Les banques russes étaient préparées aux sanctions depuis des mois, grâce à une quantité record de devises étrangères importées en décembre
La Russie est l’un des principaux fournisseurs de gaz naturel et de pétrole de l’Union européenne. Sur les 80% d’importations en gaz naturel de l’UE, 41% viennent de Russie. Au niveau du pétrole, on se situe à 27%. Le pays est donc un partenaire crucial pour l’Union, d’autant plus à l’heure où les prix de l’énergie ne cessent de grimper. Des sanctions à l’encontre de la Russie en réaction à ses attaques contre l’Ukraine pourraient donc empirer la situation.
La Russie est le pays le plus grand du monde. Mais au niveau économique, elle est bien loin de pays comme l’Allemagne, la France et même l’Italie, alors qu’elle a le double de la population. Le PIB russe correspond plus aux PIB combinés de la Belgique et des Pays-Bas.
Alors bien sûr, la Russie, par sa taille, dispose de beaucoup de matières premières: gaz, pétrole, uranium… ces matières sont largement importées dans l’Union européenne. C’est là la première arme de dissuasion de la Russie: elle peut menacer de couper le gaz ou en tout en cas d’en limiter l’accès pour augmenter les prix.
Mais l’arme est à double tranchant. Car si les pays européens sont dépendants du gaz et du pétrole russe, ce sont aussi les principaux clients de Moscou. On estime que les exportations russes de gaz représentent 40% de ses recettes.
Le réel effet des sanctions
C’est sans doute un petit peu caricatural. Bien sûr, de leur côté, les Européens – avec les Américains – peuvent mettre en place des sanctions pour couper la Russie du monde occidental. La Russie n’est pas la Chine: son cloisonnement n’aurait en effet pas le même impact sur les chaines d’approvisionnement que celui de la Chine.
Mais de plus en plus de monde met en doute l’efficacité de ces sanctions. Pour rappel, des sanctions touchent déjà la Russie depuis l’annexion de la Crimée en 2014. Et la Russie s’est depuis adaptée en se tournant vers l’Est. La Chine bien sûr, mais aussi le Moyen-Orient, sans oublier l’Amérique du Sud et l’Afrique.
En outre, la Russie a bien préparé son coup. La banque centrale russe a conservé une réserve de l’équivalent de 600 milliards de dollars. Et pour se protéger d’une perte de valeur du rouble, les banques russes ont importé quelque 5 milliards de dollars de devises étrangères en décembre dernier, soit le double de l’année précédente.
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Les banques russes étaient préparées aux sanctions depuis des mois, grâce à une quantité record de devises étrangères importées en décembre
Selon l’agence de notation russe ACRA, les banques russes ont importé quelque 5 milliards de dollars en devises étrangères en décembre de l’année dernière. C’est presque le double de l’année précédente. Un geste intelligent de la part des banques, qui avaient anticipé les sanctions économiques bien à l’avance.
StockageAprès que le président Vladimir Poutine a annoncé lundi soir qu’il considérait les régions de Luhansk et Donetsk comme indépendantes, l’Occident a fait pleuvoir les sanctions sur le pays, avec l’espoir de porter un coup économique aux Russes.
Cependant, le monde bancaire russe s’était déjà préparé face aux possibles sanctions. En décembre 2021, par exemple, elles ont acheté pour 5 milliards de dollars de devises étrangères. En décembre 2020, ce montant n’était que de 2,65 milliards de dollars, soit près de la moitié. Cela permet aux banques russes d’atténuer un peu le choc des sanctions occidentales, note l’agence de presse Reuters.
Cependant, ces 5 milliards de dollars restent un petit montant comparé aux 18 milliards de dollars d’argent étranger que les banques russes avaient mis en réserve en 2014, lorsque Poutine a annexé la Crimée et que le rouble a connu une chute libre.
Sanctions occidentales
Les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne ont tous annoncé une série de sanctions touchant la finance russe.
Les États-Unis ont interdit tout lien économique avec les entreprises de Donetsk et de Luhansk. En outre, le gouvernement russe a vu son financement occidental coupé (la Russie peut plus lever d’argent à l’ouest et ne peut plus négocier sa nouvelle dette sur les marchés européens et américains), les actifs de deux grandes institutions financières russes sont gelés et l’élite russe proche de Poutine est également directement visée.
L’UE a également conclu un accord entre ses États membres – comme les États-Unis – pour refuser au gouvernement russe l’accès au marché des capitaux. Plusieurs personnalités du gouvernement et du monde des affaires russes seront placées sur une liste noire et se verront interdire l’entrée dans l’UE. L’Allemagne a quant à elle déjà suspendu la certification du gazoduc Nord Stream 2, envoyant ainsi un signal fort à Poutine.
Le Royaume-Uni a annoncé son premier train de sanctions mardi après-midi. Boris Johnson a concentré ses efforts sur quelques banques spécifiques et plusieurs oligarques de haut rang. Tous les avoirs de cinq banques russes et de trois personnes – apparemment proches de Poutine – seront gelés. Il leur est également interdit d’entrer dans le pays et il est interdit aux hommes d’affaires britanniques de commercer avec eux. Dans l’ensemble, ces mesures sont assez légères. Le Premier ministre britannique ne semble pas encore avoir sorti l’artillerie lourde.
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