L’autosatisfaction des banquiers centraux a des conséquences colossales sur votre épargne

Malgré la dérive de l’inflation, l’explosion des prix de l’immobilier, les niveaux records des marchés boursiers mondiaux, les centaines de milliers d’offres d’emploi non pourvues et les prix des matières premières à des niveaux historiques, la présidente de la BCE, Christine Lagarde (récemment surnommée « Madame Inflation » par le tabloïd allemand BILD), a confirmé que les taux d’intérêt ne seront pas relevés. Pas aujourd’hui, pas demain… et probablement jamais.
Le fait que l’inflation dans notre pays ait atteint en octobre, à 4,16%, son plus haut niveau depuis octobre 2008 (où elle était de 4,72%), n’a pas d’importance selon nos banquiers centraux. Tout passera, dit-on. L’inflation fantôme n’est même pas mentionnée.
En effet, ce sont ceux qui dirigent l’économie dans tous les pays aujourd’hui, en donnant des chèques en blanc aux gouvernements en leur permettant de gérer leurs déficits budgétaires sans contrôle avec des plans de relance répétés, puis d’acheter cette dette sur les marchés.
Lagarde et consorts ont tellement peur d’un krach boursier, d’un krach immobilier ou même d’un ralentissement économique qu’ils préfèrent maintenir les marchés dans un état d’euphorie artificielle.
Le graphique ci-dessous montre que cela a des conséquences sur votre épargne. Si vous avez 200 000 euros sur un compte d’épargne aujourd’hui, vous perdrez 43 295 euros de pouvoir d’achat dans cinq ans avec un taux d’inflation de cinq pour cent.
Source: BusinessAM
Par Pascal Hügli.
Un article de Mises.org60 % d’actions, 40 % d’obligations. Ce qui a été considéré comme la règle d’or de la théorie du portefeuille pendant des décennies a de moins en moins de valeur pour les investisseurs aujourd’hui. Parce que les banques centrales ont soutenu presque tous les marchés, imitant essentiellement le créateur de marché de dernier et de premier recours, les rendements ont été faibles, les corrélations ont augmenté et les valorisations sont privées de leur sens.
Pour agir en tant que créateur de marché ultime, les banques centrales ont augmenté leurs bilans. Elles ont créé des liquidités – principalement sous la forme de réserves bancaires électroniques – pour ensuite les échanger contre des garanties impeccables sous la forme d’obligations d’État. Cela a plusieurs conséquences. Les bonnes garanties sont siphonnées des marchés vers le bilan de la Réserve fédérale, ce qui met la pression sur les acteurs du marché pour trouver des garanties éligibles afin de maintenir la création de crédit nécessaire au système. Alors que l’offre se réduit, la demande est implacable.
PLUS DE DETTES, MOINS DE RENDEMENT
En outre, la dette publique est concrètement monétisée par les banques centrales. En 2020, la Réserve fédérale a acheté 55 % de tous les titres du gouvernement américain. Les prévisions montrent que la Banque centrale européenne est susceptible de monétiser 98 % de l’ensemble des émissions d’obligations des États souverains européens, ce qui est impressionnant.
Ainsi, une demande sans précédent de la part des acteurs privés et publics fait baisser les rendements des obligations d’État. Si les rendements des obligations du gouvernement américain sont encore positifs, ils n’en sont pas moins historiquement bas. Le rendement de l’obligation allemande à trente ans a évolué négativement à plusieurs reprises cette année. Et en Suisse, toutes les obligations, y compris l’obligation à cinquante ans, ont effectivement un rendement négatif.
Mais avec des rendements aussi bas, les gouvernements sont heureux de fournir les garanties nécessaires en échange de la possibilité de s’endetter davantage. En conséquence, les niveaux d’endettement mondiaux ont atteint un nouveau record historique de 296 000 milliards de dollars, grâce à une augmentation record de la dette des États, des ménages et des entreprises.
En raison de leur rendement historiquement bas, les obligations des principaux pays occidentaux deviennent de plus en plus des patates chaudes que personne n’est prêt à conserver longtemps. Bien que ces « instruments d’épargne » puissent être utilisés pour spéculer sur les gains de prix à court terme résultant des fluctuations des taux d’intérêt, les investisseurs ne veulent pas conserver l’obligation jusqu’à son échéance, car les obligations se transforment alors automatiquement en une transaction perdante.
QUAND LES CORRÉLATIONS POSITIVES SONT NÉGATIVES
La baisse des rendements a également un impact continu sur les actions, car elle affecte les taux d’actualisation. Des rendements plus faibles signifient des taux d’actualisation plus faibles, ce qui signifie à nouveau que les flux de trésorerie sont actualisés à un taux plus faible, ce qui fait augmenter la valeur d’une action. Ainsi, si les prix des obligations augmentent en raison d’une impression monétaire sans fin, cela se répercute également sur les marchés des actions.
Les prix des actions et des obligations augmentant de plus en plus au même rythme en raison de l’intervention des banques centrales, la corrélation entre les deux s’est accrue au cours des dernières années. Au grand dam des gestionnaires d’investissement, lors des récentes périodes de correction des marchés, la corrélation était positive – au moment même où une corrélation négative entre les actions et les obligations aurait été la plus importante. En fait, la corrélation glissante sur les trois dernières années aux États-Unis est proche de 0,20 et sur une année – l’année de la pandémie, notamment – même proche de 0,40. Sur des marchés comme la Suisse ou le Japon, les actions et les obligations n’ont été que légèrement corrélées négativement.
Au cours de l’été (fin juillet 2021), la corrélation entre les actions et les obligations a atteint un niveau plus élevé qu’avant la crise financière de 2008. Si, historiquement, les corrélations ont été plus élevées, la situation actuelle est particulièrement précaire en raison d’autres contraintes auxquelles les investisseurs sont confrontés, comme les taux d’intérêt négatifs, des niveaux d’endettement sans précédent ainsi que des problèmes structurels urgents comme la démographie.
UN REGARD AU-DELÀ DES ACTIFS LIBELLÉS EN FIAT
En ces temps de marchés volatils, où tout et tous sont suspendus aux lèvres des banques centrales, la question se pose : si le portefeuille traditionnel composé de 60 % d’actions et de 40% d’obligations a fait son temps – notamment en raison de la corrélation accrue entre les actions et les obligations – quelle est l’alternative ? Plus que jamais, la clé semble être l’agilité et une perspective allant au-delà des actifs libellés en monnaie fiduciaire.
Il est évident que les investisseurs – en particulier les gestionnaires d’actifs professionnels – ne pourront pas éviter complètement le monde de la monnaie fiduciaire. Dans une certaine mesure, ils devront continuer à jouer le jeu de la monnaie fiduciaire, qui s’est transformé en une lutte constante contre la dévaluation. Grâce à des algorithmes sophistiqués et intelligents, le temps passé par un investisseur sur les marchés devrait être optimisé. En restant investi dans des actifs à risque, un investisseur a une chance de surpasser la dévaluation actuelle de la monnaie fiduciaire.
Dans le même temps, les investisseurs doivent se tenir prêts à fuir temporairement les marchés d’actions et les marchés à risque plus larges lorsque des soubresauts à court terme les perturbent. Pour ce faire, ils peuvent essayer d’anticiper les chocs récurrents sur les taux d’intérêt (en se concentrant sur les « opérations à guichet ouvert » des banques centrales) ainsi que les perturbations de la volatilité.
Mais il ne suffit pas de rester dans le monde des actifs libellés en monnaie fiduciaire. L’or et le bitcoin permettent de détenir des actifs qui peuvent potentiellement fonctionner au-delà des limites de la finance traditionnelle. Alors que l’or est actuellement l’actif à risque ultime, le bitcoin est actuellement l’actif à risque le plus recherché au monde, qui se développe rapidement pour devenir un autre véhicule à risque en dehors du système fiduciaire.
IL FAUT FAIRE PREUVE DE SOUPLESSE
Les algorithmes qui aident un investisseur à optimiser son temps sur le marché au sens large ainsi que sur des actifs concrets doivent être dotés de la plus grande flexibilité possible en termes de sélection d’actifs – les produits de taux d’intérêt, les produits de volatilité, les produits de métaux précieux et les actifs numériques permettent une stratégie nuancée et peuvent potentiellement surperformer dans différents scénarios. Cette flexibilité supplémentaire donne à l’algorithme un avantage considérable par rapport à la sélection rigide d’actions et d’obligations d’un portefeuille classique 60/40.
Après tout, la rigidité d’un portefeuille classique 60/40 est actuellement plus un inconvénient qu’un avantage. Si l’inflation continue d’augmenter, comme elle l’a fait ces derniers mois, les banques centrales pourraient être contraintes de s’écarter momentanément de leur politique monétaire ultra-expansionniste. Cela mettrait certainement encore plus sous pression le portefeuille classique 60/40 d’un investisseur, car tant les actions que les obligations devraient intégrer les nouveaux niveaux de taux d’intérêt.
Traduction Contrepoints.
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Le retour de l’inflation rappelle à nos Banques centrales et gouvernants qu’ils ont des droits mais aussi des devoirs
Par Karl Eychenne.
Abruties par 40 ans de baisse de l’inflation, nos autorités ont imaginé toutes sortes d’objets bizarres puisqu’aucun n’a semblé nuisible. Parmi ces objets, le plus tordu a été celui de monnaie — dette à tout faire, rien à voir avec le chèque sans provision (dit-on). Il s’agit d’un genre de prise branchée sur elle-même, où l’on ne sait plus trop si c’est la Banque centrale qui crée de la monnaie pour financer la dette de l’État, ou si c’est l’État qui s’endette pour que la Banque centrale ait de quoi acheter les titres avec la monnaie qu’elle crée.
QUAND LA POLITIQUE DES BANQUES CENTRALES CONTRIBUE À L’INFLATION
On obtient un programme qui tourne en boucle, qui n’a aucune raison de s’arrêter un jour : toujours plus de monnaie pour financer toujours plus de dette, qui justifie de créer encore plus de monnaie pour financer encore plus de dettes… Ce petit manège peut donc durer une éternité, sauf si quelqu’un appuie sur la touche Echap. Dans notre cas précis, Echap est l’inflation. Seul le retour de l’inflation permet alors de débugger le programme monnaie-dette.
En effet, avec le retour de l’inflation, la Banque centrale est alors sommée de pratiquer une politique moins accommodante, en réduisant sa création monétaire et/puis en remontant ses taux. De son côté, l’État est alors contraint de réduire un endettement devenu plus coûteux (taux plus haut), et qui a perdu son meilleur prêteur, la Banque centrale.
Or il semble bien que nous soyons dans cet instant décisif.
En effet, il n’aura échappé à personne que les prix ont la fièvre. L’inflation post-covid est bien plus forte et plus tenace qu’anticipée. Et même si la fin de l’histoire nous promet une inflation transitoire (thèse officielle des Banques centrales), l’expérience présente est tout de même suffisante pour nous rappeler un principe simple : le grand argentier (Banque centrale) et le grand horloger (gouvernement) ont des droits mais aussi des devoirs, tout comme le pékin moyen.
La Banque centrale a le droit de contrôler le coût de l’argent. Mais elle a aussi le devoir d’indexer plus ou moins ce coût de l’argent à l’évolution des prix afin que la machine économique ne s’emballe pas, que des projets non rentables ne voient pas le jour, que les marchés financiers ne promettent pas plus de rendements qu’ils ne pourraient réaliser.
Le gouvernement a le droit de contribuer au bien vivre ensemble. Mais il a aussi le devoir d’indexer plus ou moins sa contribution à l’équilibre de ses finances, afin que la dette publique ne s’envole pas, reste supportable par des générations futures qui n’ont aucune raison de supporter nos errances. En résumé que la dette ne soit pas une vaine promesse.
LES BANQUES CENTRALES DEVRAIENT SE RAPPELER QU’ELLES ONT DES DEVOIRS
Ainsi, en théorie, la Banque centrale et le gouvernement ne peuvent pas faire n’importe quoi, comme s’ils n’avaient que des droits mais pas de devoirs. La politique monétaire ne peut pas être trop laxiste, la politique budgétaire idem. Les devoirs sont perçus comme des garde-fous aux droits qui sont accordés aux politiques. C’est ainsi que les politiques comme les super héros doivent faire un usage éclairé de leurs grands pouvoirs qui leur donnent aussi de grandes responsabilités, comme nous le rappelle Spiderman…
Le retour transitoire ou pas de l’inflation n’a donc pas que des incidences sur le pouvoir d’achat de tout un chacun. Elle en a aussi sur le pouvoir d’achat de nos autorités, afin de financer leurs achats d’actifs (Banque centrale) et de financer les promesses budgétaires (gouvernement). Sans risque inflationniste, les limites du raisonnable étaient probablement plus floues.
Espérons que Romain Gary avait tort : « avec l’absence d’inflation, la monnaie – dette à tout faire vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais », (vraie fausse citation modifiée pour les besoins de la cause).
SOURCE
« Rien n’est plus mortel pour l’accomplissement que la croyance que l’effort ne sera pas récompensé, que le monde est un endroit sombre et discriminatoire dans lequel seuls les prédateurs et les personnes spécialement privilégiées peuvent avancer. » – George Gilder
EN BANDE SON :
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Les banquiers internationaux induisent des mouvements spéculatifs par leurs propensions à émettre de la dette. Une fois que les bulles spéculatives ont séquestré 95% des liquidités émises, ils ferment les robinets financiers afin de mettre à sec l’économie réelle. Et là c’est la foire aux vides greniers où certains sont autorisés à acquérir des infrastructures collectives, du genre ports et aéroports, ou des entités industrielles de pointe pour le quart ou le cinquième de leur valeur réelle.
Si vous ne faites pas partie du club des autorisés, vous êtes condamnés à vous prostituer sinon à disparaître. Amen !