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Zéro-covid : la dangereuse utopie de l’Australie

Zéro-covid : la dangereuse utopie de l’Australie

By Alexandre Massaux contrepoints.org 4 min View Original

L’approche zéro-covid a un coût considérable pour l’économie mais aussi pour la liberté et la vie. Les Australiens l’ont appris à leurs dépens.

Par Emilie Dye.
Un article de Reason.

On entend souvent dire que « si cela permet de sauver ne serait-ce qu’une seule vie, cela en vaut la peine », quel qu’en soit le coût. Mais les confinements ont un coût considérable – non seulement pour l’économie mais aussi pour la liberté et aussi pour des vies. Les Australiens ont appris à leurs dépens que la stratégie du zéro covid est impossible. Nous devons apprendre à vivre avec des risques acceptables.

Australie : un pays toujours verrouillé

La ville de Sydney en est à la douzième semaine d’un confinement qui a enfermé chez eux les habitants des zones les plus touchées 23 heures par jour avec seulement 60 minutes autorisées pour faire de l’exercice à l’extérieur. Lorsqu’ils s’aventurent dehors, ils doivent le faire entre 5 heures et 21 heures.

Dans d’autres quartiers de Sydney, la vie est un peu plus facile. Les gens peuvent sortir pour courir tôt le matin ou tard le soir, mais doivent s’en tenir à un rayon d’environ 5 km autour de leur domicile. À l’exception des épiceries, des pharmacies, des plats à emporter et des cafés, tout est fermé. Des manifestations ont eu lieu, mais la police les a rapidement réprimées, les organisateurs risquant des peines de prison et les participants devant payer des millions d’amendes.

À Melbourne, le gouvernement a fermé les terrains de jeux et demandé aux habitants de ne pas sortir pour regarder le coucher du soleil. Lorsque les manifestants se sont rassemblés, la police a utilisé du gaz poivre et des balles en caoutchouc pour les disperser. Un enfant qui tenait une pancarte disant « laissez-moi jouer » a reçu un jet de gaz poivre au visage.

Melbourne était autrefois élue parmi les villes les plus agréables à vivre et les plus désirables du monde. Aujourd’hui, elle est surtout connue pour être l’une des plus fermées au monde : depuis plus de 225 jours, la police vérifie si les habitants ont une excuse raisonnable pour quitter leur domicile. Le gouvernement fédéral et le gouvernement de l’État ont commencé à admettre que la stratégie zéro-covid était irréalisable et s’achemine vers une sorte de réouverture.

Le Queensland et l’Australie occidentale sont tous deux de vastes États à très faible densité de population. Mais tous deux ont fermé leurs frontières à quiconque ne serait pas riche ou célèbre. Les joueurs de rugby et de football australien peuvent franchir la frontière, mais un bébé gravement malade, un enfant séparé de ses parents ou les personnes en quête de soins médicaux dans l’hôpital le plus proche ne sont pas aussi privilégiés.

L’Australie méridionale a mis au point une application utilisant un logiciel de géolocalisation et de reconnaissance faciale pour imposer la quarantaine à certaines personnes – une atteinte manifeste à leur vie privée. Mais de nombreux Australiens sont simplement reconnaissants d’avoir une alternative à deux semaines de quarantaine dans un hôtel.

L’Australie peut tenter de dire qu’elle a fait tout ce qui était possible pour arrêter la propagation (à l’exception d’une meilleure gestion des vaccins). Le pays a renoncé à la liberté de mouvement, a interdit aux gens de quitter le pays, l’État, de franchir un rayon de trois miles ou dans de nombreux cas de quitter leur domicile. Ce n’est que récemment que l’on a commencé à compter le coût humain de ces verrouillages stricts.

Le coût humain des confinements

L’obsession du confinement a sûrement sauvé certaines vies du covid-19, mais elle a également fait de ce virus la seule maladie pour laquelle il était inacceptable de mourir. Il existe un coût humain en termes de maladies non traitées, de rendez-vous médicaux manqués et de symptômes ignorés. Une pandémie fantôme de violence domestique est apparue.

En Nouvelle-Galles du Sud, 40 mineurs par jour en moyenne sont hospitalisés pour des automutilations ou des tentatives de suicide, soit une augmentation de 47 % par rapport à 2019. Notre ligne d’assistance téléphonique pour les suicides a atteint de multiples records historiques. Beaucoup regardent les économies de toute leur vie s’amenuiser lentement. Le restaurant où j’ai eu mon premier rendez-vous amoureux, qui fait partie du voisinage depuis 30 ans, a récemment fermé définitivement ses portes. Ces entreprises représentent souvent toute une vie d’efforts perdus.

Apparemment, aucun de ces coûts n’a d’importance.

Le neuroscientifique Sam Harris a résumé les bases du bien-être humain dans son livre The Moral Landscape :

Les individus ont tendance à être plus heureux s’ils ont de bons amis, un contrôle minimum sur leur vie et suffisamment d’argent pour répondre à leurs besoins.

Pourtant, depuis bientôt deux années, on a dit aux Australiens de rester chez eux, isolés, tandis que leurs relations se fracturent et que leurs moyens de subsistance tombent en poussière. Et on leur a dit que c’était pour leur bien.

Traduction Alexandre Massaux pour Contrepoints.

« Parce que c’était lui ; parce que c’était moi »

Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu’accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s’entretiennent.

En l’amitié de quoi je parle elles se mêlent et confondent l’une en l’autre, d’un mélange si universel, qu’elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais (NB : Étienne de la Boétie), je sens que cela ne se peut exprimer, qu’en répondant :

« Parce que c’était lui ; parce que c’était moi. »

Il y a, au-delà de tout mon discours et de ce que j’en puis dire particulièrement, je ne sais quelle force inexplicable et fatale, médiatrice de cette union. Nous nous cherchions avant que de nous être vus, et par des rapports que nous oyons l’un de l’autre, qui faisaient en notre affection plus d’effort que ne porte la raison des rapports ; je crois par quelque ordonnance du ciel.

Nous nous embrassions par nos noms ; et, à notre première rencontre, qui fut par hasard en une grande fête et compagnie de ville, nous nous trouvâmes si pris, si connus, si obligés entre nous, que rien dès-lors ne nous fut si proche que l’un à l’autre.

[…] Ce n’est pas une spéciale considération, ni deux, ni trois, ni quatre, ni mille : c’est je ne sais quelle quintessence de tout ce mélange, qui ayant saisi toute ma volonté, l’amena se plonger et se perdre dans la sienne ; qui, ayant saisi toute sa volonté, l’amena se plonger et se perdre en la mienne, d’une faim, d’une concurrence pareille. Je dis perdre, à la vérité, ne nous réservant rien qui nous fût propre, ni qui fût ou sien, ou mien.

[…] cette parfaite amitié de quoi je parle est indivisible : chacun se donne si entier à son ami qu’il ne lui reste rien à départir ailleurs

[…] Les amitiés communes, on les peut départir ; on peut aimer en celui-ci la beauté ; en cet autre, la facilité de ses mœurs ; en l’autre, la libéralité ; en celui-là, la paternité ; en cet autre, la fraternité ; ainsi du reste : mais cette amitié qui possède l’âme et la régente en toute souveraineté, il est impossible qu’elle soit double. 

Michel de Montaigne – Essais ; chapitre XVII : « De l’Amitié » (1580)

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2 réponses »

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