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Les prix de l’énergie sont faussés (Simone Wapler)

Les prix de l’énergie sont faussés

L’énergie est aujourd’hui un cas d’école d’empilage de taxations, subventions et appauvrissement du consommateur final. Nous sommes intoxiqués par plus de quarante ans d’inepties dirigistes. Quand les autorités faussent les prix d’un marché, les ennuis abondent.

Vent de panique sur les prix de l’électricité. Bruno Le Maire dégaine évidemment une « solution » : limiter la hausse à 4 % en 2022. Ça tombe bien, 2022 est une année électorale…

Le blocage des prix a toujours été une solution inepte et l’empereur Dioclétien – auteur de l’édit du maximum promulgué en 301 – doit bien ricaner dans sa tombe.

« Il nous plaît donc que les prix qui figurent dans le court texte ci-dessous soient observés dans tout notre Empire. Que chacun comprenne bien néanmoins que, si la faculté de les dépasser lui a été ôtée, il n’est pas interdit, dans les régions où s’observe l’abondance, de jouir de l’avantage de bas prix, dont on s’occupera spécialement lorsque la cupidité aura été complètement réprimée. »

De nos jours aussi, ce ne sont jamais les États ou les gouvernements qui avouent être fautifs des désordres monétaires et financiers qu’ils ont occasionnés. Les autorités préfèrent désigner l’appât du gain, l’avidité, les spéculateurs, le capitalisme, les étrangers, la fraude fiscale, la conjoncture ou même le climat… L’interventionnisme, lui, n’est jamais réprimé.

Le « court texte » de Dioclétien comprend une liste minutieuse des produits et services à prix bloqués (qui figure dans mon dernier livre) ; elle fait irrésistiblement penser aux listes des produits de première nécessité édictés par nos méticuleux fonctionnaires lors de la crise sanitaire. Les millénaires passent mais l’esprit fonctionnaire ne trépasse pas, hélas.

Surenchères de solutions désastreuses

Vent de panique sur le pétrole et le gaz aussi. Le candidat Zemmour a une idée lumineuse : faire payer la note de carburant des salariés par l’employeur. Mieux qu’un minable chèque de la République de 100 euros. Va-t-il récolter 8 millions de votes ? C’est selon lui le nombre de salariés utilisant leur voiture pour se rendre au travail. Je n’ai pas perdu de temps à fact-checker ce chiffre, comme disent les bien-pensants.

Pauvre Zemmour, il ignore qu’il existe déjà un forfait kilométrique pris en charge par les employeurs comme le rappelait Pécresse qui suggère d’augmenter ce dispositif. La candidate promet par ailleurs pêle-mêle hausses de salaire et sutout zéro carbone en 2050. Ça tombe pile-poil : Monsieur est président de General Electric Renewable Energy (ex Alstom, vendu aux Américains). Seul cadre français épargné lors du rachat, il plante depuis des éoliennes offshore à tour de bras. Le capitalisme de copinage dans toute sa splendeur rayonnante…

Je vous passe les idées tout aussi niaises du camp du bien, (la gauche et les pastèques, réputés au service du petit peuple et de Gaïa). Les expériences socialo-communistes se sont toujours soldées par davantage de misères et de pauvreté et personne n’envie le sort des Cubains ou des Vénézuéliens même si Mélenchon rêve de nous le faire partager.

Quand on ne peut pas bloquer les prix, on se goinfre de taxes

La leçon des chocs pétroliers est oubliée, hélas.

Au début des années 1970, les prix du pétrole brut ont commencé à s’envoler.  D’octobre 1973 à mars 1974, le baril passe de 2,59 dollars à 11,65 dollars.

Mettez-vous à la place de pauvres bédouins autrefois paisibles gardiens de chèvres. Ils vendaient du pétrole en dollars convertible en or. En 1971, Nixon déclare que le dollar n’est plus adossé à l’or entraînant une chute brutale du billet vert. Le pétrole est vendu en dollar qui est subitement devenu un bout de papier adossé à rien (ou une reconnaissance de dette de l’État fédéral). Du coup, les bédouins réclament davantage de dollars pour un baril.

Beaucoup de gouvernements occidentaux taxaient déjà allégrement le pétrole importé. Cette hausse leur permet d’augmenter mécaniquement leurs recettes fiscales exprimées en pourcentage. Ils sont en réalité complices.

Au 14 janvier 2022, les taxes représentent plus de 54 % du gazole et plus de 57 % du SP95 (source)

Gagnants : les producteurs de pétrole et les gouvernements.

Perdants : les consommateurs et les contribuables.

L’inflation du pétrole commença à essaimer. Les taux d’intérêt montèrent. Une récession économique s’ensuivit. Les prix se calmèrent puisque la demande chuta (mais les taxes restèrent).

En 1978, nouveau choc avec la chute du régime iranien. Entre septembre 1978 et mai 1979, les prix doublent pour le super et le fioul ordinaire et triplent pour le diesel. Nouvelle flambée d’inflation qui atteint 15 % en 1980 aux États-Unis. Pour calmer le jeu, Volcker, alors président de la Réserve fédérale, pousse les taux courts à 20 %. Nouvelle récession.

Cette période sans croissance et avec inflation fut dénommée stagflation par les doctes économistes qui ne craignent pas d’utiliser des mots très laids.

Dans l’histoire, des nouveaux « machins » internationaux nous sont nés : l’OPEP du côté des pays producteurs et l’AIE (Agence internationale de l’Énergie) du côté des pays consommateurs. Ces organismes internationaux tentent de « réguler » les prix de l’énergie : quota de production, entente et cartellisation d’un côté ; taxation de l’autre.

Le marché du pétrole est en réalité manipulé pour compenser un vice monétaire : les obligations souveraines libellées en grandes devises qui servent de réserve de change ne sont que des promesses de payer.

Depuis, les promesses (la dette souveraine) s’entassent et d’autant plus facilement que les taux baissent.

Gagnants : ceux qui émettent les promesses et consomment à crédit.

Perdants : ceux qui escomptent qu’elles seront honorées un jour.

Le développement du nucléaire civil pour contrer les désordres du marché pétrolier

À quelque chose malheur est bon, disait-on autrefois. Les chocs pétroliers engendrent une fulgurante accélération du développement du nucléaire civil, industrie totalement contrôlée par l’État et subventionnée par les contribuables de l’époque (que vous pouvez remercier).

Le premier plan quinquennal de l’énergie nucléaire fut voté par l’Assemblée nationale en 1952 et reconduit. Mais les technologies sont encore balbutiantes. En France, plusieurs procédés sont envisagés et testés par les organismes publics de recherche. Pressé par les retombées des chocs pétroliers, EDF doit passer à l’action et décide finalement d’adopter le procédé américain dit « uranium enrichi et eau légère » plus économique que les pistes françaises. Grincement de dents de De Gaulle mais la technologie française est définitivement abandonnée par le maître d’œuvre EDF.

Les centrales poussent dès lors comme des champignons et la France devient un acteur important dont l’électricité est majoritairement d’origine nucléaire. Elle parvient même à exporter (différence avec le Concorde ou le TGV, autres fabuleux investissements financés par les contribuables).

Et Cocorico ! Nous sommes le troisième producteur mondial d’électricité, derrière les États-Unis et la Chine.

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Et Cocorico (bis) ! 70 % de notre électricité est d’origine domestique (contre seulement 52 %) aux États-Unis.

Et Cocorico (ter) ! Figurez-vous que c’est pas cher : le prix de revient moyen du MWh des centrales déjà construites est de 49,50 euros (presque deux fois moins que les moulins à vents marins de monsieur Pécresse).

Source

Évidemment pour un EPR, c’est plus cher (pensez aux désastres d’Areva, des chantiers EPR et à EDF avec sa dette de plus de 40 milliards d’euros).

Évidemment (bis) le prix de vente de l’électricité aux consommateurs-contribuables qui ont financé son développement est lui-même grevé de nombreuses taxes qui atteignent 37 % (source). Parce que s’il y a moins de taxes sur le pétrole, il faut bien taxer ce qui peut le remplacer.

Principe : il n’y a jamais de retour sur investissement des investissements publics.

Concurrence bidon et creusement de la dette

Une fausse ouverture à la concurrence du marché de l’électricité débute en 2007. Elle oblige EDF à vendre à prix coûtant son électricité à des concurrents lourdement subventionnés pour produire une électricité intermittente et plus coûteuse (malgré les subventions). Résultats : creusement des pertes d’EDF et pression supplémentaire sur le consommateur-contribuable.

Aujourd’hui, les prix de l’énergie – pétrole, gaz, électricité – sont totalement faussés. L’interventionnisme, les taxations, les subventions contraignent ce marché vital pour l’économie puisqu’aucun produit ou service ne voit le jour sans Consommation d’énergie.

La liberté « n’est pas la fille mais la mère de l’ordre », écrivait Proudhon. C’est la liberté qui engendre l’ordre et la stabilité, pas la contrainte qui n’engendre que violence et misère. C’est vrai pour la liberté économique.

Souvenons-nous : tous ces désordres du marché de l’énergie partent d’un système monétaire vicié et corrompu. La seule monnaie saine est la monnaie marchandise : on échange quelque chose contre autre chose. Le recours à la dette sans limite engendre des troubles sans fin. Dans la crise monétaire qui s’annonce, une extraordinaire quantité d’épargne investie sur la dette et des promesses vides sera détruite.

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