Le projet Nord-Stream 2 est suspendu: simple contretemps ou opportunité ?
L’Agence fédérale allemande des réseaux l’a annoncé hier: le gazoduc controversé Nord-Stream 2 est suspendu, évoquant un obstacle juridique. La suspension devrait durer au moins 4 mois. Cette annonce a fait grimper une nouvelle fois les prix du gaz.
Il faut comprendre par là que la partie du gazoduc allemand doit s’organiser selon le droit allemand et européen. L’Agence fédérale dispose d’un délai de 4 mois pour donner son feu vert. Rappelons que le gazoduc qui relie la Russie et l’Allemagne en contournant l’Ukraine est d’ores et déjà terminé et que son remplissage a commencé en Russie.
L’Europe face à un choix
Les anti-Nord Stream se sont précipités dans la brèche. Dans un contexte de tensions géopolitiques importantes, aussi bien au sujet de l’Ukraine que de la crise migratoire à la frontière biélorusses – accusée d’être orchestrée par Moscou – ce pipeline pourrait devenir le gazoduc de la discorde.
L’Europe dépend fortement du gaz russe, à hauteur de 40%. Cette dépendance donne à Moscou un effet levier diplomatique important. Mais la pression politique n’émane pas nécessairement de l’Union européenne mais des autres acteurs.
Ainsi, Yuriy Vitrenko, directeur général de la compagnie nationale d’énergie ukrainienne Naftogaz met en garde l’Allemagne contre « Une parodie des règles européennes. Cela ne correspond ni à l’esprit ni à la lettre de la législation européenne sur la certification des gazoducs ». « Nous appelons le gouvernement américain à imposer des sanctions en vertu de la loi américaine à l’opérateur Nord-Stream 2, que Gazprom prétend créer. Ces nouvelles sanctions devraient durer au moins jusqu’à ce que la Russie cesse d’utiliser le gaz comme arme et agisse conformément aux règles européennes », a confirmé le service de presse de l’entreprise à CNN.
Boris Johnson, toujours prêt à défier l’Union, a lui aussi exercé une forme de pression: « Nous espérons que nos amis [européens] reconnaîtront qu’un choix se présente sous peu entre maintenir toujours plus d’hydrocarbures russes dans de nouveaux pipelines géants, et défendre l’Ukraine, la paix et la stabilité. »
Contexte extrêment tendu
À la frontière biélorusse, la Pologne et les pays baltes menacent de brandir l’article 4 de la charte de l’OTAN. Ils estiment leur intégrité territoriale menacée. À la frontière ukrainienne, 100.000 soldats russes seraient massés selon Kiev mais aussi Washington.
De la simple dissuasion ? On sait que Poutine aime agir par surprise comme il l’a fait en 2014 en annexant la Crimée. Faire bouger des troupes en plein jour n’est donc pas très discret. C’est surtout l’occasion d’être présent, de montrer les muscles, dans un contexte inflammable. Rappelons que Kiev s’oppose toujours à des séparatistes pro-russes dans l’Est du pays.
Dans le même temps, la patience de l’OTAN montre ses limites. La Russie sait qu’elle ne doit pas aller trop loin et qu’une nouvelle invasion de type Crimée serait sans doute celle de trop. Cela ajouté au conflit entre l’UE et la Biélorussie, en plus de la perspective d’enfin concrétiser le projet Nord-Stream 2, devraient calmer les ardeurs russes.
A moins qu’un gigantesque puzzle se mette en place.
La situation aux frontières entre la Biélorussie et ses voisins membres de l’Union européenne est explosive. Face à une arrivée massive de migrants dont Minsk est accusé d’être à l’origine, quatre pays de l’UE viennent de s’accorder sur un point: si l’un d’eux déclenche l’article 4 du traité de l’Otan, ils se soutiendront.
En fin de semaine dernière, la Pologne avait annoncé qu’elle envisageait de déclencher l’article 4 du traité de l’Otan. Son Premier ministre, Mateusz Morawiecki, avait qualifié d’ »inévitable » l’implication de l’alliance dans ce dossier, indiquant « avoir besoin de mesures concrètes » face à la Biélorussie.
Ce mardi, la Pologne a reçu un soutien de poids. À l’issue d’une réunion entre les présidents estonien, letton, lituanien et polonais, les quatre pays ont annoncé qu’ils se soutiendraient si l’un d’eux décidait d’invoquer cet article 4. La Lettonie a même indiqué que, pour sa part, elle n’était « qu’à un pas » de le faire.
Pour l’instant, aucun de ces quatre États membres de l’UE n’a toutefois décidé de mettre ses menaces à exécution. Ils préfèrent encore attendre d’observer l’évolution de la situation, et surtout le comportement de la Biélorussie et de son allié russe.
Que dit l’article 4 du traité de l’Otan ?
L’article 4 du traité fondateur de l’Otan stipule que les « parties se consulteront chaque fois que, de l’avis de l’une d’elles, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de l’une des parties sera menacée ». Son déclenchement « prévoit que les pays membres peuvent porter une question à l’attention du Conseil de l’Atlantique Nord et l’examiner avec les Alliés ».
Depuis la création de l’Otan en 1949, il n’a été invoqué qu’à six reprises, dont cinq fois par la Turquie: en 2003 en lien avec la guerre d’Irak, puis deux fois en 2012, une fois en 2015 et une fois en 2020, principalement en lien avec des conflits en Syrie). Le seul autre pays à l’avoir déclenché est… la Pologne. En 2014, Varsovie avait agi de la sorte en raison des conflits éclatant dans l’Ukraine voisine, estimant qu’ils constituaient une menace pour les pays de l’Alliance voisins, et qu’ils avaient des implications directes et sérieuses pour la sécurité et la stabilité de la zone euro-atlantique.
Au sujet de cette crise migratoire, au sein de l’Otan, la Pologne peut déjà compter sur d’importants alliés, tels que les États-Unis, le Royaume-Uni ou encore la France. Après une réunion du Conseil de Sécurité de l’ONU jeudi, ces trois grandes puissances, accompagnées d’autre pays, ont accusé Minsk de vouloir « déstabiliser » ses voisins. Côté britannique, le ministère de la Défense a même déjà envoyé des militaires à la frontière polono-biélorusse.
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« Si l’on pense que les flux ne pourraient commencer qu’après l’achèvement de la certification, cela signifie que les flux via Nord Stream 2 seront encore retardés, avec des implications négatives pour l’équilibre gazier européen en hiver », a déclaré Katja Yafimava, chargée de recherche principale à l’Oxford Institute for Energy Studies.
La suspension intervient au pire moment possible. L’Europe est confrontée à une pénurie d’énergie massive, les stocks de gaz naturel étant les plus bas de la décennie, au moment même où l’Europe affronte son premier coup de froid hivernal. Des températures largement inférieures à la moyenne continuent de sévir dans certaines parties du continent, comme le montre le graphique suivant des degrés-jours de chauffage en Europe du Nord-Ouest.
Pendant ce temps, les niveaux de stockage de gaz naturel en Europe sont au plus bas depuis 2013.
Cette suspension prive l’Europe d’un approvisionnement frais de plus de 55 milliards de mètres cubes de gaz par an, qui transitent dans un gazoduc sous-marin traversant la mer Baltique depuis les installations de Gazprom en Russie jusqu’en Allemagne, puis sont distribués dans toute l’Europe, en contournant efficacement les gazoducs traversant l’Ukraine.
James Waddell, du cabinet de conseil Energy Aspects, a déclaré au Financial Times que « les derniers espoirs de voir ce gazoduc disponible pour l’hiver sont maintenant complètement anéantis. »
« De plus en plus, il semble qu’il ne puisse pas être mis en service avant le second semestre de l’année prochaine ».
« Le manque de gaz stocké et l’absence d’approvisionnement russe signifient que nous devons essentiellement réduire la demande industrielle afin de préserver l’approvisionnement en gaz crucial pour les réseaux d’électricité et de chaleur. L’Europe doit réduire fortement la demande de gaz industriel comme elle ne l’a jamais fait depuis des décennies », a déclaré M. Waddell.
Pendant ce temps, sentant peut-être que l’Europe allait compliquer les choses, Samantha Dart de Goldman Sachs a écrit lundi en fin de journée que « la vente aux enchères d’aujourd’hui de la capacité du gazoduc de Yamal pour décembre indique qu’il n’y a pas de réservations de la part de Gazprom, contre 45 millions de mètres cubes par jour attendus ». Et si « les volumes réservés ne garantissent pas le débit, comme l’illustrent les débits de Yamal pour octobre et jusqu’à présent en novembre, respectivement 14 mcm/j et 10 mcm/j, contre des réservations d’un peu plus de 30 mcm/j pour les deux mois », elle ajoute que l’absence de réservations « maintient l’incertitude de l’offre élevée jusqu’à la fin de l’année. »
Le report indéfini de la certification de Nord Stream 2, surtout s’il est associé à d’autres réductions de l’approvisionnement russe, pourrait être un désastre pour l’Europe, qui est maintenant confrontée au premier coup de froid de la saison, car l’inflation énergétique et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement dues à la crise énergétique et à la pandémie pourraient se métastaser en un « hiver de mécontentement », alimentant les instabilités socio-économiques. Bien que les responsables européens s’opposent au gazoduc et sociologiques et souhaitent l’indépendance énergétique de la Russie, le continent a désespérément besoin de Gazprom pour survivre à cet hiver.
L’Europe se prépare à un premier coup de froid hivernal avec une nouvelle flambée des prix du gaz
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Selon Bloomberg, les températures vont chuter à partir de la semaine prochaine, certaines régions d’Italie devant connaître des températures inférieures de 2 degrés Celsius à la normale. Le sud de la France, l’Espagne et l’Allemagne devraient également connaître un temps plus froid que la normale, selon The Weather Company. Centrica, le principal fournisseur d’énergie du Royaume-Uni, a averti ses 9 millions de clients de se préparer à une vague de froid qui pourrait durer jusqu’à six semaines.
L’Europe, dont les stocks de gaz naturel sont proches de leur niveau le plus bas pour cette période de l’année, en raison de ses politiques catastrophiques en matière de combustibles fossiles et de sa volonté de promouvoir à tout prix les énergies vertes, alors qu’elle est loin d’être prête à prendre le relais des énergies traditionnelles, sera particulièrement sensible aux vagues de froid dans les mois à venir, les prix du gaz ayant augmenté pour la deuxième semaine consécutive après avoir atteint des records en octobre. Les livraisons supplémentaires promises par la Russie ont jusqu’à présent été négligeables et les flux norvégiens ont été réduits en raison d’une maintenance lourde.
« Cela va mettre à l’épreuve les approvisionnements en énergie en Europe », a déclaré Tyler Roys, principal prévisionniste européen chez AccuWeather Inc.
Un système de haute pression pourrait également apporter des flux d’air plus froids et plus au nord sur l’Europe centrale et méridionale d’ici la fin du mois, a déclaré Carlo Cafaro, analyste principal de recherche et météorologue chez Marex.
Si les prix du gaz en Europe ont baissé après avoir atteint des sommets, ils sont encore près de quatre fois plus élevés que la normale pour cette période de l’année, ce qui a fait grimper en flèche les prix de l’électricité et des permis d’émission européens. Les contrats à terme sur le gaz pour le mois à venir aux Pays-Bas, la référence pour l’Europe, ont augmenté de 1,4 % cette semaine après avoir grimpé de 14 % la semaine dernière.
Selon M. Roys d’AccuWeather, les températures plus fraîches dans le sud coïncideront avec des tempêtes sur la Méditerranée, avec des menaces d’inondations et de coulées de boue. Cela entraînera d’importantes variations de la production éolienne, susceptibles d’accroître encore la volatilité des prix.
Bien qu’il y ait encore de l’espoir que les températures de novembre soient globalement proches de la normale, elles seront probablement plus fraîches que les niveaux supérieurs à la moyenne des quatre dernières années, selon les données d’Accuweather (ce doit être ce satané réchauffement climatique que les milliardaires du monde entier sont si désireux de combattre avec notre argent). Cela pourrait également avoir une incidence sur les niveaux de stockage du gaz, les entreprises retirant leurs approvisionnements pour répondre à la hausse de la demande, déjà en plein essor à mesure que les économies se remettent de la pandémie.
Parallèlement, le nombre de degrés-jours de chauffage, une mesure de la demande, sera supérieur à la normale décennale au cours des deux prochaines semaines, selon Maxar. Mais il y a encore une certaine incertitude entre les modèles pour le nord-ouest de l’Europe, et les prévisions n’ont pas été très précises ces derniers temps, a déclaré Steven Silver, météorologue chez Maxar.
L’arrivée du froid en Europe ferait suite à des températures glaciales et à de la neige en Chine, le plus grand consommateur d’énergie au monde. La hausse de la demande de chauffage pourrait intensifier la bataille déjà féroce pour les cargaisons de gaz naturel liquéfié, les prix du gaz naturel liquéfié américain flexible étant toujours plus intéressants en Asie.
Le développement du modèle météorologique La Nina dans le bassin du Pacifique signifie que des températures plus froides que la moyenne sont possibles en Asie du Nord-Est pendant les mois d’hiver, mais une meilleure disponibilité des réacteurs nucléaires au Japon et en Corée du Sud, ainsi qu’une production intérieure plus élevée en Chine, pourraient contenir toute augmentation des importations de GNL, a déclaré Energy Aspects Ltd la semaine dernière.
Entre-temps, n’ayant peut-être pas reçu la dernière mise à jour météorologique, Goldman écrit dans une note publiée tard dimanche que si les conditions météorologiques de novembre dans le nord-ouest de l’Europe semblent proches de la moyenne décennale, Goldman maintient son opinion selon laquelle « le TTF doit se redresser davantage par rapport aux niveaux actuels pour équilibrer la disponibilité de l’offre et la destruction de la demande. Plus précisément, malgré la récente augmentation séquentielle de l’offre russe, nous pensons que l’ampleur du déficit restant des flux russes justifie une hausse de 5 $ du Title Tansfer Facility (TTF), de 25 $/mmBtu actuellement à 30 $/mmBtu (et du JKM à 32 $/mmBtu), pour réduire davantage la demande et aider à gérer les niveaux de stockage en Europe « .
Le principal risque pour ce point de vue, prévient Samantha Dart de Goldman, « serait un écart important des réservations de Gazprom pour Yamal en décembre 21 par rapport à nos prévisions de 45 mcm/j, qui sont publiées le 15 novembre. Plus précisément, une réservation plus proche de la norme saisonnière de 75 mcm/j ferait probablement avancer notre prévision de prix TTF de 17,60 $/mmBtu au 1er trimestre 22, car une destruction de la demande plus faible serait nécessaire pour équilibrer le marché. »
Bien entendu, si les conditions météorologiques hivernales s’avèrent beaucoup plus froides que prévu, tous les paris sont ouverts.
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La Russie n’a pas envahi la Crimée elle a simplement fait comme nous quand nous avons récupéré l’Alsace et la Lorraine. Les gens de gauche ne vivent que pour et par la haine, la haine de Poutine, de Trump, de El Assad et Duterte en sont le parfait exemple!