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Dernier acte (Marc Obregon)

Dernier acte

Vous avez remarqué ? C’est probablement ce qu’on appelle un « glissement sémantique » : sans qu’on y prenne gare, dans le monde feutré des journalistes en balsa et des sociologues assermentés par la Macronie, la moindre contestation, la plus petite once de révolte est désormais systématiquement qualifiée d’extrême droite. C’est un des merveilleux effets du culte covidiste : quiconque doutera de la Sainte Seringue sera invariablement traité de nazi. Inversion accusatoire, quand tu nous tiens… pourtant, la grippe-19 n’est pas la seule responsable de cette défaite intellectuelle. En réalité, on pourrait tenter de dater au carbone 14 ce lent arraisonnement des tentations idéologues de la gauche consensuelle vers une pensée unique. Un véritable Mordor bureaucratique où s’empilent les éléments de langage, les diatribes de « sociologues » persiffleurs et filousophes de tout poil. Déjà il y a trois ans, les Gilets Jaunes avaient senti le vent tourner. Incapable de circonvenir un mouvement populaire authentique, une saine jacquerie provoquée par l’épuisement moral et la misère, le gouvernement et nos « élites » cruelles avaient botté en touche, brandi le joker ultime : l’antisémitisme, la peste brune, l’odieux complotiste avec son poignard entre les dents.

 

Trois ans et une pandémie en toc plus tard, la fièvre jaune risque bien de repointer le bout de son nez, toutes les étoiles sont alignées : à commencer par un contexte morose de campagne présidentielle qui montre à quel point nos aspirants dirigeants sont pour la plupart bien loin des prérogatives des français, préparant s’écharper comme de navrants collégiens sur les plateaux de « Baba », l’homme qui repolitise la Fronce (sic)… de quoi agacer passablement une population éprouvée par les restrictions sanitaires absurdes, par les égarements d’un état pharmaco-policier et par une misère intellectuelle grandissante – car ce qui manque au moins autant que le pain ,c’est peut-être une idée de la France, c’est peut-être une narration nationale qui ne soit pas celle du COVID, qui ne soit pas celle de la génuflexion européenne, qui ne soit pas celle des feuilletons wokistes vomis cycliquement par les plateformes de streaming.

 

Le peuple a besoin de concret, et il n’y a rien de plus concret que les idées. Faute d’idée, il leur reste la révolte, cette contre-idée par excellence… Et en matière de révolte, les routiers ont de sacré leviers de pression. Pendant que le petit Trudeau serre ses fesses talquées dans son bureau présidentiel à Ottawa, en Europe aussi nos dirigeants commencent à transpirer. Historiquement, on sait que les routiers sont capables de faire ployer un pays, voir de le faire sombrer dans le chaos. Le mot d’ordre a été émis dans tout l’Occident et il se répand à la vitesse d’une fake news au galop. En Europe, en Nouvelle-Zélande, sur le continent américain, les truckers relaient subitement tous les fantasmes dissidents d’une population aux abois, sorte de néo-luddites à roulettes. Sommes-nous à quelques jours, quelques semaines d’un vrai mouvement insurrectionnel ? Le monde va-t-il sombrer dans une dystopie façon Mad Max ? Villes en état de siège contre camps de rééducation pour covidosceptiques ? En réalité, il y a peu de chances, car le peuple, faute d’appareil idéologique, est forcément la source de tous les maux. Le peuple est nazi. Le peuple est révisionniste. Et le gros mensonge en temps réel de la médiacratie a la peau dure, à l’heure où l’on dégaine du « populiste » pour s’insulter dans les salons. Voilà donc l’ultime séquence de la farce démocratique : sans broncher, déclarer que le peuple à forcément tort, qu’il est forcément du côté des méchants, des agresseurs, des racistes. Cas unique, sans équivoque, d’une démocratie qui ne se cache même plus de haïr son peuple, de le dénigrer à toutes les sauces, de le traîner dans la boue. Cas unique d’une démocratie populicide, populivore, populiphobe. Et c’est incroyable, mais personne ou presque ne remet ce discours en question. Les médias braquent leurs projecteurs sur les mauvais élèves, sur quelques tocards déguisés en indiens, sur les mauvais acteurs du Capitole… ils veulent nous faire haïr nos propres frères. Cette démocratie est définitivement la chose la plus répugnante et la plus odieuse qui soit. Elle ne s’évertue même plus à passer pour telle. Elle s’est enterrée à jamais sous la lie répugnante qu’elle défèque à chaque coin de l’histoire et du temps.

Marc Obregon L’ Incorrect

« La démocratie fabrique le peuple qu’elle consulte »

L’agitation frénétique de la période électorale ne fait que brocher sur l’irritation permanente qu’entretiennent les partis et les journaux.

Ainsi on dénature les hommes à qui l’on s’adresse ; avant de leur demander leur avis, on a déterminé leur réponse.

La démocratie fabrique le peuple qu’elle consulte.

Il n’y a pas de chemin du bon sens à l’urne ; il n’y a pas de voie ouverte à des vœux profonds, dans ce tumulte où toutes les passions jettent leur cri.

Abel Bonnard – Les Modérés (1936)

 

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