La justice pour Assange est la justice pour tous
John PILGER
Paru le 1 novembre 2021 sur le site Consortiumnews
Lorsque j’ai vu Julian Assange pour la première fois à la prison de Belmarsh, en 2019, peu après qu’on l’ait arraché de son refuge à l’ambassade d’Équateur, il m’a dit : « Je crois que je perds la tête. »
Il était décharné et émacié, ses yeux étaient creux et la maigreur de ses bras était soulignée par un ruban jaune d’identification noué autour de son bras gauche, symbole évocateur du contrôle institutionnel.
À l’exception des deux heures de ma visite, il était confiné dans une cellule solitaire dans une aile appelée du nom orwellien « soins de santé ». Dans la cellule voisine, un homme profondément perturbé hurlait toute la nuit. Un autre occupant souffrait d’un cancer en phase terminale. Un autre était gravement handicapé.
« Un jour, on nous a permis de jouer au Monopoly, dit-il, en guise de thérapie. C’était ça, nos soins de santé ! »
« C’est Vol au-dessus d’un nid de coucou« , ai-je dit.
« Oui, mais en plus fou. »
Le sens de l’humour noir de Julian lui est souvent venu en aide, mais plus maintenant. La torture insidieuse qu’il a subie à Belmarsh a eu des effets dévastateurs. Lisez les rapports de Nils Melzer, rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, et les avis cliniques de Michael Kopelman, professeur émérite de neuropsychiatrie au King’s College de Londres, et du Dr Quentin Deeley, et réservez un mépris pour le mercenaire des Etats-Unis au tribunal, James Lewis QC, qui a qualifié tout cela de « simulation ».
J’ai été particulièrement ému par les paroles expertes du Dr Kate Humphrey, neuropsychologue clinique à l’Imperial College de Londres. Elle a déclaré à l’Old Bailey l’année dernière que l’intelligence de Julian était passée d’un niveau « supérieur, ou plus vraisemblablement très supérieur » à un niveau « nettement inférieur » à ce niveau optimal, au point qu’il avait du mal à absorber les informations et que ses « performances se situaient dans la fourchette basse à moyenne« .
Lors d’une autre audience de ce drame honteux et kafkaïen, je l’ai vu lutter pour se souvenir de son nom lorsque le juge le lui a demandé.
Pendant la majeure partie de sa première année à Belmarsh, il était confiné. Privé d’exercice physique, il arpentait la longueur de sa petite cellule, d’avant en arrière, d’avant en arrière, pour « mon propre semi-marathon« , m’a-t-il dit. Cela sentait le désespoir. Une lame de rasoir a été trouvée dans sa cellule. Il a écrit des « lettres d’adieu ». Il a téléphoné aux Samaritains à plusieurs reprises.
Au début, on lui a refusé ses lunettes de lecture, oubliées lors de son enlèvement brutal à l’ambassade. Lorsque les lunettes sont enfin arrivées à la prison, elles ne lui ont pas été remises avant plusieurs jours. Son avocate, Gareth Peirce, a écrit lettre après lettre au directeur de la prison pour protester contre la rétention de documents juridiques, l’accès à la bibliothèque de la prison, l’utilisation d’un ordinateur portable basique pour préparer son dossier. La prison mettait des semaines, voire des mois, à répondre. (Le gouverneur, Rob Davis, a été décoré de l’Ordre de l’Empire britannique).
Les livres que lui a envoyés un ami, le journaliste Charles Glass, lui-même survivant d’une prise d’otages à Beyrouth, lui ont été retournés. Julian n’a pas pu appeler ses avocats américains. Depuis le début, il est constamment sous médicaments. Une fois, quand je lui ai demandé ce qu’ils lui donnaient, il n’a pas pu le dire.
Droit de comparaître au tribunal
Lors de l’audience de la Haute Cour de la semaine dernière, qui devait décider définitivement si Julian serait extradé ou non vers l’Amérique, il n’a comparu que brièvement par liaison vidéo le premier jour. Il avait l’air malade et déstabilisé. On a dit à la cour qu’il avait été « excusé » en raison de ses « médicaments ». Julian avait pourtant demandé à assister à l’audience, ce qui lui a été refusé, a déclaré sa compagne Stella Moris. Assister à une audience devant un tribunal qui vous juge est sûrement un droit.
Cet homme extrêmement fier exige également le droit de paraître fort et cohérent en public, comme il l’a fait à l’Old Bailey l’année dernière. Là, il a constamment consulté ses avocats à travers la fente de sa cage de verre. Il a pris de nombreuses notes. Il s’est levé et a protesté avec une colère éloquente contre les mensonges et les abus de procédure.
Les dommages qu’il a subis au cours de sa décennie d’incarcération et d’incertitude, dont plus de deux ans à Belmarsh (dont le régime brutal est célébré dans le dernier film de James Bond), ne font aucun doute.
Mais son courage, lui aussi, ne fait aucun doute, et sa qualité de résistance et de résilience relève de l’héroïsme. C’est ce qui lui permettra peut-être de traverser le cauchemar kafkaïen actuel – s’il est épargné par l’enfer américain.
Je connais Julian depuis son arrivée en Grande-Bretagne en 2009. Lors de notre première entrevue, il a décrit l’impératif moral derrière WikiLeaks : notre droit à la transparence des gouvernements et des puissants était un droit démocratique fondamental. Je l’ai vu s’accrocher à ce principe même si, parfois, cela lui rendait la vie encore plus précaire.
Presque aucun de ces aspects remarquables du caractère de cet homme n’a été rapporté par la presse dite libre, dont l’avenir, dit-on, est menacé si Julian est extradé.
Bien sûr, mais il n’y a jamais eu de « presse libre ». Il y a eu des journalistes extraordinaires qui ont occupé des postes dans la » grande presse » – des espaces qui sont maintenant fermés, forçant le journalisme indépendant à se réfugier sur Internet.
Là, le journalisme est devenu un « cinquième pouvoir », un samizdat de travail dévoué, souvent non rémunéré, de ceux qui étaient des exceptions honorables dans des médias désormais réduits à des machines à débiter des platitudes. Des mots comme « démocratie », « réforme », « droits de l’homme » sont vidés de leur sens initial et la censure se fait par omission ou exclusion.
L’audience fatidique de la semaine dernière à la Haute Cour a » disparu » dans la » presse libre « . La plupart des gens ne savent pas qu’un tribunal situé au cœur de Londres a rendu un jugement sur leur droit de savoir, leur droit de poser des questions et d’exprimer leur désaccord.
De nombreux Américains, s’ils savent quelque chose de l’affaire Assange, croient à un fantasme selon lequel Julian est un agent russe qui a fait perdre l’élection présidentielle à Hillary Clinton en 2016 au profit de Donald Trump. Cela ressemble de façon frappante au mensonge selon lequel Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive, qui a justifié l’invasion de l’Irak et la mort d’un million de personnes ou plus.
Il est peu probable qu’ils sachent que le principal témoin à charge étayant l’une des accusations concoctées contre Julian a récemment admis avoir menti et fabriqué ses « preuves ».
Ils n’auront pas non plus entendu ou lu la révélation que la CIA, sous la direction de son ancien directeur, le sosie de Hermann Goering Mike Pompeo, avait prévu d’assassiner Julian. Et ce n’était pas nouveau. Depuis que je connais Julian, il a été menacé de mort, voire pire.
Lors de sa première nuit à l’ambassade d’Équateur en 2012, des silhouettes sombres ont investi la façade de l’ambassade et cogné sur les fenêtres pour essayer d’entrer. Aux États-Unis, des personnalités publiques – dont Hillary Clinton, tout juste sortie de son opération de destruction de la Libye – ont longtemps appelé à l’assassinat de Julian. L’actuel président Joe Biden l’a qualifié de « terroriste hi-tech ».
L’ancien Premier ministre australien, Julia Gillard, était si désireuse de faire plaisir à ceux qu’elle appelait « nos meilleurs amis » à Washington qu’elle a demandé que le passeport de Julian lui soit retiré – jusqu’à ce qu’on lui fasse remarquer que ce serait contraire à la loi. L’actuel premier ministre, Scott Morrison, un homme de relations publiques, a dit, lorsqu’on l’a interrogé sur Assange : » Il doit faire face à ses responsabilités. »
La saison de chasse est ouverte sur le fondateur de WikiLeaks depuis plus de dix ans. En 2011, The Guardian a exploité l’œuvre de Julian comme si c’était la sienne, a récolté des prix de journalisme et des contrats avec Hollywood, puis s’est retourné contre sa source.
Assauts au vitriol
Des années d’attaques au vitriol contre l’homme qui refusait de faire partie de leur club ont suivi. Il a été accusé de ne pas avoir expurgé des documents des noms des personnes considérées comme à risque. Dans un livre du Guardian écrit par David Leigh et Luke Harding, Assange aurait déclaré, lors d’un dîner dans un restaurant de Londres, qu’il se fichait que les informateurs cités dans les fuites soient affectés. Mais ni Harding ni Leigh n’étaient présents à ce dîner. John Goetz, un journaliste d’investigation de Der Spiegel, était présent, lui, au dîner et a témoigné qu’Assange n’avait rien dit de tel.
Le grand lanceur d’alerte Daniel Ellsberg a déclaré l’an dernier à l’Old Bailey qu’Assange avait personnellement expurgé 15 000 fichiers. Le journaliste d’investigation néo-zélandais Nicky Hager, qui a travaillé avec Assange sur les fuites concernant les guerres d’Afghanistan et d’Irak, a décrit comment Assange prenait « des précautions extraordinaires pour expurger les noms des informateurs. »
En 2013, j’ai interrogé le cinéaste Mark Davis à ce sujet. Diffuseur respecté de SBS Australia, Davis était un témoin oculaire, accompagnant Assange pendant la préparation des documents divulgués en vue de leur publication dans le Guardian et le New York Times. Il m’a dit : « Assange était le seul à travailler jour et nuit pour retirer 10 000 noms de personnes qui pourraient être affectées par les révélations contenues dans les journaux. »
En donnant une conférence à un groupe d’étudiants de la City University, David Leigh s’est même moqué de l’idée que « Julian Assange finira en combinaison orange ». Ses craintes étaient exagérées, a-t-il ricané. Edward Snowden a révélé plus tard qu’Assange faisait l’objet d’une « chasse à l’homme programmée ».
Luke Harding, coauteur avec Leigh du livre du Guardian qui a révélé le mot de passe d’un lot de câbles diplomatiques que Julian avait confié au journal, se trouvait devant l’ambassade de l’Équateur le soir où Julian a demandé l’asile. Debout au milieu d’une rangée de policiers, il a jubilé sur son blog : « Scotland Yard pourrait bien avoir le dernier mot. »
La campagne fut implacable. Les chroniqueurs du Guardian touchèrent le fond. « C’est vraiment un gros étron« , a écrit Suzanne Moore à propos d’un homme qu’elle n’avait jamais rencontré.
Le rédacteur en chef à l’époque, qui a supervisé tout ça, Alan Rusbridger, s’est récemment joint au chœur pour dire que « défendre Assange c’est protèger la presse libre. » Ayant publié les premières révélations de WikiLeaks, Rusbridger doit se demander aujourd’hui si l’excommunication passée d’Assange par le Guardian suffira à sauver sa propre tête de la colère de Washington.
Les juges de la Haute Cour devraient annoncer leur décision sur l’appel américain au début de l’année prochaine. Leur décision déterminera si oui ou non le système judiciaire britannique a détruit les derniers vestiges de sa réputation tant vantée ; au pays de la Magna Carta, cette affaire honteuse aurait dû être rejetée par la justice depuis longtemps.
La question qui se pose n’est pas celle de l’impact sur une « presse libre », qui est de connivence. Il s’agit de rendre justice à un homme persécuté et délibérément privé de justice.
Julian Assange est un diseur de vérité qui n’a commis aucun crime, mais qui a révélé des crimes et des mensonges gouvernementaux à grande échelle et qui a ainsi rendu l’un des plus grands services publics de mon vivant. Faut-il vraiment rappeler que la justice pour un est la justice pour tous ?
John Pilger
Source: https://consortiumnews.com/2021/11/01/john-pilger-justice-for-assange-…
Traduction: Le Grand Soir
La persécution d’Assange expose au grand jour la sauvagerie de l’Occident
Par Caitlin Johnstone, journaliste indépendante basée à Melbourne, Australie.
Source : RT, 28 octobre 2021
Le premier jour de la procédure d’appel des États-Unis dans l’affaire d’extradition de Julian Assange, des adultes ont fait valoir devant le tribunal que le gouvernement américain pouvait garantir qu’il ne traiterait pas le fondateur de WikiLeaks aussi cruellement qu’il traite ses autres prisonniers.
J’aimerais que ne soit qu’une plaisanterie.
Dans leur compte rendu de la procédure de mercredi, Kevin Gosztola et Mohamed Elmaazi du média en ligne The Dissenter rapportent que l’accusation a fait valoir que « la Haute Cour devrait accepter l’appel sur la base que le gouvernement américain a offert des « assurances » qu’Assange ne sera pas soumis à des Mesures administratives spéciales (SAM) ou incarcéré à ADX Florence, une prison super-maximum dans le Colorado. »
Cela signifie qu’afin d’annuler le verdict de rejet de la demande d’extradition que la juge Vanessa Baraitser a issu en janvier au motif que le système pénitentiaire américain notoirement draconien est trop cruel pour garantir la santé et la sécurité d’Assange, l’accusation a établi comme l’un de ses motifs d’appel que les Etats-Unis peuvent offrir des « assurances » qu’ils ne lui infligeraient pas certaines de leurs mesures les plus brutales. Celles-ci incluraient les Mesures administratives spéciales susmentionnées, dans lesquelles les prisonniers sont si isolés qu’ils disparaissent effectivement de la surface de la terre, ou l’envoi à ADX Florence, où tous les prisonniers sont maintenus à l’isolement 23 heures par jour.
Ce qui est ridicule à propos de ces « assurances », en dehors de leur absurdité, c’est que dans son propre argumentaire juridique, le gouvernement américain se réserve le droit de revenir sur ces assurances à tout moment et d’imposer à Assange des SAM ou des peines d’emprisonnement dans des établissements de sécurité maximale s’il le juge nécessaire. Comme l’explique Amnesty International,
Ils disent : nous garantissons qu’il ne sera pas détenu dans un établissement à sécurité maximale et qu’il ne sera pas soumis à des Mesures administratives spéciales, et qu’il obtiendra des soins de santé. Mais s’il fait quelque chose que nous n’aimons pas, nous nous réservons le droit de ne pas le garantir, nous nous réservons le droit de le placer dans un établissement à sécurité maximale, nous nous réservons le droit de lui imposer des mesures administratives spéciales. Ce ne sont pas du tout des assurances. Il n’est pas si difficile de regarder ces assurances et de dire : elles sont intrinsèquement non-fiables, elles promettent de faire quelque chose et se réservent ensuite le droit de rompre la promesse.
Donc, l’argumentaire juridique de l’accusation ici est en substance : « Nous promettons que nous ne traiterons pas Assange aussi cruellement que nous traitons nos autres prisonniers, à moins que nous décidions de le faire. »
Ce n’est pas seulement une réflexion sur la faiblesse du recours en extradition, c’est une réflexion sur la sauvagerie de toutes les démocraties dites libres qui se sont impliquées dans cette affaire.
Les mêmes avocats du gouvernement américain ont fait valoir qu’Assange ne devrait pas se voir refuser l’extradition aux États-Unis depuis le Royaume-Uni pour des raisons humanitaires comme dans le cas de l’activiste Lauri Love, car Love souffrait à la fois de maux physiques et psychologiques alors que les maux d’Assange ne seraient que psychologiques. Ils se sont présentés devant le tribunal et ont fait valoir cet argument alors même qu’Assange souffrait visiblement et était malade lors de sa comparution vidéo de la prison de Belmarsh, à laquelle il n’a pu assister que par intermittence en raison de sa fragilité physique.
« Pour mon journal, je travaille en tant que partenaire média de WikiLeaks depuis 2009 », a tweeté la journaliste Stefania Maurizi qui a assisté à l’audience par liaison vidéo. « J’ai vu Julian Assange dans toutes sortes de situations, mais je ne l’ai jamais vu si mal et si dangereusement maigre. »
Ils brutalisent donc ouvertement un journaliste parce qu’il a dénoncé des crimes de guerre américains, tout en affirmant qu’on peut leur faire confiance pour le traiter avec humanité et lui donner un procès équitable en cas d’extradition. Ceci après qu’il a déjà été confirmé que la CIA avait comploté pour le kidnapper et l’assassiner sous l’administration Trump, après que le public a appris que l’accusation s’était appuyée sur le faux témoignage d’un pédophile condamné et diagnostiqué sociopathe, après qu’il a été révélé que la CIA avait espionné Assange et ses avocats à l’ambassade d’Équateur, et après que l’agent du renseignementJeffreyEpstein soit décédé dans des circonstances très suspectes dans une cellule de prison américaine.
Les pires atrocités de l’histoire ont toutes été légales. Tous les pires exemples de génocide, d’esclavage, de tyrannie et d’effusion de sang ont été autorisés ou activement facilités par l’État. La persécution d’Assange vise à faire entrer l’emprisonnement des journalistes dans cette catégorie.
L’objectif est de créer un précédent juridique qui permet que les journalistes qui dénoncent les crimes des puissants soient persécutés non pas secrètement comme cela se fait normalement dans les « démocraties libres », mais au grand jour. De dire aux journalistes : « Nous vous jetterons en prison si vous vous mettez en travers de notre chemin ».
Ce qui rend ce précédent particulièrement dangereux, c’est qu’il ne menace pas seulement d’emprisonner les journalistes américains qui dénoncent les crimes américains, mais n’importe quel journaliste n’importe où dans le monde. Il s’agit d’un journaliste australien sur le point d’être extradé du Royaume-Uni pour avoir publié des faits sur les crimes de guerre américains dans les pays que Washington a envahis. L’objectif est de mettre en place un système où n’importe qui dans le monde aligné sur les États-Unis peut être jeté dans son système pénitentiaire pour avoir publié des faits gênants.
C’est la sauvagerie du monde occidental dans ce qu’elle a de plus transparent. Ce n’est pas le plus grand mal que l’empire centralisé aux États-Unis ait commis ; cette distinction serait certainement réservée à ses actes de massacre militaire de masse qu’il inflige à notre espèce en toute impunité depuis des générations sur tous les continents. Mais c’est le mal le plus effronté. Le plus manifeste. C’est la partie la plus puissante de la structure de pouvoir la plus dépravée sur terre qui nous regarde droit dans les yeux et nous dit exactement ce qu’elle est.
Et si nous pouvons vraiment regarder cette bête et ce qu’elle fait en ce moment, vraiment la voir avec les yeux grands ouverts, cela révèle bien plus sur ceux qui nous gouvernent que tout ce qu’un journaliste n’a jamais exposé.
Caitlin Johnstone
Source : RT, 28 octobre 2021
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En France, Le Monde et Mediapart sont de beaux exemples de cette fausse gauche atlantiste, qui a soutenu les groupes terroristes en Syrie (en les présentant comme des « rebelles », démocrates ou autres), diffamé Assange et porte le folliculaire Navalny aux nues. Cf. par exemple cet éditorial du Monde suite à l’arrestation d’Assange et à son inculpation par les Etats-Unis, développements qui lui donnaient entièrement raison : au lieu de faire son mea culpa, Le Monde s’enfonce ignominieusement :
« Julian Assange est un justiciable comme les autres. Ses démêlés avec la police ont commencé parce qu’il a refusé de se rendre à une convocation de la police suédoise qui souhaitait l’entendre après les plaintes de deux femmes pour agression sexuelle, au motif fantaisiste, à l’époque, qu’il craignait que la Suède ne le livre à la CIA. Il a eu tort de refuser de s’expliquer sur ces graves accusations. »
Comme l’établit le rapporteur de l’ONU sur la torture, Nils MELZER, lorsqu’il était réfugié à Londres, la Suède a refusé d’interroger Assange à l’ambassade d’Equateur ou via vidéo (alors que durant la même période, de tels interrogatoires de suspects entre la Suède et l’Angleterre ont eu lieu dans 44 autres cas) et de lui garantir qu’il ne serait pas extradé :
« Assange n’a pas cherché à se cacher de la justice. Par l’intermédiaire de son avocat suédois, il a proposé aux procureurs plusieurs dates possibles d’interrogatoire en Suède. Cette correspondance existe. Ensuite, les événements suivants se sont produits : Assange a eu vent du fait qu’une affaire criminelle secrète avait été ouverte contre lui aux États-Unis. À l’époque, cela n’a pas été confirmé par les États-Unis, mais aujourd’hui nous savons que c’était vrai. À partir de ce moment, l’avocat d’Assange a commencé à dire que son client était prêt à témoigner en Suède, mais il a exigé l’assurance diplomatique que la Suède ne l’extraderait pas aux États-Unis. [Ce risque était tout à fait réel, car] quelques années auparavant, le personnel de sécurité suédois avait livré à la CIA deux demandeurs d’asile, tous deux enregistrés en Suède, sans passer par la moindre procédure judiciaire. Les abus ont commencé à l’aéroport de Stockholm, où ils ont été maltraités, drogués et transportés par avion en Égypte, où ils ont été torturés. Nous ne savons pas s’il s’agit des seuls cas de ce type. Mais nous sommes au courant de ces deux cas car les hommes ont survécu. Tous deux ont par la suite déposé plainte auprès des agences des droits de l’homme de l’ONU et ont obtenu gain de cause. La Suède a été obligée de payer à chacun d’eux un demi-million de dollars en dommages et intérêts. Les avocats d’Assange affirment que pendant les près des sept ans au cours desquels leur client a vécu à l’ambassade d’Équateur, ils ont fait plus de 30 offres pour organiser la visite d’Assange en Suède, en échange d’une garantie qu’il ne serait pas extradé vers les États-Unis. La Suède a refusé de fournir une telle garantie en faisant valoir que les États-Unis n’avaient pas fait de demande formelle d’extradition. »
Voir également l’infâme article de Mediapart Julian Assange, l’histoire d’une déchéance, qui prend au sérieux les accusations de viol et valide sans l’ombre d’une preuve la thèse de la collusion avec la Russie (réaffirmées dans l’article de Mediapart sur les projets d’enlèvement et d’assassinat d’Assange par la CIA, commodément attribués à Trump, comme s’il ne s’agissait pas du modus operandi de la CIA depuis des décennies) :
[…] Depuis Londres, le fondateur de WikiLeaks annonce qu’il refuse de se rendre en Suède au motif que cette procédure n’est qu’un prétexte. Selon lui, dès qu’il foulera le sol suédois, les États-Unis demanderont son extradition pour être jugé pour espionnage, crime passible de la peine capitale. Sous le coup d’une procédure d’extradition accordée par la justice anglaise, Julian Assange va tout d’abord mener une bataille juridique pour en obtenir l’annulation. Une fois tous les recours épuisés, il se réfugie, le 19 juin 2012, dans les locaux de l’ambassade de l’Équateur qui lui accorde l’asile politique. Il y restera cantonné dans une pièce de l’immeuble sans pouvoir sortir au risque d’être immédiatement interpellé par les policiers britanniques qui le surveillent en permanence.
Avec ces accusations sexuelles, Julian Assange tombe de son piédestal. Son image de chevalier blanc se fissure et, même au sein de WikiLeaks, des langues se dénouent, dévoilant un tout autre visage. De nombreux témoignages décrivent un homme égocentrique, intransigeant et exigeant de ses collaborateurs une obéissance absolue.
Dès septembre 2010, plusieurs membres de WikiLeaks quittent l’organisation en raison d’un désaccord sur la manière dont Julian Assange gère la publication des « leaks » et son refus de toute critique. Selon le site Wired, six volontaires ont quitté l’organisation à ce moment-là. Sur le tchat interne de l’organisation, Julian Assange leur aurait lancé : « Je suis le cœur de cette organisation, son fondateur, philosophe, porte-parole, codeur original, organisateur, financeur et tout le reste. Si vous avez un problème avec moi, faites chier. »
Parmi les défections, figure celle de Daniel Schmitt, porte-parole de WikiLeaks, qui annonce sa démission dans les colonnes du Spiegel. « Julian Assange réagit à toute critique avec l’allégation que je lui ai désobéi et que j’ai été déloyal vis-à-vis du projet. Il y a quatre jours, il m’a suspendu – agissant comme le procureur, le juge et le bourreau en une personne », accuse-t-il. Daniel Schmitt racontera en détail son conflit avec Assange dans un livre paru en 2011, Inside WikiLeaks. Dans les coulisses du site internet le plus dangereux du monde (Grasset, 2011).
En début d’année 2011, un autre collaborateur de WikiLeaks, Julian Ball, claque la porte de l’organisation trois mois après y être entré. Il rejoint le Guardian et décrit, dans un article publié en septembre 2011, un Julian Assange tyrannique, plus préoccupé par sa propre défense que par les idéaux de WikiLeaks. En 2014, c’est Andrew O’Hagan, l’auteur d’une Autobiographie non autorisée publiée en 2011, qui se répand dans la presse. « Il voit chaque idée comme une simple étincelle venant d’un feu dans son propre esprit. Cette sorte de folie, bien sûr, et l’étendue des mensonges de Julian m’ont convaincu qu’il était probablement un petit peu fou, triste et mauvais, malgré toute la gloire de WikiLeaks en tant que projet », affirme-t-il.
Beaucoup s’interrogent également sur la ligne éditoriale de Julian Assange. Le rédacteur en chef de WikiLeaks est notamment accusé d’être trop indulgent, voire trop proche, de la Russie, pays sur lequel l’organisation n’a publié que peu de documents. Plusieurs interventions de Julian Assange surprennent, comme lorsqu’il assure, durant quelques mois en 2012, une émission de géopolitique sur la chaîne Russia Today (RT), The Julian Assange Show. Ou lorsque, à l’occasion d’une table ronde organisée pour les dix ans de RT, il livre un discours dans lequel il appelle « à oublier le concept de liberté individuelle, qui n’existe plus ».
La question de la proximité de WikiLeaks avec la Russie va devenir centrale avec la publication, en 2016, des DNC Leaks. Le 22 juillet, trois jours avant l’ouverture de la convention annuelle du Parti démocrate, WikiLeaks publie 19 252 mails piratés dans les ordinateurs de sa direction, le Democratic National Committee (DNC). La convention doit justement entériner l’investiture d’Hillary Clinton comme candidate démocrate à l’élection présidentielle américaine. Or, les mails révèlent une collusion dans la direction du parti visant à défavoriser son principal concurrent, Bernie Sanders.
Les DNC Leaks vont empoisonner la campagne d’Hillary Clinton et faire le délice de son adversaire républicain Donald Trump qui ira jusqu’à déclarer : « I Love WikiLeaks. » Le malaise est encore accentué par les déclarations de Julian Assange qui assume avoir publié ces « leaks » afin de nuire à Hillary Clinton, qu’il voit comme « un problème pour la liberté de la presse », et reconnaît avoir volontairement fait coïncider leur publication avec la convention démocrate. […]
WikiLeaks s’isole encore plus lorsque l’enquête sur le piratage des mails de la direction du Parti démocrate révèle que celui-ci a été réalisé par un groupe de hackers, Guccifer 2.0, lié aux services secrets russes, le GRU. Julian Assange démentira formellement que sa source soit des hackers et les différentes enquêtes ne permettront pas d’établir un lien direct entre WikiLeaks et Moscou. Mais pour beaucoup, la ficelle est trop grosse. Que Julian Assange se soit rendu complice, même à son insu, d’une opération de déstabilisation russe est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. […]
Pour ne rien arranger, Julian Assange multiplie les prises de position polémiques, voire parfois difficilement compréhensibles. En septembre 2017, il affirme par exemple, chiffres à l’appui, que le capitalisme, l’athéisme et le féminisme sont responsables de la stérilité de nos sociétés qui, elle-même, est la cause de l’immigration. […]
Traduction : lecridespeuples.fr
La plus importante bataille pour la liberté de la presse de notre temps
Depuis deux jours, je suis l’audience d’extradition de Julian Assange par liaison vidéo depuis Londres. Les États-Unis font appel d’une décision d’un tribunal inférieur qui a rejeté la demande américaine d’extradition d’Assange, non pas, malheureusement, parce qu’aux yeux du tribunal, il est innocent d’un crime, mais parce que, comme l’a conclu la juge Vanessa Baraitser en janvier, l’état psychologique précaire d’Assange se détériorerait en raison des « conditions difficiles » du système pénitentiaire américain inhumain, « ce qui le pousserait au suicide ».
Les États-Unis ont inculpé Assange de 17 chefs d’accusation en vertu de la loi sur l’espionnage et d’un chef d’accusation pour tentative de piratage d’un ordinateur gouvernemental, accusations qui pourraient le faire emprisonner pendant 175 ans.
Assange, aux longs cheveux blancs, est apparu à l’écran le premier jour depuis la salle de vidéoconférence de la prison de HM Belmarsh. Il portait une chemise blanche avec une cravate dénouée autour du cou. Il avait l’air décharné et fatigué. Il ne s’est pas présenté au tribunal, ont expliqué les juges, car il recevait une « forte dose de médicaments ».
Le deuxième jour, il n’était apparemment pas présent dans la salle de vidéoconférence de la prison.
Assange est extradé parce que son organisation WikiLeaks a publié en octobre 2010 les journaux de bord de la guerre d’Irak, qui documentent de nombreux crimes de guerre commis par les États-Unis, notamment les images vidéo de l’abattage de deux journalistes de Reuters et de dix autres civils non armés dans la vidéo « Collateral murder », la torture systématique de prisonniers irakiens, la dissimulation de milliers de morts civiles et l’assassinat de près de 700 civils qui s’étaient approchés trop près de postes de contrôle américains. Il est également visé par les autorités américaines pour d’autres fuites, notamment celles qui ont révélé les outils de piratage utilisés par la CIA, connus sous le nom de Vault 7, qui permettent à l’agence d’espionnage de compromettre des voitures, des téléviseurs intelligents, des navigateurs web et les systèmes d’exploitation de la plupart des téléphones intelligents, ainsi que des systèmes d’exploitation tels que Microsoft Windows, macOS et Linux.
Si Assange est extradé et reconnu coupable d’avoir publié des documents classifiés, cela créera un précédent juridique qui mettra effectivement fin aux rapports sur la sécurité nationale, permettant au gouvernement d’utiliser la loi sur l’espionnage pour inculper tout journaliste qui possède des documents classifiés et tout dénonciateur qui divulgue des informations classifiées.
Si l’appel des États-Unis est accepté, Assange sera rejugé à Londres. La décision sur l’appel n’est pas attendue avant au moins janvier.
Le procès d’Assange, qui s’est tenu en septembre 2020, a douloureusement montré à quel point il était devenu vulnérable après 12 ans de détention, dont sept à l’ambassade d’Équateur à Londres. Par le passé, il a tenté de se suicider en s’ouvrant les veines. Il souffre d’hallucinations et de dépression, prend des antidépresseurs et de la quétiapine, un antipsychotique. Après avoir été observé en train de faire les cent pas dans sa cellule jusqu’à ce qu’il s’effondre, de se frapper au visage et de se taper la tête contre le mur, il a été transféré pendant plusieurs mois dans l’aile médicale de la prison de Belmarsh. Les autorités pénitentiaires ont trouvé « la moitié d’une lame de rasoir » cachée sous ses chaussettes. Il a appelé à plusieurs reprises la ligne téléphonique d’aide au suicide gérée par les Samaritains parce qu’il pensait à se tuer « des centaines de fois par jour ».
James Lewis, l’avocat des États-Unis, a tenté de discréditer les rapports médicaux et psychologiques détaillés et troublants sur Assange présentés au tribunal en septembre 2020, le dépeignant plutôt comme un menteur et un malfaiteur. Il a excorié la décision de la juge Baraitser d’empêcher l’extradition, a remis en question sa compétence et a balayé d’un revers de main les montagnes de preuves selon lesquelles les prisonniers de haute sécurité aux États-Unis, comme Assange, soumis à des mesures administratives spéciales (MAS) et maintenus en isolement virtuel dans des prisons supermax, souffrent de détresse psychologique. Il a accusé le Dr Michael Kopelman, professeur émérite de neuropsychiatrie à l’Institut de psychiatrie, de psychologie et de neurosciences du King’s College de Londres, qui a examiné Assange et témoigné pour la défense, de tromperie pour avoir « dissimulé » qu’Assange avait engendré deux enfants avec sa fiancée Stella Morris alors qu’il était réfugié à l’ambassade d’Équateur à Londres. Il a déclaré que, si le gouvernement australien en faisait la demande, Assange pourrait purger sa peine de prison en Australie, son pays d’origine, après avoir épuisé ses recours, mais il n’a pas promis qu’Assange ne serait pas détenu en isolement ou soumis à des MCS.
L’autorité citée à plusieurs reprises par Lewis pour décrire les conditions dans lesquelles Assange sera détenu et jugé aux États-Unis est Gordon Kromberg, le procureur adjoint des États-Unis pour le district Est de la Virginie. Kromberg est le grand inquisiteur du gouvernement dans les affaires de terrorisme et de sécurité nationale. Il a exprimé ouvertement son mépris pour les musulmans et l’islam et a décrié ce qu’il appelle « l’islamisation du système judiciaire américain ». Il a supervisé les neuf années de persécution de l’activiste et universitaire palestinien Sami Al-Arian et a refusé à un moment donné sa demande de report d’une audience pendant la fête religieuse du Ramadan. « Ils peuvent s’entretuer pendant le Ramadan, ils peuvent comparaître devant le grand jury. Tout ce qu’ils ne peuvent pas faire, c’est manger avant le coucher du soleil », a déclaré Kromberg lors d’une conversation en 2006, selon une déclaration sous serment déposée par l’un des avocats d’Arian, Jack Fernandez.
Kromberg a critiqué Daniel Hale, l’ancien analyste de l’armée de l’air qui a récemment été condamné à 45 mois de prison dans une prison Supermax pour avoir divulgué des informations sur le massacre aveugle de civils par des drones, en déclarant que Hale n’avait pas contribué au débat public, mais avait « mis en danger les personnes qui se battent ». Il a ordonné l’emprisonnement de Chelsea Manning après son refus de témoigner devant un grand jury enquêtant sur WikiLeaks. Manning a tenté de se suicider en mars 2020 alors qu’elle était détenue dans la prison de Virginie.
Ayant couvert le cas de Syed Fahad Hashmi, qui a été arrêté à Londres en 2006, j’ai une bonne idée de ce qui attend Assange s’il est extradé. Hashmi a également été détenu à Belmarsh et extradé en 2007 vers les États-Unis, où il a passé trois ans en isolement cellulaire dans le cadre de MAS. Son « crime » était qu’une connaissance qui logeait avec lui dans son appartement alors qu’il était étudiant diplômé à Londres avait dans ses bagages des imperméables, des ponchos et des chaussettes imperméables. Cette connaissance avait l’intention de livrer ces articles à Al-Qaida. Mais je doute que le gouvernement ait été préoccupé par des chaussettes imperméables expédiées au Pakistan. Je soupçonne que Hashmi était visé parce que, comme l’activiste palestinien Sami Al-Arian, et comme Assange, il défendait sans peur et avec zèle ceux qui étaient bombardés, abattus, terrorisés et tués dans le monde musulman alors qu’il était étudiant au Brooklyn College.
Hashmi était profondément religieux, et certaines de ses opinions, notamment son éloge de la résistance afghane, étaient controversées, mais il avait le droit d’exprimer ces sentiments. Plus important encore, il avait le droit de s’attendre à ne pas être persécuté ou emprisonné en raison de ses opinions, tout comme Assange devrait avoir la liberté, comme tout éditeur, d’informer le public sur les rouages du pouvoir. Face à la possibilité d’une peine de 70 ans d’emprisonnement et après avoir déjà passé quatre ans en prison, dont une grande partie en isolement, Hashmi a accepté une négociation de plaidoyer sur un chef d’accusation de complot visant à fournir un soutien matériel au terrorisme. La juge Loretta Preska, qui a condamné le pirate informatique Jeremy Hammond et le défenseur des droits de l’homme Steven Donziger, lui a infligé la peine maximale de 15 ans. Hashmi a été détenu pendant neuf ans dans des conditions similaires à celles de Guantanamo dans l’établissement ADX [Administrative Maximum] supermax de Florence, dans le Colorado, où Assange, s’il est reconnu coupable par un tribunal américain, sera presque certainement emprisonné. Hashmi a été libéré en 2019.
Les conditions de détention avant le procès qu’a endurées Hashmi étaient conçues pour le briser. Il était surveillé électroniquement 24 heures sur 24. Il ne pouvait recevoir ou envoyer du courrier qu’à sa famille proche. Il lui était interdit de parler avec les autres prisonniers à travers les murs. Il lui était interdit de prendre part à des prières de groupe. Il avait droit à une heure d’exercice par jour, dans une cage solitaire sans air frais. Il n’a pas pu voir la plupart des preuves utilisées pour l’inculper, qui étaient classées en vertu de la loi sur les procédures relatives aux informations classées, adoptée pour empêcher les agents des services de renseignement américains poursuivis de menacer de révéler des secrets d’État pour manipuler la procédure judiciaire. Les conditions difficiles ont érodé sa santé physique et psychologique. Lorsqu’il s’est présenté à la dernière audience du tribunal pour accepter de plaider coupable, il était dans un état quasi catatonique, manifestement incapable de suivre la procédure autour de lui.
Si le gouvernement est prêt à aller aussi loin pour persécuter quelqu’un qui aurait été impliqué dans l’envoi de chaussettes imperméables à Al-Qaida, que pouvons-nous attendre du gouvernement à l’égard d’Assange ?
Une société qui interdit la capacité de parler dans la vérité éteint la capacité de vivre dans la justice. La bataille pour la liberté d’Assange a toujours été bien plus que la persécution d’un éditeur. Il s’agit de la plus importante bataille pour la liberté de la presse de notre époque. Et si nous perdons cette bataille, ce sera dévastateur, non seulement pour Assange et sa famille, mais aussi pour nous.
Les tyrannies inversent la règle de droit. Elles transforment la loi en un instrument d’injustice. Elles dissimulent leurs crimes sous une fausse légalité. Elles utilisent le décorum des tribunaux et des procès pour masquer leur criminalité. Ceux qui, comme Assange, exposent cette criminalité au public sont dangereux, car sans le prétexte de la légitimité, la tyrannie perd toute crédibilité et n’a plus que la peur, la coercition et la violence dans son arsenal. La longue campagne contre Assange et WikiLeaks est une fenêtre sur l’effondrement de l’État de droit, la montée de ce que le philosophe politique Sheldon Wolin appelle notre système de totalitarisme inversé, une forme de totalitarisme qui maintient les fictions de l’ancienne démocratie capitaliste, y compris ses institutions, son iconographie, ses symboles patriotiques et sa rhétorique, mais qui, à l’intérieur, a cédé le contrôle total aux diktats des entreprises mondiales et de l’État de sécurité et de surveillance.
Il n’existe aucune base juridique pour maintenir Assange en prison. Il n’y a aucune base légale pour le juger, lui, un citoyen australien, en vertu de la loi américaine sur l’espionnage. La CIA a espionné Assange à l’ambassade d’Équateur par l’intermédiaire d’une société espagnole, UC Global, chargée d’assurer la sécurité de l’ambassade. Cet espionnage comprenait l’enregistrement des conversations privilégiées entre Assange et ses avocats lorsqu’ils discutaient de sa défense. Ce seul fait a invalidé le procès. Assange est détenu dans une prison de haute sécurité pour que l’État puisse, comme en a témoigné Nils Melzer, le rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, poursuivre les abus et la torture dégradants qui, espère-t-il, mèneront à sa désintégration psychologique, sinon physique. Les architectes de l’impérialisme, les maîtres de guerre, les branches législative, judiciaire et exécutive du gouvernement contrôlées par les entreprises et leurs courtisans obséquieux dans les médias, sont coupables de crimes flagrants.
Dites cette simple vérité et vous êtes banni, comme beaucoup d’entre nous l’ont été, en marge du paysage médiatique. Si vous prouvez cette vérité, comme l’ont fait Assange, Chelsea Manning, Jeremy Hammond et Edward Snowden en nous permettant de voir les rouages du pouvoir, vous êtes traqué et persécuté.
Le « crime » d’Assange est d’avoir révélé les plus de 15 000 morts non signalées de civils irakiens. Il a révélé la torture et les abus subis par quelque 800 hommes et garçons, âgés de 14 à 89 ans, à Guantánamo. Il a révélé qu’en 2009, Hillary Clinton a ordonné à des diplomates américains d’espionner le secrétaire général des Nations unies Ban Ki Moon et d’autres représentants de la Chine, de la France, de la Russie et du Royaume-Uni, espionnage qui comprenait l’obtention d’ADN, de scans de l’iris, d’empreintes digitales et de mots de passe personnels, dans le cadre d’un long schéma de surveillance illégale qui comprenait l’écoute du secrétaire général des Nations unies Kofi Annan dans les semaines précédant l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003. Il a révélé que Barack Obama, Hillary Clinton et la CIA ont orchestré le coup d’État militaire de juin 2009 au Honduras, qui a renversé le président démocratiquement élu Manuel Zelaya et l’a remplacé par un régime militaire meurtrier et corrompu. Il a exposé que George W. Bush, Barack Obama et le général David Petraeus ont poursuivi une guerre en Irak qui, selon les lois post-Nuremberg, est définie comme une guerre d’agression, un crime de guerre, qui a autorisé des centaines d’assassinats ciblés, y compris ceux de citoyens américains au Yémen. Il a révélé que les États-Unis ont secrètement lancé des attaques de missiles, de bombes et de drones au Yémen, tuant des dizaines de civils. Il a révélé que Goldman Sachs a versé 657 000 dollars à Hillary Clinton pour qu’elle donne des conférences, une somme si importante qu’elle ne peut être considérée que comme un pot-de-vin, et qu’elle a assuré en privé à des dirigeants d’entreprise qu’elle se plierait à leurs exigences tout en promettant au public une réglementation et une réforme financières. Il a exposé la campagne interne visant à discréditer et à détruire le leader du parti travailliste britannique Jeremy Corbyn par des membres de son propre parti. Il a révélé comment les outils de piratage utilisés par la CIA et la National Security Agency permettent au gouvernement de surveiller en gros nos télévisions, nos ordinateurs, nos smartphones et nos logiciels anti-virus, ce qui lui permet d’enregistrer et de stocker nos conversations, nos images et nos messages texte privés, même à partir d’applications cryptées.
Il a exposé la vérité. Il l’a exposée encore et encore et encore jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucun doute sur l’illégalité, la corruption et la mendicité endémiques qui définissent l’élite dirigeante mondiale. Et pour ces seules vérités, il est coupable.
Sources : Zero Hedge, MintPress News – Traduit par Anguille sous roche
Julian Assange et notre droit de savoir
« Lorsque dénoncer un crime est traité comme un crime, c’est que vous êtes dirigés par des criminels »
Edward Snowden
Par Viktor DEDAJ
11 octobre 2021
« Si vous n’avez pas suivi de près l’affaire Julian Assange/Wikileaks, tout ce que vous croyez savoir sur cette affaire est probablement faux ». Cette phrase, qui sert d’introduction à toutes mes interventions, n’a jamais été aussi vraie.
Jugez-en : la manifestation se déroule à Londres, le 2 septembre 2019, devant le ministère des Affaires étrangères du Royaume-Uni. Sur une estrade dressée pour l’occasion, Roger Waters, le co-fondateur du groupe Pink Floyd, et légende vivante de la scène musicale internationale, livre un mini-concert acoustique en solidarité avec Julian Assange, en interprétant notamment le célébrissime «Wish You Were Here» (J’aimerais que tu sois là). En temps « normal », un tel événement, people à souhait, aurait attiré l’attention de tous les médias, et les foules avec. Mais aucun média institutionnel n’en fera état, ni avant, ni pendant, ni après. Sans jeu de mots, le ton était donné, et il sera celui qui caractérisera toute la couverture médiatique occidentale de l’affaire Julian Assange depuis le déclenchement de la chasse à « l’homme de l’année 2010 » – et journaliste le plus primé du XXIe siècle. A part une intervention du Pape lui-même, c’est à se demander ce qu’il faudrait pour briser le mur de silence, ou d’indifférence calculée, autour du sort de Julian Assange et des enjeux posés par cette affaire. Que nenni. Fin mars 2021, celui-ci adressa une lettre à Julian Assange dans sa prison de haute sécurité à Londres. Le silence qui a suivi fut aussi assourdissant qu’un concert de Rock impromptu.
Mais commençons par le commencement : dans quelles circonstances un journaliste Australien, opérant en Europe, peut-il se retrouver, à cause de ses activités journalistiques, enfermé en préventif, dans une prison de haute sécurité, et en isolement, dans l’attente d’une extradition vers les Etats-Unis, pays dont il n’a jamais été sous la juridiction ? La réponse est simple, quoiqu’un peu longue : uniquement dans le cadre d’une opération punitive, menée par les plus hautes autorités politiques et judiciaires de plusieurs Etats, qui vont manœuvrer de manière concertée en recourant au lawfare (instrumentalisation de la loi) pour organiser l’enlèvement dudit journaliste sous couverture d’une procédure judiciaire émaillée du début à la fin d’irrégularités monstrueuses. Le version courte est celle-ci : dans la cadre d’un procès politique.
Sous un régime totalitaire, un procès politique peut donner lieu à un procès-spectacle où le « coupable » sera désigné à la vindicte populaire. Dans une « démocratie » et un « état de droit », un procès politique doit se dérouler dans l’ombre, le plus loin possible du regard de l’opinion publique. Il doit être relégué dans les confins de notre vision périphérique (« je crois que j’en ai entendu parler ») et doit être débarrassé de toute aspérité ou irrégularité qui attirerait l’attention, et « normalisé » au maximum. Ce qui donne généralement ceci (si vous n’avez pas suivi de près l’affaire Julian Assange) : « un sale type mégalo, misogyne et violeur, qui s’est acoquiné avec les Russes, a commis des crimes et mis des vies en danger par ses actions irresponsables. »
C’est ainsi que l’affaire de journalisme la plus importante de notre ère, qui aura des effets encore indéterminés – mais dont certains sont déjà mesurables – sur la liberté de la presse et notre droit de savoir, est réduite à un simple fait divers (et encore…). Pour être plus précis, et apparemment de façon paradoxale, l’affaire de journalisme la plus importante de notre ère a été réduite à un simple fait divers par… la presse elle-même, épaulée par les plateformes de médias sociaux qui sont devenus, sous prétexte de combattre les « fake news », des acteurs à part entière et de plus en plus intrusifs dans le contrôle de la circulation de l’information.
Le 26 Juin 2021, le site d’information islandais Stundin s’est entretenu avec le témoin clé du Département de Justice états-unien contre Julian Assange. Dans cet entretien, le « témoin » – un ressortissant Islandais, escroc récidiviste en cavale, pédophile condamné et psychopathe diagnostiqué – admet avoir inventé ses accusations en échange d’une immunité du FBI. Mieux encore, le 6 octobre 2021, le même site annonce que le dit « témoin » a été arrêté et est incarcéré en Islande, dans une prison de haute sécurité (oh ironie…), depuis le 24 septembre. Et le 26 Septembre, le site Yahoo ! News « révèle » ce que d’aucuns savaient depuis longtemps, à savoir que la CIA a envisagé l’assassinat ou l’enlèvement de Julian Assange. Mais, selon une tradition bien ancrée des médias institutionnels, l’article est aussi parsemé de contre-vérités.
Que la journaliste d’investigation italienne, Stefania Maurizi, ait obtenu des courriels échangés entre des procureurs britanniques et suédois qui montrent une collusion pour faire traîner au maximum une non-affaire de « viol », vous n’en saurez rien. Pas plus que l’avocate Nikitina Georgopoulos a pu établir qu’en Grande-Bretagne l’affaire était frappée par une mesure administrative peu connue, une DSMA-Notice– une demande officielle adressée aux rédacteurs en chef de ne pas publier ou diffuser des articles sur des sujets spécifiques pour des raisons de sécurité nationale.
Depuis 2010, l’année de l’apogée médiatique de Wikileaks, nous avons assisté à un spectaculaire revirement des médias institutionnels qui ont non seulement abandonné l’organisation et son fondateur face aux représailles coordonnées de plusieurs gouvernements, mais ont aussi entrepris de réécrire l’histoire à leur convenance. Non, Wikleaks n’a jamais mis des vies en danger par des « publications irresponsables ». Non, Julian Assange n’a jamais été accusé de viol. Non, Wikileaks n’est pas une organisation de pirates informatiques, mais un site réservé aux lanceurs d’alerte. Non, Wikileaks n’a pas fait perdre Hillary Clinton (ou gagner Donald Trump, selon). Non, Wikileaks ne roule pas pour la Russie (une rapide recherche sur le site Wikleaks.org suffit pour s’en convaincre).
Pire encore, non contents de livrer une vengeance contre un journaliste atypique qui a ridiculisé la presse « mainstream » avec un travail et des révélations qui font pâlir encore aujourd’hui tous les « Consortium International de Journalisme d’Investigation » et leurs « Panama papers », « Paradise Papers », etc, aux effets proches de nuls, certains participeront activement à la campagne de désinformation. C’est ainsi que l’on verra apparaître le 27 novembre 2018 dans The Guardian un article inventé de toutes pièces et signé entre autres par Luke Harding (qui n’en est pas à sa première) où il est question de Julian Assange recevant à l’ambassade d’Equateur plusieurs visites d’un envoyé de Trump, Paul Manafort, et de plusieurs « Russes ». Il n’existe bien-sûr aucune trace de telles visites à l’ambassade le plus surveillée au monde à l’époque et si The Guardian a bien procédé à quelques retouches discrètes de l’article, celui-ci est toujours en ligne. Et on s’épuiserait à faire l’inventaire des commentaires lapidaires (« Le seule chose qui empêche Julian Assange de sortir de l’ambassade, c’est son orgueil. Il est peu probable que les Etats-Unis tentent de l’inculper »), ou insultantes (« Ce type est un véritable étron ») rédigés par des éditorialistes en vue contre un homme isolé et attaqué de tous parts par des forces extrêmement puissantes.
Le procès lui-même sera émaillé d’irrégularités, d’absurdités. Il sera supervisé par Lady Emma Arbuthnot dont le mari et le fils sont touchés par les révélations de WikiLeaks. Les audiences sont dirigées par une mystérieuse Vanessa Baraitser, dont on ne sait rien, qui ricane lorsque la défense prend la parole et lit des conclusions rédigées à l’avance. On verra les Etats-Unis changer trois fois leurs « accusations », comme s’ils n’étaient pas très sûrs de quoi Julian Assange serait coupable. A tel point que le premier jour du procès, Julian Assange sera « libéré » car les Etats-Unis ont abandonné leurs accusations initiales, et aussitôt arrêté de nouveau car les Etats-Unis ont présenté – hors délai, mais qu’importe – de nouvelles accusations.
On verra des ONG comme Amnesty International se voir interdire l’accès à la salle (une première en Occident, selon l’organisation). Et même Reporters Sans Frontières aura du mal à accéder – même par vidéo-conférence – au procès. Les audiences se dérouleront dans des salles quasi-vides, ou seront suivies à distance via des liaisons vidéo systématiquement défaillantes, inaudibles et indignes d’un appareil judiciaire moderne. Les avocats de la défense auront droit à une demi-heure pour interroger chaque témoin. Les avocats du Département de Justice des Etats-Unis auront quant à eux droit à quatre heures. Les documents présentés par la défense seront refusés. Ceux présentés par l’accusation acceptés. Et ainsi de suite.
Le 4 janvier 2021, un premier jugement sera rendu contre toute attente. Alors que la criminalisation du journalisme d’investigation fut entérinée ce jour-là, l’extradition elle-même sera refusée à cause de la santé mentale de l’accusé – état provoqué par le traitement infligé depuis dix ans et jugé incompatible avec une prison de haute sécurité étasunienne. Et si sa « libération immédiate » sera bien prononcée, il sera néanmoins aussitôt renvoyé dans un prison de… haute sécurité, car les Etats-Unis feront appel.
Au moment d’écrire ces lignes, l’appel sera jugé fin octobre 2021.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, on assiste à une collaboration active à cette censure des principaux médias sociaux. Une vidéo de 50 secondes pour présenter l’affaire Assange connaîtra une durée de vie de 30 minutes sur Tik-Tok (recommencer ne changera rien). Twitter et Facebook appliquent à l’évidence une « censure furtive » sur tout ce qui touche à Julian Assange ou Wikileaks, en réduisant au maximum la diffusion d’articles provenant de sources « non approuvées ». Des vidéo-conférences auxquelles participent des grands noms du journalisme d’investigation, du show-biz et de la politique reçoivent – contre toute logique – à peine quelques centaines de vues.
Mais si Julian Assange a bien été efficacement isolé du public par les grands médias, il n’est pas pour autant seul. Nominé 8 fois pour le prix Nobel de la Paix, il est soutenu par tous les journalistes d’investigation (il n’en reste plus beaucoup), tous les grands lanceurs d’alerte, toutes les ONG de défense de droits de l’Homme et de la presse, et une multitude de syndicats de journalistes – dont le Fédération Internationale de Journalistes, qui représente 650 000 membres. Le secrétaire général de cette dernière, Anthony Bellanger, a expliqué, dans le cadre d’un débat organisé à la Fête de l’Humanité, le 10 septembre 2021, que les grands patrons de presse se refusaient de couvrir l’affaire. Dont acte.
Julian Assange, et notre droit de savoir, est donc défendu par le métier mais combattu par la profession.
Mais pourquoi Julian Assange et Wikileaks et pas le Consortium International de Journalisme d’Investigation (basé à Washington et financé par le Fondation Ford et Open Society…) ?
Fondé par un informaticien australien doué, révolté par les injustices, les dérives et les abus de pouvoirs, WikiLeaks offrait aux lanceurs d’alerte un portail qui garantissait leur anonymat. En retour, WikiLeaks se chargeait de vérifier et garantir l’authenticité des documents et, de par leurs publications, démolissait à intervalles régulières tous les média-mensonges et « récits officiels ».
C’était simple, efficace, et gratuit. Et très dangereux pour les pouvoirs corrompus. Risquer d’être dénoncé « de l’intérieur », par des initiés, représente un véritable danger existentiel. La répression a été donc immédiate et à la hauteur de la menace perçue.
Mais les États-Unis prétendent exercer une « extraterritorialité » pour faire disparaître le journaliste le plus dérangeant du XXIe siècle. Alors, avec leurs complices étatiques, judiciaires et médiatiques, ils sont allés le chercher, là où il se trouvait. Et ils ont déjà annoncé qu’ils viendront chercher les autres, partout où ils pourront. Par « les autres », comprenez tous ceux qui oseront faire leur travail. Par « où ils pourront », comprenez partout où leur emprise s’étend. En France, par exemple, pays de l’affaire Georges Ibrahim Abdallah, certains seront peut-être un jour surpris d’apprendre jusqu’où elle s’étend.
Viktor DEDAJ
Source: legrandsoir.info
Un témoin clé de l’affaire Assange est emprisonné après avoir prétendument falsifié une déclaration au tribunal et s’être livré à une série de crimes : Rapport
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Sigurdur Thordarson, un pirate informatique et pédophile reconnu, a été placé en détention provisoire dans la prison de plus haute sécurité d’Islande, Litla Hraun, le 24 septembre, après avoir été arrêté à son retour en Islande d’un voyage en Espagne.
Les fonctionnaires ont demandé qu’il soit détenu indéfiniment pour mettre fin à une « série de crimes en cours », affirmant qu’il représentait une menace « claire et actuelle » pour le public et qu’il présentait un risque élevé de récidive et de violation de la loi. Le juge a accepté.
Son avocat, Hunbogi J. Andersen, a confirmé la nouvelle à Stundin, un bihebdomadaire islandais réputé.
The Epoch Times a contacté l’avocat de Thordarson pour un commentaire.
Les procureurs américains ont inculpé Assange de 18 chefs d’accusation pour avoir enfreint une loi sur l’espionnage et conspiré pour pirater des ordinateurs gouvernementaux.
WikiLeaks a publié en 2010 une vidéo de l’armée américaine montrant une attaque menée en 2007 par des hélicoptères Apache à Bagdad, qui a tué une douzaine de personnes, dont deux membres du personnel de Reuters. L’organisation a ensuite publié des milliers de fichiers secrets et de câbles diplomatiques, notamment des évaluations critiques de dirigeants mondiaux, du président russe Vladimir Poutine aux membres de la famille royale saoudienne.
Assange a cherché refuge à l’intérieur de l’ambassade de l’Équateur à Londres pendant sept ans, de 2012 jusqu’à ce qu’il soit arrêté en avril 2019 pour avoir contourné la caution au cours d’une bataille juridique distincte.
Il est maintenant dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres, mais les États-Unis cherchent actuellement à obtenir son extradition du Royaume-Uni. Si cette demande aboutit, il risque jusqu’à 175 ans de prison. Assange a fait valoir qu’il n’aurait pas droit à un procès équitable aux États-Unis.
Le FBI a accordé l’immunité à M. Thordarson en échange de son témoignage contre Assange, mais il a ensuite admis à Stundin qu’il avait fabriqué des déclarations pour impliquer le fondateur de WikiLeaks et contredit ce qu’il aurait dit dans des documents judiciaires américains, ce qui a jeté le doute sur l’acte d’accusation contre Assange.
Thordarson a déclaré aux tribunaux américains qu’Assange lui avait demandé de « commettre une intrusion informatique et de voler des informations supplémentaires, notamment des enregistrements audio de conversations téléphoniques entre des responsables du pays numéro 1 de l’OTAN, y compris des membres du parlement. »
Cependant, il a déclaré à Stundin qu’il s’agissait en fait d’un mensonge, expliquant qu’Assange, « ne lui a jamais demandé de pirater ou d’accéder aux enregistrements téléphoniques des députés » et que ces enregistrements leur ont été fournis par un tiers. Il a ajouté qu’Assange n’était pas impliqué mais qu’il a ensuite proposé de montrer les enregistrements au fondateur de WikiLeaks, sans savoir ce qu’ils contenaient.
Thordarson a également déclaré aux tribunaux américains que Assange et lui avaient tenté, sans succès, de décrypter un fichier volé dans une banque islandaise. Toutefois, Thordarson a admis à Stundin qu’il s’agissait en fait de fichiers largement diffusés en ligne en 2010 et considérés comme liés à l’effondrement de la banque islandaise Landsbanki lors de la crise financière de 2008, ce qui ne corrobore pas ses affirmations initiales selon lesquelles ils ont été « volés », puisqu’il était supposé qu’ils avaient été distribués par des dénonciateurs de l’intérieur de la banque.
M. Thordarson a admis avoir tenu une foule d’autres propos trompeurs et fabriqués à l’encontre d’Assange, qui figurent dans l’acte d’accusation.
Il a également déclaré à Stundin qu’il avait poursuivi une « série de crimes » après qu’il a été découvert qu’il avait utilisé l’argent collecté pour WikiLeaks par la vente de marchandises en 2010 pour détourner plus de 50 000 dollars de l’organisation.
Thordarson a déclaré : « L’idée derrière toutes les entreprises [que je dirige en Islande] est de soutirer jusqu’au dernier centime, sachant que cela conduira inévitablement à une faillite à la demande des autorités fiscales et que la facture leur reviendra. Est-ce illégal ? Non, c’est juste très immoral, je suis d’accord là-dessus. Mais je n’ai jamais entendu dire que quelqu’un ait été condamné pour ce genre de chose ».
Stundin affirme également que Thordarson aurait imité la signature de son propre avocat afin de « gonfler frauduleusement la valeur nette des actifs de sa société. »
On ne sait pas si ses récents aveux à Stundin ont joué un rôle dans sa récente arrestation.
Traduction de The Epoch Times par Aube Digitale
On dit que Nietzsche après la rupture avec Lou Salomé, entré dans une solitude définitive, écrasé et exalté en même temps par la perspective de cette œuvre immense qu’il devait mener sans aucun secours, se promenait la nuit, sur les montagnes qui dominent le golfe de Gênes, et y allumait de grands incendies de feuilles et de branches qu’il regardait se consumer. J’ai souvent pensé à ces feux et leur lueur a dansé derrière toute ma vie intellectuelle. Si même il m’est arrivé d’être injuste envers certains hommes, que j’ai rencontré dans le siècle, c’est que je les ai mis sans le vouloir en face de ces incendies et qu’ils s’en sont aussitôt trouvés réduits en cendres. (Albert Camus, discours de Suède)
EN BANDE SON :
Catégories :REBLOG
La machine a broyer la vérité et celui qui la faisait apparaitre…merci a vous de rappeler qu’Assange est toujours vivant ! Il n’y a plus grand monde pour le défendre ….il reste l’apocalypse vaccinale c’est vrai j’oubliais.. c’est tellement plus ” vendeur”!