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L’Article du Jour : Vladimir, douce nostalgie (Ange Appino)

Vladimir, douce nostalgie

Il serait pas un peu naze votre nazi ? Oui euh Vladimir Poutine, le nouvel Adolf Hitler, vous aurez la guerre et le déshonneur, et où s’arrêtera-t-il, et donnez un prix Nobel de la paix à Zelensky… Chacun connaît la nécessité anthropologique de l’invention d’un ennemi pour souder les rangs d’un groupe, voire pour le créer. On ne vous fera pas l’affront de vous rappeler que la France s’est inventée contre le Saint-Empire et l’Angleterre, dont les chevauchées nous laissaient des gueules de bois formidables. Bon alors pourquoi pas faire enfin l’Europe de la défense contre Poutine… Mais regardez-le, ce pauvre dictateur bouffi, regardez sa phobie du covid qui l’isole à l’extrémité des tables, pas vu une ambiance aussi fin-de-règne depuis les joues creusées et le regard éteint de Mitterrand 95. Mais à la limite, Hitler était un nain au style capillofacial désolant. Alors sautons par-dessus les hommes pour se pencher sur les données objectives, en bons scientifiques. Eh bien, et cette armée russe alors, dont les palais présidentiels et autres chancelleries occidentaux tremblaient des genoux depuis dix piges, en fait depuis toujours. Pas fameux n’est-ce pas ? Trois semaines déjà d’enlisement. D’après les chiffres américains, sûrement les plus fiables, déjà 5 000 soldats morts côté Kremlin. 5 000 en trois semaines, d’après les standards contemporain, c’est plus que conséquent. Pour rappel, depuis 1963, 773 soldats français sont morts au combat. On répondra que notre pays n’a pas été engagé dans un conflit majeur. Eh bien en ce qui concerne la guerre d’Irak, de 2003 à 2011, en prenant en compte à la fois la conflit conventionnelle contre Saddam et la contre-insurrection face aux rebelles de tout poils, l’armée américaine avait perdu 4500 hommes. Même selon les standards de l’armée russe, que l’on sait peu économe en hommes, les pertes prennent une tournure catastrophique. En dix ans, il y avait eu 25 000 morts en Afghanistan. On en est à 20 % du total en trois semaines, donc.

 

Et l’on ne parle pas des destructions de chars, d’avions de combat et d’hélicoptères, proprement démentielles. Oui, voilà le résultat d’un combat entre deux armées occidentales, situation jamais vue depuis 1945 (les guerres de Yougoslavie ne comptent qu’à moitié). Quand bien même l’une de ces deux armées est bien plus modeste que l’autre. Si la résistance ukrainienne écorche aussi cruellement l’ourson ronchon, que fera-t-il face à des armées européennes au budget militaire au moins trois fois supérieurs, huit fois pour des pays comme le Royaume-Uni ou la France ? On rappelle que le PIB de la Russie se situe entre celui de l’Italie et de l’Espagne, à mille cinq cents milliards de dollars. Vous excuserez ce tartinage statistique mais il est bien nécessaire à la compréhension de la situation actuelle. Sans son arsenal nucléaire, la Russie serait à peine un sujet géopolitique. Ces missiles et le bluff habituel autour de leur utilisation sont la seule raison qui empêchent l’OTAN de soutenir décisivement l’Ukraine. La puissance russe ne tient qu’en équilibre sur le bouton rouge. Alors cessons un peu d’inquiéter la ménagère.

 

Vladimir a d’ailleurs été la première victime de cette intoxication qui dévore désormais l’occident à propos de la puissance de son pays. Il a cru à l’ancien monde, aux interminables colonnes de T-34 qui ravagent les plaines de Prusse orientale. La Russie n’est plus l’URSS, le monde entier doit cesser de caresser la douce poitrine effrayante de cette nostalgie. Car tout le temps consacré à Poutine, archaïsme touchant et comique, ne l’est pas aux problèmes ardents de la France. Par ordre croissant d’importance : la perte de notre souveraineté donc de notre liberté collective, la présence sur notre territoire d’une masse critique de population qui veut y imposer un mode de vie rétrograde et absurde, la destruction méthodique des structures anthropologiques de base qui encadrent l’humanité depuis ses origines, sociabilité, amour, famille, jusqu’à la personne, cet héritage biologique douteux, par le piège du bond en avant technologique marié au déconstructivisme deleuzo-foucaldien. Du solide pain sur la planche les amis, alors rangez-moi cette poutine.

Par Ange Appino

« Qu’Hitler ait partagé une opinion ne suffit pas à la réfuter »

« Ce faisant, nous aurons à atteindre le seuil au-delà duquel l’ombre d’Hitler commence à obscurcir la scène. Et il n’est malheureusement pas inutile d’ajouter qu’au cours de notre examen nous devrons éviter l’erreur, si souvent commise ces dernières années, de substituer à la réduction ad absurdum la réduction ad Hitlerum. Qu’Hitler ait partagé une opinion ne suffit pas à la réfuter. »

Léo Strauss – Droit naturel et histoire (1953)

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