au téléphone, le secrétaire de la mairie de Néfiach est formel : dans cette commune de 1 292 âmes près de Perpignan (Pyrénées-Orientales), aucune Evelyne Bailly n’est morte récemment, contrairement à ce que rapporte une rumeur partagée sur les réseaux sociaux. « Evelyne Bailly, une mère de famille de 31 ans, 3 enfants de 2 à 10 ans, a reçu le vaccin Pfizer le 3 août, peut-on y lire. Violents maux de tête immédiats. AVC au travail. Elle décède 3 heures après l’injection. La cérémonie religieuse à l’église le 10.08.21. » Suivent trois émoticones de mains qui prient et quatre hashtags comme #BlanquerMent ou #Manif14août.

A Néfiach, l’église est à quinze mètres de la mairie : un enterrement, ça se serait su. La responsable du lieu sacré n’apprécie guère. « J’ai 80 ans. Les rumeurs, j’en ai ma claque », tranche-t-elle avant d’écourter la conversation. Renseignement pris auprès des élus locaux et de la police municipale, la mairie de Néfiach est formelle : « Il n’y a rien eu, c’est bidon. »

Cette fausse annonce de mort, ou du moins fort imprécise, n’est pas une première. Dès décembre 2020, les antivax américains ont fait courir le bruit que Tiffany Dover, une véritable infirmière américaine victime d’un malaise après sa première injection, était morte, malgré ses démentis et ceux de ses proches.

Lire aussi « Où est l’infirmière Tiffany Dover ? » : la théorie complotiste qui obsède les sphères antivaccins

Depuis le début de la campagne de vaccination contre le Covid-19, les militants qui y sont hostiles redoublent d’efforts pour discréditer les vaccins, en amplifiant et manipulant les informations sur les effets secondaires. Les publications sur les réseaux ou les éléments de discours varient, mais font souvent appel aux mêmes biais.

le tour des nouvelles rumeurs sur les vaccins

Les drames partagés par les antivax ne sont pas tous fictifs. Mais ils sont instrumentalisés. Ainsi, une pancarte brandie lors d’une manifestation contre le passe sanitaire le 31 juillet interpelle : « Anthony Rio, 24 ans, mort du vaccin le 18 mars 2021. Ne l’oublions pas ! Et combien d’autres ? » Une référence au décès d’un étudiant en médecine de 24 ans, mort d’une thrombose peu après sa première injection, au printemps. La pancarte suggère qu’il y a de nombreuses autres victimes. On retrouve dans la presse les cas de Joël Crochet, 63 ans, en Haute-Savoie, ou encore Marie-France, une femme de 70 ans, dans l’Ariège, morts peu après avoir reçu une première injection. S’il est toujours difficile de prouver un lien certain de cause à effet, dans ces cas, le lien médicamenteux fait l’objet d’une forte suspicion.

Tous ces drames sont liés au même vaccin, celui du laboratoire britannique AstraZeneca. En tout, au 29 juillet, sur près de 7,7 millions d’injections réalisées en France, l’Agence nationale de surveillance du médicament (ANSM) dénombrait 58 cas de thrombose atypique, dont treize morts. Ce que la pancarte ne dit pas, c’est que, depuis ces tragédies, le vaccin d’AstraZeneca n’est quasiment plus utilisé : dès la fin mai, il ne représentait plus que 1 % des injections. Pfizer et Moderna, les deux vaccins majoritaires, sont plus sûrs, si l’on en croit les autorités sanitaires. Des morts ont bien été rapportées après des injections de ces deux vaccins, mais « les éléments transmis n’indiquent pas un rôle potentiel du vaccin », juge, à ce jour, l’ANSM.

La question du lien entre les causes de décès et les vaccins est cruciale. Alors que les autorités médicales veillent à ne rien affirmer qui n’ait fait l’objet d’une preuve scientifique, les discours antivaccins ne craignent pas les rumeurs ou les rapprochements rapides. Des vidéos très partagées accusent les vaccins de provoquer des accidents vasculaires cérébraux (AVC) : celle d’un pompier en mai, celle plus récente de l’épouse d’un homme de 53 ans en réanimation pour une rupture d’anévrisme six jours après son injection.

La confusion entre consécution et corrélation est banale. Si deux événements se succèdent, il est courant d’y voir un lien de cause à effet. Dans certains cas, il est réel. Dans d’autres, il s’agit d’une coïncidence.

Or, une vaste étude française publiée mi-juillet et portant sur les plus de 75 ans a mis en évidence que, statistiquement, le risque d’AVC n’augmentait pas avec la vaccination. Cela ne signifie pas que ces accidents cardiovasculaires soient fictifs. Mais dans la majorité des cas, en l’état actuel des connaissances, les scientifiques estiment qu’ils ne sont pas liés au vaccin. En France, les AVC touchent environ 150 000 personnes chaque année et causent 40 000 morts.

Les tenants de la liberté vaccinale relaient souvent drames individuels ou témoignages poignants, certains n’hésitant pas à citer des chiffres sans les contextualiser.

Fin juillet, le sociologue français Laurent Mucchielli, proche des sphères complotistes, a publié, dans un blog hébergé sur Mediapart, un billet cosigné avec quatre autres universitaires affirmant que la vaccination contre le Covid-19 « conduit à une mortalité inédite dans l’histoire de la médecine moderne ». En citant les données de pharmacovigilance de l’ANSM, il décompte « près de 1 000 morts potentiellement liés à la vaccination ». Le site d’information a, finalement, dépublié ce billet, car il « contrevenait à [sa] charte de participation, qui prohibe la diffusion de fausses nouvelles ». Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), organisme pour lequel travaille le sociologue, s’est également dissocié publiquement de cette tribune.

L’influent site américain antivax Children’s Health Defense (cité en France par des comptes naturopathes) s’est appuyé sur les données du Vaers (Vaccine Adverse Event Reporting System, équivalent de la base de l’ANSM) pour s’alarmer mi-août de l’existence de « 500 000 effets secondaires en six mois » et « plusieurs milliers de morts ».

Les publications jouent de la confusion entre « signaux » – c’est-à-dire des notifications brutes rentrées dans ces bases de données – et « cas avérés », confirmés par les autorités de santé. « Les gens signalent quelque chose après un vaccin, mais ça ne veut pas dire que c’est dû au vaccin », précise Catherine Hill, épidémiologiste de l’Institut Gustave Roussy, interrogée par l’Agence France-Presse :

Le nombre très élevé de signalements s’explique par l’ampleur massive de cette campagne de vaccination : plus de 350 millions de doses ont été injectées. De plus, le système VAERS américain, ouvert à tous, est facilement manipulable, et permet d’enregistrer des notifications mensongères, comme la (fausse) mort d’une fillette de 2 ans, très reprise par des antivax.

Une étude de 2015 relevait déjà le risque de mal interpréter les notifications d’effets secondaires. « Faire des généralisations et tirer des conclusions à propos de liens entre vaccin et décès sur la base de notifications spontanées sur Vaers, dont certaines sont anecdotiques ou rapportées de seconde main, ou les cas rapportés dans les médias, n’est pas une pratique scientifique valide. »

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3 réponses »

  1. Merci pour l’exercice et la révélation de la mauvaise foi ambiente du milieu! Beaux articles écrits en 2h: approximations, focus sur les moins de 20 ans, biais de confirmation par les articles antérieurs des collègues ou par les décisions politiques…!!!

    Non vacciné, certaines mesures de bon sens peuvent faire la différence: (ce sont des idées, pas une recommandation, chacun se fait son opinion)
    1: acheter un capteur de CO2 qui dit si une pièce est suffisament aérée ou pas. À moins de 600 ppm on est aéré à l’intérieur comme si on était à l’extérieur et donc pas besoin de masque si on tient les distances (par exemple pour Noël où on reçoit de la famille, ou dans son bureau).
    2: porter sur soi une montre/suiveur d’activité garmin ou autre qui contient un oxymètre de pouls récent, avec une mesure toute les 10 minutes toute les nuits. Toute valeur trop basse sur toute la nuit indique une mauvaise oxygénation du sang, pouvant être signe de covid. On combine à un auto-test présent chez soi et on est fixé.

    Contre le covid long des allemands développent une molécule apparemment prometteuse: le BC007, pas repris dans la presse francophone.

    Pour les problèmes de logistique maritime, le site seeking alpha a sorti une série détaillée ces derniers mois secteur par secteur.
    Bonne soirée!

  2. L’article essaie de montrer rationnellement les choses mais l’essentiel n’est pas la science mais la confiance et la crédibilité.

    Personnellement je ne fais plus confiance en la science. La science est devenu comme le reste un outil de domination.
    Vous pouvez me montrer tous les chiffres de la terre, le système de collecte de données, leur interprétation et leur financement fausse tout.

    Je travail dans le privée et utilise énormément le big data et les statistiques PAS pour la vérité (qui est des fois à 180°) mais comme arme d’influence, pour mousser les bonnes personnes.
    « Les statistiques s’est comme le bikini. Il montre beaucoup mais cache l’essentiel. »
    Ne l’oubliez jamais.

    Ma grand mére est morte d’un souffle au cœur à 90ans mais a été mis inextremis mort covid. Mon autre grand père très bien portant est mort 2 mois après son vaccin.
    Les gens qui montrent des données sont les même qui veulent me mettre un masque en foret.
    mon voisin a été en réanimation 3 mois car son médecin lui proposait du doliparne alors qu’il mourrait.
    C’est ça le réel, pas les données statistiques.

    Ne me demandez pas d’avoir confiance et d’être rationnelle

  3. Il y a autant de propagande, de confusion, d’à-peu-près, d’amalgame dans un camp que dans l’autre. Exemple ci-dessus : le fait que Mediapart et le Cnrs aient dépublié un texte de Laurent Mucchielli, est donné comme une preuve que son point de vue est ridicule.
    Si ceux qui ont un vrai bagage scientifique ne voient pas la même réalité, alors comment pourrais-je m’y retrouver, moi qui n’ai pas la culture scientifique suffisante ?
    Depuis le début on est dans la croyance et l’intuition, pas dans le rationnel. Il y a le dogme, les hérésies et les excommunications. On choisit de suivre et d’adhérer aux informations qui renforcent ses propres croyances, et de boucher les oreilles pour ne pas entendre les autres.
    En ce qui me concerne, je choisis de ne pas donner prise à la peur et de faire le nécessaire pour renforcer mon système immunitaire.

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