Ukraine : l’éternel retour de la question identitaire
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Depuis quelques semaines, tout le Droitard-land joue de ses petits poings-poings sur la question ukrainienne. C’est « l’Ukraine le gentil » pour les uns, « c’est Poutine qui a raison » pour les autres, « c’est les Américains les méchants » pour tout le monde. Bref, toute cette basse-cour a un avis mais pourtant n’envisage absolument pas les questions identitaires qui sont liées à cette guerre. Ceci est tout à fait normal car le monde droitard vit encore à l’époque de Napoléon et redécouvre aujourd’hui, la gueule enfarinée, la question identitaire avec la colonisation que subit la France. Car la question identitaire est un boomerang : Plus elle semble lointaine, plus elle est, en fait, en train de nous revenir en pleine gueule ! C’est cela « l’angle mort de l’Histoire » : on pense l’avoir largement dépassé et en fait il en en train de nous doubler dans un angle mort que nous n’avions pas envisagé.
Quelques éclaircissements sur la guerre Russo-ukrainienne du jour :
1/ Il n’y a pas de gentils ou de méchants dans l’histoire.
– Les Russes ont parfaitement le droit de se défendre contre l’avancée de l’OTAN. Si la Chine projetait d’installer des bases en Belgique, la France envahirait la Belgique, si la Russie installait des missiles au Mexique, les yankees envahiraient le Mexique. – Les Ukrainiens ont parfaitement le droit de se défendre contre la Russie. Si la Belgique était envahie par la France, celle-ci se défendrait. – Les Américains ont parfaitement raison de vouloir étendre l’OTAN le plus loin possible à l’Est, c’est leur intérêt. Il fut un temps où les Soviétiques installaient des missiles à Cuba. Les Amerloques ont voulu tester Poutine, ils ont eu leur réponse. – Les Russes ont parfaitement le droit d’avoir une « zone d’influence » autour d’eux (« étranger proche ») pour se protéger de la superpuissance américaine. Les Ukrainiens n’ont, eux, pas envie d’en faire partie. Là encore, les deux points de vue sont parfaitement compréhensibles.
2/ Un contentieux vieux de mille ans
– Pour les Russes, les Ukrainiens sont des merdes, du fumier, des ploucs infâmes. Comme nous, les Parisiens par exemple. Dans les films russes, l’Ukrainien c’est toujours le pauvre type, le traître (dans les films sur la « Grande Guerre Patriotique » (Seconde Guerre mondiale chez nous) par exemple), le pécore qui parle mal. D’ailleurs, pour les Russes, la langue ukrainienne n’existe pas, c’est juste un patois de bouseux, du « petit russe » qu’il aurait fallu éradiquer du temps de la glorieuse Union Soviétique. En gros, l’ukrainien pour un Russe c’est le gallo, le picard ou le poitevin ici. Un « accent » de biloute tout au plus. Et les plus zélés en matière de vomisation de la langue ukrainienne sont les… Ukrainiens russifiés eux-mêmes ! Un peu comme nous nos déchets qu’on envoie à Paris.
D’ailleurs pour les Ruskovs, l’Ukraine n’est même pas un pays, mais le berceau de la civilisation russe vaguement peuplé de crotteux, une simple chasse gardée qu’il faudra bien un jour ou l’autre ramener dans le giron de la mère-patrie.
– Pour les Ukrainiens, les Russes sont des connards d’envahisseurs. Des mecs hautains, insupportables qui dénigrent leur langue mais qui ne connaissent et comprennent que la knout et les coups de pieds au cul. L’Ukrainien se sent Européen, est fasciné par le rêve européen et n’a pas envie d’être un satellite de la Grande Russie impérialiste par nature. De surcroît l’ukrainien veut défendre sa langue et en a marre de ce « sourjik » infâme de la rue qui mélange ukrainien et russe. Et, plus encore, marre du russe, la langue de l’éternel envahisseur.
3/ La question du « Grand Remplacement » physique et culturel
– L’Union soviétique a voulu créer « l’Homo Sovieticus ». Pour ce faire elle a déplacé des populations, favorisé l’implantation de russophones dans toutes les républiques soviétiques un peu exotiques, etc. Eh oui, « l’Homo Sovieticus » n’est qu’une version rouge de « l’Homo Russus ». Soviétiser l’Ukraine ça a surtout consisté à la russifier. Et le processus est bien antérieur à la Révolution de 1917. Catherine II russifiait déjà à tout va. Comme en Estonie la population ukrainienne a donc vu débouler au fil des siècles des Russes, par milliers, par millions. Et ces Russes se sont avant tout concentrés dans l’Est du pays où il y a des ressources minières. Partant, la population locale a été totalement « grand-remplacée » physiquement et culturellement (à Donetsk il y a 48% de Russes et les Ukrainiens locaux parlent russe). Mais oui comme en Seine Saint-Denis ou à Marseille camarades ! A ceci près que la superficie de la république autoproclamée du Donbass et de Donetsk c’est, en gros, la superficie de la Corse. Vous voyez où je veux en venir ? Ah le salaud de Pellan, il va nous dire que la France a voulu « grand-remplacer » la population corse à coup de fonctionnaires et de colons pieds-noirs ! Et que c’est même ça qui va déclencher la création du FLNC en 76 suite à l’affaire d’Aléria ! Et en plus il va même nous dire que la population bretonne est en train actuellement de se faire « grand remplacer » à coup de hausse de l’immobilier et que ça va mal finir. Et d’ailleurs qu’elle a été « grand-remplacée » culturellement et linguistiquement à coups de règles d’école dans la gueule et de « Juste Prix » à 19h30 tous les soirs. Ah bah non, je ne vais pas dire ça parce que je veux garder ma chaude plaçouillette à l’Inco ! Non ! Non ! Et puis la Corse et la Bretagne c’est la Fraaaaaance quand-mêêêêêêêêêême, comme l’Algérie. De toute façon, le Grand Remplacement ce n’est que la Seine-Saint-Denis, Roubaix et Marseille, le reste c’est non non non, on n’a pas le droit d’en parler jamais.
Ouaih mais ça reviendra tel un boomerang un jour…
– Les Ukrainiens se plaignent d’avoir été grand-remplacés dans le Donbass maaaaaaais s’ils avaient pu faire la même chose en Crimée il l’aurait fait. Rappel, l’oblast de Crimée a été « donné » à la RSS d’Ukraine en 54 par Khrouchtchev à l’occasion du 300e anniversaire de la « réunification » de l’Ukraine et de la Crimée. Cela n’empêche pas que la population de Crimée se sent avant tout russe et absolument pas ukrainienne.
Les vrais cocus de l’histoire, ce sont plutôt la population originelle de la Crimée, c’est à dire les Tatars qui ont été, eux, « grand-remplacés » dès le XVIIIe siècle puis déportés sous Staline. Aujourd’hui, il en reste environ 12% et encore… C’est dommage, ils avaient un nom marrant !
4/ Tout le monde il a raison, tout le monde il est dans son bon droit
– Tels les Albanais du Kosovo, les populations immigrées de fraîche ou de longue date du Donbass sont « russes » et « russifiés » et n’ont qu’une envie, c’est de retrouver la mère-patrie. Tant pis si leur territoire est historiquement ukrainien. Et Poutine a parfaitement raison de protéger des ressortissants ou des populations qui le reconnaissent comme leur dirigeant ! Que ferait la France si les Wallons lui demandaient en masse de les « rattacher » ? Ne riez pas, vu l’état dans lequel est la Belgique, cela pourrait bien arriver et les armées françaises iraient sûrement jusqu’à Bruxelles, ville historiquement flamandophone qui a été « francisée » très tard. Eh oui camarade droitard !
– Telle la France dans quelques années en Seine-Saint-Denis ou la Serbie au Kosovo en 98-99, l’Ukraine a parfaitement le droit de défendre son unité territoriale. Et de vouloir « réukrainiser » des territoires russifiés de force ou par le bas. Regardez l’Espagne en Catalogne ou au Pays Basque. Sans parler de la France en Nouvelle-Calédonie. Sauf que là, bah les immigrés se sont les Espagnols et les Français… Le droitard napoléonien peut-il entendre cela ou c’est aller trop loin ?
La situation ukraino-russe avait été résumée en un temps par le régime fasciste italien qui soutenait les minorités italiennes en dehors de l’Italie tout en déniant le moindre droit à l’autodétermination et à la différence culturelle aux différentes minorités sardes, allemandes, slaves, sur son propre sol : l’égoïsme sacrée de la patrie.
Par Maël Pellan LIncorrect |
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Le mot revient en leit -motiv dans cet article untel a parfaitement le droit de etc etc etc ,mais en l’occurence c’est un abus de langage ,c’est confondre le désir ou l’envie avec le droit,c’est exactement l’inverse, le droit est une élaboration de règles de civilisation reconnues par tous et acceptées afin d’avoir une vie paisible de civilisés,l’envie ou le désir n’est que la soumission humaine aux exigences naturelles du monde qui pourraient se résumer a ceci:la force prime le droit et c’est celui qui a le plus gros bâton qui a raison.Cette attitude américaine impérialiste a la Al Capone fait fi du droit pour revenir au niveau de la barbarie élémentaire,le traité de Wesphalie base du droit international se trouve bien loin et piétiné.Il y a donc un choix ou se comporter en civilisés ou être humain ou se vautrer dans la barbarie,je crains qu’au cours de ces derniers siècles ce soit la deuxième alternative qui ait pris le dessus au point de ne plus pouvoir dire mes frères humains mais ces salopards de ……..
« Le droit » c’est aussi une notion qui demande a être précisée … Interdire l’accès aux forêts et aux prairies en Mars 2020 , c’était « le droit » selon le gouvernement du moment. La vente d’esclaves, c’était aussi du droit .
Opposer l’autodétermination des peuples et l’intégrité territoriale d’un pays, c’est poser le débat de la légitimité (non-abus de pouvoir), de l’honnêteté et de la compétence du gouvernement du moment.